MÈRE
3 octobre 2011
Extrait 2
Qu’est-ce que je dois regarder pour sentir que ce n’est pas si vrai,
et réussir à te déplacer dans les activités domestiques,
à te pousser de nouveau le long des routes. Et entre les raies
proches des cheveux je regarde les sentiers du sous-bois
jauni. Et j’arrive à voir les ruelles de Naples,
les années Trente, les chats, les jupes longues d’une jeune fille.
Et tu me dis : tu sais que c’est vrai, toi reste fort et serein,
combien de jours devant toi ! Moi je suis morte un lundi,
tu es arrivé à me regarder, j’étais une chose vêtue
de cet habit bleu que tu m’avais offert et toute la broderie
du foulard. Si bien élégant, si bien beau.
/traduction Jean-Charles Vegliante
Mort nette
25 août 2010
Extrait 2
Combien de mots qui n’existent plus.
Le précis repas n’est pas la soupe.
La mer n’est pas l’eau qui reste ici.
Une aide c’est trop demander.
Mourir et n’y a aucun vivre et n’y a rien, m’enlève les mots.
Et pas de sauts, de mains qui ensemble se tiennent
à la corde, sourires, caresses, baisers. Une lande
imprononçable
est le lit dans la maison de repos des mourants,
agitée, dans les spasmes de sentir que l’on vit encore.
Province d’Udine, Codroipo, le malade des deux poumons,
le pantalon large, le visage avec la peau sur les os,
le nez effilé ne sont pas l’histoire à raconter, ni les souvenirs.
Aride savoir, aride sentir.
Et je dis, rendez-vous compte, n’ayez pas juste vingt ans,
et une vie comme toujours, à me faire juste du mal.
/traduction Jean-Charles Vegliante
MÈRE
3 octobre 2011
Extrait 1
Les mots ne sont pas pour qui n’est plus là.
Ils s’émeuvent et peuvent dire le visage mort.
Les yeux étaient ceux qu’elle montrait,
l’habit enseveli celui vu d’autres fois.
Voir que tu n’es plus là, ne rien dire.
/traduction Jean-Charles Vegliante
Mort nette
25 août 2010
Extrait 1
Les mots sont dans les histoires que tu m’as fait voir.
Tout ce qui n’est jamais vu, tout ce qu’on ne dit pas aujourd’hui !
Aveugle, le corps continue, fait confiance, obligé de rester.
Ta main ne cherche pas les champignons.
Ta main a fermé tes yeux avec des sparadraps.
Tu vois ? Qu’est-ce qu’on peut faire ?
/traduction Jean-Charles Vegliante