Les filles aux mains jaunes

La pièce de théâtre Les filles aux mains jaunes écrite par Michel Bellier et mise en scène par Joëlle Cattino est une pièce à voir ! Et à lire aussi, pourquoi pas..

Les filles aux mains jaunes, ce sont ces femmes qui travaillaient dans les usines de fabrication d'obus qu'on appelait les "obusettes", lors de la première guerre mondiale. Jaunes étaient leurs mains car elles manipulaient de la poudre de TNT, qui colorait leurs cheveux et leur couleur de peau de façon indélébile. Mais, la manipulation quotidienne de substances explosives était surtout très nocive pour la santé.


Julie, Rose, Jeanne et Louise sont des obusettes. Leurs hommes, mari, fils ou encore frère sont partis à la guerre et pour subvenir à leurs besoins, elles travaillent à l'usine d'armement.
Si chacune déplore la guerre et l'absence des hommes, elles ne l'expriment pas forcément de la même façon et c'est cette différence de caractère et ces réactions nuancées qui retiennent bien sûr l'attention du spectateur et enrichissent les dialogues et monologues de façon fort captivante.

Julie la délurée rêve d'amour, Jeanne la plus âgée se montre plutôt réactionnaire, Louise faisant partie d'un mouvement suffragiste écrit des articles pour dénoncer les mauvaises conditions de travail des femmes et Rose, la jeune mère douce et attentive, l'écoute...


La pièce est à lire, bien sûr, car elle donne à réfléchir sur la condition féminine au début du 20ème siècle, mais je peux vous assurer qu'elle est surtout à voir.
Porté par d'excellentes comédiennes, ce texte prend tout son sens et s'embellit d'une émotion rare et intense.
Le jour où j'ai vu cette pièce, je peux vous assurer que l'émotion était palpable dans la salle de spectacle et que plus d'un spectateur en est ressorti la gorge serrée.

Quand la guerre est déclarée en 1914, les femmes regardent partir leurs maris au front, persuadées que leur absence sera de courte durée. Mais bien vite, elles comprennent qu'elles vont devoir faire vivre leur famille, et elles s'engagent alors comme ouvrières dans des usines d'armement.

Là, elle manient sans le savoir la poudre de TNT, elles l'inhalent quotidiennement et celle-ci colore en jaune peu à peu leurs cheveux et leur peau de façon indélébile, les empoisonnant à petits feux.

Julie, Rose, Jeanne et Louise, quatre "filles aux mains jaunes", fabriquent des obus à la chaîne.
Louise espère éveiller leur esprit et leur ouvrir les yeux sur leurs conditions de travail, leur salaire deux fois inférieur à celui des hommes, et surtout sur cet empoisonnement qui se caractérise par un affaiblissement, un froid prégnant, puis les mains jaunes, les nausées, la toux avant la mort.

Si au début, les autres ouvrières ne comprennent pas bien le combat de Louise, pensant avant tout à nourrir leur famille, car « toutes ces femmes n'envisagent la vie que sous l'angle de l'homme. », et qu'elles sont victimes des idées préconçues sur les allemands, elles s'ouvrent peu à peu et saisissent le prix de la liberté et de l'égalité. « Notre force s'arrête où commence notre peur », comprennent-elles finalement.

Une pièce de théâtre forte, à conseiller aux collégiens et lycéens également !


Lien : http://www.lecturissime.com/..