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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Ce livre reprend une série d'articles parus dans le Monde. Chacun porte sur un auteur ou une autrice : Albert Camus, Bernanos, Hannah Arendt, Barthes, Raymon Aron, Germaine Tillion... Philosophes, écrivains, sociologues, humanistes en tous les cas, ils sont convoqués sur arrière-plan de guerre d'Espagne ou de 2nde guerre mondiale pour défendre leur goût pour la nuance, la sincérité, et leur haine du totalitarisme qui s'exprime par la prise en otage du langage, par la propagande et l'idéologie.
Cet essai, quoique assez désordonné et parfois un peu laborieux, nous transporte de façon poignante dans les heures sombres du vingtième siècle pour défendre une thèse qui est davantage suggérée que clairement énoncée. Par leur obstination à regarder la vérité en face et à la dire, sans pour autant vouloir démolir ceux qui ne ne pensent pas comme eux, ces auteurs et autrices seraient les vrais défenseurs de la démocratie. Mais le prix serait d'être condamnés à une éternelle solitude.
Cette pensée est bien entendu à mettre en regard de la montée actuelle des populismes, et de l'impact des réseaux sociaux sur le débat public. Si Birnbaum l'évoque deux ou trois fois, cela reste assez subtil. J'aurais pour ma part apprécié une formulation plus explicite de cette théorie sous-jacente.
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Qu'est-ce qui fait qu'un livre qui n'apprend pas grand chose au lecteur, ni sur les éminents penseurs qui en constituent la substance essentielle, ni sur le niveau lamentable du débat dans nos sociétés contemporaines, mérite tout de même d'être lu?
C'est que, s'il ne nous apporte pas beaucoup sur ce qui fait sa thèse, il nous en dit long, paradoxalement, sur quelque chose dont il ne parle pas du tout : ce que doivent être les difficultés et les angoisses d'un journaliste qui occupe une place éminente dans un organe de presse qui contribue largement à créer le climat qu'il déplore dans son livre.
Quand Birnbaum déplore "l'orthodoxie dominante fixée par la gauche" et rappelle ce qu'écrivait Orwell sur les "étiquettes qu'il vous faut absolument éviter de vous faire coller (bourgeois, réactionnaire, fasciste)", quand il appuie sur le fait que "personne n'est à l'abri, même et surtout ceux qui voudraient se réclamer de la gauche sans endosser ses mensonges", n'est-ce pas de lui-même qu'il parle? n'exprime-t-il pas ici une douleur qu'il lui est interdit de faire voir en clair?
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Jean Birnbaum dirige "Le Monde des livres" et a déjà écrit divers essais. Ici, il réagit à l'outrance et aux excès de violence verbale qui règnent maintenant, dans les réseaux sociaux notamment. Pour promouvoir l'usage d'une communication plus intelligente, il convoque quelques célèbres intellectuels du XXème siècle, très différents entre eux: Camus, Bernanos, H. Arendt, Aron, Orwell, G. Tillion, Barthes. Tous ont su trouver les mots justes pour exprimer leur pensée. Tous ont refusé un alignement idéologique outrageusement partisan (et pourtant, certains étaient très engagés politiquement). Et en cela, ils se sont bien démarqués d'autres intellectuels, volontairement extrémistes. J.-P. Sartre se faisait une gloire de choquer et d'insulter; avec le recul, ses postures paraissent absurdes et même risibles. J'aime bien ce qu'écrit J. Birnbaum. Mais j'ai des doutes concernant l'influence actuelle de ces auteurs qui ont eu le courage de la nuance...
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En s'appuyant sur les textes de plusieurs grands intellectuels et écrivains du 20ème siècle, Jean Birnbaum démontre que faire preuve de nuance, n'est pas une faiblesse. Au contraire, il faut du courage pour émettre une opinion nuancée, dans le respect d'autrui, d'admettre que l'on s'est trompé, même s'il faut pour cela renier ses propres convictions, dire les choses avec empathie, parfois avec humour, sans se soucier qu'elle fasse le jeu d'un opposant, reconnaître que celui-ci peut avoir raison. C'est la radicalisation de la parole sur les réseaux sociaux, dans les médias, dans le débat politique ou l'invective, l'affirmation, ont remplacé l'échange d'idées constructif, qui l'ont amené à écrire ce livre.
le premier de ceux qu'il nomme les « héros de l'incertitude », c'est Albert Camus, communiste pour avoir connu la misère, qui dénonce le régime stalinien, alors qu'en France les milieux communistes avec Jean Paul Sartre en tête soutiennent encore la politique de l'URSS. Raymond Aron jeune pacifiste, dans les années 30 découvre la tournure que prend la politique d'Hitler, ralliera très tôt De Gaulle, et sera également dans le premier à dénoncer le goulag. Georges Bernanos, catholique, royaliste, dénonce, dans les « Grands cimetières sous la lune », au mépris de ses convictions, les atrocités commises par les franquistes, ainsi que le silence et la complaisance de l'église chrétienne et de la droite française à l'égard de Franco. Les parcours et les prises de positions de Georges Orwell, de Hannah Arendt, de la résistante Germaine Tillion, de Roland Barthes complètent ce tableau des chantres de la nuance, qui ont toujours préservé une discussion constructive en opposition à la haine par la parole. Construit essentiellement sur des citations ce livre est une vraie bouffée d'air, il conduit à prendre du recul par rapport au brouhaha de notre époque.
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