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sur 2266 notes
FFfF, moi aussi - sur le même modèle - je dégaine mes quatre lettres. FFfF pour « Fuck Fuck fuck Fuck », parce que là, faut exorciser, mais grave ! Alors oui, d'aucuns pourraient trouver ça vulgaire, mais pour ma part, ce que je trouve vraiment dégueulasse, c'est cet alignement de H, je vous laisse juger : HHhH pour « Himmlers Hirn heißt Heydrich », littéralement « le cerveau de Himmler s'appelle Heydrich ». Pouah ! Eh ouais, ça calme tout de suite hein ? Alors comme ça on part du postulat qu'Himmler a un cerveau ? Et où ça le cerveau ? Juste à côté de la croix gammée brandée sur le cul ? Décidément ces (saletés de) nazis ont un certain sens de la plaisanterie qui me laisse songeuse (et vaguement nauséeuse).

Blague et vomi à part, j'ai vraiment beaucoup aimé ce très surprenant livre. J'en ai lu un bon paquet sur le sujet mais un comme ça, jamais. Quelle bonne idée que de lutter contre la tentation de romancer à outrance, quelle bonne idée que d'exposer ses dilemmes d'écriture et le processus d'enquête. Résultat, un bouquin hyper vivant et impossible à lâcher.
J'ai eu l'impression de suivre un cours (ou une conférence) délivré par un professeur comme on n'en rencontre pas souvent dans sa vie (j'ai eu la chance d'en avoir un, un vieil archéologue libanais qui a su rendre vivante et tellement proche la Syrie paléochrétienne que je m'en souviendrai toujours). Laurent Binet nous entraîne dans son sillage, il nous fait partager son obsession et son admiration pour les deux parachutistes de l'opération Anthropoid, Jozef Gabčík et Jan Kubiš (objectif, buter Heydrich).
J'ai eu l'impression aussi de voir un film tellement le découpage est aux p'tits oignons et percutant, Inglourious Basterds vous voyez le genre ? Avec Christoph Walz dans le rôle de Reinhard Heydrich, le fameux cerveau, la Bête Blonde, le Boucher de Prague (sans déconner ça me fait chier de mettre des majuscules à ses surnoms, beurk beurk beurk). Ok je retire ce que j'ai dit, c'est pas sympa pour Christoph Walz. oOooups ! Stop j'arrête mon blabla, je viens de me rendre compte que je dois sortir de ma grotte de temps en temps : en réalité il EXISTE un film tiré de ce livre. Sorry. N'empêche ce que j'ai dit reste vrai, même en lisant simplement le livre on a déjà l'impression d'avoir vu un film. Et en plus maintenant que j'y pense, je le savais que ce film existait, mais comme j'essaye d'avoir le moins d'infos possibles avant de me lancer dans une lecture, j'avais complètement zappé. Bref, rien de grave.

Ce qui est grave par contre, c'est cette histoire, toutes ces choses qu'on arrive encore à apprendre quand on lit sur le sujet, cet inépuisable puits d'horreurs, de monstruosités, plus on en lit, plus on comprend ce que réellement signifie la formule qui peut sembler parfois convenue de "Crime contre l'humanité".
Si je vais un jour à Prague, je ne manquerai pas de faire un pèlerinage sur le lieu de l'attaque contre Heydrich (a priori transformé à présent en une bretelle d'autoroute) et à l'emplacement de l'église où les parachutistes retranchés ont vécu leurs dernières heures.
Terrible et admirable, un livre où on sait dès le début que c'est sans espoir mais où à chaque instant on a envie d'y croire, de leur crier, fuyez, sauvez-vous, tout en croisant les doigts à s'en faire mal... Et, petite satisfaction mesquine avant d'en finir, j'ai l'impression que Laurent Binet n'a pas davantage que moi apprécié la lecture des Bienveillantes qui m'avait poussée à déclarer forfait après 120 laborieuses pages avec un Auf Wiedersehen de soulagement...
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L'auteur Laurent Binet professeur de français marqué par ses années passées en Slovaquie ou il a notamment fait son service militaire retrace dans ce roman l'attentat commandité par le chef du gouvervenement tchécoslovaque alors exilé visant à supprimer le responsable des services secrets nazis Reinhard Heydrich, planificateur de la solution finale dont l'acronyme « HHhH » Himmlers Hirn heisst Heydric veut dire "le cerveau d'Himmler s'appelle Heydrich. Cette périlleuse mission appelée « Anthropoïde » fut confiée à deux jeunes parachutistes un Tchèque et un Slovaque qui au prix de leurs vies ont réussi un acte de résistance courageux qui permet de comprendre la fascination de l'auteur. Très documenté, l'auteur s'approche au plus de la vérité pour retracer l'ascension de ce gosse de riche, mélomane, sportif, militaire dans la marine dont il se fera expulser qui deviendra l'un des pires bourreaux du III e Reich. L'auteur s'attache avec talent à ne pas en faire un monstre de papier car toute cette histoire avec un grand H n'est point une fiction ! Il dit d'ailleurs toute la difficulté de l'écrivain à ne pas romancer tous ces faits historiques en incluant quelques lignes sur sa vie personnelle du moment. Personnellement c'est justement le fait que ce ne soit pas romancé et que l'auteur cherche une certaine vérité qui m'a séduite. Cette période de l'histoire est toujours aussi difficile à affronter même pour moi qui ne l'aie pas vécue, mais je suis convaincue qu'il faut le faire pour ne pas oublier !
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le moins que l'on puisse dire c'est Laurent Binet fait une entrée remarquée et remarquable avec ce Hhhh, récompensé par le Goncourt du premier roman.
Le livre raconte le parcours de ce monstre que fut Reinhard Hendrich (le cerveau de Himmler autre monstre, autre nazi), de son enfance jusqu'à sa mort par deux jeunes tchécoslovaques le 27 mai 1942. le livre de Binet passe de la grande histoire aux propres réflexions de l'écrivain qui s'interroge sur le droit à l'erreur, si sa reconstitution des faits n'est pas tronquée . C'est l'une des grandes forces du livre. Comment appréhender la vie d'une telle pourriture tout en collant au plus près de la vérité historique. Il rend compte comment cet homme (?) est devenu le Reichsprotektor de la Bohème-Moldavie, monstre sanguinaire et qui fut l'un des principaux organisateurs de la mise en place de la solution finale à tel point que l'extermination portera le nom "Akion Reinhard" deux mois après sa mort. Glaçant, passionnant, remarquablement documenté, un livre nécessaire pour rappeler que la barbarie à toujours le visage d'un homme.
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J'ai plongé dans ce roman avec beaucoup de plaisir. L'approche du sujet est originale, et se propose d'interroger sur la légitimité d'un auteur face au récit d'Histoire avec un grand H. le livre s'écarte des sentiers battus, prend des libertés de ton, fait des sauts entre Grande et petite histoire, passé et présent, fait vivre le romancier dans la sphère même de son roman. J'ai trouvé ce choix intéressant, quoi qu'en pensent les détracteurs du livre.
Par son style, à la verve infatigable, le livre ne manque pas de nous saisir à la gorge pour nous guider jusqu'au dénouement.
Le récit n'en est pas moins instructif, et riche en informations.
J'ai apprécié en particulier tous les passages faisant allusion à la culture du peuple Tchèque. Les évocations de Prague, notamment, m'ont transporté. Je n'ai qu'une envie, retourner à Prague pour m'enivrer des trainées de mots que le livre a dispersé dans ses ruelles, pour y traquer les cicatrices encore visibles de l'Histoire. Pour comprendre.

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C'est à un brillant exercice de style que s'est livré Laurent Binet pour son premier roman, en appliquant des règles strictes. le récit raconte une histoire vraie, celle de l'assassinat à Prague, en 1942, de Reinhard Heydrich, le bourreau de Bohême-Moravie, par des parachutistes tchèques envoyés par Londres. Ceci explique l'étrange titre : HHhH est un acronyme qui signifie en allemand, « le cerveau d'Himmler s'appelle Heydrich ». Pour pouvoir écrire un roman où tout est vrai, l'auteur doit parfois se mettre en scène pour rendre compte des conditions d'écriture, de ses choix qui peuvent être contestés. le récit, qui s'étend de 1938 à 1942, est structuré comme un entonnoir. Des chapitres courts, relatant différents épisodes de l'histoire en différents lieux et à diverses époques, créent une impression de convergence en direction de Prague où tout s'achève.

Laurent Binet pose ici plusieurs problématiques : comment raconter l'Histoire sans la déformer, la romancer ? Peut-il exister une vérité historique en dehors d'une quête sans fin ?

Un premier roman incontestablement original et bien réussi, très agréable à lire. le rythme d'écriture de Laurent Binet nous transporte et on se surprend à dévorer ce livre. Et puis enfin, il donne vraiment envie de visiter Prague...
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Un récit fascinant sur la carrière de Reinhard Heydrich au sein des nazis, de 1933 à son assassinat par des resistants tchécoslovaques en 1942.
Amatrice de romans historiques, ce livre m'a plu. le récit est très dense, on sent que le travail de documentation est immense. Dès le début du roman, on est happé par l'ascension inexorable de cette " bête blonde" jusqu'aux plus hautes fonctions du régime nazi. Protégé d'Himmler, il va oeuvrer à mettre en place la solution Finale et participer à une barbarie sans nom.
En parallèle, nous suivons l'histoire de jeunes tchécoslovaque, envoyés à Londres pour etre préparés a effectuer la mission Anthropoïde .
Le but : assassiner Heydrich afin de libérer Prague de son impitoyable emprise. Au fil de la preparation et des difficultés rencontrées par les résistants sur le terrain, en Bohême Moravie, la tension monte... jusqu'à l'action finale puis la cavale.
L'auteur mêle ses réflexions personnelles au récit, ce qui le rend très intéressant.
Cependant,il y a énormément de personnages, je me suis un peu perdue parmi les noms parfois.
Ce livre a le mérite de mette en avant un événement de l'histoire souvent passé sous silence. Pourtant, on mesure l'importance de cet acte, lorsqu'on sait que la prochaine destination de ce bourreau était Paris...
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Fascinant et intelligent. le livre de Laurent Binet est vraiment à part dans le paysage littéraire, en cela qu'il dépasse la simple fiction romanesque pour interroger le travail même de l'écrivain qui plonge son action au coeur d'un épisode historique. Comment être sûr que les éléments qu'il découvre au fur et à mesure de ses recherches n'ont pas été eux mêmes déformés ou romancés ? Comment, de son côté, faire la part entre la réalité des faits et la nécessaire invention propre à la création ? C'est ainsi que l'auteur entraîne son lecteur dans un récit haletant, servi par ce questionnement permanent et un regard plein d'humour qui invitent à s'interroger sur la nature même du récit...
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Le sujet était historique, l'assassinat d'Heydrich, protecteur (sic) de Bohême-Moravie durant la seconde guerre mondiale.
Il faut malgré tout patienter jusqu'au trois quart du livre pour arriver au moment crucial. Les chapitres précédents tentent de manière désordonnée de nous faire découvrir qui était Reinhardt Heydrich, numéro deux dans la hiérarchie SS, et un des principaux organisateur de la " solution finale ".
Par contre nous savons peu de choses sur ces héros de la résistance. J'aurais aimé connaitre leurs parcours.
Je dis de manière désordonnée car l'auteur abuse des digressions.
Il essaie également de nous associer à la rédaction de son texte en nous précisant que ceci sort de son imagination ou que cela est possible mais pas certain. Il affirme certaines choses pour les contredire la page suivante.
Cela m'a paru assez désagréable, c'est une méthode d'écriture inédite mais qui n'apporte rien.
Il se trompe dans des dates ou des faits puis précise qu'il a fait une erreur. Où est l'intérêt ? Vu que le livre n'est pas encore imprimé, il peut corriger son texte.
Je lui reprocherais encore, de trop souvent donner son avis sur les personnages ou les évènements, Nous aurions pu nous en passer.
En bref, un sujet intéressant mais traité d'une manière insolite.
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Roman décrivant l'opération "Anthropoïde" consistant a l'assassinat en 1942 a Pragues de Reinhard Heydrich, chef de la gestapo, par deux parachutistes tchèques.



Peut on réellement parler de roman pour ce type de livre ? Car justement le but de l'auteur est de nous livrer un livre le plus proche possible de la réalité historique donc tout sauf un roman. Au fur et a mesure qu'il nous raconte cet histoire il se met en scène pour nous faire partager ses désirs, ses envies, ses doutes et ses atermoiements sur l'écriture de ce livre. On découvre un Binet qui, au début , sait ce qu'il veut et ce qu'il ne veut pas, un Binet assez rigide. Pour lui, pas question d'extrapoler, ne serait ce qu'un peu. Et c'est un Binet qui juge les auteurs ou les cinéastes qui se sont attaqués a cette période et peu (on peut même dire aucun) ne trouve grâce a ses yeux que ce soit Robert Merle pour "la mort est son métier", Littell pour " les bienveillantes". Il faut du culot (ou autre chose ?) pour se permettre cela quand on écrit son premier roman.Mais au fil du roman on verra un Binet qui découvre les difficultés de respecter son postulat de départ.

Le risque dans ce genre de livre où l'auteur intervient dans son récit pour nous parler de lui et de ses problêmes d'écriture c'est de lasser le lecteur et de couper le rythme du livre. Mais c'est là que le miracle intervient : non seulement ce n'est pas le cas mais je dirai même que ses coupures permettent de nous offrir des moments de pause et de légéreté dans un livre qui traite d'un sujet qui ne s'y prête pas.

L'histoire en elle même est rendu extrêmement passionnante grâce a une construction très habile. Un roman de plus de 400 pages qui se lit comme un thriller et d'une traite . C'est aussi un hommage a ces deux parachutistes eti a ceux qui les ont aidés et qui ont payés de leur vie pour réussir (difficilement) a se débarrasser du "bourreau de Pragues".

Ma note 9/10 pour ce livre très original et d'une rare intelligence.

A noter que ce roman a reçu le "prix Goncourt du premier roman" 2010.
Lien : http://desgoutsetdeslivres.o..
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HHhH est un roman extraordinaire qui mérite l'excellent bouche-à-oreille qui l'entoure
Plus qu'un livre sur Heydrich, il s'agit d'un livre sur l'écriture d'un livre sur Heydrich.
Laurent Binet, jeune professeur de français, marqué par ses longs séjours en Slovaquie et en Tchéquie, nous y raconte ses difficultés à écrire un livre sur "Anthropoïd", cette opération commando organisée par la résistance tchèque de l'extérieur afin d'assassiner Heydrich, le "boucher de Prague".

Aujourd'hui de plus en plus de romans s'écrivent à la première personne.
On a déjà beaucoup glosé sur l'auto-fiction de Annie Ernaux à Catherine Angot en passant par Camille Laurens et Catherine Millet. le moi y est l'objet du roman.
Avec Daniel Mendelsohn, Emmanuel Carrère ou le dernier livre de Delphine de Vigan, on est au-delà de l'auto-fiction : l'objet du roman n'est pas seulement l'auteur et ses affres. L'objet du roman est extérieur à l'auteur mais celui-ci ne s'interdit pas d'y faire des incursions.
Il se met en scène, évoque ses difficultés d'écriture.
En abolissant la distance entre l'objet du roman et la réalité de l'auteur, il produit un choc assez efficace.
Je me souviens de 5 lignes de "Belle du Seigneur", dans lesquelles Albert Cohen annonce au débotté que son roman le gonfle et qu'il va en interrompre la narration pour écrire à un ami
Cette irruption de l'auteur dans la trame romanesque de "Belle du Seigneur" lu il y a près de 20 ans m'est inoubliable !

La multiplication des auto-romans un effet de mode ? une évolution significative dans l'art du roman ? Je n'en sais rien
Mais je dois confesser mon goût très vif pour cette façon d'écrire qui m'a procuré ces dernièrs années mes plus vifs plaisirs de lecture.
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