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EAN : 9782070322305
187 pages
Gallimard (12/10/1982)
3.7/5   10 notes
Résumé :
2070322300
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Anatole Bisk, dit Alain Bosquet (1919-1998) fut un poète et écrivain français d'origine russe. Je ne le connaissais pas; j'ai découvert ce livre dans les rayons de ma bibliothèque municipale. Comme l'indique le titre du livre, le poète nous propose des sonnets. La forme traditionnelle de ce genre est apparemment respectée, mais c'est trompeur. L'auteur ne se soucie pas de la rime; la phrase commencée dans un vers s'achève souvent au vers suivant. Bosquet aurait très bien pu écrire les mêmes textes sous forme de prose. Par ailleurs, on ne trouvera nulle délicatesse dans cette poésie. C'est volontaire et le poète l'assume bien dans son introduction: « Je réclame le droit à la violence et à l'angélisme, inextricablement unis ». Et, donc, on trouvera ici ou là des mots très crus (plutôt que violents), qui peuvent surprendre. En somme, pour le poète, il faut écrire au diapason du monde moderne plutôt brutal – car on n'est vraiment plus au temps de Ronsard ! Mais, au-delà de la provocation, j'y ai souvent décelé de la fantaisie et de l'humour. Quand un de ces poèmes est bien tourné, il m'apparait comme une réussite. Dans le cas contraire, il me semble presque consternant.
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Il faut une certaine ironie pour joindre dans le même titre "fin de siècle", l'extrême modernité si l'on veut, et la forme ancienne du sonnet, même modifiée (ironiquement) selon l'esprit des libertés formelles modernes. Dans l'esprit de cette ironique entreprise, l'auteur s'ingénie à créer de fortes tensions entre ses sujets et la forme adoptée, et les réussites poétiques sont nombreuses dans son recueil. On lira aussi ce recueil pour apprécier le refus de l'hermétisme et de la page blanche où sont jetés quelques mots, manies de la poésie contemporaine, sa nouvelle rhétorique pompière. La poésie renoue avec le plaisir.
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La poésie d'Alain Bosquet, dans ces sonnets, est assez étonnante. La langue se délie, explorant des univers atypiques. Bon nombre de textes sont des portraits qui plonge dans les tréfonds de l'humain trop humain: portrait d'un jeune aristocrate, portrait d'un velléitaire, les désabusés, etc. J'ai trouvé ces tableaux criants de vérité. L'auteur ne mâche pas ses mots pour nous renvoyer à ce que nous sommes. Ces poèmes sont ainsi particulièrement actuels.
Alain Bosquet parle du corps et de ses muqueuses, oublieux de la "nature dénaturée". C'est la désillusion: "Si vous croyez que le sureau prend des vacances! "
L'auteur interroge les mots, leur sens, leur profondeur et leur discrédit. Lui, connaît la lucidité qui accompagne le poète, mais aussi sa solitude. "Pourquoi faut-il que la parole ait un sens, quand la chair se couvre de jurons?".
Les mots s'assimilent; les poèmes sont mangeables... comestibles. le poète met donc tout à la bouche. Il est assez similaire à l'enfant. Il "déchire son livre favori, sa cantate et sa prose". "Pour devenir poète, il faut être imbécile, comme est sotte cette aube à se croire lumière"
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation

Tous les enfants, vous le savez, sont des navires
qu'un proverbe pareil aux brises les plus douces
conduit, syllabe après syllabe, au continent
où les pingouins dorés racontent des poèmes.

Tous les enfants, vous le savez, sont des bouleaux
qui dans la nuit, en demandant pardon, écartent
leurs branches, leur écorce, et vont, jusqu'au vertige
danser sur la grand-place, au milieu des poulains.

Tous les enfants, vous le savez, sont des comètes
venues nous rendre hommage au nom d'un autre azur,
d'une autre vérité, d'une autre fable; et nous,

adultes par défaut, saurons-nous les convaincre
de s'attarder ici, le temps d'un bref bonheur,
avant de repartir chez les étoiles folles ?
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Déchéance

Et maintenant, il faut soigner sa déchéance
comme une chatte aveugle à qui, trois fois par jour,
on porte une souris. L'effort serait fatal
à l'âme prisonnière entre ses pots de chambre

et ses terreurs. La chair se transforme en boudin,
et le regard a des secousses de wagons
dans une ville où ne vont plus les voyageurs.
Un souvenir surgit, pour laisser sur la peau

un furoncle tout jaune. Un livre perd ses pages :
on y fut l'amoureux, le soupirant, le prince
à jamais éconduit. La pensée fait sous elle

et la musique incontinente a des glouglous,
pareille à cette urine entre deux lits brûlés.
On n'a plus les moyens de s'offrir un squelette.
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INTERETS ET PROFITS (Alain Bosquet)

Si vous avez un cœur, c'est simple: faites-lui
de la publicité, dans les hebdomadaires
et les journaux. Si vous avez, fût-il très vague,
avec un petit bruit de branche qui s'émeut

là-haut sur le tilleul, un semblant de beau rêve,
avertissez les mass média. Si vous avez
dans le coin du poumon un soupir qui s'agite,
ne le gardez jamais pour vous: d'autres messieurs

voudront connaître un homme aussi sensible et fin.
S'il vous vient une joie, vendez-en la recette:
le siècle est à l'affût de tous les produits neufs.

Si vous avez une âme et qu'elle est présentable,
nous vous recommandons un comité d'experts
qui vous dira comment on en tire profit.
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Le poète comme meuble

Le poète appartient aux objets ménagers ;
on le trouve parmi les sécateurs, les pneus,
les robinets, les clous : troisième étage à gauche,
dans les magasins, où il est disponible

à des prix modérés. Tous les chefs de rayon
en connaissent l'emploi. Une brochure bleue
vante ses qualités. Il lui faut peu de place :
un mètre cube, au maximum, dans la cuisine.

Le modèle courant consomme du pain dur
avec un quart de vin. Par un jour de souffrance
ou de malheur, il peut rendre de grands services

car sa spécialité, c'est un air de printemps
irrésistible et doux, qu'il répand sur les murs,
la machine à laver, le réchaud, la poubelle.
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Moi je n'existe pas : c'est le peuple qui compte, et l'usine trop froide, et le pain trop salé, le métro dans le crâne et la lune moqueuse comme une pomme jaune où dort la
pourriture.

Moi je n'existe pas : je traduis la terreur

de la main qui se tend sans trouver d'autre main,

de l'oeil qui voudrait voir un œil venir à lui,

du mot perdu parce qu'un mot soudain lui manque.

Moi je n'existe pas : j'évoque la justice, le platane amical, la rosée qui est tendre, le travail devenant une fête au soleil.

Moi je n'existe pas : si mon absence émeut quelques-uns d'entre vous, c'est que je vais revivre, outil de chair dont vous ferez un bon usage.
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Poésie - Une graine voyageait - Alain BOSQUET
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