Les souvenirs classés sous leur forme explosive et luxuriante (Eloges), l'acte de maîtrise de soi accompli (Anabase), le tourment de la chair et de l'esprit crié (Exil), il restait à Saint-John Perse d'écrire une cosmogonie. "Vents", poème de cent dix pages et de quelque deux mille cinq cent lignes, ne représente rien moins qu'une réinvention de l'univers qui commence dans la nuit des formations pré-gazeuses, et finit dans les catastrophes géologiques situées au-delà de l'entendement humain.
"... Toujours il y eut cette clameur, toujours il y eut cette splendeur,
Et comme un haut fait d'armes en marche par le monde, comme un dénombrement de peuples en exode, comme une fondation d'empires par tumulte prétorien, ha ! comme un gonflement de lèvres sur la naissance des Livres,
Cette grande chose sourde par le monde et qui s'accroît soudain comme une ébriété.
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Poésie - Une graine voyageait - Alain BOSQUET