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3,84

sur 448 notes
Beau livre bien monté et visiblement solide sur les bases historiques de la face sombre de l'URSS; l'histoire est prenante et la manière de dévoiler chapitre après chapitre la vie des principaux protagonistes est astucieuse et donne du ryhtme au roman. On sent évidemment une sensibilité à la nature même si cela n'est pas le coeur du drame
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J'ai été passionné par "l'amant de Patagonie", j'ai adoré "soudain, seuls", autant dire que je me délectais d'avance en ouvrant "oublier Klara".
Ceci dit, je ne vais pas faire durer le suspens, j'ai beaucoup aimé ;-)
Mais un peu moins.
Peut-être étais-je trop en attente, mais j'ai trouvé le style un peu moins imagé, l'histoire un peu longue à se mettre en place, et je n'ai vraiment été accroché qu'à la dernière partie, lorsque "l'intrigue" se dénoue.
Pourtant, on sent que le sujet est parfaitement documenté, le système de surveillance mis en place par l'URSS, la peur, la suspicion, les interrogatoires, puis la vie dans les prisons et goulags. La vie sur les chalutiers également (bon d'accord, la mer, elle connait un peu).
Le destin d'une famille sur 3 générations ne manque pas d'intérêt, l'histoire en elle-même est solide, l'écriture est sûre (même si je n'ai pas retrouvé la flamboyance des deux autres romans).
Mais, malgré toutes ces qualités, il manquait le je-ne-sais-quoi susceptible de m'emporter et me tenir longtemps éveillé.
C'est néanmoins un très bon roman que je recommande.
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En 1984, Iouri quitte Mourmansk, port russe sur la mer de Barentz pour étudier puis s'installer aux Etats Unis où il est aujourd'hui un ornithologue reconnu.
Le roman entremêle l'histoire de Klara la grand-mère de Iouri, celle de Rubin, le père de Iouri et celle de Iouri.
Rubin a vu sa mère, Klara, géologue émérite, arrêtée lorsqu'il avait 5 ans. Des hommes en noir sont venus dans la nuit et l'ont emmenée sous le regard de l'enfant et de son père qui ne protestait pas. Accusée de trahison envers le régime de Staline, elle est déportée au goulag comme beaucoup d'autres.
Le père et l'enfant quittent alors leur appartement aisé pour vivre une difficile vie de labeur dans un immeuble populaire, ils sont mal considérés car l'opprobre jetée à Klara retentie sur eux. Rubin trouve son salut dans son métier de pêcheur, il devient vite un capitaine meneur de chalutier intransigeant, cruel et efficace pour remplir les quotas imposés par les gouvernants.
Marié a une femme effacée, soumise, Rubin, mène la vie dure à son fils Iouri pour « en faire un homme ». Il lui impose des entrainement sportif chaque soir. Il l'emmène comme mousse sur son chalutier avec son équipage. Une expérience difficile pour un adolescent amoureux des oiseaux. Dès qu'il en a l'opportunité Iouri quitte sans regret sa ville et son pays qui persécute les homosexuels.
2007. Iouri reçoit un mail l'informant que son père mourant le réclame. le vieil homme a une requête : Rubin souhaite avant de mourir comprendre pourquoi sa mère a été arrêtée et ce qui lui est arrivé.
Iouri part à la quête de l'histoire de sa grand-mère. Après les tortures, elle est envoyée sur l'ile de Sipaeïevna pour mener une équipe de fouille à la recherche d'uranium. Là elle sympathise avec les Nenets, peuple d'éleveurs de rennes. Les bolchéviks occupent dès 1930 les lieux stratégiques sur la route maritime et ils ont soumis cette tribu.
C'est une description de la Russie sous Staline, des arrestations arbitraires puis de la glanost dans les quartiers populaires. Un roman bien mené, intéressant mêlant petite et grande histoire.
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INCROYABLE
je regrette seulement de ne pas l'avoir découvert plus tôt. une plume 🪶 incroyable . on s'attache avec importance aux différents personnages arrivent à nous faire aimer , détester nous faire prendre d'empathie pour un personnage en seulement quelques page.

je vais m'empressais de lire l'autre bouquin que j'ai d'elle “soudain seul”.

incroyable histoire, où nous remontons le temps afin de connaître l'arbre généalogique du protagoniste.
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Mourmansk, au nord du cercle polaire. A un peu plus de 70 ans, Rubin s'éteint. Il a été un capitaine de pêche renommé et respecté. Il a un fils, Iouri, qui a fuit sa famille et son pays des années plus tôt pour mener sa carrière universitaire aux Etats-Unis. Et puis Iouri apprend que son père est mourant et qu'il demande à le voir. Il hésite car il garde le souvenir d'un père violent et destructeur. Finalement, il s'envole pour Mourmansk. Sur son lit d'hôpital, Rubin lui parle de Klara, sa grand-mère et lui révèle qu'elle a été emmenée au goulag du temps du stalinisme. Avant de mourir, il voudrait comprendre pourquoi elle a été capturée et ce qu'elle est devenue. Alors Iouri s'empare de cette mission. Débute une longue enquête qui le conduit vers les rivages de son enfance.

« Oublier Klara » est un superbe roman d'Isabelle Autissier, dans la lignée de « Soudain, seuls ». Il comporte plusieurs dimensions, mêlant des éléments de l'Histoire de la Russie du temps du stalinisme et des répressions aussi violentes qu'arbitraires à d'autres éléments plus intimes, relevant de l'histoire d'une famille et du poids que la disparition brutale de Klara va avoir sur son fils, Rubin, puis sur son petit-fils, Iouri.

En toile de fond, une autre dimension se fait jour, celle de la nature que célèbre l'auteur. Elle dépeint avec brio et émotion la nature sauvage, hostile et pourtant belle de la toundra du Grand Nord, des oiseaux qui en rayent les cieux, de l'alternance des nuits sans fin que les couleurs désertent et des jours infinis, d'une chatoyance oubliée. La nature, c'est aussi celle que saccage l'homme dans ses activités de pêche. Et quand l'auteur conte la fascination de Rubin pour le contenu des chaluts qui se déverse sur le pont, la description est si saisissante que l'on est presque tout aussi subjugué que lui.

En écho à cette nature âpre, se tiennent les hommes et la noirceur de leur âme. Au long de son enquête, Iouri remonte le fil de son enfance rude et solitaire et celle de son père, en contrepoint. Et l'on comprend que ce qui soude et en même temps désunit les deux hommes, c'est la disparition de Klara. Iouri va exhumer des secrets qui racontent sa famille et ses secrets, leur donnant sens, à rebours. le procédé utilisé par l'auteur est intéressant en ce qu'il mêle trois arcs narratifs – Iouri, Rubin et Klara – qui donnent consistance et complexité à l'intrigue. Quand vient la voix de Klara, en toute fin, portée par l'écriture aux marges d'un livre de géographie, le roman familial peut enfin s'écrire et tisser la toile de ses signifiants.

Un roman poignant, d'une beauté sauvage. Une ode à la nature et à l'homme malgré ses parts d'ombre.
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C'est étrange de lire ce roman qui se passe à Mourmansk en URSS dans les années 50, alors que la guerre fait rage, et que la Russie de Poutine tente de mettre la main sur l'Ukraine. Ce n'est pas un choix délibéré, c'est le hasard de ma « P. à L. »

Dans ce pays, dirigé par Staline, les gens disparaissent, sans qu'on sache vraiment pourquoi. J'ai songé à « La vie rêvée d'Ernesto G. » de Jean-Michel Guenassia.
L'arrestation de Klara va laisser Rubin plus qu'orphelin. Enfant d'une « dissidente », un père trop lâche, il va apprendre à se battre pour survivre. Jamais, plus jamais Rubin n'entendra parler de sa mère, de sa maman !
Rubin est devenu marin pêcheur. C'est l'occasion pour Isabelle Autissier de renouer avec ses premières amours et de nous décrire de superbes moments en mer. Des tempêtes, les temps de pêche, les moments de repos, les rivalités, les peurs, les déceptions…
Quand l'union soviétique redevient la Russie, Rubin demande à Iouri, son fils, de retrouver Klara.
Retrouver Klara, c'est ne pas oublier tous ces gens disparus, les condamnés politiques, c'est faire un pied de nez au pouvoir stalinien… c'est retrouver une femme magnifique.
Un beau récit, une belle écriture.
Lien : https://leslecturesdejoelle...
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Ce livre est arrivé par hasard dans mes mains après l'avoir aperçu dans la bibliothèque de ma mère.
Ayant de bons souvenirs de certains romans de cette auteure, je me suis lancée sans crainte.

Quand j'ai commencé ce livre, j'étais en partance pour un voyage donc je me suis dit que j'allais être rapidement dépaysée. Et autant dire que le début de la lecture a été laborieux: les différents espace-temps pour dresser l'intrigue m'ont quelque peu perturbée où les idées se perdent, l'écriture est peu fluide. Je n'avais vraiment pas envie de poursuivre ce livre.
Et puis, le livre m'a à nouveau accompagnée dans mon retour pour la France... La peine pour accrocher était encore présente et d'un coup... le déclic est arrivé!!!! le roman prend un autre rythme, le passé de chacun prend sens même si au départ on se demande ce que ça fait comme ça dans l'histoire. Et tout s'imbrique ensuite pour donner tout le sens de ce roman. La fin est quand même un peu frustrante mais laisse la possibilité d'un espoir, d'avoir une lecture libre.
Tout au long de ce roman, on évoque un pan de l'histoire russe pas très glorieuse: l'URSS au temps des goulag, du kolkhoze où chacun avait peur d'être vu comme un traitre, d'être enlevé en pleine nuit... La source de tension et d'angoisse est vraiment présente. Certains aspects de détention sur l'île est tout de même une bulle optimiste mais c'est peut-être pour éviter de plomber trop l'ambiance.
L'aspect violent du roman est aussi porté sur le milieu marin avec des campagnes maritimes qui démontrent l'objectif chiffre sans penser à l'aspect humain et les conditions difficiles. C'est également un univers qui n'a pas vocation à entrer dans le cliché et un tableau noir de la profession. Mais certains aspects donnent à vomir ou avoir mal au coeur...

Ce livre valait la peine de s'accrocher!
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Voici un beau roman qui fait voyager.
Dans la géographie d'abord, puisqu'on y parle de Mourmansk, cette ville portuaire située sur la côte nord de la presqu'île de Kola, des mers qui font corps avec l'océan glacial arctique, des îles perdues dans ces hautes latitudes. le lecteur ouvre un atlas pour mieux se repérer et situer le roman.
Dans l'Histoire ensuite, celle de l'URSS, évoquée longuement à travers les trois personnages principaux de ce livre: Klara, née dans l'URSS de Staline, devenue géologue à la fin de la 2ème guerre mondiale; son fils Ruben, né à Mourmansk qui, par la suite, émigrera aux Etats-Unis; et Iouri, son petit-fils, qui, à la demande de son père, partira un jour en Russie pour retrouver la trace de sa grand'mère.
Isabelle Autissier, de par l'évocation de ces personnages, convoque donc L Histoire, mais aussi la Nature, la terre à travers Klara, la mer à travers Ruben, et l'air par l'intermédiaire de Iouri dont la passion depuis toujours est centrée sur les oiseaux.
Et, pour le plaisir du lecteur, elle ajoute à son roman un brin de suspens. Qu'est en effet devenue Klara dont on a perdu la trace en 1954 ?
Bien "joué" Madame Autissier !
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Une écriture maladroite : c'est l'impression que me donne ce début de récit, correctement conçu, avec ce qu'il faut d'exotisme pour éveiller l'intérêt, et l'entame d'une histoire dont on devine qu'elle sera honnêtement ficelée. La vision du monde proposée vaudra un article du journal éponyme : description d'un ailleurs pittoresque enrobée d'opinions politiques bien d'ici, je veux dire de Paris, je veux dire des beaux quartiers de la capitale. On sera transportés sans avoir à subir le moindre bouleversement intérieur.

L'écriture, avec ses passés simples et ses descriptions méthodiques, pourrait être qualifiée de "pas mauvaise". Il y a très largement pire. Un manque de fluidité dans les points de vue et les temps du récit laisse penser qu'il fut écrit méthodiquement, morceau par morceau. Avec une attention à la langue qui ravirait un professeur de français ; pas de fautes, vraiment, mais pas de beauté non plus. Une forme de maladresse presque innocente, ou naïve, disons. Puisqu'on m'a dit que je pourrais écrire un roman, je m'y applique et je ne m'en sors pas si mal.

Pour capturer l'attention d'un lecteur exigeant, il faut cependant plus qu'une promenade de digestion, satisfaisante pour qui n'a pas d'autre ambition que de se délasser la panse en attendant la mort.
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Pour faire revivre Klara, il est nécessaire de faire un peu de géographie et un peu d'histoire.

Il est nécessaire de partir dans cette mer tout au nord où l'on côtoie l'île aux ours (1), l'archipel François Joseph (2) et les îles de Nouvelle Zemble (3).
La description de la navigation dans cette zone me rappelle mes propres souvenirs ... une croisière autour du Spitzberg, des bancs de brume qui cachent la terre et soudain un fjord, le brouillard se lève et apparaît alors l'île, les blocs de glace qui flottent devant, derrière, les roches dures sur lesquelles pas grande végétation ne peut se fixer .. les arbres mesurent quelques millimètres.. les animaux se cachent ... tout semble si désertique.
La description de ces zones de pêche, de ces camps et de l'habitation par les peuples autochtones est éprouvante pour notre imagination.

Il est nécessaire de se rappeler où de relire l'histoire de l'URSS dans les années 50, avec celui qui était encore appelé par certains, le petit père des peuples qui régentait tout, qui décidait tout, qui devait vivre, qui devait disparaître.
Je me rappelle lors d'un voyage chez le grand frère soviétique, le cortège des mariés s'avançant avec beaucoup de respect au pied une statue représentant l'un des plus grands meurtriers du siècle passé, pour lui offrir en témoignage de reconnaissance le bouquet de la mariée... c'était dans les années 70 !
Le besoin de connaître le passé pour comprendre le présent est démontré de façon magistrale.
Il est nécessaire pour pouvoir construire l'avenir.

Un très beau voyage dans ces lieux si peu fréquentés et dans notre mémoire.

(1)
L'archipel François Joseph (80.7998980, 55.2478176), un ensemble d'îles de l'extrême Nord de la Russie, dans la mer de Barents au nord de la Nouvelle Zemble et à l'est du Svalbard. Consistant en 191 îles recouvertes de glaces totalisant 16 134 km, l'archipel est inhabité et n'est distant du pôle nord que de 900 km.
En 1926, l'archipel est annexé par l'union soviétique et quelques personnes s'y installent à des fins de recherche et militaires. L'accès n'y est possible que quelques semaines par an en été, et un permis spécial est exigé pour visiter les îles.

(2)
L'île aux ours à mi chemin entre le nord de la Norvège et le Svalbard (74.4522484, 19.1151973), située dans la partie occidentale de la mer de Barents.
Elle a été considérée terra nullités jusqu'au traite du Svalbard en 1920, qui l'a placée sous souveraineté norvégienne. Malgré son éloignement et sa nature aride, l'île a connu quelques activités commerciales aux siècles derniers comme l'extraction de la houille, la pêche et la chasse à la baleine. Aucun campement n'a été installé pour plus de quelques années et l'île n'est actuellement habitée que par les occupants d'une station météo.

(3)
La Nouvelle-Zemble (« Nouvelle Terre ») est un archipel russe des mers de Barents et de Kara, situé au-delà du 70e parallèle nord dans le prolongement de l'Oural.
L'archipel a été le lieu des essais nucléaires soviétiques puis russes des années 1950 aux années 1990.
Les Nénètses forment la population d'origine de l'archipel de Nouvelle-Zemble.

Et pourquoi je n'irais pas faire du tourisme dans ces environs :
Les rivages de Nouvelle-Zemble sont l'une des zones où les déchets nucléaires de l'ère soviétique ont été envoyés par le fond :
1 : deux réacteurs sans combustible nucléaire consommé ;
2 : deux réacteurs sans combustible nucléaire consommé et 60 % de combustible nucléaire du brise glace Lénine en conteneurs ;
3 : six réacteurs nucléaires à uranium, dix sans combustible nucléaire, 11 000 conteneurs de déchets radioactifs ;
4 : sous-marin K-27 avec deux réacteurs ;
5 : trois réacteurs avec et trois sans combustible nucléaire.
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