Aujourd'hui je vais évoquer La mort essai historico-anthropologique de
Fanny Bocquentin. L'auteur est archéologue et dans ce court ouvrage elle dresse un passionnant panorama du rapport des vivants aux morts au fil du temps et de l'espace.
La mort a besoin d'une définition qui n'est jamais simple à formaliser. Certes il s'agit de la fin de la vie, comme l'opposition évidente entre ces deux états mais le constater et le certifier n'est pas simple. En la matière les progrès de la médecine sont indispensables pour caractériser la mort (fin des battements cardiaques, cessation de l'activité cérébrale) et la nommer avec certitude. Une peur ancestrale est de déclarer de façon fausse une mort avec le risque du réveil du mort. le travail de
Fanny Bocquentin dans ce livre nullement macabre consiste à scruter le sort qui est réservé aux morts dans les différentes civilisations. Elle situe chronologiquement les premiers rites funéraires qui sont considérés comme une forme d'humanisation, une différenciation avec le monde animal. le mort devient un cadavre dont le sort est variable : enterrement (avec ou sans embaumement), crémation, exposition à l'air libre pour que les charognards dévorent les chairs. Selon les sociétés et les croyances le corps mort n'est pas traité identiquement. En neuf chapitres La mort offre une passionnante réflexion qui mêle les défunts et les vivants. Les uns restent au contact des seconds et les influencent, peuvent guider leurs actes. Les cimetières ont une histoire, depuis les débuts de l'humanité les morts et leurs restes sont omniprésents. Sous nos pieds reposent des ossuaires, des fosses communes, des restes épars.
Fanny Bocquentin est pédagogue, elle décrit sans fard les étapes du pourrissement, de la décomposition ; les os même brûlés demeurent sous forme de cendres, la fin n'est pas synonyme du rien. En tant qu'archéologue elle est intéressée par les traces qu'elle et ses collègues savent faire parler pour reconstituer et mettre en exergue les rites funéraires les plus anciens : tombes, dolmen, pyramides, jardins du souvenir ; d'une façon ou d'une autre c'est la construction de lieux de mémoires pour se souvenir, ne pas oublier. Quelques cérémonies de funérailles restent exceptionnelles comme celle de
Victor Hugo, mais force est de constater que pour la plupart après quelques générations l'évocation se dilue puis s'efface. La mort est joliment illustrée et le dernier chapitre met l'accent sur les représentations (picturales et sculpturales) au Moyen-Âge.
La mort est un essai très accessible, une synthèse didactique sur le concept de mort, le phénomène de deuil associant la douleur et la souffrance avec de nombreux rituels (les pleureuses, la couleur des vêtements, le fleurissement des tombes) qui sont abordés et traités. le lecteur découvre à la fois des invariants et la multiplicité des rites et croyances.
Voilà, je vous ai donc parlé de la mort de
Fanny Bocquentin paru aux éditions CNRS.
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