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EAN : 9782072915529
104 pages
Gallimard (04/03/2021)
4.27/5   11 notes
Résumé :
Une épiphanie évoque le chemin des corps amoureux, avec leurs joies et les souvenirs, les flottements, la voix qui naît d’eux et devient une langue… Jusqu’à la troisième et dernière partie du recueil où s’impose la douleur de l’absence de l’aimée. Mais, même dans l’ambiance crispée par le regret, la lecture de ces poèmes reste une expérience lumineuse grâce à la délicatesse de la voix du poète, toujours discrète, émue et émouvante. Car à l’espace intime vient faire ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Mais quelle sensibilité! Tant de beauté et de délicatesse dans ce recueil de poèmes d'une grande finesse qui touche en plein coeur. Il m'a permise de me replonger dans la poésie que je délaisse (à tort) alors qu'elle a sublimée ma jeunesse et d'en redécouvrir les trésors et sensations uniques. C'est difficile de transmettre la poésie car elle se ressent, elle se vit et j'ai vibré à chacun des vers d'Alexis Bardini alias Sébastien Minaux
Je pensais qu'elle était un art perdu je me trompais elle est sans doute moins lue mais bien vivante! Grâce à des auteurs contemporains, ces nouvelles voix de la poésie dont Alexis Bardini fait incontestablement partie, le plus beau des langages perdure.
Ici c'est un poète à fleur de peau qui explore celle de l'être aimé entre présent et passé, présence et absence.

« Mon ombre cherche un autre corps
Dans ce présent insoutenable
Dans ce présent qui fait un noeud
Entre tes lèvres/Et mon passé »

Cette lecture est un moment hors du temps ou rien d'autre n'existe que la soie des mots enfilés comme des perles avec grâce et harmonie sur le fil du temps. Des amours langoureux suivis d'une déchirante séparation avec le manque en résonance saupoudré du sel de la mélancolie.

« Car rien n'est plus long qu'une nuit sans toi/ Lorsqu'elle précède ta présence ».

Le poète contemplatif offre une vue en contre-plongée de sa muse posée sur un piédestal se fondant au cosmos. La nature dans sa grande simplicité devient objet méditatif source inextinguible d'inspiration se révélant essentielle; fleurs, arbres, vent, oiseaux, feu, parfums, « lait noir de l'aube », seigles, sable, cimes se mêlent aux regrets, à une fugue amoureuse lancinante.
Avec la mer et le ciel en toile de fond, de jour comme de nuit. Des éclats de rires, des pas qui martèlent le sol, la voix au goût de sel, les regard alanguis, les corps amoureux, la peau qui effleure laissent bientôt place à un silence brûlant, à la disparition et se lève « le vent froid de l'absence ».
Les mots du poète sont souvent doux parfois incisifs et leur brutalité soudaine tranche avec la délicatesse en accroissant la portée.
« Le mot de sa lame sépare/Tout ce qui nous unit »Chaque élément terrestre ou céleste se connecte à l'esprit provoquant sensations fugitives et pensée.
L'être aimé, cette lumière qui le guide et l'apaise il en savoure la présence avant d'en déplorer l'absence avec retenue et pudeur « la douleur n'a pas séchée ».

« Désormais chaque jour/S'abat la hache du regret
Et sous l'écorce amère de mes mots/
Palpite encore le souvenir du sucre
Je cherche maintenant dans le dos du destin/Ce parfum qui régresse vers ta peau /Ce ciel qui nous faisait de l'ombre/ Mais ton absence me rend coup pour coup »

« …Alors je bois la nuit
Pour sauver les étoiles
Pour leur offrir un autre ciel
…./Car ton absence
A creusé des trous dans ma voix »💙

Extraits :

« La nuit mon coeur comme une vague
A battu le bord de mes lèvres
Déposant sur la grève
Le sable de ta voix
Ta voix au goût de sel
Qui est une peau sur ma peau »

« Le remords ne se dit pas
Il est comme un pied sur la gorge
Bientôt tu marcheras sur tous ces vers brisés
Et tu piétineras mon nom
Les doigts rongés de sang »

« Et tout est là/Dans le jour que l'instant creuse à tâton ».

« La nuit fait une chemise
Tu déboutonnes les étoiles » 
« Nous moissonnons les astres »

« La nuit s'estompe dans nos pas
Nous chantons un chant très doux
Nos mains s'accrochent aux cordes du ciel
Et nos sensations font le chemin de la Rose
Qui toujours revient sur ses pas en avançant
Comme un désir qui peut-être trace sa voie
Dans le lait noir de l'aube »

« La sève claire de ta voix
A rejoint la terre
Mon oeil est sans chemin au coeur de chaque chose
Ta voix me manque
Et je me sens comme une maison vide
Mes doigts toujours cherchant la serrure à l'estime »

« Deux fois sous mes yeux tu t'es dérobée
Et la douleur n'a pas séchée »

« Mon ombre cherche un autre corps
dans ce présent insoutenable
Dans ce présent qui fait un noeud
Entre tes lèvres
Et mon passé »

« Et rien ne vient guérir le matin qui s'épuise »

« Il y a peu de l'aube à toi
Comme un fruit qui gravite
Autour de son noyau
La chaire épaisse des souvenirs
Nous est une distance »
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Moi qui ne lis jamais de poésie, j'ai tenté la lecture de Une épiphanie parce que j'ai été contactée par son auteur, Alexis Bardini alias Sébastien Minaux, et que j'ai eu l'occasion d'échanger avec lui.⠀

Mais cette lecture a représenté pour moi un sacré défi… relevé à tâtons jusqu'à ce que je m'arrête sur cette phrase : « le langage est une éponge qu'on presse en pleurant ».⠀

Si je cherchais le sens de cette phrase, je ne le trouverais pas, je crois. Mais ce qui me surprend, c'est que je ne le cherche pas ! Pourtant, lorsqu'on me demande ce qui est important pour moi dans la lecture, comme dans la vie, je réponds toujours en premier « la quête de sens ». Drôle de paradoxe : là, je ne le cherche pas, je n'en ai pas besoin, je laisse juste des images se former et se déformer. Et je comprends quelque chose, quelque chose qui ne se dit pas. Comment ce sortilège est-il possible ?⠀

Peut-être parce que c'est ça, la poésie ? Un inconscient, celui de l'auteur, qui parle à un autre inconscient, celui du lecteur, en utilisant les mêmes mots que pour la communication consciente, mais sans chercher à les contrôler.⠀

Alors si c'est cela, mon inconscient a entendu ces mots, c'est certain.⠀

« La nuit mon coeur comme une vague⠀
A battu le bord de mes lèvres⠀
Déposant sur la grève⠀
Le sable de ta voix⠀
Ta voix au goût de sel⠀
Qui est une peau sur ma peau »⠀

Est-ce que je relirai de la poésie ? Sans doute peu. J'ai aimé être surprise, mais on ne peut pas provoquer consciemment un effet de surprise : le rechercher, ce serait le tuer avant de l'avoir trouvé. Par contre, mon expérience de la recherche de sens s'est enrichie d'une manière infiniment mystérieuse et troublante !
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Quel secret renferme Alexis Bardini dans son recueil Une épiphanie si ce n'est celui de l'éclosion cachée des mots dans un alphabet fait de « paroles aux ailes battantes » survolant l'espace miraculeux d'une aube naissante émerveillée par la présence de sa bien-aimée ? Suffisant, nous dit le poète amoureux, pour « traverser le jour qui commence » et faire fléchir le poids du temps qui passe : « Tu es dans mon ombre plus présente que moi-même/Et le monde pèse moins dans tes mains ».Lire la chronique en entier :
Lien : https://lettrescapitales.com..
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critiques presse (1)
Actualitte
13 avril 2021
Telle semble être la conclusion d’un long cheminement à travers les mots dans sa propre demeure qui conjugue dans un même temps, l’espoir de voir (revoir) enfin le jour. Ô infinie clarté !
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Tout réside dans l’angle mort d’un mot
En ce point très précis
Où la couleur est privée de lumière

Alors tu recomposes ma façon
De regarder le monde
Les lignes changent
L’espace s’ouvre
Tel un chariot en flammes
Et les parfums pèsent d’un poids nouveau
Quadrillant l’air de leur géométrie d’argent
Tout est neuf tout est vagabond
On dirait que le soleil tremble
Comme s’il voulait nous montrer
Sa face de monnaie
Pour remercier le sort
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L'éclat du sel ne quitte plus tes yeux
Et un miroir épaissit ta pensée
Comme un long fleuve aux bords éteints
Tu existes toujours dans la langue perdue
Celle qui gît au plus profond de la mémoire
Dans les mers inconscientes
Là où chaque signe veut renaître en mourant

Le langage est une éponge qu'on presse en pleurant
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La beauté d’une rose
Éclôt sous ta paupière
Comme une joie qui se répand
Sous un vitrail humide
Et il faut alors dresser une stèle
Sur la montagne la plus chauve
Où le poète ce très haut parleur
Pourra offrir ses paumes vacantes
Au vent et capter la rosée
Si celle-ci se veut docile
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Chaque jour devrait commencer ainsi
Lire ces mots
Qui tissent notre peau

Comme un café entre les mains
Nous élargit les veines
Les syllabes alors
Viennent battre à nos lèvres
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Un silence d’oiseau
Pèse sur la campagne
La nuit fut sans histoire
Sans avenir
Ta bouche se replie
Refuse la rosée

Tu es debout sur ton passé
Pesant comme une enclume
Et tu martèles ta colère
La flèche
Va atteindre ton cœur
Tu ne sentiras rien
Car tu ne sens plus rien depuis longtemps

Pourquoi donc continuer à écrire
Puisque tes mots ont un caractère de plomb ?
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Videos de Alexis Bardini (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alexis Bardini
Sophie.Grenaud et Sébastien Minaux ( Alexis. Bardini) lisent leurs poèmes et présentent la revue poétique "La Forge".
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