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EAN : 9782811117597
372 pages
Karthala (19/01/2017)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Cet ouvrage permet de découvrir l'histoire des militants d'extrême gauche et islamistes tunisiens et leur combat politique de jeunesse notamment sur les campus universitaires. Il offre des clés de lecture historiques et sociologiques essentielles pour décrypter trajectoires et stratégies de cette génération, dont une bonne partie a accédé à des positions de premier plan depuis le départ de Ben Ali en 2011. À partir de l'analyse des données biographiques de 250 activ... >Voir plus
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Cet ouvrage est sous-titré "Gauchistes et islamistes sous Bourguiba et Ben Ali (1957-2011)" ; les militants communistes prennent toute leur place dans la première catégorie. Rappelons que Habib Bourguiba (né en 1903) fut le chef de l'état à partir de juillet 1957 (c'est Lamine Bey qui signe les conventions de retour à la pleine indépendance en mars 1956) à 1987 et Zine el-Abidine Ben Ali (né en 1936) fut président de la république de fin 1987 à janvier 2011.

Dans sa préface, Michel Camau justifie le choix de l'auteur de regrouper dans une même étude des militants aux objectifs radicalement différents car ils contestent tous le régime en place. Par ailleurs, on retiendra de ce dernier, en prolongement de ce qu'il dit d'Ahmed Bey (1806-1855), ces mots : « depuis l'époque du premier bey réformateur, les élites politiques tunisiennes se sont senties en mesure de traduire les aspirations du peuple et de s'ériger en avant-garde imaginant que l'alter-peuple était identique à leur ego. Puis, elles ont toutes réalisé le décalage qui les en séparait et tenté de le remodeler à leur image » (page 16).

L'opposition aux deux régimes successifs provient soit de syndicalistes, soit d'étudiants et c'est plutôt à ces derniers que s'intéresse Michaël Ayari. Ce dernier classe les militants en quatre catégories : élite médinale, médinaux, publiciens et extra-muros. La première désigne la bourgeoisie commerçante et terrienne plus l'élite traditionnelle (oulémas, cadis, muftis, oulémas), la seconde caractérise des urbains commerçants ou artisans, la troisième est bien représentée par des gens d'origine du Sahel ou du Cap-Bon issus des familles qui ont su utiliser les passerelles offertes par la colonisation afin de servir d'intermédiaire entre les Tunisiens et le pouvoir français, les derniers proviennent de milieux populaires plutôt du sud, du centre ou du nord-ouest du pays.

Tous appartiennent à un réseau clientéliste en lien avec leurs origines ou non. Ainsi l'auteur montre des gens d'ascendance très populaire ont pu se retrouver responsables importants dans le Destour pour avoir mené des actions violentes contre les propriétaires français puis contre les yousséfistes (pages 58-59). Dans la partie consacrée aux militants extra-muros, l'auteur s'étend largement sur les origines familiales d'Hamma Hammami, né en 1952, emprisonné à quelques années d'intervalle sous les deux présidents successifs (pages 61-62). Ce dernier est secrétaire général du Parti communiste des ouvriers de Tunisie puis, quand il change de nom, du Parti des travailleurs. Il poursuit quelques pages plus loin en évoquant Salah Zeghidi époux de Leila Adda dont le grand-père Georges Adda fut une des figures historiques du Parti communiste tunisien (page 80). Page 82, l'auteur donne des exemples de fratrie où les uns sont au PCT et les autres dans un mouvement islamique.

L'auteur a interrogé soixante des deux-cent-quarante-quatre activistes auxquels il s'est intéressé, les trois-quarts de ces derniers ont dû comparaître dans des procès. L'extrême-gauche tunisienne moderne naît en 1963 après que la découverte en décembre 1962 d'une préparation d'un complot contre Habib Bourguiba, ce qui se traduit en particulier par une interdiction du parti communiste tunisien en janvier 1963. À la suite de quoi apparaît à l'été 1963 le groupe Perspectives. L'islamisme politique trouve ses racines en 1971 dans le Groupe islamique qui autour de 1980 se dénomme Mouvement de tendance islamique pour se transformer en Ennahdha en 1988.

Michaël Ayari insiste sur le fait que les clivages dans la société tunisienne sont beaucoup moins divers que dans les deux autres pays du Maghreb et la plupart des autres pays musulmans. L'origine géographique compte au moins autant que les racines sociales. Il analyse quatre types de discours par rapport à l'entrée et la sortie du colonialisme : l'officiel du parti destourien encensant l'action de Bourguiba, le gauchiste qui relève l'action du syndicaliste Farhat Hached, le yousséfiste panarabiste et l'islamiste. le chapitre intitulé "Du GEAST à Ennahdha" présente en une bonne soixantaine de pages les flux successifs de contestation sur un demi-siècle. La réflexion suivante porte sur les motivations et les formes d'engagement. le quatrième et dernier chapitre tente de mesurer les conséquences sur les destins individuels de personnes qui pour la majorité ont connu l'emprisonnement et/ou l'exil ; il se termine en constatant que le « sentiment nationaliste est capté par le salafisme jihadisme, bien davantage que par Ennahdha » (page 298). Dans la conclusion, Michaël Ayari avance que, avec le fait que Ennahdha partage le pouvoir, les groupes islamistes violents montent en puissance. La question essentielle semble de savoir vers quelle voie se dirigera le groupe extra-muros. Ce dernier peut se radicaliser massivement et sa répression pourrait ramener la Tunisie vers un régime autoritaire.
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