Je vous présente Vertigo Kulbertus, héros malgré lui de ce polar bien ficelé, qui va picoter les habitants de Reugny, petit village ardennais, côté belge, longeant la frontière française. Suite à l'assassinat d'un ignoble douanier à la retraite et à la disparition concomitante d'une jeune femme, il est dépêché sur place, logé à l'
hôtel du Grand Cerf pour mener l'enquête.
Un prénom évocateur : le vertigo se dit figurément d'un caprice, d'une fantaisie. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il en est atteint, Monsieur l'Inspecteur : il exige des frites à tous les repas avec boulettes le matin, cervelas au pluriel à midi, des fricadelles au goûter et des brochettes de steak haché le soir, le tout plus que copieusement arrosé de bocks de bière sans mousse s'il vous plaît, car il n'aime pas la mousse, la mousse c'est une escroquerie, c'est remplir votre bock avec rien au prix de la bière ! Non, mais ! On ne la lui fera pas, celle-là !
Sous ses vrais airs de bouffon obèse de chez obèse si vous me permettez l'expression (clin d'oeil au livre) et grotesque de chez grotesque, si vous me permettez l'expression, se dévoile un fin limier aux méthodes extravagantes, aux manières agaçantes, grossières, qui met les nerfs des suspects et témoins en pelote. C'est son objectif : foutre une pagaille pas possible dans le village afin de délier les langues et déterrer les secrets.
Il n'est pas seul résident temporaire à l'
hôtel du Grand Cerf : Nicolas Tèque enquête également pour réaliser un documentaire sur la mort mystérieuse de Rosa Gulingen, actrice en vogue à l'époque où on l'a trouvée noyée dans la baignoire de sa chambre dans ce même hôtel, le 6 juin 1960 à 6 heures du soir, en plein tournage d'un film.
Trop de secrets, de non-dits, de mystères sur lesquels Vertigo et Nicolas vont se pencher pour connaître le fin mot de ces décès et disparition, et les fins maux qui accablent ce village depuis la fin de la deuxième guerre mondiale.
Des situations loufoques (les interrogatoires de Vertigo sont autant cocasses qu'hilarants), des personnages fantasques, un humour féroce, tels sont les ingrédients que
Franz Bartelt fait délicieusement mijoter pour nous servir un policier truculent !
Et la cerise sur le gâteau, disons plutôt la mayonnaise sur les frites : des intrigues solidement ficelées menant à des fausses pistes et à de trop hâtives déductions de notre part. C'est un délice d'être menée en bateau par ce talentueux auteur.
Je dois cette savoureuse lecture à @ladybirdy, la coccinelle des livres. Merci Magali !