Allo Houston? Nous avons un problème. Ce Houston Forces Spéciales est probablement un des pires livres jamais écrits, à mettre définitivement sur orbite. Comme chaque fois que j'arrose des plantes et donne des croquettes au chat, j'ai droit à un cadeau-toi-qui-aimes-les-romans-policiers. Une femme au savant coiffé décoiffé, une nuisette, la collection Passion intense (Un monde de sensualité), je subodore déjà le polar de l'année.
"Flic à Dallas, Gray (tiens!) Montgomery est déterminé à mettre la main sur l'assassin de son coéquipier Alex. Sous un bon prétexte, il se rend à Houston et intègre l'équipe de Malone & Fils Sécurité. Son but: se rapprocher de Faith Malone, une employée" . Voilà pour le pitch. Notre Gray, canon et viril, gonflé à bloc et réclamant vengeance, s'en va ferrer la belle Faith, qui devrait le conduire au meurtrier. En fouillant son bureau, il découvre son agenda ouvert à la page du jour où il lit des mots cerclés en rouge (toi aussi deviens un flic super perspicace grâce à
Maya Banks) "The House, 23 heures", avec l'adresse en dessous, s'il vous plait. Et, coïncidence extraordinaire, on vient justement de lui parler de cette boite échangiste huppée. Car la belle Faith, qui rougit toutes les cinq minutes (tiens!), rêve de se faire fouetter les fesses par un mâle dominant. A partir de cet instant, l'expression "étroite surveillance" va prendre tout son sens. Les motivations de Gray? Oubliées. L'enquête? Au point mort. Et je me sens tout à coup comme François Merlin quand Bob Sinclar, aux prises avec les sbires de l'infâme Karpov, aperçoit la femme de ménage qui passe l'aspirateur sur la plage. le cadre de l'enquête policière vient de voler en éclat, dymamité par la bonne vieille clit-lit des familles. S'ensuivent environ 200 pages de fessées avec cravaches, tapettes et cordelettes, le tout servi par des dialogues ébouriffants:
Lui- "Tes cheveux sont superbes. Vibrants, libres et doux comme toi."
Elle- " de temps en temps, il me prend l'envie de les couper."
Lui- "Ne fais jamais ça."
On retrouvera dans les scènes de copulation intense le grand classique de la romance , le très énigmatique "Jouis pour moi" (P156). La première fois que j'étais tombée dessus (chez Ward) j'avais cru que c'était une faute de frappe et qu'il s'agissait de "Joue pour moi". A quoi? Au tiercé? A l'Euro-Millions? de la flûte traversière? Et bien non, c'est bien "Jouis pour moi", que
Maya Banks aime utiliser aussi pendant les scènes de sexe.
Deux cent pages plus loin, notre romancière se rappelle soudain qu'elle a une enquête sur le feu et en une trentaine de pages, nous colle dans les pattes des menaces, un assassinat, des blessures, un kidnapping et une évasion. L'affaire brillamment résolue se termine sur une note optimiste. Faith pardonne à Gray ses mensonges:
Lui- "Je meurs d'envie de t'avoir dans mon lit, rien qu'à moi."
Elle- "Oui, emmène-moi" (en souriant).
FIN
Je me souviens alors du titre, Houston Forces Spéciales. Mais elles sont où d'ailleurs? Ah oui, page 16, j'ai lu que le patron de l'agence Malone & Fils est un ancien membre des Forces Spéciales, et comme ça se passe à Houston, voici donc un titre drôlement bien trouvé. Ne me reste plus qu'à prendre un Maalox et lire un
Westlake pour oublier toutes ces horreurs.