Un thriller dystopique efficace
Seconde immersion dans l'univers de
Matthieu Biasotto, et je dois dire que celle-ci fut bien plus concluante. Un style plus personnel, une atmosphère plus crédible, plus oppressante, et un thème particulièrement porteur car d'actualité.
Quelques longueurs c'est vrai, toujours cette forme de naïveté, en particulier dans les dialogues, qui m'a gêné par moment, mais il s'agit là un livre tout de même très prenant. Cette dystopie vous amènera certainement à réfléchir aux dangers de l'hyperconnectivité (entre autres choses) et au formatage détestable vers lequel tend notre société.
Les codes du thriller sont là, une tension continuelle, quelques séquences bien sales, de la méfiance et de la défiance à la pelle, sans oublier une mise en scène plutôt originale. J'ai trouvé les personnages attachants, malgré un léger manque de profondeur. En même temps, il reste très compliqué de creuser la personnalité d'un amnésique.
Le style est agréable, abouti tout en restant simple et accessible. La linéarité de la narration rend cette lecture vraiment facile, malgré la gravité du thème abordé.
Le sujet, c'est ce qui m'a par-dessus tout emballé dans ce livre. La dystopie n'a rien de fictionnel, car nous vivons en plein dedans, mais les éléments qui nous empêchent de connaître le bonheur et nous engluent dans une morosité dépressive sont ici bien développés. La fin des libertés fondamentales, notre dépendance envers la technologie, l'ingérence des “puissants” dans notre mode de vie ainsi que dans nos décisions, la transparence totale de nos données personnelles comme de nos allées et venues, etc. Notre vie n'a plus de secret pour quiconque, et cela fait froid dans le dos.
L'histoire aurait gagné à identifier clairement les composantes de l'Ordre (Etat, groupes financiers ou industriels, forces armées…), mais d'un autre côté, cette confusion ajoute au caractère oppressant de cette société pas si éloignée de la nôtre.
L'auteur a su exploiter d'une manière sensible et intelligente les différents éléments de son intrigue. Il ne nous réserve pas de surprise absolue (à part une, peut-être), mais sait nous faire partager la vision de ses héros, leur combativité autant que leur résignation, leurs peurs comme leurs espoirs, leurs sentiments, leur déshumanisation aussi. D'un point de vue humain,
PK : Mes derniers mots est une belle expérience.
Si vous recherchez un roman prenant, sombre à souhait, et capable de vous faire réfléchir à la manière dont tournent les choses, foncez !
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