Au moment d'écrire cette critique, je ne sais toujours pas si j'ai aimé cette bande dessinée ou pas. C'est une sorte de témoignage vu de l'intérieur de la ZAD (Zone À Défendre) de Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes. On y découvre non pas une vision unique, la lutte et ses motivation sont assez floues, cette bande dessinée ne se centralise pas sur l'aspect politique, mais sur la manière d'occuper une zone, et surtout sur les différentes factions, parfois en totale contradiction, agriculteurs contre antispécistes, pacifistes contre black blocs, ce mélange rameute marginaux en tout genre, parfois pas très nets… Il doivent vivre ensemble, et ça ne se passe pas toujours bien. L'histoire ne cherche pas à défendre tel ou tel argument, c'est un peu ce que je lui reprocherais, je me suis trouvé un peu perdu à la fin de cette lecture, ne sachant trop quoi en penser. Disons que c'est une bande dessinée intéressante, mais presque trop neutre, il y avait sans doute trop de choses à traiter pour pouvoir tout englober. Chaque motivation de chaque individu mérite d'être racontée, mais elles sont toutes totalement différentes et finissent par s'embrouiller entre elles, on dirait que les auteurs n'ont voulu fâcher personne. Malgré son manque de radicalité, c'est pourtant une bande dessinée qui vaut le coup de lire, pour les toutes questions qu'elle pose.
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Au niveau fond, la zad est ce qu'elle est, ni plus, ni moins, on peut être d'accord avec tout, rien, une partie seulement.
Au niveau forme, j'ai trouvé dans ce livre le rendu d'une ambiance tendue, la description d'un entrechoc d'idées, de vécus, d'envies et de refus, une sorte de vivier d'émotions qui se mélangent, exacerbées par la situation, et qui finissent par me donner un sentiment de gâchis.
Pour autant, le résultat est là, à force de lutte, le projet d'aéroport a été revisité puis abandonné. On peut critiquer la forme de la lutte, toute la colère qui a habité cette histoire, les initiatives personnelles de celles et ceux qui pensent détenir une partie de la vérité ou qui se sentent investis d'une mission. Je trouve que le livre transmet plutôt fidèlement tout ça. Enfin, je dis fidèlement, le mot est exagéré, n'ayant pas connaissance de l'intérieur de la zad. J'y retrouve ce que j'ai côtoyé dans des contexte collectifs, souvent associatifs, alors ça me semble logique d'y retrouver ça dans cette zad.
Alors, cette lecture est intéressante, à titre anthropologique, à titre de découverte, et je trouve salutaire de garder en tête que c'est une expérimentation, maladroite, selon ses actes, quelquefois inefficace voire contre productive, mais qui cherche à construire une autre manière de penser, de vivre et qui a réussi à aboutir sur un résultat visible. La critique sur une certaine continuité entre notre mode de vie consumériste et le mode de vie de la zad est recevable à mes yeux, oui, la réinvention utilise aussi les bonnes vieilles ficelles, mais on peut se dire que c'est un premier pas. Je ne sais finalement pas critiquer le fond, il est ce qu'il est, ça me semble tout ce que je puisse en dire.
Alors je sens que la lecture m'a donné un mélange d'amertume, de testostérone et de féminisme, de colère et de joie.
Je dirais qu'une phrase du livre résume assez bien ces sentiments : "La lutte contre soi-même. Comment la zad nous fait changer"
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Les auteurs s'attachent à raconter la vie de quelques résistants de la ZAD, assez représentatifs de la diversité sociale de "la faune" de Notre-Dame des Landes. le graphisme est très réussi, mais, le point fort de cette histoire est la restitution des conflits internes à la ZAD, entre paysans du cru défendant leur terre et militants anarchistes montant à l'assaut du ciel...
La lutte de lignes s'avère confuse et parfois extrêmement dure entre ceux qui ignorent les décisions collectives et ceux qui recherche le consensus à tout pris . Ça s'engueule grave entre "citoyennistes", et "casseurs" entre "empoisonneurs" et "beatnicks"...
La ZAD est un bel album qui nous plonge au coeur du bocage dans l'une des luttes les plus importantes de la décennie à travers une galerie de personnages attachants.
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Une bande dessinée sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, ses luttes, ses vies réinventées, ses tentatives d'autres modes de vie en collectivité.
Le dessin est sobre, joliment coloré. le récit n'est pas toujours captivant, mais évoque bien les thématiques atour de la ZAD, notamment les contradictions entre paysans et militants écologiques et libertaires, la question de la violence, etc.
Ce n'est peut-être pas une grande bande dessinée, mais elle a tout de même un certain intérêt.
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Le lecteur ne fait pas que suivre au plus près leur quotidien, que l’on pourrait résumer à une guerre foncière contre des policiers muets, déterminés à supprimer leurs cabanes. Il pénètre aussi dans le bouillonnement idéologique qui agite une génération désireuse de réinventer le monde pour le rendre plus juste.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Avant les Gilets Jaunes, l’actualité a été longtemps marquée par l’opposition à la construction d’un nouvel aéroport, à Nantes. On a presque tendance à l’oublier, pourtant les points communs entre ces manifestations de Notre-Dame des Landes et les mouvements des Gilets Jaunes sont nombreux. L’album de Thomas Azuélos et Simon Rochepeau arrive à point pour le rappeler soulignant les forces et les légitimités des zadistes, mais également leurs faiblesses, voire leurs dérives…
Lire la critique sur le site : BDZoom
- Il est bizarre, ton pote, non ?
- Diony ? C'est pas mon pote. C'est un copain de Max. (...)
- C'est pas lui l'abruti qui s'est fait choper à Nantes avec une hache ?
- Si, c'est Diony. Dans le coffre de MA bagnole, et il a pris un PV. Maintenant, il me doit trois cents balles.
- Quel abruti. Comment il compte te les rendre ?
- Il va bientôt recevoir son RSA.
- Ah ouais, bonjour les anarchistes.
(p. 136-137)
[ ZAD de Notre-Dame-des-Landes, 2012 - slogans glanés au fil des pages ]
- Ni béton ni expulsions !
- Des potirons, pas des avions !
- Des légumes, pas du bitume !
- Du compost, pas du low-cost !
- Veni, vidi et pas Vinci !
- Non au béton, oui au bétail !
- Oui au pollen, non au kérosène !
- Nous sommes le peuple de boue.
- Les avions volent la terre.
- Vincitation à la révolte.
Pour l'Etat, un marécage c'est du vide qu'il faut combler. Pour nous, il est plein, toute la diversité biologique est là.
(p. 77)
On se serait rencontrés ailleurs. Toi et moi. Dans un bistrot, par exemple. On aurait discuté de tout et de rien. Je me serais dit : ce gars il a l'air cool. Il est beau. En plus, il a mon âge. J'aimerai que ce soit mon pote. On se serait payé un verre. Mais là, maintenant si ton talkie te dit : "C'est une zadiste, tire- lui dans la tête !". Tu fais quoi ?
Le combat pour inventer un nouveau monde recommence sans cesse. Et nous y arriverons. Car la ZAD c'est plus grand que nous.
Une orangère, un peintre, un cuisinier, un philosophe,
un grand hôtel abandonné. L'histoire se passe à
Cerbère en 1939, à la frontière entre la France et
l'Espagne.
C'est la retirada.
C'est la guerre à venir.
C'est signé Thomas Azuélos et c'est le 11 janvier 2023 en
librairie.