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EAN : 9791094936252
288 pages
Les Éditions Bleu & Jaune (08/11/2022)
4.61/5   9 notes
Résumé :
La guitare de palissandre du titre est le fil conducteur du livre. Autour de lui, cinq récits s'articulent, chacun à une époque différente (et cependant indéfinie, dans le temps comme dans l'espace) : la naissance de l'arbre, en des temps mythiques et très anciens ; le moment de sa coupe dans une forêt sacrée, et les conséquences pour la famille du bûcheron ; sa transformation en guitare par un luthier obsessionnel qui a recueilli une orpheline ; l'histoire du grand... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Ce roman très réussi, je l'ait trouvé d'une beauté remarquable, autant par le fond de la narration, mais aussi par sa forme. Sa construction est très ingénieuse, on y trouve toute l'intelligence de ses talents de dramaturge, et sa sensibilité d'auteur, de créatrice, de femme, peut-être même de musicienne ou de mélomane.

Cinq femmes - Glissando, Ruza, l'Orpheline, Gabrijela, Petra - cinq vies différentes, cinq chapitres disséminés dans chacune des trois parties, Glissando, Pizzicanto, Vibranto : le la est donné. Cinq chapitres, de l'histoire d'une migration, d'un bûcheron accidenté et de sa femme, puis celle d'un luthier et de la fillette qu'il a adoptée, d'un compositeur en mal d'inspiration et de sa muse, et enfin, la cinquième, celle d'une musicienne. Devinez donc ce qu'elles ont en commun ? Graine, forêt, arbres, lambris, plancher, guitare, poutres, sous-pentes, anneaux, bûche, palissandre, épicéa, tout tourne autour du bois et du Bois. Le champ lexical y passe presque entièrement. Tout part d'une rencontre entre la texture, le bois sans age de palissandre et de la main de l'homme : abattre, couper, tailler, venir, monter, pincer. On s'immerge peu à peu dans les chapitres de cette première partie, sans vraiment comprendre, et peu à peu un élément se dégage, ce bois de Palissandre qui d'une graine sans distinction aucune deviendra une guitare unique et hors de prix. Cinq voix, cinq moments clef de l'histoire de l'instrument, depuis la conception de l'arbre qui en donnera le bois, et à travers ses stigmates, qui constituent cette fourmilière d'autres histoires de vie autour de cet arbre abattu, vendu, palpé, taillé et vernis pour devenir un instrument aussi original et unique que le son qu'il émet.

Plus je pénétrais dans l'intrigue de chaque chapitre, chaque morceau de vie de cette guitare, accompagnée dans cette tranche de vie par chacune des protagonistes, plus la magie de ce texte s'opérait : chaque chapitre, chaque partie retrouve un sens général, outre sa propre narration qui raconte la vie de ce bout de bois, du lien de la vie et de l'art, ou peut-être de leur continuité, dans le sens ou la musique prolonge la vie de cet arbre, d'abord planté, puis abattu et façonné, poli et manipulé, issu d'une graine de ce bois exotique, qui nous vient des Tropiques. Un bois aussi précieux, par une essence absente de la biosphère européenne, par ces vies dont il a été le témoin, ancrées dans les cercles de vie de son tronc, par les talents qui ont été amenés à le manipuler : le bûcheron, le luthier, le compositeur, la musicienne.

Vous l'aurez compris, ce roman est un coup de coeur à tous les égards : ces personnages dessinés avec caractère et cette guitare, quelle que soit sa forme, se servent les uns les autres : le don du luthier forme une guitare exceptionnelle, et plus tard la valeur de la guitare sera notamment reconnue par la renommée de celui qui l'a fabriquée. Kristina Gavran possède un sens sur de la narration, en plus de son talent pour la dramaturgie, qui fait que je me suis régalée d'un bout à l'autre de ce roman : ces chapitres et ces parties s'imbriquent tout naturellement comme le luthier enchevêtre savamment les propres pièces de cette guitare, on lit ici une auteure qui polit son texte exactement comme cet artisan du bois, avec une belle matière de départ, un bois exceptionnel. Et cette mise en scène parfaitement agencée, qui ne manque pas de surprendre le lecteur, avec ces liens qui finissent enfin par se nouer et qui font de ce récit, découpé en parties et nombreux chapitres, une oeuvre finalement très homogène à la sonorité profonde de ce Souvenir de l'été de chacune de ces cinq femmes. Le résumé de la quatrième de couverture le souligne, l'histoire de cette guitare accompagne l'émancipation de Glissando, Ruza, l'Orpheline, Gabrijela, Petra.

C'est l'un des titres de cette fin d'année qui me laissera une impression d'avoir lu un titre exceptionnel, l'auteure a en tout cas touché une corde sensible. Kristina Gavran vient de publier son second roman cette année en Croatie traduit Between en anglais, je prie le saint patron des éditeurs pour qu'il soit publier en France !
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C'est comme de rentrer dans une farandole, et de regarder tournoyer les femmes qui la composent. Elles se donnent la main, sans le savoir, à travers les siècles.
Certaines sont de temps anciens, comme Asha, membre d'une tribu nomade qui tire sa subsistance de la forêt, tribu dont l'existence est menacée par l'expansion continue de groupes sédentaires qui incendient, coupent les arbres, et ne savent communiquer avec les semblables d'Asha qu'à coup d'insultes ou de crachats.

Il y a aussi Ruža, qu'on surnomme tantôt "la marquée" à cause de la cicatrice que sa naissance a laissée dans son cou, tantôt "la tarée" parce qu'elle a tendance à ne pas se comporter comme les autres. Ruža vit dans un village dont les habitants gardent jalousement le secret de l'existence. Les lois de cette petite communauté reculée reposent sur des légendes et des superstitions. La forêt avoisinante, notamment, cristallise crainte et méfiance depuis qu'elle a envoyé un violent avertissement aux hommes devenus trop gourmands. Depuis, le prélèvement de bois, réservé à quelques bucherons qui sont les seuls à y pénétrer, est strictement réglementé. le mari de Ruža est l'un d'eux. le jour où il revient de la forêt gravement blessé, elle est désespérée : le couple avait déjà du mal à nourrir une nombreuse progéniture encore vouée à s'agrandir, si elle en croit les signes que lui envoie son ventre…

Et puis c'est au tour de l'Orpheline, qui un beau matin de son adolescence quitte l'univers forestier des fées pour gagner la ville. Elle échoue à Betulo, riche commune dont les habitants vivent dans l'abondance, où elle est recueillie par un veuf taciturne, ébéniste célèbre pour les guitares qu'il fabrique avec autant de passion que de patience. La jeune fille ne s'effraie ni du mutisme ni des airs bourrus de l'homme, et s'adapte avec aisance et discrétion à l'organisation qu'il lui impose, fascinée par sa manière de travailler le bois.

Gabrijela et Petra complètent la série. La première, femme à la beauté et à la sensualité si exceptionnelles que ses apparitions se parent d'une dimension surnaturelle, devient la muse de Franko, guitariste et compositeur en panne d'inspiration depuis de longs mois. La seconde est guitariste elle aussi, et quelques décennies la séparent de Franko. Petra est une femme d'aujourd'hui, et sa célébrité lui fait parcourir le monde de concert en concert. Lorsqu'elle apprend qu'elle est enceinte, d'un amant régulier avec qui le sexe est un arrangement mutuel et sans engagement, elle affronte un véritable dilemme, la maternité étant incompatible avec ses projets professionnels.

L'intrigue alterne entre les destins de ces cinq héroïnes singulières et déterminées, qui évoluent dans des univers de moins en moins intemporels, l'histoire de Petra s'ancrant dans une actualité qui nous est familière. Les échos boisés et musicaux qui tissent un lien d'abord ténu entre les différentes parties se précisent peu à peu pour conférer sa cohérence à l'ensemble, le présent héritant d'une ancestralité où se niche un merveilleux fécond.

La construction est habile, l'auteure sait jouer de la subtilité et des rythmes du langage pour créer une musicalité qui répond parfaitement à son propos.

Et c'est très beau.
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Merci à Keisha pour cette suggestion de lecture, elle avait su me donner envie et j'ai beaucoup aimé ce roman. Comme Keisha, j'ai recherché les jeunes femmes guitaristes que l'autrice signale à chaque début de chapitre et comme elle, je suis allée de bonheur en bonheur.



Ce roman suit cinq femmes qui sont mêlées au destin d'une superbe guitare construite par un luthier extraordinaire : Albert, je n'ai pas réussi à savoir si ce luthier a vraiment existé ou de quel modèle l'écrivaine s'est inspirée. le récit commence avec une femme qui a planté la graine d'un arbre d'exception : le palissandre. Puis on trouvera celle qui a transgressé les codes de son village pour abattre cet arbre somptueux au creux de la forêt interdite aux femmes. Mais celle-ci a ainsi réussi à sauver sa famille de la faim en ramenant ce bois précieux au village. Nous suivrons ensuite le destin d'une troisième femme qui est appelée l'orpheline car elle est sortie de la forêt sans se souvenir de ses parents. Elle accompagnera Albert dans la fabrication de la guitare en palissandre. L'orpheline accompagnera cette guitare vers un jeune compositeur prometteur, nous suivrons alors le destin de cet homme qui a perdu son inspiration. Il la retrouvera grâce à une femme étrange qui sera notre quatrième femme éprise de liberté et qui recevra cette guitare pour finalement l'offrir à la cinquième femme pour un prodigieux concert. Ce récit est construit comme une composition musicale qui monte vers un moment superbe, avec des reprises et des moments de doutes.
Tout le roman est rempli du rôle des femmes porteuses du pouvoir de donner la vie, l'écriture est superbe et le côté « conte peu réaliste » qui souvent me gêne je l'ai accepté, mais quand même parfois un peu de réalisme m'aurait fait du bien, par exemple, je ne peux pas imaginer comment une femme peut ramener seule un tronc d'un palissandre adulte. Mais je ne dois pas être trop rationnelle pour un livre qui m' a apporté tant d'autres choses.

L'écriture est à la fois légère et puissante, et nous enveloppe dans une musique douce et pénétrante. C'est un livre en dehors du temps ou seulement le temps des rêves, j'ai eu l'impression de revenir au meilleurs moments de ma vie, celui où pour m'endormir on me racontait des histoires avec des fées et une nature avec laquelle les humains avaient des liens qui permettaient leur survie. J'ai retrouvé ces plaisirs intenses en lisant des livres à mes enfants et à mes petits enfants.
Il me manque une dimension pour bien apprécier ce roman, celle de la composition musicale, car le livre suit visiblement une partition de musique . Les moments se nomment Glissando, Pizzicato, Vibrato.
Un superbe moment de lecture hors du temps !


Lien : http://luocine.fr/?p=16954
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Les éditions bleu et jaune éditent des romans européens plus incroyables les uns les autres. Celui-ci est écrit par une écrivain croate de grand talent. Composée comme une oeuvre musicale, la guitare de palissandre dévoile le destin de 5 femmes qui vivent dans des époques et des mondes différents. Elles sont reliées entre elles par le bois du Palissandre réputé pour sa noblesse, son esthétisme, sa qualité et son charme. Ces 4 adjectifs s'appliquent complètement à ce sublime roman qui enchantera votre quotidien.
En France, les noces de palissandre renvoient à un couple célébrant ses 65 années de mariages ! Car le palissandre a bien des atouts. Il est résistant, doux et solide. Les 5 femmes de cette magnifique histoire incarnent ces qualités.
Ce roman est un bien précieux. Vous n'oublierez pas Asha, Ruža, Gabrijela, Petra et l'orpheline. Elles sont comme les délicates fleurs du bois de rose : fragiles, féeriques et inoubliables. Je sais de quoi je parle. de mon enfance, je garde l'odeur subtile de ce bois en mémoire. Ma madeleine de Proust en provenance directe de Guyane.
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En terminant ce roman (un poil les larmes aux yeux, non parce que c'était triste, mais tellement beau), j'ai réalisé sa composition impeccable servie par tellement de petits détails... Cinq femmes: Asha, membre d'une tribu nomade, qui pourtant permettra la venue d'un arbre; Ruza, villageoise femme d'un forestier, sachant faire fi des croyances superstitieuses; l'Orpheline, la mystérieuse servante d 'Albert, un luthier exceptionnel, comme Stradivarius, quoi; Gabrijela, muse d'artistes, attachée à sa liberté, Franko le guitariste s'en apercevra! ; et puis Petra, notre contemporaine, musicienne confrontée à une décision importante. Des personnages attachants.

Les histoires alternent, les fils se nouent, les découvertes surviennent. Chaque chapitre démarre par les références d'une oeuvre pour guitare, avec un interprète. J'ai vérifié pour certaines... Me voilà avec une belle playlist!

Le flou dans les époques et les lieux contribue au charme du roman, avec parfois des bribes d'imaginaire. le fil conducteur sera cette guitare, créée par un homme, mais - sans trop en dire- elle devra beaucoup à ces cinq femmes.
Lien : https://enlisantenvoyageant...
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
"La guitare doit-elle toujours être si seule ?"

De fait, il ne s'était jamais demandé pourquoi la guitare dialoguait si rarement avec d'autres instruments. Elle avait la timidité discrète. Ce n'est que lorsqu'elle était seule sur scène qu'elle se révélait et montrait tout son faste. Parfois, elle se retrouvait en duo avec un violon ou un piano, mais, là encore, elle semblait n'être qu'une escorte effacée. Qu'est-ce que cela ferait de mettre la guitare au centre, tel un joyau sur une couronne, et de l'agrémenter d'autres instruments qui, sous forme d'orchestre, répondraient au thème principal ? Cette pensée le remplit d'élan, réveillant en lui une force sauvage. Il ne quittait plus son bureau, esquissait diverses variations de la forme musicale, élaborait les phrases et travaillait jusque tard dans la nuit. Il essayait des versions de la pièce avec des violons, ajoutait et retirait des instruments à vent, jouait et expérimentait. Il avait entouré la guitare de divers instruments, qui étaient tous en couple. Il avait combiné le hautbois et le basson, le saxophone et le cor d'harmonie, le marimba et la harpe, toute une section de violons ; seule la guitare restait seule.

Les idées se bousculaient en lui, tel un tourbillon, et trouvaient l'apaisement dans le son tendre des cordes frottées. Il noircissait des portées et chantonnait dans l'appartement, et, pendant les moments de plus en plus rares qu'il passait en famille à la maison, il était heureux et de bonne humeur. Tous avaient remarqué le changement à l'oeuvre chez lui, il était évident que quelque chose était en train de se passer.
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Le chef d’orchestre fit un signe de la main, et je me mis à jouer. Bientôt, la clarinette puis l’orchestre tout entier se joignirent à moi. À un moment, il me sembla que la guitare avait pris possession du morceau et s’était mise à raconte sa propre histoire à travers lui. Le public écoutait, concentré, buvant les notes. L’enfant s’était calmé dans mon ventre, comme s’il écoutait lui aussi attentivement une berceuse. Je pouvais sentir la musique résonner dans mon ventre, mon visage, mes pieds.
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Fini le sciage, le ponçage et la découpe. Les sons perçants avaient cédé la place aux chuintements et au vernissage. Il avait commencé par polir toute la surface de la guitare avec un papier de verre très fin, pour en effacer l’empreinte de ses doigts. Puis il avait caressé la guitare au pinceau, lui appliquant un enduit qui renforçait sa fermeté. L’odeur du vernis étouffait le parfum du bois, mais il soulignait sa beauté. Les poils du pinceau, dont Albert affirmait qu’ils étaient faits en queue d’écureuil, se courbaient, laissant derrière eux une trace brillante.
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Oui, les nuages sont magnifiques, mais tout le reste dans les voyages en avion me tape sur les nerfs. Arriver en avance à l’aéroport, faire la queue, des tapis roulants, enlever ses chaussures et vider ses poches, la nourriture d’avion dans de petits récipients en plastique et l’air froid qui souffle pile sur votre tête, le décalage horaire, les hôtesses de l’air aux sourires artificiels, tout ça est si contre nature si inhumain. Si j’avais le temps, je préférerais voyager en train ou en bateau, lentement.
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Depuis déjà d’années, j’avais le même emploi du temps, et je m’entraînais au moins six heures par jour. Même pendant les pauses, au restaurant, dans le bus, au cinéma, mes doigts s’agitaient et répétaient toujours les mêmes exercices. Petite fille, déjà, mon professeur m’avait expliqué que le talent ne suffisait pas, et que c’était la discipline qui faisait la différence entre un bon et un excellent musicien.
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