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sur 472 notes
James Dean.

Philippe Besson ose se frotter à un mythe du cinéma. Véritable icône à la destinée tragique.

Dans cette biographie romancée, on découvre le parcours de vie de ce jeune homme destiné à devenir une idoole. A travers les yeux des êtres qui ont croisés sa route. Dans de courts chapitres, chacun d'entre eux raconte la légende de Jimmy.

Un portrait comme un puzzle. Fragments d'un homme dans ses travers, dans ses fulgurances. Dans cette enfance qui le mènera vers l'homme. Dans cette fureur de vivre.

Raconté par des anonymes. Des stars. Des inconnus. Des témoins de l'ascension du jeune homme.

Sa mère, partie bien trop tôt. James Dean, lui-même. Ses professeurs. Marlon Brando . Entre autres.

Chacun donnera une clef, une façon de mieux appréhender James Dean. En quelques lignes parfois. Souvent brillantes de vérité.

Besson nous dépeint un Dean attachant, touchant et pressé de vivre. Un homme libre, papillon comme trop attiré par la lumière et qui se grisera à s'en briser les ailes.

Le reproche que l'on peut faire est bien résumé par son titre. Tout va un petit peu trop vite. Besson nous a habitué à cette lenteur des descriptions, cette douce construction des émotions dont lui seul a le secret. Ce roman là va à fond la caisse, sans laisser le temps au lecteur de respirer, d'apprécier.

Une vie à toute berzingue …

Cependant, j'ai passé un très bon moment de lecture. Avec l'envie de m'intéresser d'encore plus près à ce personnage qui malgré une filmographie réduite, raisonne encore comme le symbole d'une certaine jeunesse et d'une époque devenue intemporelle à travers lui.
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« Il est l'oiseau rare : un jeune acteur exceptionnel et l'éloquence douloureuse avec laquelle il exprime les problèmes d'une jeunesse incomprise fera peut-être de lui le symbole de la nouvelle génération ». Hollywood Reporter au lendemain de la première d'A l'Est d'Eden.

Rester plongée dans « A l'Est d'Eden » en livre de poche, difficile pour moi. C'est écrit trop petit, trop serré. J'ai dû renoncer au format. En cherchant bien, je suis parvenue à trouver ce livre en édition del Duca sur un site de livres d'occasion. Mais en attendant, James Dean occupait mon esprit. Je revoyais sa silhouette, sa chevelure blonde, et j'ai eu envie de ne pas le laisser de côté en attendant de recevoir le livre de Steinbeck.

Bien m'en a pris ! Je viens de passer un très agréable moment de lecture avec cette biographie romancée. Difficile de faire la différence entre le romanesque et la réalité mais en choisissant le « romancé », le lecteur sait ce à quoi il s'expose. Néanmoins, l'essentiel finit par se démarquer du reste du récit.

Première incursion dans une oeuvre de Philippe Besson. L'écriture est conventionnelle, elle est facile à lire mais peut-être est ce le résultat de la construction du récit. L'auteur donne la parole à tous ceux qui ont connu Jimmy. Sa maman, décédée d'un cancer, alors que Jimmy n'a que neuf ans, son père trop absent, incapable de pallier au drame que vit cet enfant, sa famille, ses amis, ses enseignants, ses maîtresses, ses amants jusqu'au conducteur qui a provoqué l'accident mortel ; donnant ainsi naissance au mythe qui aura éternellement vingt quatre ans et qui venait rompre avec les clichés de la virilité masculine de l'époque bien que son idole fut Marlon Brando.

Une fois la lecture entreprise, je me suis laissée embarquer dans « la ballade de Jimmy ».

Le récit coure de la naissance de Jimmy jusqu'à son accident. Philippe Besson sait parfaitement nous faire ressentir la vie en accélérée de ce garçon « sans mère » comme si James Dean pressentait qu'il ne serait qu'une étoile filante aux Trois Grands Films et qu'il rejoindrait celle qui lui a tant manqué, Mildred Dean.

Pour tenter d'approcher le mythe qui personnifie la jeunesse, la vitalité, ce chien-fou à la dégaine nonchalante, suintant la fragilité, ce môme rebelle et incontrôlable, Philippe Besson s'est effacé afin de nous laisser assister à une forme d'interview qui gomme les émotions mais qui nous esquisse le portrait d'une icône dont le livre de chevet était le Petit Prince. Les témoignages sont brefs, certains se relaient et contribuent à nous dévoiler une part intime de Jimmy ; chacun dressant le portrait de l'enfant, du jeune homme, de l'amoureux tel qu'il en a gardé le souvenir. Jimmy n'était pas exempt de défauts.

J'ai vraiment aimé accompagner Jimmy à New York, écouter ses amies et amis comédiens, revoir mentalement Montgomery Clift, découvrir l'Actors Studio, et surtout, écouter Elia Kazan accaparé par l'adaptation du livre de Steinbeck « A l'Est d'Eden ». Formidable ! J'étais dedans !

Et puis, j'ai retrouvé tant d'autres grands du cinéma hollywoodien, Nathalie Wood, Liz Taylor, Rock Hudson, Sal Mineo, reçu les confidences des réalisateurs, participée aux séances photo, enfin, je me suis offert une « dernière séance » n'est ce pas Eddy !

A tous les amoureux des grandes heures du cinéma américain, ce livre est une « madeleine de Proust ».

Je dédie ce livre à ma propre mère qui adorait le cinéma, qui m'a fait découvrir les grandes salles et les grands films de l'époque, qui était au courant de toute l'actualité cinématographique, qui a pris le risque de m'emmener voir « Orfeu Négro » projet qu'elle a dû abandonner après quelques minutes de séance ;-))
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Ce roman choral (biographie romancée) nous raconte l'histoire de James Dean, à travers des témoignages attribués à des personnes qui l'ont connu : la famille, les professeurs de théâtre, les agents, les acteurs, les scénaristes qui alternent avec les réflexions de James Dean lui-même… On croise, au passage, Elia Kazan, Tenessee Williams, Marlon Brando, Elizabeth Taylor
C'est une belle idée, pour nous faire comprendre la fragilité de Jimmy, son côté fantasque, son goût pour le risque, en moto, en voiture plus tard ; il aime se mettre en danger.

Ce que j'en pense
L'auteur nous parle avec tendresse de ce jeune homme, post adolescent, beau comme un Dieu, mi ange mi démon, au regard perpétuellement dans le vide de par sa myopie, la nonchalance affichée, pour tenter de cacher la mélancolie, brisé par le chagrin, la perte de sa mère, et l'abandon du père dont il restera toujours à distance, sans pouvoir établir une relation.
En fait, j'ai été déçue. L'idée était originale certes, mais je n'ai pas été vraiment emballée peut-être parce que je connaissais déjà l' histoire de James Dean, ou parce qu'il s'agit du milieu du cinéma, peut-être aussi parce qu'il n'était pas mon acteur américain préféré (et oui, j'aime les bruns ténébreux, style George Clooney, même quand il sert le café…), j'aurais été peut-être plus touchée s'il s'était agit de la vie de Montgomery Clift qu'on croise dans le film, ou Antony Perkins qui étaient des tourmentés, eux aussi.
C'est le premier roman de Philippe Besson qui me laisse frustrée. J'ai passé un bon moment, certes, mais il aurait peut-être pu aller plus loin. Lui qui parle si bien, d'habitude, de l'intime, de la sexualité, on a l'impression qu'il avait peur d'abîmer la légende, d'écorner l'aura de l'acteur romantique, mort dans des conditions dramatiques et devenu mythique après avoir tourné seulement trois films (et quels films !).
Note : 7,2


Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
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Un jour que je me promène dans la campagne du Midwest, entre les tracteurs et les champs de maïs transgéniques, je croise le regard d'un gamin du coin, à l'accent fort prononcé de chewing-gum. de loin, il ne me voit pas l'observer, un vrai binoclard plus myope qu'une taupe, s'il y avait encore des taupes dans ces champs à l'abondance de pesticide. Il me rappelle vaguement quelqu'un, un type que j'avais vu à la télé, dans un film de Nicholas Ray, Jimmy et sa légende.

Jimmy parle, sobrement, comme un grand timide, il joue plus du regard et des silences, à qui veulent bien les comprendre. Mais le théâtre semble être sa vie. Dès la première scène, il y met son coeur, sa rage, sa fureur de vie. A n'en pas douter, le gamin deviendra géant, et pas qu'à l'est d'Eden. Bien au-delà, même.

Ses proches aussi parlent. Ils nous le dévoilent sous un autre jour, ses voisins, ses camarades, sa première copine. Mais aussi dans les témoignages divers et variés, la voix d'Elia Kazan, de Marlon Brando ou d'Elizabeth Taylor. Que des géants là aussi. Les grands noms du cinéma se rassemblent autour de sa mémoire. Mais vite, arrive un tournant, le temps de jeter un coup d'oeil à la lune, et la vie dérape dans le bas-côté. Et Donald Turnupseed entre en scène...

Je m'appelle Donald Turnupseed. Je suis l'homme qui a tué James Dean...

A titre personnel, j'apprécie grandement Philippe Besson, et je ne manque pas de le lire dès que l'occasion se présente. Il m'a totalement bouleversé sur certains de ses romans. Même « moins bons » - avis totalement subjectif et personnel, je prends un plaisir à le suivre. Bien évidemment, j'ai vu, à de nombreuses reprises, « La Fureur de Vivre », James Dean icône du cinéma américain de ces années-là, ce binoclard du Midwest au talent brut, à l'émotion abrupte. le roman en lui-même ne m'a en revanche pas bousculé. Je ne suis pas, soyons honnête, un adepte des biographies qu'elles soient romancées ou pas. J'avoue même que si l'auteur avait remplacé les protagonistes par des anonymes complets, j'aurais eu probablement plus d'engouement. Je préfère sentir la vie des anonymes, moi l'anonyme bison qui traîne mes sabots usés et mon vieux cuir ici, prendre le pouls de ces inconnu(e)s, question de perception et de poussière...
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Philippe Besson revient sur une icône du cinéma avec ce roman choral. On connait tous l'éphémère carrière de ce jeune homme, de son Indiana natal aux lumières d'Hollywood, jusqu'à son terrible accident qui lui coutera la vie le 30 septembre 1955.
En donnant la parole aux proches de l'acteur, Besson par des chapitres courts dresse un portrait d'un James Dean tourmenté, qui croque la vie (qui ne l'a pas épargné) comme un cheval fou, indiscipliné, libre, difficile à cerner. On est forcement constamment dans l'empathie, bouleversé par les témoignages, on lit « Vivre vite » avec nos souvenirs de ces trois films de légende à jamais dans l'histoire du cinéma. Seul reproche peut-être, j'aurai aimé un roman plus épais. Peut-être que l'idée de Besson était aussi par ce court roman, de montrer la courte existence de cet acteur à la beauté fracassante ?
PS : je vous conseille le très bon film d'Anton Corjbin "Life" (2015) avec Dane DeHaan, histoire du photographe Dennis Stock qui suivi l'acteur pendant plus mois.
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C'est à un véritable travail de biographe que s'est livré Philippe Besson pour redonner vie à l'un des plus grands mythes du cinéma américain.

J'ai particulièrement aimé cette lecture qui m'a permis de découvrir James Dean qui était pour moi, j'ose à peine l'avouer, un quasi inconnu.
Je n'ai vu aucun des films qui ont fait son succès.
Seules quelques photos d'un jeune homme séduisant et boudeur, souvent vêtu d'un simple tee-shirt blanc ont une place dans ma mémoire et aussi, bien-sûr, les circonstances de sa mort précoce.

En donnant la parole à ses proches, parents, amis, et relations professionnelles disparus pour la plupart, l'auteur dresse grâce à ces mémoires d'outre tombes, un portrait précis et attachant.

On croise Marlon Brando, son modèle dont il admire « la féminité brutale », Natalie Wood, Liz Taylor, Montgomery Clift, mais aussi sa mère, son père ou sa tante.

Je ne suis pas cinéphile, mais l'élégance de la plume de Philippe Besson a eu raison de mes réticences à me plonger dans ce livre dont le sujet m'intéressait fort peu.

Une très bonne surprise !
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A partir d'un énorme travail de documentation Philippe Besson imagine différents témoignages des proches de James Dean et de Jimmy lui-même. On est aux premières loges de ce roman qui flirte élégamment avec la tragédie.
L'auteur utilise dans sa narration une technique de répétition de phrases déterminantes pour comprendre comment jeune enfant, Jimmy a réussi à faire face aux traumatismes qui l'ont accablé. Il nous fait comprendre la solitude insondable des enfants qui ont perdu leur mère.

L'écriture de Philippe Besson est tendre, émouvante et d'une grande humanité. Il construit des chapitres très courts, d'un intérêt irrégulier mais qui créent une évolution dans l'alternance des narrateurs qui racontent leur lien avec James Dean.

Jimmy était un être singulier depuis sa plus tendre enfance et il a toujours cherché à se démarquer. Déterminé et intense, il avait une fragilité qui pourrait être perçue comme de l'arrogance. Susceptible, imprévisible et pas très causant, Jimmy se mure souvent dans son silence. Son air taciturne n'encourage pas l'approche. Sa sensibilité et sa nonchalance vont émouvoir toute une génération de fans. Surdoué de l'art dramatique, en à peine quelques films il s'élève au rang de légende.
Symbole d'une jeunesse en désarroi, James Dean a été le premier acteur considéré comme la représentation du mal-être de la jeunesse de l'époque. Il aimait les sensations fortes et la vitesse.

Anti-star et anti-système, il vivait plus vite, comme s'il savait qu'il disposait de moins de temps.


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Philippe Besson Vivre vite Roman Julliard ( 238 pages – 18€)

Après La maison d'Atlantique, c'est Outre- Atlantique que Philippe Besson nous embarque sur les traces de son héros : James Dean. L'auteur a choisi la forme chorale pour dérouler cette exofiction.
La photo de la couverture « convoque» le lecteur. Ce visage, très photogénique, rayonne, irradie et hypnotise par « la puissance de son regard », ce « quelque chose de lumineux et de violent ». Mais que sait-on vraiment de cette icône ?
La citation en exergue résume, avec une violence implacable, le destin de cette « étoile » qui passa « comme une comète ».

Le roman s'ouvre sur une page magnifique, l'image attendrissante d' un couple attendant son premier enfant, du père caressant un ventre.

Ce qui est inattendu, c'est que Philippe Besson donne la parole aux disparus dont la mère et son fils. Les confidences n'en sont que plus poignantes.La mère relate la malédiction qui semble peser sur la famille, et ses atermoiements quand elle apprend qu'elle est atteinte d'une maladie incurable.
Faut-il cacher la vérité ou non ? Quelle est la solution la moins dramatique pour Jimmy ?

De toute évidence , être orphelin si jeune, à neuf ans, causa un traumatisme qui le hante à jamais. Et Jimmy de nous rappeler qu' une mère, c'est irremplaçable. On pense à la douleur que W.H Auden éprouva dans les mêmes circonstances. N'est-ce pas « un monde qui s'écroule et l'enfance qui disparaît avec celle qui l'a fait naître ? ».
Il comprend que « c'est fini de ces deux ailes qui le portaient depuis toujours, ces deux ailes qui lui donnaient ce surcroît d 'assurance » et se terre dans son mutisme, lui,le « sentimental ».
Le manque l'habite, c'est en fini de leurs rires, leur complicité.

Jimmy reconnaît sa dette envers la gent féminine. Plusieurs femmes se révèlent importante dans sa vie, « faites pour être des prothèses ». Celle qui l'enfanta. Celle qui le recueille et l'élève comme son fils. Celle qui le prend sous son aile et lui enseigne les rudiments de l'art dramatique : Adeline, qui a compris sa fragilité,a su mettre en exergue son talent, et tel un mentor, le stimule et l'encourage. Il croise sur un tournage Liz Taylor qui souhaite protéger « ce rebelle au coeur tendre », suite à ses confidences. Julie Harris est chargée de « tempérer ses ardeurs ».

Le dramaturge, Tennessee Williams, venu voir « ce gamin » prometteur, à la « beauté à couper le souffle », découvre un acteur qui dégage « une énergie sexuelle ».
Son professeur Gene Owen ne remarque pas de suite cet étudiant en droit, gauche, « l'air d'un oiseau tombé du nid », mais son interprétation du « prince danois » l'impressionne par son jeu différent, et il décèle en lui « comme du diamant brut ».

Le portrait se reconstitue comme un puzzle pour le lecteur. Souvent redondant, car tous le perçoivent de même. «Un enfant plein de vitalité », « débordant d'énergie ». Ses lunettes le rendent « sexy ». On devine une relation fusionnelle avec sa mère, elle qui l'a initié à des loisirs comme la danse, les chansons, l'art dramatique, le violon, ce que son père réprouvait, privilégiant le sport.
Ne l'a-t- on pas accusée de cultiver chez Jimmy sa différence ? de l'élever comme si c'était une fille ? N'est-ce pas elle qui déclencha , puis encouragea son « désir irrésistible de faire l'acteur » ? N'est-ce pas sa mère qui aspirait à voir « de la lumière dans son visage » ?
Jimmy passait pour « un élève appliqué , sérieux, consciencieux », mais il était victime de moqueries, à cause de son accent, de sa « dégaine de paysan ».

Après la disparition de sa mère, il ne supporte pas que son entourage lui manifeste un débordement de compassion,. Sa métamorphose, elle s'opère chez son oncle et sa tante Ortense, qui joue la mère de substitution et défend son frère, le père de Jimmy en ce qui concerne sa décision de le lui confier. Ce couple nous confronte au mode de vie des Quakers dont il fait partie.
A 14 ans, il doit assumer sa singularité. Sa passion pour la conduite ( tracteur, moto, voiture), il l'a acquise chez les Winslow. A 18 ans, son échec professionnel forge son caractère. Si certains sont sauvés par l'écriture,Jimmy, lui, trouve son échappatoire dans la lecture et le théâtre.

Natalie Wood égrène ses souvenirs. Elle a retenu de lui « sa solitude, sa sauvagerie ». Elle connut James sur un tournage et découvrit sa générosité ainsi que sa timidité.
Plus tard, « le binoclard » prend sa revanche. Quant à lui, il se présente sans complaisance : « difficile », reconnaît ses pulsions meurtrières. Ne s'est-il pas révélé bipolaire,balançant « en permanence entre l'excitation et l'abattement » ?

Sa vie amoureuse se révèle compliquée,erratique. Son look magnétique fascine. Il multiplie les aventures, succombe aux coups de foudre. Il se laisse séduire par Elisabeth Mc Pherson, son professeur, liaison éphémère qui le révèle : « un amant pressé et maladroit ». La relation avec le pasteur « un peu trop tendre » est ambiguë. Puis, il se montre attiré par les hommes , mais ceux qui « passent dans son lit », il les « chasse au petit matin ». Quant à l'acteur Sal Mineo , il le trouve trop jeune.

A son actif, trois films et des relations pas faciles avec l'équipe des films. Pour le réalisateur George Stevens, James Dean était « un type instable, ingérable », mais incandescent, il « crevait l'écran ».Imprévisible, il donne aussi du « fil à retordre » à Elie Kazan, à cause de ses « errances nocturnes » arrosées. Il lui cause la peur de sa vie, en acceptant une virée à moto. Quant à Rock Hudson, il lui reproche « sa désinvolture », «  son arrogance insupportable », « sa suffisance ».

Le récit est ponctué de phrases qui marquent la rupture brutale et rappellent que cette icône n'échappa pas à son destin tragique. Il y a cette phrase, quasi prémonitoire,de Jimmy conjurant la mort devant des cercueils : « Dennis, il faut rire de tout. Et de la mort, en premier » qui prend une résonance particulière après l'accident.

L'avant-dernière voix , celle du chauffard, révolte, à la lecture de ses hésitations.

Une voix d' outre- tombe clôt le récit, celle de James Dean qui nous livre la phrase , tenue secrète, qu'il chuchota à sa mère, devant son cercueil après avoir vu , en flashback, défiler des images marquantes de sa courte existence de 24 années.
Dans cette biographie romancée, Philippe Besson nous plonge dans «  l'Amérique de la fin des années 40, pudibonde et corsetée », «  cette grande nation », qui «  n'est rien d'autre qu'une mère monstrueuse, qui dévore ses enfants, une putain de mère maquerelle qui brûle ses gagneuses et ses idoles ».

On suit les déménagements de la famille Dean, qui nous fait voyager de l'Indiana et « ses plaines interminables du Midwest, les hivers froids », à La Californie « pays écrasé de chaleur, connu pour ses plages bondées et sa décadence ».
Puis c'est ce retour à la ferme, chez l'oncle. P lus tard, la découverte de New York, des années 50 : « un choc », «Tellement gigantesque » et les lieux de tournages : Mendocino et ses « demeures en bois blanc », son « port de pêche préservé ».
On sillonne l'Amérique à bord du Zéphyr ou de l'express luxueux qu'est le Twentieth Century limited. Les paysages défilent, évoquent parfois des tableaux de Hopper, peintre de prédilection de l'auteur. Par exemple le décor « des fils électriques au-dessus des rues » ou des cafés ou bars bruyants, enfumés.
Tout comme son héros, Philippe Besson partage cette fascination pour l'Italie , Michel-Ange et la beauté masculine dans l'art.


Philippe Besson a le don de savoir se glisser dans la peau d'une femme et de nous toucher quand il filme l'émouvant adieu , « furtif et déchirant », d'une mère à son fils, se résumant à leurs regards et des mains étreintes. Ou encore quand la caméra suit, cet enfant qui en cachette , la nuit, va « pleurer sur sa tombe ». A travers son héros, l'auteur montre que les drames du passé, on peut les estomper mais on ne les efface pas.

L'auteur met en exergue l'ascension d'une idole vers la gloire, le désir de reconnaissance et sa dévorante ambition, une fois sous les feux de la rampe.
le buzz que les médias génèrent autour de cette « beauté crépusculaire » le rend « ivre de son image jusqu'à l'euphorie ». Dans son besoin de brûler la vie par les deux bouts, dans ce tourbillon , cette ivresse de la vitesse, on pense à Françoise Sagan et ses virées en voiture. On subodore que Philippe Besson s'est fait plaisir, en revisitant la vie de cette figure mythique, à la carrière météorite, au seuil des 60 ans de sa disparition. N'avait-il pas des posters qui tapissaient les murs de sa chambre ?

Un roman qui invite à revoir les films mettant en scène James Dean, cet enfant terrible du cinéma, une personnalité aux multiples facettes, dévoilées, tour à tour, par ceux qui l'ont éduqué, côtoyé, aimé, fait tourner, adulé et vénéré.
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Tu es parti si vite, Jimmy Dean ! Sur une route de Californie le 30 septembre 1955.

A peine le temps de vivre tes 24 années et tu te dépêches déjà à rejoindre celle qui t'a porté et aimé ; dont la mort prématurée te laisse inconsolable, à 9 ans.
Mais qui a eu le temps de te faire découvrir le théâtre, la musique et la danse. Toutes ces activités artistiques que tu aimes et où tu excelles mais qui dénotent dans la campagne rude de l'Indiana.
Heureusement, sur la route de l'apprentissage, tu rencontres des professeurs (et pas seulement un homme perfide), de véritables mentors qui vont te conduire aux portes de l'Actors Sudio à New-York. Les réalisateurs Elia Kazan, Nicholas Ray, George Stevens t'arrachent. "A l'est d'Eden", tu ne je joues pas, tu es cet enfant en recherche d'affection paternelle, dans "La fureur de vivre 'tu incarnes en blouson rouge le mal être d'une jeunesse en désarroi, dans "Géant" tu es ce ranchman dépossédé par le mirage de l'or noir". En seulement 3 films mais quels films, tu exprimes la colère et la violence qui es en toi, tu approches la mort. Tu es le porte-parole de toute une génération.
Tu es admiré, detesté quelque fois par tes pairs, qu'importe tu es toi : rebelle, intrépide, un gamin incontrôlable qui n'en fait qu'à sa tête mais aussi un jeune homme sensible et vulnérable. La puissance de ce mélange ambigu attire à toi les hommes et les femmes comme autant d'ailes de papillons.Séduits par ton regard et ton allure. Ton magnétisme crève l'écran même si tu marmonnes plus que tu ne parles. Tu aimes, tu souffres jusqu'à l'ivresse dans la vie comme sur l'écran mais tu veux vivre à toute vitesse, en moto ou dans ta spencey, c'est ta liberté.

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Monsieur Besson,

Je n'avais jamais lu vos ouvrages, je vous connaissais de nom, sans plus. Et puis un beau jour, je me suis penchée sur ce roman qui faisait un tabac : " Arrête avec tes mensonges " Là, coup de foudre. Je tombe littéralement sous le charme de votre plume, j'ose même avouer que j'en tombe amoureuse. Depuis, je lis tous vos écrits.

Aujourd'hui, je viens de terminer " Vivre vite " relatant la vie de James Dean. le coeur serré, j'ai ressenti le besoin urgent d'écouter la magnifique chanson de Diane Tell " La légende de Jimmy " Et c'est là que mes larmes retenues ont enfin réussi à couler.

Monsieur Besson, vous êtes un génie de l'écriture. Grâce à votre talent et votre sensibilité, j'ai vu la vie de James Dean se dérouler sous mes yeux, d'avoir eu ce sentiment étrange de le toucher, d'avoir entendu son rire, et vu son sourire ravageur éclairer sa gueule d'ange, de le voir donner des coups de pied à la vie, vivre dans l'urgence, Vivre vite, toujours et encore plus vite et rejoindre cette mère disparue bien trop tôt.

Monsieur Besson, merci pour ce travail considérable que j'ai parcouru avec un immense intérêt et terminé en larmes. Cela nous arrive parfois...

On ne triche pas avec la sensibilité, vous le savez, n'est ce pas, Monsieur Besson ?
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