Mais quelle sensibilité! Tant de beauté et de délicatesse dans ce recueil de poèmes d'une grande finesse qui touche en plein coeur. Il m'a permise de me replonger dans la poésie que je délaisse (à tort) alors qu'elle a sublimée ma jeunesse et d'en redécouvrir les trésors et sensations uniques. C'est difficile de transmettre la poésie car elle se ressent, elle se vit et j'ai vibré à chacun des vers d'
Alexis Bardini alias Sébastien Minaux
Je pensais qu'elle était un art perdu je me trompais elle est sans doute moins lue mais bien vivante! Grâce à des auteurs contemporains, ces nouvelles voix de la poésie dont
Alexis Bardini fait incontestablement partie, le plus beau des langages perdure.
Ici c'est un poète à fleur de peau qui explore celle de l'être aimé entre présent et passé, présence et absence.
« Mon ombre cherche un autre corps
Dans ce présent insoutenable
Dans ce présent qui fait un noeud
Entre tes lèvres/Et mon passé »
Cette lecture est un moment hors du temps ou rien d'autre n'existe que la soie des mots enfilés comme des perles avec grâce et harmonie sur le fil du temps. Des amours langoureux suivis d'une déchirante séparation avec le manque en résonance saupoudré du sel de la mélancolie.
« Car rien n'est plus long qu'une nuit sans toi/ Lorsqu'elle précède ta présence ».
Le poète contemplatif offre une vue en contre-plongée de sa muse posée sur un piédestal se fondant au cosmos. La nature dans sa grande simplicité devient objet méditatif source inextinguible d'inspiration se révélant essentielle; fleurs, arbres, vent, oiseaux, feu, parfums, « lait noir de l'aube », seigles, sable, cimes se mêlent aux regrets, à une fugue amoureuse lancinante.
Avec la mer et le ciel en toile de fond, de jour comme de nuit. Des éclats de rires, des pas qui martèlent le sol, la voix au goût de sel, les regard alanguis, les corps amoureux, la peau qui effleure laissent bientôt place à un silence brûlant, à la disparition et se lève « le vent froid de l'absence ».
Les mots du poète sont souvent doux parfois incisifs et leur brutalité soudaine tranche avec la délicatesse en accroissant la portée.
« Le mot de sa lame sépare/Tout ce qui nous unit »Chaque élément terrestre ou céleste se connecte à l'esprit provoquant sensations fugitives et pensée.
L'être aimé, cette lumière qui le guide et l'apaise il en savoure la présence avant d'en déplorer l'absence avec retenue et pudeur « la douleur n'a pas séchée ».
« Désormais chaque jour/S'abat la hache du regret
Et sous l'écorce amère de mes mots/
Palpite encore le souvenir du sucre
Je cherche maintenant dans le dos du destin/Ce parfum qui régresse vers ta peau /Ce ciel qui nous faisait de l'ombre/ Mais ton absence me rend coup pour coup »
« …Alors je bois la nuit
Pour sauver les étoiles
Pour leur offrir un autre ciel
…./Car ton absence
A creusé des trous dans ma voix »💙
Extraits :
« La nuit mon coeur comme une vague
A battu le bord de mes lèvres
Déposant sur la grève
Le sable de ta voix
Ta voix au goût de sel
Qui est une peau sur ma peau »
« Le remords ne se dit pas
Il est comme un pied sur la gorge
Bientôt tu marcheras sur tous ces vers brisés
Et tu piétineras mon nom
Les doigts rongés de sang »
« Et tout est là/Dans le jour que l'instant creuse à tâton ».
« La nuit fait une chemise
Tu déboutonnes les étoiles »
« Nous moissonnons les astres »
« La nuit s'estompe dans nos pas
Nous chantons un chant très doux
Nos mains s'accrochent aux cordes du ciel
Et nos sensations font le chemin de la Rose
Qui toujours revient sur ses pas en avançant
Comme un désir qui peut-être trace sa voie
Dans le lait noir de l'aube »
« La sève claire de ta voix
A rejoint la terre
Mon oeil est sans chemin au coeur de chaque chose
Ta voix me manque
Et je me sens comme une maison vide
Mes doigts toujours cherchant la serrure à l'estime »
« Deux fois sous mes yeux tu t'es dérobée
Et la douleur n'a pas séchée »
« Mon ombre cherche un autre corps
dans ce présent insoutenable
Dans ce présent qui fait un noeud
Entre tes lèvres
Et mon passé »
« Et rien ne vient guérir le matin qui s'épuise »
« Il y a peu de l'aube à toi
Comme un fruit qui gravite
Autour de son noyau
La chaire épaisse des souvenirs
Nous est une distance »