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Editions de l'Olivier (31/12/2009)
5/5   1 notes
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Qui a tué Tolstoï
Elif Batuman
2010

Il s'agit ici du premier texte littéraire de Elif Batuman, professeur d'université, jeune écrivain turque exilée aux Etats-Unis. Torpedo, mon amie me remonte aimablement ce texte consacré à Tolstoï publié en 2010 dans un grand journal. Je la salue au passage.

Cet article d'une trentaine de pages est en fait une fiction sur Tolstoï jointe au livre "Les Possédés, mes aventures avec la littérature russe et ceux qui la lisent" paru en 2015 en France me faisant penser à la fiction dans la biographie de Tolstoï de Stefan Zweig publié en 1937 si je ne m'abuse. Tout cela est très russe, n'est-ce-pas, avec ces choses qui s'emboîtent comme des matriochkas ! Souffrez que j'y ajoute à mon tour mon grain de sel !

Il est absolument clair que l'auteur manifeste ici des dons véritables et impérieux pour la littérature. Quelle bonne idée, mais voyons plutôt :

Alors étudiante en quatrième année de lettres, ses études lui permettent d'obtenir une bourse pour un voyage à l'étranger, à la condition qu'elle soutienne une thèse et qu'elle la présente à une conférence. le choix de son thème ne séduit qu'à moitié ses juges, qui considèrent néanmoins que l' idée d'introduire un doute sur la mort de Tolstoï, à priori farfelue, ne manque pas de culot et d'originalité. Ils vont lui consentir une bourse moindre que celle espérée, mais suffisante pour nourrir ses fantasmes. Un colloque de 4 jours se tient à Iasnaïa Poliana où se retrouvent des spécialistes de Tolstoï en tout genre. Elif interviendra le dernier jour..

l' accoutrement d'Elif ne respire pas l'opulence : elle se présente à la docte assemblée avec le minimum requis -on n'est quand même pas dans l'Ile aux femmes de Zanzim -, un pantalon de gym, des tongs aux pieds, pas d'affaires de toilette pour 4 jours. La cause en est un déroutage de sa valise au départ de son vol. Ce qui arrive, j'en ai fait moi-même une fois l'amère expérience. Une vieiile caisse s'était présentée à nous à Moscou le lendemain de notre arrivée, bourrée de valises dans tous les sens, un pauvre bougre en assurait le service .. Je pense qu'il devait être payé à coups de lance pierres par l'aéroport et compter en fait sur les pourboires des gens bienheureux de recouvrer leur bien précieux après quelques sueurs froides. Mais ici, ce sera plus compliqué, la valise d'Elif se fera l'arlésienne pendant tout le colloque. Alors les supputations iront bon train à Iasnaïa Poliana dont la tradition a toujours été de recevoir ou plutôt de voir s'inviter un tas d'hères parfois même très indélicats, voire agressifs, espérant gite et couvert ou quelques kopeks. Et puis des tolstoïens aussi, évidemment ! La comtesse détestait cette engeance venue de nulle part. On peut la comprendre, elle qui venait de milieux aisés de la cour impériale !.. Pour Elif, elle passa pour une jeune tolstoïenne. L'histoire ne dit pas si l'aréopage distingué s'en fit les gorges chaudes .. Elle nous renseigne sur son habileté à récupérer du shampoing auprès d'une vieille bourgeoise .. Bon, on ne va pas faire un fromage non plus de ce cas fortuit qui eût pu gâcher la fête !..

Partie pour Moscou, Elif se dit qu'elle retombera bien sur ses pieds en lançant n'importe quelle polémique sur la mort du grand écrivain, pourvu qu'il y ait quelques amorces de vérité pour appâter la galerie. C'est gonflé, elle a de la suite dans les idées la jeune étudiante, quand on sait que cette thèse va être publiée par un grand journal américain. Elle va ainsi se faire connaître dans un monde non pas hostile mais loin d'être évident pour la jeune exilée turque qu'elle est, bien décidée à faire contre mauvaise fortune bon coeur.

Elle constate, après un état des lieux savant, qu'il y a dans l'univers tolstoïen un certain nombre d'hostilités ou de bizarreries qui pourraient laisser à penser qu'il y a beaucoup de failles dans la version officielle de la mort du romancier russe. Des faits troublants, elle va en trouver. le montage est savoureux. Elle enquête comme un fin limier, l'univers devient étrange - ce n'est pas Dallas, mais pas loin - , le double sens donné aux choses suscite une curiosité presque plus vraie que nature. Elle pense alors à cette histoire de Sherlock Holmes qui recueille les derniers mots de la victime d'un meurtrier, une héritière du Surrey : "C'est le ruban ... c'est le ruban tacheté, et le célèbre détective de porter la suspicion sur une bande gitans qui avaient élu campement illicite dans la propriété, lieu du crime, et qui portaient des foulards à pois .. le fameux ruban tacheté n'était autre qu'une variété de serpent !..

Elif constate par exemple qu'il y a quatre chats dans le colloque. Or à l'époque, du temps du vivant de Tolstoï, il n'y avait pas de chats à Isanaïa Poliana. Il n'était pas rare d'y voir des serpents .. Un historien au petit déjeuner du colloque raconte qu'en s'intéressant à d'éventuelles annotations de Tolstoï en marge de livres, les essais de Kant dans une boîte d'archives, il est tombé sur un serpent...

L'enquête d'Elif est bien entendu coupée par des extraits fameux vrais pour le coup du colloque qui se juxtaposent à merveille dans sa fiction, outre donc des anecdotes personnelles d'une luminosité exquise :
Tolstoï avait un Alice au pays des merveilles dans sa bibliothèque ..
".. Donc Tolstoï ne pouvait pas avoir lu Alice en 1873 ! lança un vieil homme du fond de la salle.
- Ah, on ne peut pas savoir, jugea l'archiviste. Peut-être l'a-t-il lu plus tôt , pour en acheter un exemplaire neuf à Sacha (dernière fille des Tolstoï)
-Et si on regarde dans ma bouche et qu'on y trouve des champignons, alors ce n'est pas une bouche , mais un jardin ! rétorqua le vieillard ..

C'est la journée du serpent ma parole! On m'a présenté d'un portable ce matin une chose à la fois affreuse et merveilleuse sur face de bouc - moi qui fais tout pour m'éloigner des serpents et de face de bouc- un petit film qui doit circuler en boucle : un jeune homme trouve son chat mort au bord d'une cavité dans lequel un énorme serpent sévissait. Il y avait une nichée de quatre chatons. Il neutralise de manière édifiante l'affreux serpent, récupère les quatre chatons sains et saufs que la pauvre mère élevait : elle a donc payé du prix de sa vie le salut de ses adorables petits minous. On voit le brave jeune homme dans une scène bouleversante creuser une tombe pour la brave chatte, lui confectionne un cercueil de fortune dans une boîte en carton et l'enterre, fin du film !

Je sens que je vais revoir à la hausse mes précautions aux alentours des mares et rivières de Iasnaïa Poliana qui sont donc infestées de serpents pour la prochaine fois. Déjà je n'irai pas en tongs c'est sûr !
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