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sur 694 notes
A quelques jours de la sortie en salle du film de Laurent Cantet, adaptation du livre de François Bégaudeau, Entre les murs, le débat divise le corps enseignant et libère les passions des journalistes les plus engagés. François Bégaudeau est prof, il enseigne le français dans un collège public d'un arrondissement populaire de Paris. Dans cet ouvrage qui n'est ni vraiment un roman, ni vraiment un essai, juste des tranches de vie et des morceaux de journées couchées sur papier, Bégaudeau s'expose sans fard, nous livre son métier comme il le vit.

Entre les profs stéréotypés, qui s'écoutent se plaindre à la pause café, et qui jugulent tant bien que mal toutes les difficultés de leur métier ; et ses élèves, pas toujours faciles, pas toujours motivés, et aux origines métissées, Bégaudeau nous offre une vision de l'intérieur, relevant tous les petits détails du quotidiens.

De ses instants qu'il nous livre, on retiendra avant tout que Bégaudeau aime son métier, aime ses élèves. Parfois à bout de nerf, parfois fatigué, il fait ce qu'il semble être juste, compose avec ce qu'il a, et fait ce qu'il peut. Touchant, drôle, parfois dur, il incarne une image presque sympathique du prof, celui qui a toujours la bonne répartie, que rien n'abat.

Alors forcément, quand un prof se met à nu, il offre sa tête à la critique. le corps professoral fulmine qu'un prof avec "ce genre de méthodes pédagogiques" soit starifié, voit son film récompensé de la Palme d'Or au Festival de Cannes, et soit choisi pour représenter la France à la Cérémonie des Oscars. Qu'importe, on sent chez Bégaudeau un amour contrarié mais bien présent pour son métier et du respect pour ses élèves, même quand il charrie trop. Et on sent surtout, chez ses élèves un peu rebelles, une envie de jouer avec ce jeune prof un peu sympa, de tester ses limites. de ces confrontations perpétuelles, Bégaudeau à su tirer un recueil mordant, drôle et parfois touchant, qu'on ira voir au cinéma et pour cause : lui et ses élèves jouent leur propres rôles !
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Très intéressant, ce récit ne m'en a pas moins laissé un ressenti complexe à définir.

Professeur dans un collège, le narrateur relate ses anecdotes quotidiennes face à des élèves en difficultés ou difficiles. Il observe également ses collègues et leurs manières de montrer qu'ils existent. Entre insultes de la part d'adolescents, incompréhension avec leurs parents et exaspération du corps enseignant, François Bégaudeau livre un récit édifiant.

Oui, mais. Durant la totalité de ma lecture, j'ai vogué entre l'ébahissement (avoir connaissance des comportements dont sont capables certains élèves et certains adultes nous laisse vraiment ahuris) et une certaine confusion (l'attitude du professeur et ses réflexions intérieures - tout comme celles de certains autres membres de l'équipe enseignante -, parfois à la limite de la discrimination, m'ont souvent embarrassée). Alors que dire ? Je ne peux affirmer avoir apprécié ce texte, je ne peux tout autant dire que je ne l'ai pas aimé; ces deux informations seraient inexactes.

L'un des éléments m'ayant le plus gênée est qu'au cours de ces pages, le narrateur ne se présente pas, ni lui ni vraiment l'endroit où il travaille; en conséquence, cette histoire peut avoir tendance à généraliser des comportements isolés; or, heureusement, l'irrespect, le laisser-aller, la condescendance n'ont pas encore atteint le seuil fatidique à partir duquel nous pourrions nous permettre de généraliser. Ce manque de présentation abouti également au fait que si nous voulons savoir si l'auteur s'inspire de faits réels, de son propre vécu, il faut aller se renseigner sur Internet. Je trouve cela dommage, quand une simple mention dans la biographie express, présente en début d'ouvrage, aurait pu éclairer le lecteur.
Pour information: l'auteur s'inspire donc de son vécu. Et il est triste de savoir que ce que nous découvrons de l'éducation au collège est aussi réel qu'alarmant. J'ai particulièrement apprécié que les élèves ne sont pas seuls mis à la faute: l'humour caustique et mordant de l'auteur ne manque pas de mettre en scène des enseignants, en salle des professeurs, qui ont souvent tout autant de lacunes - orthographiques, par exemple - que leurs élèves. La narration est également formulée dans un style relâché, où les négations sont bien souvent omises; ce style plaira ou ne plaira pas.

La contenance globale de ce texte nous laisse avec l'impression d'être démunis: nous cherchons de notre côté quelles solutions pourraient être employées pour former les jeunes collégiens, leur donner envie d'apprendre, tout comme redonner envie à des enseignants parfois défaitistes de renouer avec leur métier, et il est difficile de trouver réponses à ces problèmes. L'éducation a peu évoluée avec l'ère moderne, or les mentalités changent rapidement et l'enseignement devrait pouvoir s'adapter. Mais comment ? de quelles manières modifier les programmes et les présenter ? Comment, également, gérer la discipline quand ses valeurs ont si radicalement changées par rapport à il y a seulement quelques dizaines d'années ? Ce récit pose de nombreuses interrogations aussi importantes qu'intéressantes auxquelles il est urgent de trouver des issues.

Je reste sur ma réserve concernant ce récit qui reste cependant tout à fait instructif et nous éclaire sur l'état de l'enseignement en France, et où la langue française est mise à l'honneur.
Lien : https://letoucherdespages.bl..
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Une classe dans un collège du 19ème arrondissement. Un prof de français, des élèves... Des fragments de langage, fragments de vie, fragments d'une année scolaire.
J'ai été happée par cette histoire sans histoire pleine de mille histoires. Un Objet Littéraire Non Identifié entre roman et chronique. François Bégaudeau nous offre le réel sans filtre, la vie dans ce qu'elle a de vivant, d'énergique, d'intense et de désespérant. C'est physique, gestuel, factuel. C'est aussi et surtout un travail minutieux sur la langue, sur ce qu'elle cache et révèle, sur son pouvoir et sur ses failles. Je relis souvent "Entre les murs" et j'y trouve toujours de nouvelles choses.
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Je n'ai pas été séduite par le récit de ce professeur de français travaillant dans un lycée dit "difficile" (populations socialement défavorisées, primo arrivants, ...).
Et pourtant, il y avait matière à écrire un livre très intéressant.
Malheureusement, l'auteur se contente de nous raconter des extraits de cours, de réunions, ...
Il n'y a ni fil conducteur ni narration suivie. Ce qui donne à l'ensemble un aspect déshumanisé, sans profondeur ni chaleur.

Je n'ai pas été touché par cet enseignant essayant de se faire respecter et écouter par ses élèves.
Nous savons qu'enseigner dans ce type d'établissements est très dur pour les nerfs mais la façon dont l'histoire nous est contée, m'a empêchée de vraiment l'apprécier.
Les élèves de leur côté, sont parfois insolents, parfois limités dans leurs connaissances, parfois indifférents, ... Ce qui montre bien à quel point leur situation sociale est précaire. du genre : parents ne sachant pas suivre leur scolarité, statut illégal, logement insalubre, problèmes financiers, ...
Comment voulez-vous qu'ils soient performants à l'école?

Ce sujet est tellement riche et intéressant mais ce n'est pas le cas de ce roman qui restera pour moi, une ébauche de quelque chose qui aurait pu être passionnant.
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La vie des jeunes étaient bien raconter, mais j'ai pas vraiment apprécier la manière de s'exprimer du narrateur. Un peu trop sophistiquée et finalement en décalage avec l'ambiance générale du récit.
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J'ai bien aimé ce livre car François Bégaudeau raconte chaque moment passé en classe pendant une année. Ce qui a pour effet de nous plonger un peu plus dans l'histoire et de montrer à quel point le métier de professeur dans les banlieues est difficile. Ce livre a tout de même un défaut. Celui de perturber le lecteur, avec pas mal de répétitions. Mais cette autobiographie reste un très bon livre, c'est d'ailleurs pour cela que je vous le conseille.

A.L
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J'avoue ne pas avoir aimé ce roman censé livrer un portrait réaliste de ce qui se vit dans une école difficile. Certes, tout y est assez vraisemblable, des écarts de conduite des élèves jusqu'aux réactions des divers adultes de l'école... Mais, bon, cela n'a pas cliqué!
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Entre les murs est une fiction avec une base autobiographique. Pour être plus clair, François Bégaudeau a été professeur pendant presque dix ans en collège, et il raconte la vie d'une classe de ZEP tout au long de l'année scolaire. Bien sûr, il utilise certainement des anecdotes ou des situations vécues mais tout ceci est une fiction. Nous ne sommes pas ici en présence d'un travail documentaire ou d'un étude sociologique (pas plus que le film d'ailleurs).

Entre les murs, car l'auteur prend le parti de ne décrire que ce qui se passe dans le collège : pas de présentation des vies personnelles en dehors de ce qui se dit en salle des professeurs, les vacances ne sont considérées qu'en tant que cible à atteindre, etc. L'action se déroule donc entre salle de classe et salle des professeurs : on est dans un monde clos, parfois un peu enfermé, mais où transparaissent toutes les composantes de la société actuelle : les problèmes familiaux, sociaux, les difficultés liées au racisme,... Ce lieu, même s'il est fermé, est le réceptacle de toutes les tensions sociales.

Le narrateur est ici le professeur, qui parle alternativement de sa classe ou de ses collègues. Il est parfois distant, parfois cynique, et n'hésite pas à charrier les élèves. Pourtant, je ne peux pas dire que j'ai senti de l'antipathie de la part de ce prof vis à vis de ses élèves : j'ai trouvé qu'il avait avec eux un rapport d'adulte, qu'il n'essayait pas d'être misérabiliste. Cette forme de relation, parfois grinçante, est plutôt une façon pour le prof de se protéger face aux élèves et, pour certains d'entre eux, leur détresse sociale. En revanche, le fait de toujours identifier les élèves par leurs vêtements a un côté répétitif qui devient lassant.

La suite ici : http://livres-et-cin.over-blog.com/article-19897779-6.html
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N°314 – Septembre 2008

ENTRE LES MURS – Un film de Laurent CANTET [Palme d'or Cannes 2008].

Il est de la “Palme d'or” comme du “Prix Goncourt”, on parle de l'oeuvre qui est couronnée et elle fait débat! C'est d'ailleurs heureux puisque, pour un créateur, rien n'est pire que l'indifférence. Ici, c'est carrément une polémique que suscite ce film et on oscille entre des extrêmes, soit on est laudatif voire inconditionnel, soit les critiques pleuvent...

A s'en tenir au film, qu'en ai-je retenu? D'abord le décor : une classe de 4° dans un collège de ZEP d'une banlieue difficile où un professeur de Français peine à faire son véritable métier, celui d'enseigner notre langue, de provoquer les réactions constructives de ses élèves, de leur donner l'occasion de s'exprimer sur le programme scolaire mais aussi sur la langue, la littérature, la syntaxe, le vocabulaire...

Premier constat : le message ne passe pas et le malheureux enseignant à qui on demande de nombreux diplômes pour être nommé à ce poste a du mal à se faire entendre de ses élèves et en est réduit à faire de la discipline dans sa classe, pour la simple raison qu'il n'y règne pas l'ordre et le silence nécessaires à la transmission du savoir. C'est aussi un paradoxe, ce professeur souhaiterait évidemment plus de sérénité dans son cours, même s'il a été, quelques années avant, un étudiant un peu indiscipliné, voire chahuteur, dans les amplis de la faculté! Cela est souligné par le personnage d'Esméralda, volontiers frondeuse et irrévérencieuse... qui veut plus tard être policière, sans doute par amour de cet ordre qu'elle contribue largement à perturber dans ce microcosme!

Deuxième constat : Les élèves veulent rester dans le système scolaire, même si, d'évidence, il ne leur sert à rien: témoin cette jeune fille au début du film qui ne veut pas être dirigée sur le “secteur professionnel” alors que son avenir est plus sûrement dans ce domaine que dans le milieu scolaire traditionnel d'où elle sortira sans diplôme et donc sans perspective. Cette classe étant composée majoritairement d'enfants d'immigrés, on comprend bien que l'école, qui devrait être regardée comme une chance d'intégration est en réalité une voie de garage. S'ils en sont exclus, ce sera aussi l'expulsion administrative du territoire avec toutes les conséquences qu'on peut imaginer. Dès lors, l'école apparaît comme un moyen des plus artificiels de maintenir un fragile équilibre que les élèves eux-mêmes, en dépit de leur intérêt, ne font rien pour entretenir.

Troisième constat : Les enseignants de ce collège sont conscients de cela, témoin ce professeur de mathématiques qui, en se présentant à ses collègues, se déclare “prof de tables de multiplications”! C'est assez dire le niveau de cette 4° où, d'évidence, les acquis des années antérieures sont nuls! D'ailleurs, on n'entend jamais François Marin parler de littérature, ce qu'il devrait quand même faire! Chacun de ses cours n'est qu'un long et pénible débat, par ailleurs oiseux et sans méthode, avec ses élèves, sur tout et n'importe quoi... Et on se demande bien ce qu'ils peuvent en retirer.

Quatrième constat : L'organisation d'une société à laquelle l'école est censée préparer inclut l'ordre. le professeur devrait incarner l'autorité et, à l'évidence, ne le fait pas puisque non seulement il accepte, au nom sans doute de la dialectique, un dialogue qui se révèle stérile avec des élèves inconsistants dont on comprend vite qu'ils sont ici pour passer le temps, mais surtout perd son sang-froid et se met lui-même dans une position difficile à tenir. le spectateur sent bien que l'autorité dont est censé être revêtu le chef d'établissement, et à travers lui l'école, ne peut rien face à la mauvaise volonté des élèves. La décision du Conseil de discipline prononçant l'exclusion de Souleymane est révélatrice. Il sera expulsé de France [on devine son avenir] et paiera seul ce qui n'était qu'un dérapage partagé né de l'insolence constante de cette classe, mais aussi du manque d'autorité du professeur. [Le spectateur aurait sans doute espéré davantage de mansuétude dans le prononcé de cette sanction!]

Cinquième constat : Ce film montre bien bien que ceux qui sont irrévérencieux sont noirs ou d'origine maghrébine, les blancs et les jaunes méritent félicitations et encouragements, ce qui correspond bien à l'image [malheureuse] de notre société multiraciale pour laquelle l'école veut être une chance d'intégration, ce qu'en réalité elle est rarement! C'est la mère de Souleymane qui présente, dans sa langue, ses excuses personnelles au nom de son fils pour éviter l'exclusion que celui-ci semble maintenant accepter comme une fatalité. Double constat d'échec en matière d'éducation, celui de l'école certes, mais aussi celui de la cellule familiale.

Sixième constat : la faillite de l'école mise en évidence par les dernières secondes du film. Cette séquence pose question. Une élève qu'on n'a pas vue pendant le long métrage, c'est à dire qu'elle ne s'est signalée ni par son insolence ni par son assiduité, vient avouer simplement “qu'elle n'a rien appris pendant l'année”! On suppose qu'elle s'est également ennuyée dans les classes précédentes. C'est là un constat des plus alarmants remettant en cause le fondement même de l'enseignement et, au-delà, de notre société.

Septième constant : à mon avis, le rôle d'un professeur de Français, surtout en 4°, est de donner envie à ses élèves de lire. Cela ne me semble pas évident au vu de ce film, nonobstant l'épisode du journal d'Anne Frank. Je voudrais cependant souligner que l'allusion d'Esméralda à “La République” de Platon, qu'elle dit avoir lu avec intérêt me semble un peu artificiel face à l'image qu'elle a donné d'elle. Soit c'est faux et c'est dommage, soit c'est vrai et François Begaudeau, l'auteur du roman qui a servi de prétexte à ce film, n'a plus qu'à changer de métier, ce que je crois, il a fait.

J'observe enfin qu'un débat s'instaure entre les élèves sur la nationalité française et qu'Esméralda déclare n'être pas fière d'être française. Pourtant, j'imagine que ses parents, eux, ont beaucoup souffert pour cela et ne doivent pas renier leur choix!

Un film est une oeuvre d'art. le rôle d'un artiste n'est pas seulement de créer, c'est à dire de réaliser une fiction, c'est aussi de porter témoignage de son temps. de ce point de vue, Laurent Cantet remplit son rôle, d'autres cinéastes l'ont fait également avec talent, même si ce témoignage est nécessairement partiel, voire partisan. En tout cas, son film ne laisse pas indifférent. C'est là un documentaire plus qu'une oeuvre de création, mais je continue de penser et même d'espérer que l'école reste globalement un moyen d'éducation, voire d'intégration et un des fondements de notre société.
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Autant vous le dire tout de suite, je hais le mec, viscéralement. Ca a commencé dans le Cercle sur Canal Plus, avec sa fausse aisance du gars qui habite un 100 m2 à Paris et vote à gauche, avec l'exquise odieuseté de ne pas trop en faire, politiquement parlant. Et qui nous balance son dernier brûlot dont rien que le titre me donnerait envie d'aimer follement et brutalement Macron dans un isoloir puis, rassasiée, glisser un bulletin Marine (ou non tiens, Bruno Mégret, j'aime la noirceur) dans la fente. le mec qui ne sert à rien, si ce n'est à polluer les plateaux télé de qualité.

Alors, je m'apprêtais à dégommer cet entre murs, exerçant le plus beau métier du monde. Toi, la conne qui a voté pour lui alors que je moi, j'savais bien hein si tu m'avais écouté, qu'allais-tu en penser ?

Que rien n'a jamais été écrit d'aussi intelligent sur l'école, si nuancé que tous les profs que je connaisse (et j'en connais trop) ont détesté (forcément), que son style est plat, et que je déteste toujours autant le mec, et encore plus qu'avant.
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