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Madame Lure mène une vie de solitaire, son mari, grand lecteur est décédé depuis longtemps,autrefois,il est allé en Afrique......... Elle dépoussière ses livres sans jamais les ouvrir,elle garde une certaine distance vis à vis de ces objets.
Son grand bonheur c'est de voyager en pensée à l'aide de brochures touristiques colorées qu'elle se procure régulièrement dans une agence de voyages, une photo, du sable,elle rêve, elle s'évade, la Côte d'Ivoire,l'Afrique, ah, l'Afrique.......
Un jour, sa vie bascule......elle rencontre Vargas, un garçon mystérieux qu'elle suit jusqu'à son campement de nomades où il séjourne avec sa tante et son grand-pére. le lendemain, elle dépose un livre prés de chez eux, sur une pierre. Et c'est le début d'une histoire de livres,de lectures et d'amitié.......
Comment l'apprentissage des mots , du langage, de l'écriture peuvent devenir des vecteurs essentiels de la communication et d'union entre deux êtres que tout sépare?

Une belle et émouvante rencontre, une histoire toute simple, autour de la lecture,entre deux mondes différents, un point commun ,tout de même, Yvonne Lure est solitaire, Vargas aussi,l'auteur parvient à donner une vraie ampleur grâce à son style simple, juste, profondément humain,Jeanne Bénameur sait donner de la force aux mots, sous sa plume, ils prennent sens, une écriture ciselée, forte et lumineuse où elle invente, une économie de mots:"il y a dans le monde des jardiniers invisibles qui cultivent les rêves des autres, c'est ce que se dit Vargas en marchant".:Ceux qui nourrissent les rêves doivent être rares, Yvonne Lure est une de ces rares personnes"......
Une respiration,une légèreté bien à elle, un souffle, madame Bénameur habite son texte, lenteur,contemplation,humanité profonde:"Y a t-il un signe dans le ciel qui indique que quelque part, dans une ville, au milieu de tant de gens, deux êtres sont en train de vivre quelque chose qui ne tient à rien, quelque chose de frêle comme un feu de fortune, un feu de palettes, de bouts de bois, quelque chose qui s'arrime à la voix d'une vieille dame, à l'écoute grave d'un jeune homme qui rêve loin?
"Est ce pour cela que tant de gens se rencontrent?"
"Pour que de toute leur chaleur usée deux êtres fassent un feu?"

Les mains libres est un roman qui croit fortement au pouvoir des livres, des silences, des mots,:"Les mots sont des pierres blanches et noires reliées par quelque ancienne concrétion. Ils se couchent, forment un dessin."
Jeanne Bénameur sait parler directement à nos émotions profondes et enfouies, elle nous ouvre l'esprit, c'est une auteure lumineuse .
Après avoir lu : "Les demeurées"," Présent?", "Profanes","ça t'apprendra à vivre", je suis prête à continuer à découvrir les autres oeuvres de cette auteure que j'aime beaucoup.
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Les mains libres, c'est cinquante mille nuances de gris. Gris comme les graviers d'une allée, semblables mais tous différents quand on les regarde de près. Des cailloux mis ensemble, et pourtant isolés les uns des autres.
Penchons-nous avec Jeanne Benameur sur deux de ces cailloux, invisibles et pourtant partout présents. D'abord Yvonne Lure, veuve sans enfant d'un expatrié. Elle passe ses journées à faire le ménage dans son appartement. Sa seule sortie quotidienne est pour le supermarché du quartier. Son seul plaisir : feuilleter chaque mois un catalogue pris dans une agence de voyage.
Un jour au supermarché, elle croise Vargas, un jeune marginal qui vole une tablette de chocolat. Elle se met à le suivre. Elle découvre qu'il vit dans une caravanne sur un terrain vague juste en face de chez elle. Elle se met à l'observer de derrière ses rideaux...
Bien peu d'action dans ce livre, mais, comme dit Jeanne Bennameur dans l'incipit :
"La meurtrière est "un vide étroit, pratiqué dans les murailles des ouvrages fortifiés, et destiné au passage des projectiles (Nouveau Larousse illustré, Ed. 1936).
La meurtière est aussi une femme qui a commis un crime.
Nous portons tous en nous le vide étroit.
Nous portons tous en nous la muraille.

Ni projectile, ni crime.
Il arrive que l'on soit simplement meurtri."
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En parcourant ce délicat chemin de lecture proposé par Jeanne Benameur, le poème d'Eluard m'est souvent revenu en tête:
La nuit n'est jamais complète
Il y a toujours puisque je le dis,
Puisque je l'affirme,
Au bout du chagrin
Une fenêtre ouverte,
Une fenêtre éclairée.
Il y a toujours un rêve qui veille
Désir à combler,
Faim à satisfaire,
Un coeur généreux
Une main tendue
Une main ouverte
Des yeux attentifs
Une vie: la vie à se partager.
La rencontre de la vieille dame, Yvonne et du jeune "errant" Vargas,tout à fait improbable vient en effet nous parler de générosité, de mains tendues et de mains ouvertes. Peu de mots sont prononcés entre eux et pourtant ce qu'ils se disent de coeur à coeur est puissant et va leur permettre de se révéler à eux même, de renaître, de devenir qui ils sont..en reléguant au passé la souffrance qui les empêchait de "partir". Jeanne Benameur utilise avec un très grand art le jeu des mots, leurs couleurs, leur double sens pour amener le lecteur à quitter un monde cartésien et accéder au rêve, à la poésie mais surtout à l'émotion.
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Une veuve âgée, Yvonne, dont les seuls voyages se font à travers les brochures de voyages dans lesquelles elle imagine l'ailleurs va offrir un livre à Vargas, un jeune homme du voyage un livre mais lui n'a pas la science des mots...

Ils sont opposés mais finalement complémentaires et vont unir leurs solitudes à travers la lecture, les livres, les mots et les mots Jeanne Benameur possède le don de les assembler et les faire résonner en nous.

C'est un court roman tendre, imprégné par la sensibilité de ces deux êtres qui vont grâce à l'autre trouver le chemin de l'apaisement.


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Yvonne vit seule, les années ont mis du gris dans ses cheveux mais pas rempli l'espace intérieur où naissent les émotions, les joies, les douleurs, les larmes. le temps a passé et laissé ses empreintes : la solitude, l'absence d'un sourire, son corps sec et ses mains qui rangent et gardent l'espace propre. Yvonne traverse les espaces et rêve, seule avec les dépliants des agences de voyage, images pleines... vides.
Une autre vie croise la sienne, une autre vie solitaire, nomade, sans attaches. Deux solitudes, deux silences et un livre. Yvonne ne lit pas mais lit pour le jeune homme, le temps s'ouvre, le vide se remplit, il devient léger, et ses mains portent le livre d'où sortent les mots en offrande. Ses mains deviennent sens, ses mains tiennent, pour offrir, pour s'ouvrir. Geste fragile, geste fort, un fil est né celui qui tisse et garde ensemble chaleur, sourire, silence celui qui dit sans dire, qui offre les mains vides, très pleines et libres.
La plume exquise de Jeanne Benameur raconte dans un roman-poème de moins de 200 pages, le geste simple, inaperçu, d'une rare charge émotionnelle, sobre et pudique, délicate, le geste invisible, très présent, celui qui donne et reçoit l'essentiel.
Merci à Magali pour m'avoir fait découvrir cette plume d'une grande poésie et musicalité, d'une sensibilité à fleur de peau.
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Ce n'est pas le roman de Jeanne Benameur que je préfère mais il restera tout de même dans ma mémoire tellement cette écriture épurée, puissante, sensuelle, me plaît!
Dans la femme ici décrite, Vargas l'enfant du voyage orphelin cherche-t-il le visage de sa mère partie?
C'est un très beau roman,qui regorge d'images et de couleurs, dans lequel même le gris est chatoyant!
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La lecture d'un roman de Jeanne Benameur a toujours suscité chez moi un immense sentiment de calme et de plénitude.
Madame Lure,cette petite bonne femme,récemment veuve ,si transparente qu'on ne la remarque pas,va grâce à une tablette de chocolat volée sous ses yeux, dans un magasin se réapproprier son corps ,et "va faire partie".
Oui,faire partie de la vie ,au travers ce jeune homme :Vargas, jeune errant ,vivant dans un campement près de l'appartement de Mme Lure ,qui croisera son chemin;deux êtres si différents et en même temps si semblables.
Toute l'histoire se raconte sans paroles ,par la gestuelle :les mains.
Les mains qui au contact des images sur les catalogues de voyage ,vont emmener Mme Lure dans de lointaines contrées.
Les mains de Vargas qui font bouger et parler sa marionnette.
Un roman d'une infinie tendresse ,d'une poésie touchante ,que je conseille à tous ceux ,qui parfois vivent de douloureux moments, afin qu'ils retrouvent au travers cette écriture forte et lumineuse,un sentiment de sérénité. 🌟🌟🌟🌟🌟
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« Comment fait on pour garder les vivants ? » Suffit il de s'en rapprocher ? de s'en composer ? « Pour que certains restent entiers, ne faut il pas que d'autres acceptent d'être pris, morceau par morceau ? » . Distance, contact, rapport. « Elle n'a jamais fait que garder les distances exactes entre les points. Ça ne fait pas un monde Mais c'était toute sa vie ». Relier alors. Comme ces dessins où il suffit de relier chaque point les uns avec les autres, et non aux autres, pour que l'image apparaisse. « Il y a une sorte de bonheur à laisser le monde se peupler ». Et si c'était ça vivre, une paume ouverte. «  Les images n'ont besoin que de caresse pour vivre ». Les livres sont des mots, relié les uns aux autres, mais que relient les livres, si ce n'est les uns avec les autres. Sans cela pas d'histoire, pas même sans doute le début d'une phrase. Une phrase se compose et c'est dans son harmonie qu'elle trouve sa place. Qu'elle creuse sa place. « Les mots de l'histoire ne s'installent pas...Mais ils soufflent...Ils arrachent tout.Une excavation.La vie de la photographie se nourrit de toute la place creusée.L'excavation rend fertile ». « Où mettre les mots » ? Où mettre l'histoire ? Est-ce qu'il y a un espace qui attend en chacun pour ce que d'autres ont inventé ? »Alors, bouger, marcher, parler, prendre le risque de composer, de déplacer, de se déplacer. Opérer sa propre lecture. « Une image faite de ses mains.Imparfaite.Qui ne lui dit jamais le monde tel qu'il est au moment précis où il le contemple.Qui lui dit juste ce qu'il lui est ce jour-là, devant le monde »L'exactitude de soi. La concordance voilà on l'on peut espérer toucher le monde. Passer sans écart, relier pour rejoindre.
Les mains libres pour rendre les mots.
L'écriture de Jeanne Benameur est une très belle rencontre. Ouvrez ce livre les paumes ouvertes.
Et en relisant le commentaire de lecture que j'avais rédigé en octobre 2013, ce n'est pas un hasard je crois si ce roman porte le même nom que le livre composé par Paul Eluard et Man Ray.
Relire pour relier. La composition repose sur l'accord et non sur l'objet. Cela est toujours vrai.

Astrid Shriqui Garain
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liens intenses entre une vieille dame et un gitan
mais nous partons vers les profondeurs insondables
avec Jeanne Benameur. Un beau moment de fraternité.
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Ah, Jeanne Benameur.
Ma poésie à moi.
Cette lecture c'est comme une chanson douce que me chantait ma Maman.
Le livre que je voudrais qu'on me lise pour m'endormir.

J'ai une adoration sans borne pour son écriture.

Comment peut-on écrire si bien?

La rencontre de deux êtres que tout oppose, que rien ne présume à se rencontrer...

Merci merci merci

A lire sans modération!
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