Mais bien que je visse et j'entendisse ces choses, cependant, à cause de mon irrésolution, de la mauvaise opinion que j'avais (de moi-même), et de la diversité des paroles humaines, je refusai d'écrire, non par obstination, mais pour rester dans mon rôle d'humilité, jusqu'à ce que, par un châtiment divin, terrassée par la maladie, je gardai le lit. Alors, contrainte par de nombreuses infirmités, sur les engagements d'une noble fille de bonnes moeurs, et de l'homme que j'avais secrètement cherché et trouvé, je mis la main à la plume. Comme j'écrivais, comprenant, ainsi que je l'ai dit, la profondeur sublime de l'exposition des livres, je sentis renaître mes forces et je me relevai de maladie. Mais, c'est à peine si, en dix ans, je pus terminer cet ouvrage.
Je dis et j'écrivis ces choses, non selon l'invention de mon coeur ou (sous l'inspiration) d'un autre homme, mais comme je les vis dans les sphères célestes, et comme je les entendis et perçus en vertu des secrets mystères divins. - Et de nouveau, j'entendis une voix du ciel qui me disait : Crie donc et écris ainsi.
O Ignis Spiritus - Chant de sainte Hildegarde de Bingen au Saint-Esprit