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4,1

sur 983 notes
"Ouvrir un roman de Paul Auster, c'est toujours se plonger dans un récit plein d'inventivité. Ici l'auteur nous convie à une lecture marathon (plus de 1000 pages) et prend un malin plaisir à nous désorienter en nous montrant à chaque chapitre une histoire nouvelle, version différente de la précédente. À nous de recoller les morceaux. Alors on se prend à penser que la vie du personnage principal tient essentiellement au hasard et qu'il suffit de peu de choses dans l'existence pour que tout bascule vers une autre issue. L'histoire de Ferguson est le long parcours sinueux et semé embûches d'un juif laïc que l'on suit de l'adolescence à l'âge adulte. Des années 50 aux années 70, on vit avec lui toutes les premières fois : premier amour, premières pertes, premier deuil, premières déceptions. Avec ce jeune homme issu de la classe moyenne de la banlieue new yorkaise, à la vie intérieure tourmentée, on participe pleinement aux grands épisodes de l'époque : la lutte pour les droits civiques, la guerre du Vietnam, l'assassinat de Kennedy, la mobilisation étudiante… Ferguson se construit à travers ces évènements et se passionne, bien sûr, pour le base-ball, le cinéma, la vie à New York et à Paris. du pur Paul Auster ! Ce roman d'apprentissage où les phrases s'enchaînent comme des évidences crée un fort sentiment d'intimité entre l'auteur et le lecteur. Auster, expert en digression, nous ballade comme dans un rêve éveillé et l'on s'étonne d'avoir avalé si goulûment ces mille pages initiatiques."
Francine Klajnberg in DM
Lien : https://doublemarge.com/4321..
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La première remarque que l'on peut faire de ce roman est qu'il est très épais. Que dis-je, c'est une brique, un pavé voire un parpaing.
1 215 pages dans la version poche, ce n'est pas rien.
Le titre énigmatique ajoute à la perplexité. Tant de pages pour un compte à rebours ?
Mais c'est Paul Auster et c'est Actes Sud.
Pas question de ne pas plonger la tête la première.
Et quel bonheur, quel délice !
Bien sûr, ce n'est pas une lecture aisée. Pour apprécier l'exercice littéraire (car il s'agit bien de ça), il ne faut pas hésiter à revenir en arrière de temps en temps et à avoir une lecture active. C'est vrai pour les 200 premières pages puis ensuite on a ses repères, ça devient cohérent comme un puzzle sur lequel les formes commencent à se dessiner.
Ok, je parle beaucoup de la forme mais au fond, de quoi s'agit-il ?
C'est l'histoire de Ferguson, petit fils d'un immigrant russe qui en fonction des circonstances (réussite professionnelle des parents, conflits familiaux, déménagements, etc.) va vivre des péripéties différentes et surtout un destin particulier selon qu'il est l'un des quatre ; l'un des quatre Ferguson dont Paul Auster nous tricote l'existence par tranches d'âge.
C'est l'occasion de revisiter l'Histoire des Etats-Unis des années 50 et 60 sous l'oeil d'un adolescent avec bien sûr des variations subtiles d'appréciation selon le Ferguson aux commandes.
J'ai beaucoup apprécié cette mise en perspective. Je me suis réjouie, étonnée, fâchée mais surtout j'ai aimé les quatre versions de Ferguson, au final, même et unique personne réagissant à son environnement. J'ai trouvé passionnant de voir évoluer ses talents d'écriture en fonction des différentes directions que sa vie prend.
Ce qui m'amène à conclure qu'une fois encore Paul Auster met son alter ego en scène, sous différentes facettes. Il a la générosité de partager avec son lecteur le fil conducteur de cette fine pirouette en toute fin de récit. Cela signe-t-il la fin d'une oeuvre ?
« Bergson dit que, dans l'enfance, nous sommes riches d'une multiplicité d'identités possibles et que nous abandonnons ces êtres potentiels au fur et à mesure que se précise notre personnalité. Seul l'artiste, d'après lui, réussit à les faire revivre sous la forme de personnages romanesques.
Claire Marin (Philosophe) pour le Monde le 30/03/2019 »



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Un pavé à la Auster.... Je dirais même une épopée quantique. J'y ai vu la conception quantique du temps. Tout au long de sa vie, par ses choix, par ses croyances, l'être humain ferait dévier le cours des choses vers tel ou tel but. Tout est possible, tout peut s'arrêter là, presque dès le début, qui sait.
Ce qui est intéressant, c'est le développement de la psychologie de chaque personnage suivant les 4 scénarios à commencer par le personnage central. Comment soit les faits, soit le mental peuvent modifier les synchronicités. Ou faire que tout simplement, on a pas de prise, pas de conscience des opportunités. le monde présente des possibilités qu'on intègre même pas à notre champ de vision.
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Paul Auster, étonne-moi! Je suis entrée sur la pointe des pieds dans ce pavé gigantesque, ignorant délibérément le résumé, même si, bien sûr, j'en avais entendu parler dans les nombreuses entrevues accordées par Paul Auster à la presse écrite et télévisée lors de sa sortie. Crainte d'être déçue? Peur de m'ennuyer? Impressionnée par l'ampleur du volume? Tout ça. Et je ne voulais absolument pas assister à une possible déconfiture de l'un de mes auteurs favoris.
Dès la page 60 (sur plus de 1000), me voici déjà déstabilisée…
Archie Ferguson, né en 1947 dans le New Jersey, fils unique de Rose et Stanley. C'est sur ce socle que Paul Auster érige ses histoires multiples autour de diverses destinées de son héros (ou de ses clones). Selon la mort du père dans un incendie, du divorce de ses parents ou d'une union durable de ceux-ci, Archie habite ses multiples vies sous nos yeux ébahis. Un roman d'apprentissage hors du commun, le portrait d'une génération née dans l'après-guerre, avide de changements sociaux durant les bouillantes années 1960 (« … que faire ou ne pas faire lorsque le monde flambe et que l'on ne dispose pas de ce qu'il faut pour éteindre les flammes, quand le feu est en vous autant qu'autour de vous, et quoi que vous fassiez vous ne pourrez rien y changer? »), envahi par l'aura attractive de New York City (et une incursion bénéfique à Paris au coeur du roman). C'est une prouesse d'écriture et d'imagination car, outre le talent évident de l'auteur pour raconter et une conscience aiguë de la grande Histoire, 4 3 2 1 émeut et captive. J'ai tenu cet ouvrage à la force des mes poignets dans mon lit, lors de périodes d'insomnie et en dépit de sa pesanteur, jamais ce livre ne m'est tombé des mains. À l'injonction première, Paul Auster, étonne-moi!, c'est incontestablement réussi. Sans hésitation, cinq étoiles pour l'ensemble de l'oeuvre, véritable hommage à la littérature et au processus combien ardu de l'écriture. Allez-y à votre tour et plongez dans ces « voyages au Royaume de l'Encre »!
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Ferguson est le petit-fils d'un immigrant juif russe ayant délaissé Minsk sans le sou, à l'aube du XX° siècle, pour joindre New York via Ellis Island et refaire sa vie.
Par le biais d'un découpage étonnant en quatre biographies possibles, 4 3 2 1 raconte, en parallèle, quatre versions alternatives de la vie de Ferguson dans une Amérique à la sortie de la deuxième guerre mondiale. En filigrane, on vivra tout ce qui a secoué les States à cette époque: les tensions raciales, la guerre froide, l'avènement et la mort de Kennedy, Woodstock, le Vietnam...
Malheureusement, j'ai trouvé tout ceci un peu vain. On se retrouve avec une brique de 1200 pages racontant, certes, des destins différents, mais l'intérêt de cette construction étrange m'a échappé tout au long du roman.
Au final, les 4 copies de Ferguson sont des ados principalement intéressés par le sexe, la littérature et l'actualité de l'époque.
L'exercice, pourtant, me semblait intéressant et me plaisait beaucoup avant d'entamer cette montagne, mais j'espérais nettement plus d'interactions entre les parcours, plus d'originalité et de créativité.
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Si le fond de l'histoire ne se démarque pas vraiment de cette littérature new-yorkaise, qui se nourrit d'une analyse à double focale, à la fois triviale dans son souci du quotidien et consciente des failles de la nation qui a depuis longtemps fait l'impasse et perdu ses illusions sur le rêve américain, la forme est originale.


Au coeur du récit, Ferguson, dont on suit le destin sur une quinzaine d'années, de sa petite enfance aux années universitaires, de la fin des années cinquante aux seventies. Mais ce qui vit cet enfant de la 3 ème génération d'une famille immigrée de l'Europe de l'Est (l'origine de son nom tient d'un malentendu à la fois drôle et pathétique), se déclinera en quatre versions, au cours desquelles les événements extérieurs et les relations avec son entourage, modifieront le chemin. (Pas avertie du processus lorsque j'ai démarré la lecture, j'ai eu un moment de doute sur mes capacités d'attention, lorsqu'ayant abandonné le cadavre du père de Ferguson à la fin d'un chapitre, je le retrouve fringuant au début du suivant).

C'est au travers de l'histoire de la famille et des amis de Ferguson, un portrait des Etats-Unis sans concession, avec les ravages du racisme qui s'expriment avec une violence qui laisse l'enfant sans voix, tant elle est loin de l'idéal qu'il se construit peu à peu. C'est aussi la stupidité sans nom, et l'iniquité du conflit armé dirigé contre le Vietnam, faisant des deux côtés un nombre considérable de victimes qui n'auront jamais dû payer de leur vie les ambitions imbéciles des « prêcheurs à l'abri de la bataille ».

Martin Luther King, Kennedy, les émeutes qui finissent dans des bains de sang, tout cela forge la personnalité du personnage, qui, quelle que soit l'option prise pour créer son destin, reste un pacifiste convaincu.

Il est important de dire, en effet que Ferguson est sans ambiguïté. Dans chaque version, ce sont les événements extérieurs qui façonnent son histoire et modifient son destin. C'est le rôle de l'environnement sur les choix de vie, et l'intervention du hasard qui peut ouvrir des perspectives ou mettre un terme brusque à une existence lancée sur des rails que rien ne semble pouvoir changer.

Et il est bien sympathique, Archie, avec ses doutes et ses certitudes, ses multiples façons d'aborder l'amour et sa fidélité en amitié, sa conscience des rendez-vous manqués et le fil rouge de l'écriture.


C'est un peu long, mais au final, on a quand même quatre romans en un, et la lecture reste facile et agréable.




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je me suis fié aux critiques des fans d'Auster lues ici sur Babelio
ET bien même si ça ne m'arrive jamais, j'ai abandonné avant la moitié sans comprendre ce qui a plu.
Je m'ennuyais, je persévérais mais continuais à m'ennuyer
j'ai donc laissé tomber le pavé.
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Un livre fleuve formidable, impossible à lâcher, entre petite et grande Histoire, une chronique de l'enfance, de l'adolescence et de l'âge adulte d'une précision et d'une acuité qui forcent l'admiration. On rit, on s'émeut, on accompagne Ferguson (double de Paul Auster en quatre versions de lui-même) au gré de ses pérégrinations sentimentales, amicales, familiales. 1200 pages qui passent comme un éclair. A lire à tout prix.
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Roman d'une ambition folle, 4 3 2 1 est un peu la recherche du temps perdu selon Paul Auster. En témoigne cet extrait: "Le temps se déplaçait dans deux directions parce que chaque pas dans l'avenir emportait avec lui un souvenir du passé, et même si Ferguson n'avait pas encore quinze ans, il avait déjà assez de souvenirs pour savoir que le monde qui l'entourait était façonné par celui qu'il portait en lui, tout comme l'expérience que chacun avait du monde était façonnée par des souvenirs personnels, et si tous les gens étaient liés par l'espace commun qu'ils partageaient, leurs voyages à travers le temps étaient tous différents, ce qui signifiait que chacun vivait dans un monde légèrement différent de celui des autres."
Le temps, c'est aussi celui de l'époque de l'enfance et de la jeunesse du grand Paul, dont il était impossible de rendre compte de la complexité avec un seul personnage.
Et donc 4 Archie Ferguson. Mêmes parents, mêmes conditions de naissance, mais quatre trajectoires qui divergent dès l'enfance. Selon les choix des parents et les circonstances, Archie va évoluer vers des destins différents. Il y a des constantes, bien sûr, notamment dans les personnages qui l'entourent: les parents, la tante Mildred, la cousine préférée, et surtout la flamboyante Amy, mais qui, selon les versions, jouent des partitions différentes.
Le temps de ces années-là, les décennies 50 et 60, aux Etats-Unis, c'est aussi une période de bouleversements politiques et sociaux, et le livre permet d'embras(s)er tout ça aussi. Il y a aussi une part autobiographique dans les histoires d'un petit gars du New Jersey passionné (généralement) de base-ball.
J'ai d'abord lu le livre en anglais, puis je l'ai relu en français (très intéressant en connaissant la fin). Malgré la longueur (et une certaine lenteur en lisant la version originale), je ne me suis jamais perdue et me suis passionnée pour toutes les versions de Ferguson, car ils sont tous attachants.
Et puis, il y a l'écriture. Ici aussi, la référence à Proust n'est pas usurpée, les phrases sont longues et complexes, comme la réalité qu'elles décrivent, tout en restant d'une beauté et d'une pertinence remarquables. C'est également un ouvrage sur la création artistique, avec mise en pratique immédiate, bien loin des théories alambiquées.
Bref, un immense coup de coeur pour ce que je considère comme l'oeuvre maîtresse du beau Paul.
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4 3 2 1: 4 vies de Ferguson, 3 vies de Ferguson, 2 vies de Ferguson et, à la fin, la « vraie » vie de Ferguson ? le pari fou de Paul Auster c'est d'imaginer ce qu'aurait pu être la vie de son personnage si... On s'est tous demandé "quelle aurait été ma vie si j'avais épousé telle personne ? Si j'avais choisi telle filière ? Si j'étais restée chez moi ce soir-là ? Si j'avais mieux travaillé à l'école ?..." les possibilités sont vertigineuses et Paul Auster n'en choisit que 4 (mais les déroule sur 1206 pages). Quoi qu'il en soit Ferguson n'est qu'une seule personne: un mâle né en mars 1947 aux Etats-Unis de Stanley Ferguson - vendeur d'électroménager - et de Rose Adler - photographe.
Franchement les vies de Ferguson ne sont pas hyper passionnantes: un garçon juif de la classe moyenne (plus ou moins aisée) ayant vécu dans le quart cultivé des Etats-Unis entre 1947 et... on va dire 1970: les 2 décennies les plus passionnantes de l'histoire du XXème siècle. Car c'est ça le vrai sujet du roman: les deux décennies américaines les plus intenses, les plus folles, les plus violentes, les plus novatrices, les plus mortifères. Et ça donne un des meilleurs romans que j'aie lus de ma vie !
D'abord les 50ies: le traumatisme de la guerre soigné à coup de films hollywoodiens et de voitures jaune canari ou crème-vanille. L'anticommunisme aussi et la chasse aux sorcières menée jusque dans les écoles !
Et puis les inénarrables (mais si bien narrées) 60ies: cette seconde guerre de sécession mettant face à face jeunes et vieux, guerre (du Viêtnam) et paix, liberté et ordre, gauche et droite, Blancs et Noirs… Ce que j'ai vraiment adoré c'est la rigueur documentaire de Paul Auster loin des fantasmes lénifiants de ce soi-disant âge d'or. Bien que situant son personnage à gauche et pro droits civiques, Auster lui donne suffisamment de lucidité et de recul pour dénoncer le dogmatisme, la violence et le sexisme de l'ultragauche. Et on se rend compte à quel point les années 1967, 1968 et 1969 ont été effroyables. le spectre du Viêtnam plane en permanence ; les affrontements interraciaux sont désespérants MAIS, pour faire avaler ce potage empoisonné, il y a la culture: tous les avatars de Ferguson sont des passionnés de littérature, de cinéma et de sport. Les parties sur le sport m'ont ennuyée mais quel bonheur de lire des histoires dans l'histoire, d'imaginer des romans d'après des ébauches, de lire toutes ces explications de films !
Enfin Ferguson m'a émue. Il m'a parfois agacée mais j'ai eu envie de le connaître car il fait vrai. Que ce soit l'enfant renvoyé de l'école pour propagande communiste, le journaliste en herbe, le préado obsédé sexuel, l'amoureux, le fils aimant, le fils pas aimant, l'étudiant, la victime, le naïf, le cynique ; j'ai passé un mois avec Ferguson et il me manque déjà.
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