Julian Barnes est- un auteur que j'apprécie particulièrement depuis "
Love etc. On y retrouve dans ces romans un mélange de légèreté, de flegme, de tendresse et de profondeur à la fois. La preuve avec son nouveau roman paru au mercure de France .
"Un premier amour détermine une vie pour toujours c'est ce que j'ai découvert au fil des ans. Il n'occupe pas forcément un rang supérieur à celui des amours ultérieures mais elles seront toujours affectées par son existence. Il peut servir de modèle ou de contre-exemple. Il peut éclipser les amours ultérieures ; d'un autre côté, il peut les rendre plus faciles, meilleures. Mais parfois aussi un premier amour cautérise le coeur et tout ce qu'on pourra trouver ensuite, c'est une large cicatrice."
Cet extrait du dernier roman de
Julian Barnes "
La seule histoire", résume parfaitement son propos.
Si l'idée est séduisante sur le papier, elle n'est pas forcément universelle car tout dépend de la force de ce premier amour, de la place qu'il a occupé et puis peut-être pour certains si ce premier amour est resté le seul et l'unique.
Mais en lisant ce roman emprunt de nostalgie, on comprend combien ce premier amour a marqué toute la vie de Paul, combien il a déterminé sa vie amoureuse.
Et d ailleurs Susan n'est elle pas elle aussi marquée par son premier amour mort prématurément et qui l'a poussé à épouser un homme antipathique ?
À 19 ans Paul est tombé amoureux de Susan sur un court de tennis. Elle a 48 ans, elle est mariée et a 2 enfants.
Dans l'Angleterre des années 60, dans cette petite ville du Sud de Londres, leur relation ne peut faire que parler mais à l'anglaise (pas d'éclat public, pas de bruit).
La seule histoire, c'est aussi et surtout le récit d'un amour à l'anglaise sans coup de foudre sans folles etreintes, avec une pudeur des sentiments et une pudeur sexuelle.
C'est un retour sur la vie qui montre qu'on ne choisit pas ses souvenirs (il ne se rappelle pas le premier baiser , ce qui peut paraître fou aux indécrotables romantiques que nous sommes à baz'art).
Julian Barnes raconte avec précision et justesse une histoire d'amour qui continue à vivre dans un homme toute sa vie et la dernière partie du roman est à ce sujet assez triste.
La plume est élégante, et "cette seule histoire " se lit avec un plaisir constant . Pourtant, si l'on s'amuse à faire le jeu des comparaisons avec un autre romancier anglo saxon qui nous a raconté une histoire d'amour reconnaissons que " Mon désir le plus ardent" de Peter Fromm était, comme son titre l'indiquait, plus brulant, plus bouleversant plus mémorable encore..
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