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Marie Vila Casas (Traducteur)
EAN : 9782368129616
192 pages
Charleston (10/05/2023)
3.2/5   38 notes
Résumé :
« On était nombreux à la maison, ça se voyait. Il devait y avoir quelqu’un de trop. J’étais la cinquième des six enfants, et comme disait la mère, j’étais arrivée parce que Dieu l’avait voulu et il fallait accepter ce qu’Il envoyait. »

Une maison basse bâtie sur une terre aride, six enfants, beaucoup de bouches à nourrir et peu de pain. C’est ainsi que se dessine le destin de Conxa. À 13 ans, elle quitte sa maison, son village et son seul horizon, pou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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« On était nombreux à la maison, ça se voyait. Il devait y avoir quelqu'un de trop. J'étais la cinquième des six enfants et comme disait la mère, j'étais arrivée parce que Dieu l'avait voulu et il fallait accepter ce qu'Il envoyait. […| Comme j'étais d'un caractère doux et raisonnable, ils avaient décidé que je partirais aider la tante, la soeur de ma mère, qui avait perdu l'espoir d'avoir des enfants – mais du travail, ça, elle en avait. Elle s'était mariée avec un homme beaucoup plus âgé qu'elle qui possédait des terres, une demi-douzaine de vaches au moins, de la poulaille et des lapins, et aussi un potager. Ils vivaient bien, mais ils manquaient de bras et de compagnie parce qu'ils commençaient à se sentir vieux. »

Celle qui se taisait, Maria Barbal #lesailleurs #éditionscharleston

Elle s'appelle Conxa. A 13 ans sa famille décide de l'envoyer chez la tante et l'oncle qui habitent le village de Pallarès, pas trop éloigné de leur village de l'Ermita, dans les Pyrénées espagnoles. Elle est douce, docile, elle fera une parfaite compagnie pour tenir la ferme avec eux, tenir le rôle de l'enfant qu'ils n'ont pas eu.

Conxa, elle est cette jeune fille un peu effacée, qui ne parle pas beaucoup mais qui observe… le monde qui l'entoure, l'oncle, la tante, le village, les gens qui le peuplent, les femmes aussi…

« Quand je réfléchissais aux familles que je connaissais bien, la femme en était à mes yeux le plus grand pilier. Chez moi, c'était ma mère qui faisait ou coordonnait toutes les tâches. Et ne parlons pas de la tante. La femme mettait les enfants au monde, elle les élevait, elle faisait les foins, elle s'occupait de l'étable, du poulailler, des lapins. Elle tenait la maison et elle faisait beaucoup d'autres tâches : le potager, les conserves, les charcuteries… Et l'homme, que faisait-il ? Il réglait les choses de dehors. Quand il fallait vendre une vache. Embaucher des gars pour la fenaison ou les moissons. Il n'était pas évident pour moi que l'homme en faisait ou était plus que cela, pourtant tout le monde répétait : qu'est-ce qu'une maison sans un homme ? Moi, je me demande : qu'est-ce qu'une maison sans une femme ? »

À travers les yeux de Conxa, c'est l'Espagne pauvre des années 1920 qui se dessine ; sa voix nous raconte ce petit peuple, à la vie rude et simple, qui décide de se soulever pour améliorer son quotidien, être considéré autrement… La révolte gronde… la réaction ne se fait pas attendre… le peuple est divisé !

« Jaume est exalté. Il répète que ce que le peuple a dit librement ne peut pas être anéanti comme ça, brutalement, pas même par les armes. Quel peuple ? le peuple, ça veut dire les gens, tous les hommes et toutes les femmes qui vivent dans ce pays. Je sors exténuée de ce genre de conversation. »

Pourtant, il y a de la beauté dans cette vie des champs, dans ce labeur quotidien décrit avec poésie et beauté par cette voix catalane à nulle autre pareille… le paysage se déroule sous nos yeux, tel un tableau de Millet ou de van Gogh… ou même de mon peintre préféré, Monet !

« La chaleur était revenue. On était au mois de juin 1921. Les champs étaient dorés et les coquelicots éclataient ; on entendait partout le vrombissement des mouches qui pourchassaient leur nourriture avec insistance. Les noisetiers sauvages et les noyers reverdissaient au bord de la rivière, ainsi que les peupliers. La montagne fourmillait de travailleurs, entre le jaune et le vert, de charrettes sur les chemins terreux et d'outils sifflants qui rabattaient sans compassion les fines tiges. La terre se gonflait d'orgueil de recevoir une telle abondance qui durerait toute l'année. »

J'ai aimé cette vie des champs, rythmée par les saisons, ce pan de l'Histoire d'Espagne que l'on méconnaît, raconté avec simplicité et pudeur, cette voix, si discrète, et qui pourtant a tant à raconter, partager…

Cette voix catalane au talent incroyable qui s'exprime en peu de mots!
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Conxa a 13 ans et elle sait déjà que la vie est dure. Avec ses cinq frères et soeurs le quotidien n'est pas facile dans leur petit village reculé des Pyrénées catalanes et leurs parents, très pauvres, peinent à tous les nourrir, le pain n'étant pas suffisant. Alors qu'elle se demande de quoi sera fait son avenir, ces derniers décident de l'envoyer chez son oncle et sa tante dans un village un peu plus éloigné mais tout aussi aride dans la vallée. Pensant changer un peu de quotidien et peut-être vivre mieux, l'adolescente déchante quand elle réalise qu'elle est là pour remplacer les bras de l'enfant qu'ils n'ont jamais eu à la ferme. Entre le travail aux champs et avec les bêtes, Conxa n'a que peu de temps pour rêver et faire des rencontres, d'autant plus avec la menace de la guerre qui plane au loin. Pourtant, son quotidien s'apprête à être bouleversé avant même qu'elle n'ait eu le temps de réaliser ...



Si vous voulez savoir ce qui va lui arriver durant la guerre il faudra lire le roman ! J'ai été surprise de découvrir une plume originale, dénuée de superflu. L'autrice va droit au but avec des phrases courtes et précises, sans s'encombrer de descriptions à rallonge. Cela nous permet une immersion totale dans l'ambiance et le quotidien de la vie rurale en Espagne dans les années 1920 et ensuite durant la guerre, avec le travail dans les champs, les animaux et les difficultés du quotidien notamment lorsqu'il y beaucoup d'enfants. J'ai aimé découvrir le "fonctionnement" des familles paysannes avec les femmes qui géraient le foyer, la famille, les champs et les animaux tandis que les hommes allaient plus loin, notamment en ville lorsqu'il fallait recruter de nouveaux bras ou vendre un animal. Chacun son rôle à l'époque !



C'est cependant tout ce que j'ai de positif à dire de cet ouvrage car je suis restée sur ma faim. Là où je m'attendais à un roman avec une trame de fond historique marquée ce n'était au final pas le cas car on parle à peine de la guerre, le village n'étant touché que bien plus tard du fait de se position géographique. J'ai trouvé dommage le fait que l'autrice s'abstienne de trop de descriptions à ce sujet car il y aurait tant à dire sur cette époque ... Cela m'a également empêchée de ressentir des émotions alors que des thématiques tristes telles que le deuil, les révoltes, les ravages de la guerre, la place de la femme ou encore les amours tragiques sont abordés. Je me suis vraiment sentie distante par rapport à cette histoire, aux drames vécus par Conxa et les autres personanges et j'en suis la première déçue mais je vous invite à vous faire votre propre avis comme toujours car une déception pour moi ne le sera pas forcément pour vous. D'autant plus que le roman a reçu de nombreux prix 😌
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3,5- Conxa est une jeune femme espagnole qui est l'avant dernière d'une famille de 6 enfants et qui ne s'est jamais sentie utile. Elle est envoyée chez sa tante et rencontre un jeune homme qui la fait passer en premier pour une fois. Les conflits internes en Espagne dans les années 20 vont précipiter les évènements.

Avis : J'avais très envie de découvrir ce roman car le synopsis nous indique qu'on va suivre l'histoire d'une jeune femme sous l'époque de Franco et la traversée des Pyrénées catalanes. J'ai pensé qu'on suivrait notre héroïne en France car c'est ce que de nombreux espagnols ont fait à cette époque y compris les 4 arrières grands parents maternels. Cependant on est pas vraiment sur cette problématique puisque l'on reste essentiellement en Espagne.

Ce n'a pas influé sur ma lecture et j'ai passé un très bon moment sur ce roman très empli de pudeur tant dans son histoire que dans sa plume. L'autrice est avare de mots mais cela crée une distance pudique très typique des femmes de cette époque qui sont souvent effacées derrière leur mari. Cette absence crée au contraire une profondeur et une émotion dans le récit.

Je ne m'attendais pas à ce roman pour être honnête qui se rapproche plus de la littérature blanche que d'un roman historique qu'on voit plus typiquement aux éditions charleston. Cependant, avec leur collection Les Ailleurs, on sent qu'ils explorent des genres un peu plus intimistes et surtout d'autrices de nationalité généralement peu traduite et je ne peux que saluer cette initiative.

En bref: Un très joli roman qui illustre à merveille la résilience d'une femme qui n'a jamais eu droit au bonheur mais qui se bat toujours.
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Dans la collection "Les ailleurs" des éditions Charleston, il y a des petits trésors historiques et féminins dont Celle qui se taisait fait partie. L'autrice Maria Barbal nous emmène en Catalogne dans les montagnes arides où nous faisons la connaissance de Conxa, 13 ans, qui est la bouche de trop à nourrir dans cette famille nombreuse et paysanne. Elle sera envoyée ou plutôt déposée sur le marché voisin où elle sera remise à son oncle et à sa tante qui ne savent pas avoir d'enfant. Dès les premières pages, nous savons que la dureté du texte n'est qu'aux prémices et que la vie de cette petite fille ne sera pas sans peine et celui de femme sera également parsemé d'épreuves. Celle qui se taisait, c'est marché aux côtés de Conxa en 1920 au coeur des Pyrénées catalanes en découvrant une jeune femme complexe, amoureuse et courageuse. Parfois effacée et distante, on ressent dans ce roman différentes émotions où seules les pensées dominent. Les chapitres sont courts, franc, pas de fioritures ni de détournements. Maria Barbal va droit au but sans pour autant oublier le dynamisme dans ce roman évoquant brièvement la Guerre espagnole. Une lecture à découvrir sans attendre ! 

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Je profite d'un petit séjour en Catalogne pour vous parler du roman de Maria Barbal, une autrice de langue catalane de renommée internationale. Il s'agit d'un roman court de 197 pages qui se lit très bien. A travers les yeux de Conxa, une jeune fille de 13 ans douce et docile, nous plongeons dans l'Espagne pauvre des années 20, dans ces petits villages agricoles où la vie dure est rythmée par les saisons et les récoltes. En trame de fond la menace de la guerre qui plane. La plume de l'autrice est fluide, les phrases sont courtes, elle va droit au but et cela permet une immersion dans l'histoire dés les premières pages. J'ai aimé suivre l'histoire de Conxa et Jaume, deux personnages entiers et dévoués à leur cause. Un petit regret cependant car j'aurais aimé que la période de la Guerre Civile si importante dans l'histoire de l'Espagne soit traitée plus en profondeur, ici elle est juste évoquée et perçue à travers le regard des femmes mais ce fut cependant une agréable lecture et l'occasion de découvrir une autrice catalane.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Je voulais un garçon. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être pour qu'il nous protège à l'avenir, pour qu'il n'obéisse qu'à sa seule
volonté ; pour qu'il ne dise pas ça me va quand c'est mal ; pour qu'il ne voie pas blanc ce qui était noirci.
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Je ne sais pas s'il faut toujours que quelqu'un nous manque pour qu'on sache qu'on l'aimait, mais c'est ce qui m'était arrivé.
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