AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,55

sur 281 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Tableau d'une époque révolue, dans un monde en pleine mutation, alors que mai 68 n'a pas encore réussi à faire disparaître le ronron de l'enseignement : les pédagogies nouvelles font hurler au fou ceux qui tirent encore les oreilles ou font agenouiller les cancres sur des règles métalliques.

C'est en effet au sein d'une petite communauté de profs, contraints au voisinage imposé par les logements de fonction qu'une petite bande de garçons vit sa vie, comme un entrainement pour la future vraie vie, chacun endossant un costume qui ne lui convient pas toujours : on distingue les futurs chefs, les éternels soumis, les dépressifs , qui s'affrontent dans des querelles vaines.

Entre les adultes, les jeux sont plus dangereux : infidélité, commérages, lutte de pouvoir…


Cette chronique des années 70 est réjouissante, riche d ‘événements et de traditions oubliées. Mais c'est aussi une fine analyse des processus évolutifs d'une société qui sort de son ankylose, avec une jeunesse prête à bousculer les codes et décidés à prendre le relais de leurs ainés qui ont cherché la plage sous les pavés, pour se saisir des armes qui leur donneront l'illusion d'un pouvoir sur la marche de l'histoire.

C'est écrit à la façon d'un documentaire, que les personnages qui défilent rend vivant.

On ne s'y ennuie pas une minute, et surtout sans doute quand on a vécu cette période à l'âge qu'ont les enfants de la Grande Escapade.

#LaGrandeEscapade #NetGalleyFrance
Lien : https://kittylamouette.blogs..
Commenter  J’apprécie          952
Brevet des collèges en ...68 , école normale d'instituteurs en 69 , premier poste en 73 , mariage en 75 , service militaire en 76.....Vous pensez bien que j'ai " sauté " sur ce bouquin dont j'ai pensé , à juste raison , qu'il avait été écrit pour moi ....Et puis , Blondel , on aime ou on n'aime pas et moi , j'aime....
Et je n'ai pas été déçu , profitant du talent de l'auteur pour me " vautrer " dans une période qui m'est familière , revivant des situations dont j'aurais pu être le témoin, même si je n'ai pas connu la vie en " collectivité " comme c'est le cas ici , et si la mixité dans les classes a toujours accompagné ma scolarité ....Ah les fêtes de l'école , travail effectivement colossal pour quelques minutes de spectacle qui , aux yeux des parents , servait aussi à
" juger" de la qualité de l'enseignant ....Des parents qui allaient rapidement " faire une entrée fracassante dans l'école " et jeter un regard pas toujours très objectif sur le travail de maitres qui , à leur avis , prenaient tout de même trop d'importance et s'octroyaient bien des prérogatives quant au travail et à la conduite des " chères petites têtes blondes " en route vers une nouvelle période, celle dite de " l'enfant roi " , autonome , responsable .....Ah , nostalgie ....
Et puis il y a ces adultes si différents , jaloux pour certains de voir leur " relation aux enfants " contestée par de nouveaux collègues aux méthodes innovantes et ludiques , suscitant l'admiration de l'inspection , reléguant les " hussards noirs " au second plan au risque de les priver de la récompense ultime , " les palmes académiques " dont a d'ailleurs si bien parlé l'extraordinaire Marcel Pagnol .Ce " passage vers un monde nouveau " ne se fait pas sans grincement , tout se " chamboule " , tout est bousculé , et la société patriarcale explose au grand dam des hommes , bien sûr , mais pour le plus grand plaisir de femmes enfermées jusqu'alors dans un carcan dévalorisant...C'était en 75 . Nous sommes en 2020....Que pensez - vous , mesdames de cette évolution ?....Pour ma part , je me garderai bien de tout commentaire ....Facile ? Oui , mais ...je suis un homme et donc...Mon petit doigt me sussure toutefois qu'il reste " encore du boulot ...non ? J'dis ça, j'dis rien....
Blondel fait vivre cette période à travers des personnages variés et plaisants .Les surprises sont tout de même nombreuses , dramatiques ou cocasses , on rit ou on prend un ton grave mais on ne reste jamais indifférent et , avec cet auteur , on ne sait pas toujours si " c'est du lard ou du cochon " pour reprendre une expression de l'époque .
J'ai beaucoup aimé ce livre pour tout ce qu'il m'a apporté de souvenirs nostalgiques . Être à ma place est un luxe que d'autres lecteurs plus jeunes n'auront peut - être pas même s'il est toujours agréable de " retrouver une école aujourd'hui disparue ". Un roman qui sait faire ressentir " une époque charnière " , post - soixante- huitarde , bien différente de celle qui est nôtre aujourd'hui .Un bon témoignage qui devrait plaire à beaucoup .
Commenter  J’apprécie          9214
Jean-Philippe Blondel revisite son enfance à travers son personnage Philippe Goubert et ressuscite la figure maternelle, enseignante en petite section et directrice, sous les traits de Michèle Goubert. Une scolarité, années 70, dans une ville de province, facile à identifier pour les lecteurs fidèles à cet écrivain apprécié.

Le récit qui met en scène Philippe, gosse de dix ans, dans une position très périlleuse, débute par un insoutenable suspense comme un « cliff-hanger ». De la graine de « Sylvain Tesson », cet adepte de stégophilie !
On suit ce gosse dans son quotidien : l'élève, le fils, et le copain au sein de sa bande.
Le portrait s'étoffe : empoté, gaucher, et surtout enfant non désiré, la mère aurait souhaité une fille. Une blessure pour le môme et des moments de solitude.

La bande de gamins, que d'aucuns nomment « vauriens » est dépeinte dans leurs jeux : construction de leur cabane refuge ; plus dangereux, car flirtant avec la mort, leurs défis de traverser la voie ferrée juste avant le passage du train (sorte de bizutage). « Çà rit, bouillonne, éructe, crie, se bat, méprise le danger et les trouillards ». Leur hiérarchie est décryptée ainsi que l'évolution de leurs liens. Disputes, délitement de ce « groupe solaire » qu'ils ont formé. Ils grandissent et s'émancipent. Toutefois, devant l'épreuve qui les aura mûris, ils vont se ressouder, s'épauler et « adresser un adieu silencieux à l'enfance ».

L'habitat est quasi un huis clos, puisque les familles d'enseignants ont droit à des logements de fonction. de construction ancienne, le couloir menait à chacune des pièces, mais pas de communication entre elles, fait remarquer l'auteur.
Quand en plus l'appartement donne sur les trois cours, cela constitue un poste de vigie idéal pour Geneviève Coudrier, celle qui a tout d'une concierge et aime potiner ! Ainsi, elle va entrapercevoir, subodorer une liaison extra conjugale, espionner et pister ces faux couples.
Le grenier est aussi exploré… Lieu d'où l'on a frôlé des drames.
La cave abrite ceux désireux de se rapprocher, voire de s'étreindre. Et d'aucuns vont imaginer « des scènes torrides » transformant «  le groupe scolaire en lupanar » !

Une galerie interminable de personnages défile : factotum, directeurs,directrice, inspecteurs, familles d'enseignants, élèves, mères d'élèves, dans le même périmètre.
On croise des êtres charismatiques, des autoritaires (façon militaire), des enseignants « vieille école » à la main leste : « touffes de cheveux arrachées, gifles retentissantes, et même « une crème, ce Lespinasse, toujours obéissant, voire servile ».
D'autres, comme Florimont, sont conquis par la méthode Freinet qui va révolutionner l'apprentissage. Avec lui, plus d'autonomie laissée aux élèves.
La dame de service,Reine Esposito, source de scandale, ne passe pas inaperçue. Tout le quartier est alerté et le lecteur est de nouveau dans l'expectative.

L'auteur portraitiste croque aussi les passagers de « l'Arbalète » que côtoie Geneviève Coudrier désireuse de confondre des amants clandestins.
Le récit prend une allure cinématographique quand on est témoin de ce qui se passe dans ce train ! La camera zoome sur les protagonistes d'un wagon à l'autre, suit leurs déplacements et leurs regards ! Alors qu'ils ignoraient leur présence dans ce train, ils se retrouvent tous les 4 au bar à deviser. On les imagine mal à l'aise, car ils n'avaient pas prévu ce scénario. Comique de situations.
Avec ironie, l'auteur effectue un arrêt image sur la «  grosse dame qui parcourt son Télé 7 Jours comme si c'était un Prix Goncourt » !
Certains personnages se découvrent sous une différente facette à travers d'autres regards.


Jean-Philippe Blondel qui connaît bien le milieu de l'Éducation Nationale rend hommage dans ce roman au personnel enseignant, en particulier aux « institutrices dévouées, travailleuses acharnées, infatigables, correctrices, passeuses de savoir.. »
Il ne manque pas d'évoquer la fête de l'école : « c'est toute une alchimie, la réussite » d'une telle manifestation. Il rappelle le moment où la mixité fut introduite dans les classes.

Le romancier prof aborde l'éducation et le rapport maître/élève, enfants / parents, époque où la gifle et la fessée n'étaient pas bannies par la loi. Les magazines traitent d'ailleurs, à la veille de la rentrée d'un sujet récurrent : quel prof ou instit a changé votre vie ? Ne font -ils pas naître des vocations ? On constate ici la mue de Philippe Goubert : « moins craintif, plus déterminé ». Toutefois, faute d'oser se confier à son maître, il choisira, curieusement, en guise de journal intime pour s'épancher...un agenda. Car le besoin de raconter, de retranscrire les récits des autres est en germe !
Julien, lui, est « devenu le meilleur en anglais » pour plaire à sa prof qu'il dévorait des yeux parce «  qu'elle représentait l'Angleterre pour lui » !
le récit interroge sur la transmission et la paternité. Que lègue-t-on à ses enfants ?
La perte d'un enfant et la douleur incommensurable sont évoquées.


Le chapitre au titre prémonitoire « La fête est finie » annonce l'épilogue dramatique. Poignant soliloque intérieur qui prend le lecteur de court et montre comment les allégations, les rumeurs peuvent détruire un individu. Un thème abordé dans Un hiver à Paris. le scandale qui a éclaboussé Lorrain serait-il à l'origine de cette tragédie ?


Avec le recul, l'écrivain porte son regard féministe sur le statut des femmes à cette époque. Ne leur demandait-on pas d'être bonne cuisinière, de savoir repasser pour retenir un homme ?! Il explore les couples légitimes (qui battent de l'aile) ou non : « un couple, c'est un homme et une femme qui se rencontrent charnellement parce que c'est important de se reproduire, et qui vivent ensuite en bonne intelligence, en respectant chacun la liberté de l'autre ». Il révèle des idylles naissantes entre partenaires mariés d'où la culpabilité de l'adultère, des escapades clandestines qui tournent au fiasco! Et les mensonges pour couvrir ces aventures.
Il souligne la violence verbale de certains maris au sein de couples mal assortis.

Le romancier énumère au fil des pages tout ce qui change : l'abaissement de la majorité à 18 ans, la succession des hommes politiques ( Giscard, Barre), l'obligation de boucler sa ceinture (« les accidents de voiture deviennent un fléau national »), on chante Bob Dylan, on danse sur Boney M( rires : « pourquoi pas sur Bonnet C »!). L'anglais fait sa percée, envahit les ondes et même la fête de l'école ! « Ces satanés Yankees vont bientôt coloniser notre langue » !

C'est l'époque où l'on roule en : 403, 204, 2CV, où le magasin de la ville non citée Les élégantes avait pignon sur rue, ainsi que la grande librairie de la Rue Emile Zola !
Il ressuscite le train mythique « L'Arbalète » qui menait à Paris, dont la voiture 4 était un wagon -restaurant. le romancier aubois évoque le lac de la forêt d'Orient censé « jouer le rôle de régulateur de la Seine », la réhabilitation du centre-ville, la transformation « des ruelles noires et sales en patrimoine médiéval ».


Il montre comment le refus d'un de ses textes a conduit Philippe Goudert à se remettre en cause, à prendre conscience de ses défauts et a forgé sa persévérance.
Nombreux sont les auteurs qui se sont vus refuser leurs premiers manuscrits.
D'ailleurs Jean-Philippe Blondel a déjà évoqué cette situation à ses débuts.
A noter qu'ils sont rares les écrivains qui consignent en fin de leur ouvrage une table avec titres de chapitres, si appréciable.

Jean-Philippe Blondel signe un roman aux accents autobiographiques dans lequel il déroule une fresque de la société post 68 si détaillée que maints lecteurs se souviendront avec émotion de leurs propres parcours au sein de ces bouleversements.
Il radiographie le microcosme enseignant avec beaucoup de justesse.
Un récit en partie choral, qui dresse les vicissitudes à surmonter dans une carrière, avec une once de nostalgie, un zeste d'humour. Sa plume quelque peu malicieuse fait mouche ! Une trilogie est annoncée, on s'en réjouit déjà !




Commenter  J’apprécie          300
La grande escapade c'est le we à Paris qui ne va pas se passer du tout comme prévu , surprises au rendez vous .
Le style est très vivant , JP Blondel a un réel talent de conteur .
L'époque c'est le début des années 70 , les écoles deviennent mixtes , les femmes commencent à revendiquer leur indépendance , les jeunes filles ne s'habillent plus comme leur mère comme ça s'est fait pour les autres générations, elles mettent des mini jupes .
On est tout au début de la contestation de l'autorité , ça se voit ici entre les deux instituteurs , Lorrain adepte de la punition corporelle et Florimont aux nouvelles méthodes qui s'opposent .
On part en vacances en France en famille , on ne divorce pas ( encore )
C'est l'enfance qui s'en va tout doucement avec l'arrivée de l'adolescence, un monde disparu à jamais si lointain et si proche à la fois
L'évocation des Rubettes m'a fait sourire , j'avais le disque à la maison et bien entendu je n'ai jamais oublié la mélodie .
Première incursion dans l'univers de Jean - Philippe Blondel et certainement pas la dernière .
Un grand merci à NetGalley pour sa confiance , merci aussi aux Editions Buchet Chastel .
Commenter  J’apprécie          292
Ce roman est aux couleurs de l'enfance, ils sont cinq garçons entre 10 et 12 ans, une petite bande. Ensemble ils habitent presque, puisque un de leur parent est institutrice ou instituteur. Tous logés dans des appartements de fonctions au dessus de l'école des filles et celle des garçons qui est le groupe scolaire Denis Diderot. Oui encore dans cette campagne non loin de la capitale, la mixité n'est pas d'actualité. Mais ce n'est sans tarder, elle vit ces dernières heures, car arrivent dans cette petite communauté qui pense bien se connaître, un instituteur Charles Florimont, missionné par l'inspecteur pour je cite " tirer de leur torpeur tout un groupe d'instituteurs qui s'endormaient, selon lui sur leurs lauriers et en remettaient plus en cause leurs pratiques pédagogiques." Charles Florimont pratique la méthode Freinet qui a pour objectif, entre autre, de mettre l'enfant au centre des décisions. de toute évidence l'arrivée " d'un de ces jeunes barbus joueurs de guitare qui n'hésitent pas à porter des sabots et qui conduisent des 2CV vertes " (sans retouche !!) n'est pas bienvenue.

Histoire de l'enfance de ses jeux, de ses petits soucis existentiels, de ses déceptions comme ses joies .. Et puis histoire d'adulte. Ah ! les adultes qui pensent tout savoir, connaître tout le monde mieux qu'eux-mêmes, qui passent leur temps à émettre des jugements de valeurs en étant persuadés qu'il s'agit d'idées solidement ancrées et fondées, comme le constate avec beaucoup de clairvoyance le jeune Baptiste.... On y rit comme on pleure.

Il va falloir cette escapade en train à la capitale pour que quelques uns se découvrent ... Il faut cet incident incroyable pour que tout bascule ...

Ce roman me fut savoureux à souhait, une lecture très agréable, et aussi, fut une véritable invitation pour moi, d'un retour vers le passé. Effectivement, fille d'instituteur, instituteur engagé, barbus et chaussé de sabots qui n'était pas non plus le bienvenu dans cette école primaire catholique du centre Bretagne, de part ses couleurs politiques, je ne peux qu'en lisant ces pages sur Charles et les autres, visionner mon père et ses collègues dans les mêmes années, mes camardes filles et fils aussi d'instits, mes instits collègues de mon père ... tout un monde qui en lisant ce roman me souffle discrètement à l'oreille qu'un jour je pourrais peut être écrire cette histoire. Certes elle serait bien différente de celle ici racontée. Mais chut patience ....

Un roman qui sous des apparences assez légères, démontrent un monde, là celui des enseignants mais qui pourrait être un autre, car ce que nous y trouvons ce sont des adultes avec toutes leurs complexités relationnelles comme existentielles qui méritent réflexion au delà de toute apparence.
Commenter  J’apprécie          210
Enfant, je jouais très souvent dans la cour de récréation de l'école. Elle jouxtait le jardin du logement de fonction de mes parents, les instituteurs du village. Je n'avais qu'un pas à faire pour profiter de ce vaste espace quand, la classe terminée, les élèves rentraient chez eux. Cette cour ne comportait aucun équipement particulier, aucun jeu (je parle d'une école rurale dans les années 70…) mais juste un énorme tilleul dont il fallait « faire le tour en marchant sur ses racines sans toucher le macadam ». Disposer ainsi de manière presque exclusive de l'espace de l'école me donnait le sentiment d'un grand privilège. C'était d'ailleurs bien le seul car, pour le reste, mes soeurs et moi, étions logées à la même enseigne que les autres élèves. Il n'était pas question que l'on reproche à mes parents le moindre favoritisme et nous le comprenions fort bien.

Cette longue introduction, assez personnelle alors que je n'en ai pas l'habitude, pour expliquer à quel point ce nouvel opus de Jean-Philippe Blondel a pu faire écho en moi. C'est la première fois que je lis un roman contemporain dont le cadre se situe dans l'enceinte même d'une école. Ici, il s'agit d'un grand groupe scolaire situé en ville avec presque une dizaine d'institutrices et instituteurs, et autant de logements de fonction, des appartements qui favorisent une forme de promiscuité. Différentes familles d'enseignants (« les Goubert », « les Lorrain »…) y vivent avec leurs enfants.

C'est avec plaisir que j'ai retrouvé la petite musique de Jean-Philippe Blondel. J'ai toujours des difficultés pour définir avec précision son style alors que d'emblée, je le ressens. Il me semble que cela procède d'une sorte d'imprégnation douce et discrète au fil des pages et non sur le relief singulier d'un mot ou d'une phrase. Par exemple, dans ce roman, il va systématiquement appeler chacun des personnages par son prénom et son nom ce qui apporte un regard tantôt tendre tantôt cocasse mais en tout cas toujours « enrobant » voire nostalgique sur les situations vécues. Les prénoms de la génération des enfants nous plongent au coeur des années 70.

Ces enfants jouent ensemble dans et en dehors de l'école, formant une bande dans laquelle les rôles sont parfois redistribués, surtout à l'aube de l'adolescence où les personnalités s'affirment et se redessinent. Il m'a semblé reconnaître l'auteur à travers le personnage de Philippe Goubert, le fils de la directrice de l'école maternelle. Maladroit et mal compris, il va heureusement bénéficier de l'enseignement d'un instituteur qui pratique avec bonheur une pédagogie façon Freinet. Philippe Goubert y gagne une assurance nouvelle et le goût de l'écriture.

C'est une école en mutation que donne à saisir Jean-Philippe Blondel. Devenue mixte depuis peu, dans la mouvance de mai 1968, elle hésite encore entre, d'une part, un système ancien basé sur une forme d'autoritarisme et une pédagogie descendante et, d'autre part, des innovations inspirées de l'Education nouvelle rendant l'élève acteur de ses apprentissages. Ce changement s'exprime à travers l'antagonisme qui oppose Gérard Lorrain, le directeur de l'école élémentaire et Charles Florimont, Freinetiste convaincu et passionné. Quelles que soient les convictions des uns et des autres, et sans doute parce que je pratique moi aussi ce métier avec des élèves un peu plus grands, j'ai ressenti une profonde tendresse pour tous ces enseignants qui exerçaient dans une société en pleine transformation. J'ai compris leurs doutes, leurs hésitations, j'ai souri de leurs enthousiasmes.

Dans ce roman, les adultes eux-mêmes semblent en questionnement, en bascule entre des tensions contradictoires. On perçoit le poids de l'usure sur ces couples mariés sans doute assez tôt, on comprend particulièrement la fatigue de ces institutrices-mères de famille-épouses à une époque où le partage des tâches n'allait pas de soi. Ces adultes dans la quarantaine, étouffent sans doute un peu, coincés dans leur école et leurs logements de fonction, sous les regards obliques des uns et des autres. Quelles aspirations profondes sont-ils obligés de taire ?

Jean-Philippe Blondel a su montrer avec finesse ces transitions, ces transformations à venir, celles des enfants qui entrent dans l'adolescence, celle de l'Ecole qui doit faire sa mue à l'image de la société et celles des adultes au mi-temps de leur vie. Entourant ces personnages d'une tonalité douce et singulière, l'auteur nous propose ici un roman très réussi que je recommande particulièrement.


Lien : https://leschroniquesdepetit..
Commenter  J’apprécie          150
Année 1975. Alors que c'est une époque charnière pour la France, avec bien des chamboulements à venir, cela n'empêche pas les familles d'instituteurs du groupe scolaire Denis-Diderot d'évoluer à leur rythme et presque en autarcie, tant ils s'y sentent bien. Professeurs et élèves vont se côtoyer dans un quotidien simple mais riche en émotions.

Ce roman a été un véritable coup de coeur pour ma part. Tout m'a plu, j'ai été conquise et je n'avais pas envie de quitter cet univers que l'auteur a su créer. Jean-Philippe Blondel a su plonger son lecteur dans un microcosme scolaire, où les personnages sont attachants et émouvants. Il a réussi à m'immerger totalement dans cette petite société, dans laquelle je me suis laissée emporter sans jamais me lasser.

J'ai beaucoup aimé suivre cette France en pleine métamorphose. L'auteur a su intégrer ces changements à la perfections dans son récit. Ainsi, c'est l'arrivée de la mixité dans les salles de classe, les femmes se battent pour leurs droits. Au travers de personnages simples, l'auteur a su nous parler de ces évolutions.

Les personnages sont touchants, tant les instituteurs que les élèves. Tous sont très bien dépeints et émouvants. J'ai été séduite et j'ai pris beaucoup de plaisir à suivre leurs péripéties. L'histoire est simple, banale, mais pourtant d'une grande profondeur.

La plume de l'auteur est tout simplement parfaite. Jean-Philippe Blondel a un réel talent de conteur. Chaque mot est placé de manière à créer une harmonie parfaite. J'ai dévoré ce roman sans même m'en rendre compte, tant le style est plaisant.

Un véritable coup de coeur pour ce roman simple et pourtant très profond. J'ai adoré me plonger dans ce microcosme scolaire, pendant une période où la France se métamorphose. Un roman à ne pas manquer.
Lien : https://mavoixauchapitre.hom..
Commenter  J’apprécie          150
Parce qu'un jour Philippe apprend que Janick a dit qu'il « faisait des manières », son monde s'écroule. Quand on a dix ans, certaines paroles peuvent comme ça provoquer un tsunami intérieur, une prise de conscience, un sursaut amenant à gérer différemment ses frustrations. Janick c'est la mère d'un copain, Philippe l'admire, elle a quelque chose, une élégance, une distance par rapport à leur petit monde. Nous sommes en 1975, dans une petite ville à quelques encablures de Paris, dans un univers de parents instits. L'une dirige l'école maternelle, l'autre enseigne aux CM2, tous gravitent dans le milieu scolaire et y vivent, même. Les appartements sont de fonction, c'est un vase clos avec un petit air de familistère. Les enfants y grandissent, se chamaillent, se brouillent. Les adultes s'y conforment, y étouffent, flirtent avec l'adultère. C'est une époque où la mixité scolaire se met tout juste en place (avec réticences), où l'on sent un frémissement quant à l'évolution de la société, même si la condition féminine est encore très calibrée… Jean-Philippe Blondel nous propose ici un roman très différent des quatorze précédents. Sa plume y est alerte, précise, ses personnages éclatent de vie et nous font pénétrer avec une grande facilité dans leur monde. Pas de drame existentiel ni de situations tire-larmes, juste la vie, les gens, nous. Et c'est super réussi.
Commenter  J’apprécie          140

Dans ce roman, Jean-Philippe Blondel nous replonge en 1975 dans un microsome bien particulier, celui d'un groupe scolaire en province. Nous suivons le parcours de Philippe, élève de CM1 et de ses copains, tous fils et filles instituteurs(trices). Avec beaucoup d'humour, l'auteur retrace à la fois, le parcours de ces enfants, les relations entres leur parents et les enjeux de la société de l'époque: pédagogie Freinet, mixité obligatoire cette année-là.
Bien que les personnages soient bien marqués: le directeur, très sévère et "vieille école", Geneviève, l'institutrice doublée d'une commère qui sait tout sur tout le monde et est atteinte d'espionnite aiguë etc, l'auteur ne tombe pas dans la caricature, le vent du changement souffle et petit à petit les personnages vont oser s'affirmer. le nouveau venu, protégé de l'inspecteur, verra les résultats d'une nouvelle pédagogie sur l'épanouissement de ses élèves. Les femmes, Michèle et Geneviève ainsi que Janick glisseront sur la vague d' l'émancipation féminine, en écoutant leur corps avec un amant ou en gravissant l'échelle sociale...
Moi même fille d'institutrice, ayant vécu dans un appartement de fonction les premières années de ma vie, j'ai retrouvé avec délice l'ambiance de la cour d'école après la classe , de la fête de fin d'année.... J'ai beaucoup et en ce moment ce n'est pas si souvent, une jolie parenthèse!
Commenter  J’apprécie          107
Ayant vu le jour dans les années 70 dans un logement de fonction attenant à l'école, j'étais prête à en découdre si la moindre erreur se glissait dans les pages de la grande escapade ! Mais rien, pas le moindre petit reproche à me mettre sous la dent. C'est un roman plein de fraîcheur, un petit bonbon acidulé. J'y ai retrouvé les préoccupations de l'époque, la remise en cause de méthodes éducatives musclées si appréciées alors, les jeux et les questionnements des enfants que nous étions, les discussions des parents, enseignants pour la plupart. Blondel, avec son écriture si fluide et si facile à lire, dresse des portraits touchants et absolument justes. Je ne trouve rien à redire, comme si nous avions vécus la même vie ... c'est étrange quand on y pense. Bravo monsieur Blondel et merci pour cette plongée dans un passé que j'ai pu appréhender différemment, maintenant que "je suis une grande".
Commenter  J’apprécie          100




Lecteurs (626) Voir plus



Quiz Voir plus

Jean-Philippe Blondel (assez facile pour les fans)

Année de naissance ?

1964
1970
1976
1982

12 questions
68 lecteurs ont répondu
Thème : Jean-Philippe BlondelCréer un quiz sur ce livre

{* *}