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les maîtres enlumineurs (The Found... tome 2 sur 3
EAN : 9782226441522
624 pages
Albin Michel (29/09/2021)
3.98/5   227 notes
Résumé :
Une des quatre maisons marchandes de Tevanne est tombée. Sancia Grado et ses associés ont non seulement changé l’histoire de la cité, ils ont aussi créé Interfonderies dans le but de démocratiser l’art magique de l’enluminure. Mais la jeune entreprise a beau accomplir des prouesses, celles-ci ne suffisent pas à la maintenir à flots. La concurrence est rude, et les grandes maisons marchandes de Tevanne sont prêtes à tout pour écraser Sancia et l’idéal qu’elle représe... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (48) Voir plus Ajouter une critique
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Dans ma critique du premier tome, j'avais un peu disserté à propos du fameux « système de magie » :

Mais d'un autre côté, tout, dans le traitement fait par l'auteur de cette dimension, vise à remplacer le prisme de la magie par celui de la science :
- le vocabulaire : le mot magie n'est pas employé, non plus que son champ lexical. Plutôt que de « runes » (aux connotations druidiques et surnaturelles), on parle d' « enluminures », qui se réfèrent à tout un pan de notre histoire qui n'a rien d'imaginaire.
- Les acteurs : plutôt que d'une caste mystérieuse, crainte ou vénérée (les magiciens, druides, chamans), on parle d'enlumineurs : une profession comme une autre qui ne connaît que les secrets... industriels.
- La technique : celle-ci est décrite en long et en large, elle est rationalisée en étapes, en corps de métiers. En un mot, elle fait l'objet d'une science. Certes, une science que ne maîtrisent ni ne comprennent totalement même les meilleurs enlumineurs. En cela ce sont peut-être davantage des artisans.
- La société : l'exploitation de la technique d'enluminure transforme radicalement la société, la remodelant ainsi que son environnement. C'est une révolution industrielle, guidée par la science.

Bon, avec ce deuxième tome, j'ai aussi la confirmation de ce qui n'était qu'une intuition, à savoir que l'auteur a très clairement puisé son inspiration, non pas dans les secrets de l'enluminure du temps jadis, mais... dans le développement logiciel !
- L'enluminure est considérée comme une science, parfois un art. À la fois technique et intellectuelle, elle a naturellement généré toute une hiérarchie de corps de métiers. Elle est à l'origine d'une véritable révolution industrielle qui a transformé la société humaine, à tel point qu'un retour en arrière est devenu inenvisageable. Tout ceci décrit parfaitement bien la science informatique.
- Les enlumineurs sont évidemment les programmeurs. Ils gravent leurs symboles sur des plaques de cuivre ou des « cordes », tels les programmeurs qui tapent leurs lignes de code.
- « L'affirmation des injonctions » portées par ces symboles correspond à l'exécution des instructions codées dans les lignes de code.
- Les objets enluminés ont une surface limitée. Les enlumineurs se contentent donc d'y graver des symboles dont la définition se trouve sur un support de bien plus grande capacité : les « lexiques ». Cette séparation vaut aussi chez les programmeurs : les programmes sont généralement constitués d'appels à des fonctions externes, lesquelles implémentent le gros de la logique. On pense aussi à l'architecture client-serveur, les « lexiques » correspondant aux serveurs.

Le modèle étant posé, l'auteur a habilement puisé dans les concepts, les techniques et même les courants de pensée issus de l'informatique pour nourrir son « système » :
- La portée limitée des lexiques fait penser à la technologie Wifi, par exemple.
- « Forcer les injonctions », une activité prisée par nos héros, ressemblent beaucoup au hacking.
- Sur la fin, Valéria évoque une technique qui a tout de la « porte dérobée ».
- L'invention d'Orso, exploitée un peu trop souvent à mon goût, n'est autre que la technique de réplication.
- le pouvoir (ou la malédiction) de Gregor est directement calqué sur le concept de point de sauvegarde.
- Quand Crasedes commence à monopoliser les 300 lexiques de Tevanne, c'est du calcul distribué.
- La dernière partie voit l'avènement d'une entité très puissante, et c'est ici l'IA avec le concept de singularité qui est exploité.


Mais l'exemple le plus frappant est donné dès le début du roman : on y apprend comment Sancia et ses amis, trois ans après avoir fondé Interfonderies, souhaitent s'attaquer au système des brevets et à la concurrence industrielle entre les maisons marchandes. Une réification du clivage idéologique logiciels libres / logiciels propriétaires.

Une fois qu'on voit tout ça, c'est sûr, la prétention d'originalité du « système de magie » en prend un coup. Mais personnellement, je trouve la démarche très intéressante. La réalisation est réussie, et en se basant sur une science aussi établie que l'informatique, l'auteur s'assure de facto d'une cohérence d'ensemble. Aussi, le fait que l'informatique soit au coeur de notre société transparait forcément dans le roman, et explique sans doute la facilité avec laquelle on entre dans cet univers. Enfin, l'informatique regorge de concepts incroyables, ce qui fournit une excellente matière à exploiter.
Bravo donc pour avoir imaginé ces programmeurs de Tevante !


Mon ressenti sur ce deuxième tome est un peu moins bon que pour le premier.

Ce qui m'avait plu est définitivement enterré :
- J'aimais voir Sancia user de son pouvoir « limité », quand elle touchait son environnement pour faire parler les enluminures. C'était exploité de façon astucieuse dans de nombreuses scènes d'action du premier tome. La nouvelle Sancia ne fait plus dans la dentelle. Tout est devenu trop facile pour elle, et la tendance semble ne pas vouloir s'inverser...
- J'avais apprécié le personnage de Trevor pour son côté redresseur de tort et sa façon stylisée de se battre. Un vrai paladin ! L'auteur en a fait finalement une loque, un personnage vampirisé. Bon...

Et pour le reste :
- Les scènes d'action bien ficelées ont disparu.
- La romance entre Sancia et Bérenice, quoique loin d'être omniprésente, est mielleuse au possible.
- Sancia a perdu son leadership. On a maintenant une petite troupe bringuebalée à droite à gauche au fil des évènements. Tour à tour, chacun prend quelques initiatives, mais on sent bien c'est au petit bonheur la chance, selon ce qui se goupille bien avec la situation du moment. Globalement, ce sont les entités supérieures (hiérophante, créations ou autres) qui mènent la danse.
- Ces entités supérieures, d'ailleurs, provoquent une fuite en avant du niveau de « magie » que je regrette. Il n'y a plus de limites, et cela éclipse complètement la finesse des trouvailles pour les enluminures plus basiques.


Sur les nouveaux personnages :
- J'aime beaucoup le style de Crasedes. Un côté Magneto, clairement ! Doublé d'une partie des pouvoirs du professeur X...
- Valéria est ok. Un peu froide, mais cela va avec son personnage.
- La contrebandière est aussi ok, mais juste esquissée. Sans doute la verra-t-on davantage dans le tome 3.

L'intrigue principale est basée sur l'affrontement entre un Crasedes désigné comme le Mal absolu, et une Valéria qui se positionne comme le dernier rempart. le choc des titans. Très classiquement, chacun prétend être du côté de la justice et tente de convaincre la clique de l'aider. Ce jeu d'influence et de doute s'étale sur les 600 pages du roman, et malheureusement cela devient lassant.


Avec un Clef absent, un Gregor émasculé et un Orso dominé intellectuellement par son assistante et réduit au rôle de vieux grincheux au bon fond, l'auteur continue d'exploiter la veine du girl power, sans en faire quelque chose de particulier.


Outre les thèmes hérités de la science informatique que j'ai évoqués, on a toujours cette critique virulente du capitalisme.
S'y ajoute le très classique thème de la technologie (ici l'enluminure) : une chance ou un danger pour l'humanité.
Enfin, toujours très classique, une réflexion entêtante sur l'opportunité « d'assainir » la société : à quel prix et pour quel résultat ?

Ces grands thèmes omniprésents cimentent le récit et sont traités de façon volontairement manichéenne. Cela fonctionne très bien puisqu'on est dans de la Fantasy. À prendre avec les pincettes habituelles.


Pour finir, un petit mot sur l'écriture.
Le style est dans la lignée du premier tome. Pas le point fort du roman, mais très fluide, ce qui aide à venir à bout de ces 600 pages. J'ai éprouvé une certaine lassitude malgré tout : la clique des personnages ne cesse de bouger, subir, agir, réfléchir et... parler ! Globalement, le roman ressemble à une suite ininterrompue de dialogues, ce qui, avec la caractérisation particulière de l'héroïne, lui confère une tonalité Young Adult, qui plaira ou pas.
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A la fin du premier tome, nous quittions Tevanne après que Sancia, Gregor et leurs amis aient changé à tout jamais le destin de la cité.

En créant Interfonderies, une nouvelle maison marchande, Orso a eu la vie sauve. Il a également remis en question toute l'histoire sur laquelle reposait la vie de la cité jusqu'ici. le but de ce renouveau est de démocratiser l'art de l'enluminure et de concurrencer les maisons marchandes.

Les quatre comparses ont durement travaillé durant les années passées. Sancia est devenue enlumineuse et travaille avec Bérénice sur la création d'un nouveau seau.

Mais un problème se présente. Un hiérophante refait son apparition. Il ne s'agit pas de n'importe lequel, mais de Crasedes Magnus, le premier des hiérophantes et le plus puissant. de plus, il s'intéresse de très près à Sancia et à son don.

Ce deuxième tome nous entraîne sur les origines de l'enluminure. Un conflit de grande ampleur se prépare.

J'ai poursuivi avec plaisir ma lecture du deuxième tome de la trilogie des "Maîtres enlumineurs", tout juste sorti en librairie. Ce nouveau volet ne laisse aucun répit au lecteur, beaucoup d'évènements se produisent.

Nous basculons trois ans après le procès d'Orso et la création de la nouvelle maison. Sancia et Bérénice se sont rapprochées et ont pu travailler ensemble sur la conception et l'évolution de certains aspects de l'enluminure. Gregor est très affaibli depuis la bataille qui s'est produite et garde énormément de rancoeur vis-à-vis de sa mère. Orso prépare quant à lui un projet de grande envergure avec l'une des principale maison de la cité. Les personnages ont beaucoup évolué. Ils sont plus sûre d'eux et ont acquis plus de force et de réflexion. Orso est la tête pensante de tout ce petit monde. Il a des projets qu'il compte bien mettre en action très prochainement.

L'arrivée soudaine de Crasedes Magnus met l'équipe sous tension. Son retour se prépare et il faut le contrer car on s'attend au pire. Les hiérophantes sont de vrais mystères. Lorsqu'ils étaient encore en action, ils "amélioraient, déformaient et altéraient leur corps et leur âme par le biais d'horribles sacrifices humains rituels". Ils agissaient ainsi sur la mort, la réalité, le temps et avaient accès à des pouvoirs et privilèges puissants difficilement contrôlables. Crasedes Magnus était le pire d'entre eux. C'est celui qui a inventé la méthode. Une course à la survie de tout Tevanne s'installe. Il faut tout mettre en oeuvre pour contrer la force du hiérophante et protéger la cité.

Un très bon deuxième tome, très fourni en détail. J'ai beaucoup aimé le ton humoristique et sarcastique de l'auteur. On trouve beaucoup de dialogues, d'interrogations et de divulgations. Il y a de l'action tout au long de la lecture et ne cesse de s'accroître. Des secrets sont mis à jour. On remonte le temps sur les origines et les vieux combats. Les personnages gagnent en force et en stratégie. La fin est excellente et laisse présager un 3ème tome prometteur.

Une lecture entraînante, rythmée, pleine d'actions et de magie dans un monde fascinant.

Lien : http://labibliothequedemarjo..
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Une suite qui ne m'aura pas vraiment transportée contrairement au premier opus.
L'originalité dont faisait preuve le début de cette série, avec un système de magie bien expliqué et cohérent, des personnages intrigants et en toile de fond, une intrigue solide a totalement manqué dans cette nouvelle rencontre.
Trois ans après leur premier tour de force, la bande d'enlumineurs / arnaqueurs reprend du service suite au retour du hiérophante. Ca démarre bien et fort. L'auteur nous plonge directement dans l'action et le rythme se maintient sur un bon tiers du roman.
En revanche, j'ai trouvé le reste du roman assez ennuyeux. J'ai eu le sentiment que l'auteur reprenait la trame du premier en instillant quelques changements mineurs mais globalement, on n'avance pas beaucoup sur le fond de la saga.Le jeu de cache-cache avec le Hiérophante et la dualité Valeria / Cresedes m'ont quelque peu agacée.
Il m'aura manqué plus d'intrigues annexes, une plus grande exploration de la ville, de nouvelles rencontres et une diversité de tons chez les protagonistes.
Bref un poil déçue par cette lecture.
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Trois ans après le tome précédent, Sancia et ses amis ont fondé une société dans les Communes (les quartiers populaires de Tévanne) pour démocratiser l'enluminure, et à terme détruire le pouvoir des maisons marchandes basé sur cette technologie magique.

Pour mémoire, la magie de cet univers repose sur l'enluminure, en réalité une succession de signes gravés sur des objets et qui leur donnent des ordres (le bois croit être de la pierre et devient aussi solide, une roue croit dévaler une pente et avance même en terrain plat) voire modifient la réalité, comme la gravité.

Mais Valeria, l'entité artificielle, prévient Sancia qu'un désastre se prépare : le premier des hiérophantes va être réveillé (les hiérophantes étaient les magiciens d'exception d'un lointain passé), et il arrive par bateau à Tevanne. Son but ? Provoquer une guerre dévastatrice contre Valeria, qui anéantirait la civilisation de Tévanne, comme dans les millénaires antiques où une guerre similaire avait détruit d'autres civilisations.

Sancia arrive avec ses amis en mer près du galion où serait le hiérophante. La mère de Gregor a sacrifié des esclaves pour son projet funeste de réveil du hiérophante, et nos héros arrivent trop tard car Crasedes — le nom de cet hiérophante mythique — a réussi à modifier le temps.

S'en suit une course-poursuite contre le temps, dans cette ville de Tévanne inspirée en partie de la Renaissance italienne et en partie de l'Antiquité — avec la thématique de l'esclavage qui revient en force.

La mécanique appliquée à la magie grandit encore d'un cran : nos héros ne sont pas dotés de pouvoirs surnaturels (seuls Crasedes et Valeria le sont) mais ont des talents acquis soit par l'enluminure de leur corps, soit grâce à une inventivité hors norme qui les pousse à créer de plus en plus de machines ou d'outils modifiant la réalité. C'est un des aspects les plus intéressants de cette magie : elle n'est pas absolue mais elle nécessite des enluminures et des sceaux pour fonctionner. L'invention de sceaux offre chaque fois de nouvelles possibilités, mais la bataille contre le premier des hiérophantes — l'inventeur de cette forme de magie — semble insurmontable.

Ne cachons pas, cependant, que les mécanismes mis en oeuvre sont parfois un brin complexes à comprendre pour le lecteur, à tel point que je me suis demandé si l'auteur suivait réellement une logique dans les rebondissements liés à la mécanique de son système de magie.

Quant aux personnages, si on suit l'évolution de nos héros, le plus intéressant est certainement la bataille d'idées entre Crasedes et Valeria, et leur propre vision de ce qui sauverait l'humanité. Ressort ici la thématique de la paix forcée, du contrôle des populations pour leur bien — rappelant certains régimes du monde réel — opposé à une humanité qui naturellement utiliserait les inventions pour prendre le pouvoir et faire la guerre. Nos héros doutent des objectifs réels des deux entités, doute qui accentue la complexité des enjeux.

La tension monte crescendo tout au long du tome, avec toute une ville prise dans les combats, jusqu'à la conclusion, qui annonce un tome 3 encore plus mouvementé.

Lien : https://feygirl.home.blog/20..
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Trois ans après leurs exploits du premier roman de la trilogie des Maîtres enlumineurs, Sancia et ses associés s'apprêtent à bouleverser (à nouveau) le monde de l'enluminure. Leur but : offrir au plus grand nombre des secrets conservés par les quatre grandes maisons. Ils ont donc mis au point un plan original et dangereux à souhait.

Pas le temps de souffler dans ces premières pages du Retour du hiérophante. Comme dans les films de James Bond, l'histoire commence par un morceau de bravoure, une bonne grosse scène d'action, avec cascades vertigineuses et enjeux décapants. Et ma foi, cela fonctionne bien. Robert Jackson Bennett nous replonge immédiatement dans son monde fait d'enluminures et d'objets aux consignes précises. Il nous permet de reprendre contact avec ses personnages : l'ancienne voleuse Sancia, qui peut lire les enluminures grâce à la plaque qu'on lui a insérée dans la tête ; son amoureuse, la brillante enlumineuse Bérénice, aux intuitions vives et puissantes ; Orso, l'enlumineur « maître » de Bérénice, plus ou moins à l'origine de la future révolution ; Gregor, l'ancien soldat rendu berzerk par l'adjonction, lui aussi, d'une plaque enluminée capable de le ramener à la vie (mais à quel prix ?). Cette petite bande s'est mise en tête de récupérer les secrets de l'une des grandes familles pour les mettre à disposition de tous les enlumineurs autonomes, qui, depuis la mise hors service de la Montagne, se sont multipliés. L'heure est à la révolte, à l'émancipation, loin de la tutelle forte et égoïste des enlumineurs établis.

Mais rapidement, cette révolution va passer au second plan, suite au retour du hiérophante (en voilà un titre qui correspond parfaitement à l'histoire du roman !). Rappelons que cet être, dont le nom est composé, entre autres, du grec « hiéros », qui signifie « sacré », est une sorte de dieu chez les enlumineurs. Un ancêtre capable de manier cette science au plus haut degré. Ils étaient censés avoir disparu depuis longtemps. Mais l'un d'entre eux, et pas le moindre, puisque ce serait Crasedes Magnus, le premier des hiérophantes, revient à bord d'un navire. Rapidement, on va comprendre qu'il n'est pas là seulement pour se promener dans les rues de la ville de Tevanne et faire du shopping. Il a un dessein, gigantesque, aux conséquences terribles pour les habitants de la cité. Sancia et sa clique vont, bien évidemment, se trouver sur son chemin. Mais elle ne sera pas seule. L'aide viendra de son cher « Clef », qu'on avait abandonné dans un sale état à la fin des Maîtres enlumineurs. Et de Valeria, l'être « magique », qui elle aussi était bien diminuée.
Et l'affrontement entre ces forces va devenir épique. Digne, d'une certaine manière, des kaijū eiga, ces films japonais mettant en scène des monstres formidables, usant de pouvoirs phénoménaux et causant des dégâts considérables parmi la population humaine. C'est un peu ce à quoi on assiste pendant une bonne partie du roman. Et c'est un peu le reproche que je pourrais faire à ce récit. Il me rappelle certains films d'action qui comportent une grande idée, étirée pendant toute la durée du film. Ici, Robert Jackson Bennett apporte de nouvelles dimensions, surtout sur la fin. Mais le milieu de son roman patine un peu, à mon goût et se montre trop prévisible. Je n'ai rien contre un bon affrontement entre méchants/gentils, mais celui-ci m'a paru un tantinet trop long.

Mais je n'ai pas boudé mon plaisir, car l'auteur américain a su, une fois de plus, en bon conteur, m'attacher aux personnages et me faire sentir inquiet au fur et à mesure de leurs aventures, de leurs mises en danger (définitives pour certains, hélas !), de leurs coups d'éclat, de leurs désillusions, de leurs inquiétudes. Mais aussi et surtout de leurs transformations. Car, une réussite de ce récit est justement, à mon goût, le sort réservé à certains. Attention, spoiler, d'où une couleur plus pâle afin de vous éviter une lecture imprévue de quelque chose que vous préférez découvrir par vous-mêmes. Sancia et Bérénice doivent fusionner, d'une certaine manière, afin de découvrir et pouvoir mémoriser certaines formules d'enluminure. Et cette fusion, qui va durer, donne naissance à un être aux réactions, aux sensations différentes et, ô combien, intéressantes. Et ce, d'autant plus, quand un autre personnage va intégrer le duo. Les réflexions sur l'individu, sans être d'une haute portée philosophique (on n'a pas le temps pour cela tant l'action prédomine), sont suffisamment riches pour donner envie de se pencher davantage sur la question.

Si le Retour du hiérophante (dont j'adore la couverture de Didier Graffet : le masque qui surplombe le navire est d'une finesse et d'une beauté remarquables) est un poil moins enthousiasmant que Les Maîtres enlumineurs, c'est avant tout parce que nous avons déjà découvert ce monde si riche de l'enluminure dans le premier volume et que l'effet de surprise est passé. Il n'empêche que la lecture de ce roman m'a été fort agréable et que j'en suis presque à regretter que ce cycle ne soit qu'une trilogie. Trilogie dont on espère le dernier tome, en V.O., au milieu de l'année prochaine. Vivement !
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
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critiques presse (2)
Syfantasy
21 juillet 2023
Ce second tome est plus ambitieux que le premier et avance des retournements de situation très prometteurs. Robert Bennett réussit également à renouveler son système de magie pour lui redonner de l’éclat, donnant envie encore et encore de savoir ce qu’il va advenir de ses personnages.
Lire la critique sur le site : Syfantasy
Elbakin.net
06 juin 2023
Le rythme du roman est enlevé, avec moult rebondissements et davantage d’action que dans le premier tome, rendant sa deuxième partie difficile à lâcher d’autant que les aspects politiques, à peine esquissés auparavant, sont ici plus développés.
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Apprendre ce que votre cité a oublié, dit-il. Ce que les hommes de pouvoir oublient immanquablement, tout au long de l'histoire... Qu'on trouve toujours, toujours plus puissant que soi.
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Un jour, pensa Sancia, je serai le genre de fille qui s'occupe de son amoureuse en permanence et de son travail quand elle n'a pas le choix, et non le genre de fille qui s'occupe de son travail en permanence et de son amoureuse quand elle arrive à grappiller deux minutes.
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On ne peut pas contrôler l'innovation ! On ne peut pas structurer la manière dont les gens inventent ! Ce n'est pas comme ça que ça marche ! Créer et inventer est un processus laid, stupide, aléatoire et dangereux, à l'image de l'humanité. La plupart des trucs vraiment brillants que j'ai découvert l'ont été par pure coïncidence ! On ne peut pas imposer l'ordre à une chose qui est, dans les faits, le désordre incarné.
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– Vous n’avez pas compris mon oeuvre. J’ai vécu très longtemps, Sancia. Et si j’ai appris une chose, à travers tous ces âges, c’est que l’humanité est habile à accoucher de délicieuses petites innovations… mais que toutes finissent par servir la cruauté, l’oppression, et l’esclavage. Même les plus simples se changent en armes. Prenez les fèves, par exemple.
– Hein ? Les fèves ?
– Oui. » Crasedes semblait savourer son récit. « Quelqu’un a rempli des sacs entiers de ces fèves, qu’on a mis sur le dos des soldats – et, soudain, l’on a disposé d’une infanterie très mobile qui n’avait plus besoin de faire de longues haltes pour manger, ni de piller les environs pour se sustenter, ni de cuisiner. Et grâce à cela, l’on a pu créer un royaume modeste mais agressif qui a su conquérir les pays voisins. Tout cela grâce aux fèves. »
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Il est tellement plus profitable d'apprendre par soi-même, n'est-ce pas ?
- Apprendre quoi ? demanda Moretti en ravalant ses larmes.
- Apprendre ce que votre cité a oublié, dit-il. Ce que les hommes de pouvoir oublient immanquablement, tout au long de l'histoire... Qu'on trouve toujours, toujours plus puissant que soi.
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Vidéo de Robert Jackson Bennett
Re diffusion "brute" du live instagram à l'occasion de la venue de Robert Jackson Bennett à Paris. Merci aux éditions Albin Michel Imaginaire et Livre de Poche Imaginaire pour cette événement.
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