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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
A noter : J'ai lu le livre en anglais.

La prochaine fois, le feu est un essai écrit l'écrivain et l'activiste des droits civils américain, James Baldwin. Il y a deux essais dans le livre, le premier est une lettre il a écrit à son neveu adolescent, où il a lui encouragé d'éloigner ses perspectives et rêves afin qu'il puisse échapper des chaînes de ce à quoi la société américaine a conditionné les Noirs américains à aspirer (la médiocrité et pas l'excellence comme il avait dit).

Le deuxième essai est la majorité du livre, où il explore son expérience de grandir comme un homme noir aux Etats-Unis. Il a commencé par s'exprimer comment il a pris l'aide de la religion d'abord – par visiter l'église noir dans la communauté mais il a réalisé qu'il y a plus d'effets néfastes du christianisme sur la communauté noire aux Etats-Unis. Il a aussi décrit sa rencontre avec Elijah Muhammad de « Nation of Islam » : dont il était bientôt désabusé et décrit que le mouvement comme illogique avec un but de créer un « dieu noir » pour contrer le « dieu blanc chrétien ».

C'est un livre court mais un texte puissant, explorer la vie d'une personne noire moyenne à l'époque de l'auteur et aussi montrer clairement la relation entre les races dans la communauté ségréguée. Il critiquait souvent l'idée de dieu, l'idée principale du pays d'Etats-Unis et de ses ancêtres, que l'on connait comme les personnes ayant lutté pour la paix et la « liberté », cette dernière étant ironique tant si l'on considère comment l'idée de supériorité raciale était profondément ancrée ; et il faut aussi noter que l'esclavage était légal il n'y a pas si longtemps.

Cependant, je ne suis pas d'accord où l'auteur a justifié la violence ; pour n'importe quelle raison. Pour être honnête, ses arguments étaient convaincants. Je dois noter qu'il n'a pas directement approuvé la violence mais dans le même temps, condamné la glorification du « nègre pacifique » car les blancs ne veulent imaginer aucune menace pour leurs biens et leurs richesses.

Une autre observation qui n'est pas exactement liée avec le livre que l'époque, je n'étais pas à l'aise par lire le mot « nègre » plusieurs fois. Je comprends que dans les années 60, ce mot était utilisé même dans l'écriture formel mais une note de bas de page de l'éditeur aurait aidé à contextualiser. Je ne serais pas surpris si je citais à l'avenir une ligne de ce livre sans contexte, un quelconque suprémaciste blanc prétendant que le mot a une légitimité.

Le livre était très perspicace et, vu sa taille, il nous a fait réfléchir aux formes de discrimination possibles et à la façon dont, dans une position privilégiée, nous pouvons facilement qualifier les gens de « criminels » alors que, dans une société qui pratique systématiquement la discrimination, il n'y a guère d'intérêt à respecter les règles. Étant donné la situation actuelle aux États-Unis, avec un président (Donald Trump, au moment de la rédaction de cette revue) qui refuse de condamner sans condition les tenants de la suprématie blanche et qui se prosterne devant les groupes d'extrême droite, il est important de faire prendre conscience aux gens des luttes qu'ils ont dû mener pour arriver à la situation que nous connaissons aujourd'hui et que la lutte est loin d'être terminée.

Je donnerais ce livre une note de quatre sur cinq.
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Enfant de Harlem et prédicateur précoce, Baldwin a connu la peur, l'humiliation, et bien plus tard le succès en Europe puis aux États-Unis. Il a fréquenté des personnalités aussi diverses que Malcom X, Martin Luther King, Robert Kennedy, Marguerite Yourcenar ou Yves Montand. Il fait ici une autobiographie morale centrée sur le problème noir.

Inutile d'insister sur la réalité d'une ségrégation publique et privée qui a persisté un siècle après la proclamation d'émancipation. Après la souffrance subie, le point d'inflexion du livre est la rencontre d'Elijah Muhammad, fondateur de la Nation of Islam et tenant d'un séparatisme noir aussi violent dans les termes que celui des blancs. Baldwin présente le Maître avec respect, énonce les arguments qui nourrissent son suprématisme avant d'en dénoncer l'absurdité historique et la naïveté perverse : « Mais pour modifier une situation, il faut d'abord en avoir une vision claire : dans le cas particulier, admettre le fait, quelque usage qu'on en fasse ultérieurement, que le Noir américain est issu de ce pays, qu'il faille ou non s'en féliciter, et n'appartient à aucun autre — pas à l'Afrique et certainement pas à l'Islam ».

Sa volonté de justice est empreinte de spiritualité et d'angoisse ontologique. Face à l'arbitraire, Baldwin est partagé comme Albert Camus dans certaines pages sur l'Algérie : « Je savais comment luttent en moi la tendresse et l'ambition, la douleur et la colère et l'horrible écartèlement que je subis entre ces extrêmes — mes constants efforts pour choisir le mieux plutôt que le pire ». Son livre s'achève sur un doute existentiel : « Peut-être l'origine de toutes les difficultés humaines se trouve-t-elle dans notre propension à sacrifier toute la beauté de nos vies, à nous emprisonner au milieu des totems, tabous, croix, sacrifices du sang, clochers, mosquées, races, armées, drapeaux, nations, afin de dénier que la mort existe, ce qui est précisément notre unique certitude ». Revenant à son passé de prêcheur, Baldwin fait de sa dernière phrase une menace d'apocalypse greffée sur la Genèse, mais qui n'existe pas dans le texte biblique :
Et Dieu dit à Noé
Vois l'arc en le ciel bleu
L'eau ne tombera plus
Il me reste le feu…

Le corps du texte, cent pages environ au titre mystique — Au pied De La Croix —, est précédé d'une belle lettre à son neveu : « Et mon cachot trembla », qui reprend affectueusement le texte principal, avec moins de sévérité et d'hésitation.
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La prochaine fois, le feu c'est les battements du coeur dans une dent cariée, c'est l'odeur de pisse dans une roseraie, c'est le vertige provoqué par la confrontation de son âme dans un simple miroir.

James Baldwin peint les mots à l'image de Francis Bacon. Une peinture pleine de poussière, rugueuse, sanglante, comme pour révéler le plus purement possible toute la poésie d'un monde cruel. Un monde où blanc et noir font deux. Un monde où l'homme noir n'aperçoit la lueur du soleil qu'à travers la grisaille nuageuse, mais ne cherche pas la compassion. Il avance, fier, fort, résilié. Un monde où l'amour n'est plus, laissant place à la peur, aux incertitudes qui poussent l'Homme à sacrifier sa vie à la quête de sens pour ne pas se confronter à l'unique certitude de nos existences tout entières : la mort.
Ainsi et comme pour se libérer de cette peur fondamentale, l'homme cherche refuge. le paradis soyeux après le montée du crack en pleine intraveineuse, l'amour d'une heure au coin d'une ruelle sombre, ou la foi inconditionnelle envers un Dieu intolérant.

Mais peut-on véritablement en vouloir à ces oppresseurs apeurés ? Si une peur à laquelle l'on ne se confronte pas ne peut être appréhendée dans sa nature, ces innocents ignorant tout de la mort et par là même de la vie, se sont inventés une histoire pour justifier de leur supériorité. C'est précisément ici que James Baldwin témoigne d'une sagesse et d'une lucidité pure, sublime. Car si l'indifférence du monde envers l'Holocauste, envers ces noirs opprimés, et plus largement envers toutes ces minorités qui avancent le dos courbés sous la charge démentielle de l'homme blanc est littéralement à gerber de la bile, Baldwin, lui, parle d'amour.

L'amour comme progrès, comme quête de sens, comme force vitale. L'amour austère, l'amour viscéral, l'amour universel. Avec une lucidité déconcertante, Baldwin dépeint l'entièreté d'un roulement sociétal fondé par et pour l'homme blanc, qui vise à, comme le dit si bien Christiane Taubira, « asseoir une domination politique et financière conférant légitimité à des règles par lesquelles sont gouvernés ceux qui, en aucune façon, ne sont en situation de participer à l'élaboration de ces règles ». Mais alors, où est l'amour ici ? le concept de liberté pour l'homme noir - qui a traversé et traverse encore aujourd'hui, chaque jour, humiliations publiques, discriminations et autres violences laissant des marques suppurantes sur une âme qui souffre - n'est qu'un concept abstrait, mensonge auquel le peuple obéit servilement, que le blanc laisse planer par vanité. En effet, pourquoi vouloir céder à la pure égalité pour le peuple dominant qui de ce fait à tant à perdre de l'abolition de sa cruauté historique ? Pourtant, l'amour persiste chez Baldwin et ses mots restent enduits de tendresse, de sagesse et de compassion.

Bien entendu, ce texte est une véritable mise en garde quant au réveil et au potentiel soulèvement du peuple opprimé, mais il témoigne surtout d'un message porteur d'espoir. Loin de l'intégrassionnisme docile où l'homme noir s'excuserait presque d'être au sein d'une société qui ne lui laisse qu'une place périphérique, James Baldwin dessine une vie reposant sur les principes d'égalité et de justice, où l'oppressé, par amour, refuse de céder à la haine et la rancoeur envers un oppresseur inconscient, à l'image d'une mère consciente des maladresses de son enfant. Ainsi, si politiquement, le noir et le blanc forment deux couleurs distinctes, humainement, elles ne font qu'un. C'est sur ce principe, d'amour universel - sans pour autant parler d'amour érotique ou romantique tant il serait illusoire de croire cela - que doit se fonder la société.
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LA PROCHAINE FOIS LE FEU de JAMES BALDWIN
Écrit en 1963, bien des choses ont certes changé depuis mais c'est un texte qui reste toujours d'actualité. Une excellente préface d' Albert Memmi, une introduction en forme de lettre et un exposé, un essai qui reprend la problématique noire aux États Unis et bien au delà, le racisme sous toutes ses formes. le colonialisme évidemment mais aussi tout ce qui tend à diviser, à mépriser pour se sentir différent. Passionnant récit de son passage par l'église, où il fût Frère Baldwin, de ses relations avec d'autres exclus, les juifs. Narration de sa rencontre avec Elijah Muhamed, leader de la Nation de l'Islam, à laquelle adhérait MALCOM X. Certaines propheties des années soixante se sont réalisées comme un président noir ( Robert Kennedy l'avait prédit) mais la violente montée démographique des latinos et des asiatiques et la relative stagnation de la population noire vont complexifier la donne.
Une lecture, un pamphlet écrit avec les tripes.
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C'est par l'intermédiaire de lettres que James Baldwin partage, dans cet ouvrage, son point de vue sur la place des Afro-Américains dans la société américaine, alors que les points de tension sont extrêmement nombreux en ces années 1960.

Et ce point de vue est extrêmement novateur, à cette époque, en ce qu'il pointe du doigt, avec une grande clairvoyance, bien que parfois d'une ironie foncièrement mordante, les déterminismes raciaux, ou comment l'Afro-Américain est construit, depuis des siècles, par les Blancs, dans son inconsciente postulation à se considérer, et à être considéré, toujours, comme inférieur à lui.

Point de vue qui s'appuie sur l'expérience même de l'auteur, expérience qui tente d'ailleurs de montrer que ce n'est pas dans la confrontation violente que chacun parviendra à se trouver une nouvelle place dans la société, mais au contraire en parvenant à se débarrasser, par une éducation, pour tous, allant dans ce sens, des déterminismes profondément ancrés.

Une dénonciation certes forte de la condition des Noirs aux Etats-Unis, mais aussi, et plus encore, des propositions profondément convaincantes, pour sortir de cette condition. Une lecture marquante, percutante, pertinente, qui me donne envie de continuer ma découverte des oeuvres de James Baldwin.
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Un essai qui prend la forme de deux lettres personnelles d'un écrivain noir américain emblématique de la Harlem Renaissance. Ça parle de la condition des personnes noires dans les années 60, et reste toujours actuel ; le message est toujours actuel, teinté de compassion face à la violence sociale : il nous faut travailler une forme d'amour dans notre société, un amour exigeant, le même que celui qui nous a permis de survivre jusqu'ici et nous développer. Il faut que tout le monde face le job (ici les noirs et les blancs) pour reconstruire une société où tout le monde soit libre, des déterminismes et de la culpabilité. Je n'ai pas compris tous les passages, notamment sur l'Islam où sont convoquées des références que je n'ai pas, mais le reste est très fort et toujours pleinement actuel - et valable pour toutes les luttes minoritaires.
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Two parts to this book. First a letter to his nephew, a love letter, telling him that America is also his country, that he must not doubt his value, that he must not agree to carry the image that others reflect on him. The second part is dense, his faith, his encounter with "Nation of Islam" but the message that it conveys is that of love for each other, that no race is superior and that the aim is to live intelligently side by side. Powerful and sad also because it seems that 60 years later, the situation has not hugely evolved.
Lien : https://redheadwithabrain.ch..
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J'ai été immédiatement happée par la lecture de la première partie de ce livre : la lettre de James Baldwin à son neveu. La prose, le ton. le discours qu'il tient y est très inspirant, en substance : Tu viens d'une lignée d'hommes et de femmes courageux, ne doute jamais de ta valeur et les Etats-Unis sont ton pays, tu es chez toi, n'en doute jamais.
J'ai eu un peu plus de mal avec la deuxième partie. Les considérations théologiques ne sont pas ma tasse de thé. Aussi me suis-je ennuyée lors des passages pendant lesquels James Baldwin détaille son expérience de la chrétienté ainsi que son passé de prêcheur à l'adolescence.
Cela dit, le côté politique d'un courant religieux m'intéresse davantage. J'ai donc de nouveau pris pleinement plaisir à lire James Baldwin lorsqu'il s'est intéressé au groupe séparatiste : Nation of Islam, que je connaissais déjà mais la lecture de The Fire Next Time m'a permise d'approfondir mes connaissances concernant cette organisation politico-religieuse.
Par ce biais-là, James Baldwin dresse le portrait des divergences et forces qui s'opposaient/s'opposent. Dans la société des Etats-Unis des années 60, polarisée à l'extrême, on mesure l'importance du souffle de modération que James Baldwin a pu apporter avec cet essai.
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Baldwin entretient littéralement une conversation avec son pays et lui demande des comptes. Un va-et-vient bouillonnant entre la quête de vérité de l'auteur et le mépris d'une Amérique blanche qui demande aux Noirs en quête de changement, d'attendre patiemment... Les années 60 sont aussi l'époque de Malcolm X et celle de la Nation of Islam prônant la séparation des "races".









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"La prochaine fois, le feu" secoue. La première partie (lettre à son neveu) est bouleversante. Un ouvrage lu dans le cadre de mon éducation anti-raciste.
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