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EAN : 9782258118041
312 pages
Presses de la Cité (05/03/2015)
3.68/5   30 notes
Résumé :
Après Le Chemin parcouru - Mémoires d'un enfant soldat -, le retour d'Ishmael Beah avec un premier roman saisissant. «J'ai une grande admiration pour le courage sans compromis de ce livre, qui prend tour à tour la forme d'une fable, d'une épopée familiale, d'un poème, et qui ne cherche jamais à éviter l'horreur. Ishmael Beah n'oublie pas non plus que la véritable fonction du conte est d'aller droit au coeur.
A l'instar de Ben Okri et Chinua Achebe, il lève l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Quelque part en Sierra Leone, la vieille Mama Kadie marche depuis des jours : elle revient dans son village natal d'Imperi, des années après la guerre civile.
Pour sauver sa peau, elle avait fui son village dès le début des émeutes, délaissant les cadavres des siens.
Imperi avait été attaqué sans prévenir. Personne n'ignorait que la guerre civile sévissait à des dizaines de kilomètres de là. Mais tous les anciens pensaient être épargnés.
Le jour de l'opération "Plus rien de vivant" les avait tous surpris dans leurs activités...ni les enfants au bord de la rivière, ni les femmes occupées par leurs tâches ménagères, ni les hommes en train de prier dans la mosquée...rien n'avait pu arrêter le massacre.
Sept après, Mama Kadie arrive dans son village natal dévasté où ne subsistent que des ruines et des ossements. Elle y retrouve deux anciens.
Tout d'abord Pa Moiwa, son ami de toujours. Tous deux, pendant des semaines, vont rassembler les ossements pour donner un semblant de sépulture à ceux qu'ils avaient connu, sans pour autant pouvoir les identifier.
Ils dégagent les gravats qui jonchent le sol et déblaient peu à peu le village, pour lui donner un autre visage, espérant voir les jeunes revenir pour reconstruire.
Il faut bien avancer pour faire son deuil, car personne ne peut passer son temps à ruminer le passé...
Le retour au village de Pa Kainesi marque aussi le retour des jeunes qui arrivent par groupe.
Ils sont devenus des adultes ayant eux même des enfants.
Des réfugiés qui n'ont jamais vécu là, arrivent aussi au village et demandent à s'installer dans une des maisons vides. Ils fuient les atrocités de la guerre et ne veulent plus retourner chez eux. C'est le cas de Sila et de ses enfants qui ont été atrocement mutilés.
Des adolescents arrivent aussi au village par groupe. Un groupe en particulier intrigue les anciens, les ados semblent protégés par un d'entr'eux qui se fait appeler "le Colonel". Parmi eux un ancien enfant-soldat meurtri par les atrocités qu'on l'a obligé à infliger aux autres. On les installe ensemble dans une des maisons inhabitées.
D'autres, comme le fils de Kainesi, reviennent chez eux. Bockarie, heureux de retrouver son père en vie, installe sa famille et cherche aussitôt du travail.
Il va être embauché comme enseignant dans le lycée le plus proche où il se liera d'amitié avec un autre enseignant, Benjamin qui vient de s'installer lui aussi au village avec sa femme et ses deux enfants et qui ne connaît personne. Un jour tous les deux découvrent que le proviseur du lycée est corrompu. Il déclare des dizaines d'enseignants qui n'ont jamais travaillé sur les lieux et récupère leurs salaires...Il peut ainsi se pavaner sur sa belle moto toute neuve ! S'ils parlent, ils seront immédiatement renvoyés.
Comment nourriront-ils alors leur famille ?
Ils sont révoltés mais décident de se taire afin de préserver leur famille mais aussi les enfants non scolarisés qu'ils accueillent aux cours du soir au village et les plus faibles qui ont besoin d'un soutien scolaire. Qu'adviendra-t-il de tous ces enfants si leurs professeurs viennent à être renvoyés ?
D'autant plus que le ministère renforce les inégalités en obligeant les familles à acheter un uniforme et des chaussures en plus des frais de scolarité.
Le temps passe, la vie reprend ses droits et les trois anciens font renaître les esprits des ancêtres. Ils rassemblent, comme avant à la veillée, tous les habitants du village, pour conter des histoires auprès du feu...histoires qu'ils transmettront, l'espèrent-ils à leurs propres enfants. Des histoires pour grandir, pour avoir moins peur (ou pas), pour connaître et comprendre la vie et transmettre les traditions...
Un jour l'équilibre fragile du village vole en éclat : des blancs décident d'exploiter la mine proche. Sous couvert de reprendre un gisement de rutile, c'est les diamants qu'ils recherchent...
Un bar s'ouvre ; de nombreux jeunes et adultes se font embaucher à la mine, blessés ou tués...laissant leur famille dans la misère ; des jeunes filles se font violer ; la rivière, seule source d'eau potable, est polluée par négligence, mettant en danger la population.

L'esprit des anciens les a lâché...

Comment un pays peut-il se reconstruire après la guerre et les massacres ?
Peut-on revivre tous ensemble dans le même village comme si rien ne s'était passé ?
Ce sont les questions que posent Ishmael Beah dans ce roman sensible et réaliste...

Il nous offre un regard lucide sur les méfaits de la période post-guerre quand un pays ne peut plus rien attendre de la communauté internationale et qu'il cherche à s'en sortir seul : la corruption, la pauvreté, l'exploitation du peuple, l'enrichissement des profiteurs (ici les blancs) au détriment de la reconstruction du pays.
Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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Quel livre magnifique ! Terrible, mais magnifique ! L'auteur a une très belle plume et nous laisse apercevoir la beauté de sa langue natale, sa musique, ses couleurs et ses images.
Concernant l'histoire, celle-ci va rester gravée en moi pour longtemps, elle est terrible et il y a plusieurs événements marquants. Nous vivons parmi des gens très pauvres qui se battent pour leur quotidien, pour se nourrir au jour le jour, ce sont des gens qui ont vécu des choses affreuses : guerre civile, massacre d'une grande partie de la population,, enfants soldats, etc. L'histoire démarre au lendemain de ces horreurs, quand tout est à reconstruire. Et ces pauvres gens ne sont malheureusement pas au bout de leurs peines dans ce pays où la corruption est partout, où les mines détruisent tout et où une poignée de riches n'ont que faire des villageois.
Je suis horrifiée par ce que j'ai lu, des choses dont je n'avais pas forcément idée ou dont je ne préférais pas croire en la véracité. Je suis outrée par les absurdités (ex les uniformes obligatoires mais ruineux pour les familles et qui empêchent certains enfants d'aller à l'école par faute de moyens pour se le procurer) et les décisions idiotes prises par les puissants ou des étrangers, mettant en péril le fragile équilibre que les habitants ont trouvé.
Par contre, j'ai beaucoup aimé voir la coutume des habitants, leur attachement à la terre, leur respect pour les aînés, leur écoute de la nature, l'importance des contes et des histoires narrées au coin du feu. J'ai été impressionnée par la soif d'apprendre des enfants, leur détermination et les sacrifices qu'ils sont prêts à faire. Ces gens très pauvres essaient de garder le moral et se réjouissent de choses simples, nous devrions d'ailleurs essayer de prendre exemple sur eux et relativiser.
Ce livre malgré tout nous donne de l'espoir. Il faut absolument le lire !
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Dans ce livre déchirant, les événements sont terribles. Après des années de guerre au Sierra Leone, des habitants reviennent dans leur petit village nommé Imperi. Tout est à reconstruire : les maisons, les écoles, l'agriculture, la société et surtout les corps et les coeurs : les traumatismes physiques et psychologiques sont terrifiants. Les habitants d'Imperi font preuve d'un courage impressionnant et ne comptent pas leurs efforts.
Pourtant, le sort continue de s'acharner : pauvreté, corruption, viols, exploitation, déplacements forcés, etc. Leurs vies sont encore une fois bouleversées par la bêtise et l'égoïsme d'un petit nombre de personnes. Ils tombent mais ils se relèvent toujours.
C'est la force des personnages qui fait l'immense valeur de ce roman dans lequel le pathos est totalement absent. Malgré la misère, les personnages font toujours le choix de se tourner vers l'espoir. Ils doivent souvent faire des concessions difficiles mais indispensables pour survivre mais ils continuent de se battre pour leurs valeurs, leur culture et leur dignité. J'ai été révoltée par un grand nombre d'événements absurdes et tragiques dans ce roman. Mais j'ai surtout été complètement conquise par la détermination, l'humour, le sourire et la soif d'apprendre des personnages. L'auteur a touché mon coeur avec la belle musique de sa langue maternelle, très imagée et poétique. C'est un roman magnifique, lumineux et les habitants d'Imperi resteront gravés dans ma mémoire pour longtemps.
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Ishmael Beah a signé un chef d'oeuvre avec Demain, le soleil. Roman poignant qui vous arrachera parfois une larme ou deux…Malgré les obstacles, le héros se relève et continue d'avancer. Une belle écriture qui nous démontre que demain reviendra avec l'espoir si on garde ses valeurs. Une partie de moi est restée dans ce village d'Imperi.
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Ce livre m'a fait penser à "Il était minuit moins cinq à Bhopal". Ici, en Sierra Léone, le peuple se remet durement de la guerre. Des entreprises s'installent pour extraire le rutile du sous-sol. Ces entreprises ne considèrent pas les habitants d'un petit village anéanti, qui essayent de surmonter leur misère, suite à la guerre qui a tout rasé, tout détruit. Elles ajoutent insalubrités, eaux polluées. Les ouvriers sont de bêtes de somme. Des accidents tuent les chefs de familles, qui se trouvent sans ressources, la misère la plus totale. Et cependant, l'auteur conduit son récit avec un espoir qui ne se dément jamais au fil des pages.
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Âgé d'une quarantaine d'année, Sila portait une ancien sac de riz, qu'il équilibrait sans le moindre effort sur sa tête plate. Celle-ci semblait plus grande que le reste de son corps. Il avait un sourire si large, si éclatant de joie que le soleil se cacha derrière les nuages pour permettre au bonheur de cet homme d'irradier librement. Son expression fit naître des sourires sur le visage des anciens, alors même qu'ils apercevaient, à son approche, qu'il lui manquait la main droite, et tout l'avant-bras même. Hawa, sa fille de neuf ans, n'avait plus de bras gauche. Quant à Maada, son fils de huit ans, il était privé des deux, l'un coupé au-dessus du coude, l'autre en dessous.
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Âgé d'une quarantaine d'année, Sila portait une ancien sac de riz, qu'il équilibrait sans le moindre effort sur sa tête plate. Celle-ci semblait plus grande que le reste de son corps. Il avait un sourire si large, si éclatant de joie que le soleil se cacha derrière les nuages pour permettre au bonheur de cet homme d'irradier librement. Son expression fit naître des sourires sur le visages de anciens,alors même qu'ils apercevaient , à son approche, qu'il lui manquait la main droite, et tout l'avant-bras même. Hawa, sa fille de neuf ans, n'avait plus de bras gauche. Quant à Maada, son fils de huit ans, il était privé des deux, l'un coupé au-dessus du coude, l'autre en dessous.
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Il fallait les observer attentivement pour apercevoir des traces de leur enfance. Ils savaient d'où leurs parents étaient originaires et ils étaient venus ici dans l'espoir d'alléger leurs souffrances et de retrouver de la famille...
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Chaque fois qu'il se dévoile - l'espoir, s'entend - des mains surgissent pour l'agripper violemment, tant elles craignent de ne jamais le revoir. Ils agissent de la sorte sans savoir que leur angoisse effraie l'espoir, justement. Et l'espoir, de son côté, ignore que c'est la rareté de ses visites qui pousse la foule à se jeter sur lui, à mettre en pièces ses vêtements. Tandis qu'il se débat pour retrouver sa liberté, des morceaux de tissu restent dans les mains de certains. Ces lambeaux ne durent malheureusement que quelques heures, un jour, plusieurs, une semaine, plusieurs, selon la taille du fragment dont chacun a pu s'emparer.
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Nous devons vivre dans le soleil de demain, reprit-elle, ainsi que nos ancêtres l'ont suggéré dans leurs contes. Car demain est plein de promesses, et il nous faut nous raccrocher à cette simple possibilité, à ce bonheur tout juste entrevu. Voilà où nous trouverons notre force. Voilà où nous l'avons toujours trouvée
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