Qu'une écriture se ferait comme on grave une plaque, et aurait dès le départ son cadre de matière lentement fabriquée, pain carré sorti de fusion puis élongé au laminoir enfin roulé et puis la découpe et le polissage, la matière même extraite loin à ciel ouvert de la peau même de la vieille terre et sa croûte par des machines jaunes enfin concassées puis fondue et purifiées, l'écriture est un cuivre -
Comme sur les navires la matière noble et dans la main très lourde du bronze obtenu par alliage -
L'écriture serait placer devant soi le métal et y plonger les doigts, y faire trace avec les ongles ou bien seul souffle des syllabes dans le monde interne de sous la coque d'os silencieusement vocalisée et une à une l'une sur l'autre frottées comme on arrache ou qu'on éprouve une dernière résistance et c'est ce jeu seulement qui sur le métal devant soi brillant ferait lentement disposition et image -
Et la disposition même devenant élément principal de ce qu'on cherche sous les os du crâne pour le rythme tombe en phase, et l'image serait fugace puisque n'ayant pour les morts ni stylet ni burin et rien que cette vocalisation sourde et qu'on n'oserait pas même chuchoter, un assourdissement dans le silence et le pur rapport de solitude dans l'instant, face au métal blanc et l'image qui lentement se fait et qu'on ne saurait pas retenir -
Qu'on ne saurait pas retenir hors en continuer profération lente, éprouver en soi le non maîtrisé et l'obscur de ce à quoi cette image précisément s'attache et la rend obligatoire,nous dépossède de tout sens et dans la cage d'os même, on marche sans rambarde -
Alors la profération des mots dans l'égalité une instant du travail sur la plaque - un trait noir sur une immensité de blanc et la totalité même finie des traits noirs, là où se fabrique l'ombre la plus dense par le plus serré rapporté géométrique des traits, encore un tissu d'enfoncements noirs incapable de vaincre le blanc et tout ce qu'il y a à dire du monde au plus près -
L'incapacité même de mettre un point ou inscrire un arrêt, tenir par les tirets la seule lancée qui soit épouser du métal le cadre et la surface pour y tenir les formes, chercher encore l'alliance -
A l'occasion du salon "Rendez-vous de l'histoire" à Blois, rencontre avec François Bon autour de son ouvrage "Sapiens à l'oeil nu" aux éditions CNRS.
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Note de musique : © Scott Holmes
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