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Inclassable Camarade Bofbof! Complètement déjanté. Entre fantastique, comique ou satirique, le hic, c'est qu'on ne voit pas où on va! Comme le héros , dans l'antre de la folie ? Une nouvelle qui nécessite pour sa compréhension de connaître le contexte dans lequel Boulgakov écrit. La Russie des années 20 et sa bureaucratie. A partir de là, on va peut-être pouvoir en apprécier la finesse de l'écriture. Peut-être !
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Une fois de plus, Mikhail Boulgakov nous dépeint avec force details rocambolesques la bureaucratie russe au travers d'un conte satirique mettant scène des personnages imaginaires aux côtés d'un pauvre directeur de bureau qui après plusieurs jours d'errance et de désillusions finira par perdre la raison.
Une façon pour l'auteur de désavouer et condamner la machine administrative gigantesque et inhumaine.
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Ce récit délirant sent le soufre et vous fait perdre la boule. Je vous aurai prévenus.

Endiablade ou Comment des jumeaux causèrent la mort d'un chef de bureau fit une entrée tonitruante sur la scène littéraire soviétique. le début de la gloire et des persécutions pour le jeune Boulgakov qui avait abandonné la médecine pour se consacrer à l'écriture. L'ouvrage fut publié dans l'Almanach Nedra en 1924 puis retiré de la vente un an plus tard sous l'influence de la critique prolétarienne. Celle-ci condamna le pamphlet antisoviétique. Mais une partie de la critique défendit Boulgakov. Les modérés virent en lui le continuateur des satiristes du XIXe qui s'étaient attaqués à la bureaucratie à la suite de Gogol (le Manteau, le Journal d'un fou). Les modernistes saluèrent un talent prometteur. Evgueni Zamiatine écrivit dans les Izvestia :"L'auteur, sans aucun doute, a été bien inspiré de choisir pour cadre un fantastique, enraciné dans la vie quotidienne, rapide, comme dans un film »(...) » on peut s'attendre à du bon travail ». Endiablade s'inscrit dans la tradition et annonce par bien des aspects le Maître et Marguerite.
Pour le résumé, tout est dans le titre !
Bartholomé Korotkov (« Petit homme ») est un petit blond paisible, un brin candide, qui compte bien terminer sa carrière à la Glavtsentrbazspimat (spimat en abrégé, Premier Dépôt central de matériel pour allumettes ) où il est chef de bureau .Mais, le 21 septembre 1921 le caissier arrive avec une poule dans les bras. Il n'y a plus d'argent. Les salariés seront désormais payés en produits de la firme. Trois jours plus tard en effet, le camarade Korotkov rentre chez lui avec de jolis paquets colorés qui contiennent... des allumettes. Mais, il est d'un naturel optimiste le brave Korotkov et compte bien les vendre. Il se rend chez sa voisine, en larmes car elle a été payée avec quarante six bouteilles de liquide rouge. de l'encre ? Non, du vin de messe ! Elle lui apprend que ses allumettes sont de mauvaise qualité car elle ne brûlent pas. Inquiété par les allégations de son idiote de voisine, Korotkov retourne dans sa chambre et teste les allumettes. L'une d'elle se fiche. dans son oeil gauche. Mais il ne se démonte pas car est vaillant et persévérant, il se fait un beau pansement et toute la nuit il craque des allumettes à la flamme verdâtre. Il réussit à en allumer soixante-trois, de quoi détromper son idiote de voisine et défendre l'honneur de la Spimat. Au matin, la chambre est remplie d' une étouffante odeur de soufre. Il s'endort. Il rêve d'une énorme boule de billard vivante et munie de jambes. Il se réveille, il lui semble bien qu'elle est toujours là et qu'elle répand une forte odeur de soufre puis elle s'évanouit et il s'endort, cette fois-ci pour de bon. le lendemain, au bureau un tout petit homme chauve large d'épaules lui apparaît dans un pré vert, le bouscule et le dispute vertement. Korotkov lui répond. Or c'est le nouveau chef de service Kalsoner, le bien nommé. Korotko va commettre sur ce nom une confusion croquignolette qui lui vaudra d'être injustement renvoyé. Ce qui s'en suivra sent le soufre et sera mené à un train infernal jusqu'à la fin annoncée.

L' histoire comme le remarque Zamiatine est enracinée dans les folles années 20 post-révolutionnaires. Il n'y a pas d'argent et les gens sont payés en nature, ils changent sans arrêt de travail du jour au lendemain, virés par de petits chefs virés à leur tour. de vrais pickpockets agissent dans les transports publics et volent les papiers des gens. Les produits manufacturés sont de mauvaise qualité. Les camarades vivent entassés dans des appartements collectifs surveillés. Les gens qui critiquent le système sont ostracisés, culpabilisés, broyés.
Endiablade est une nouvelle fantastique et tragique. C'est le récit d'un cauchemar ou le journal d'un fou-schizophréne . En tout cas le texte est délirant, plein de rythme, de fantaisie et d'humour caustique mais il est terrible. Quand le paisible Korotkov reçoit dans l'oeil l'allumette, il ne réagit pas tout de suite. Il fait apparaître la boule chauve qui diffuse l'odeur de soufre, à cause de son zèle stupide à faire craquer les allumettes, complice du système qui causera sa perte. le texte jusqu'alors plausible plonge dans le fantastique absurde et débridé. les corps se déforment, se dédoublent, les personnages apparaissent puis disparaissent à un rythme effréné. Limogé arbitrairement, Korotkov poursuit son directeur mais il ne parvient jamais à mettre la main sur un corps qui lui échappe, qui change de forme, qui change de nom, qui l'entraine d'escaliers en ascenseurs jusque dans une tour administrative labyrinthique dotée d'une centaine de portes avec des employés interchangeables. le lecteur lui même s'y perd car les noms changent et leurs référents sont de moins en moins évidents. Korotkov étouffe et fuit à son tour des policiers qui l'ont pris pour un autre et le poursuivent implacablement. le rythme du récit accélère encore et devient un tourbillon endiablé.
le diable c'est donc la machine bureaucratique totalitaire qui dans l'esprit pour le moins embrumé de Korotkov prend l'apparence d'une force diabolique protéiforme irrésistible. Les motifs maléfiques et apocalyptiques sont très nombreux. On les retrouvera dans le le Maître et Marguerite.
Un petit livre diabolique qui vaut la peine d'être découvert.
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Endiablade de Boulgakov est un court récit sur un chef de bureau en 1920 dans l'union soviétique. Il se fait licencié et sombre dans la folie.
A vrai dire, je ne sais pas si c'est la plume de Boulgakov qui me déplait ou tout simplement le récit sans queue ni tête dont je n'ai compris qu'un tiers.
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Plonger dès les premières lignes dans les pérégrinations du camarade Korotkov, chef de bureau titulaire au Dépôt central de matériel pour allumettes, place d'emblée le lecteur dans l'absurde le plus échevelé.
Malgré le titre, pas de maître ici pour incarner le diable, pas de Marguerite, mais la réalité travestie d'une bureaucratie tatillonne et inhumaine. Les individus, hommes et femmes sont ballotés au gré d'arbitraires invisibles et néanmoins bien pesants, payés en nature et condamnés à la misère, ils perdent leur emploi sans préavis, abandonnent leur identité dans des amalgames de noms qui les font disparaître, ils deviennent invisibles. Ceux qui donnent des ordres par contre tirent les ficelles du jeu macabre, ils ont l'aspect de bêtes immondes, ils dominent sans partage une comédie humaine bien dérisoire.
Un texte court et corrosif, glaçant par son caractère visionnaire de ce que deviendra l'héritage de la révolution bolchévique après la NEP.
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Si on ne doute pas que Boulgakov avait lu Kafka et que Goscinny avait lu Boulgakov, on se demande parfois comment tout ça a pu se mélanger avec les scènes les plus hallucinées de Las Vegas Parano. Parce qu'Endiablade (1924), c'est exactement ça : l'improbable rencontre de la Métamorphose et des 12 Travaux d'Astérix sous hallucinogène. La maison qui rend fou au jeune pays des Soviets.

C'est une courte nouvelle qui porte en germes les prémices du Maître et Marguerite. Boulgakov entame à peine sa carrière d'auteur, l'écriture est encore un peu maladroite, un peu fébrile, mais son style gentiment qualifié de fantastique par nombre de ses lecteurs est déjà certes satirique mais surtout complètement halluciné.

Boulgakov est l'haruspice des Soviets : il décortique les entrailles de leur pouvoir tout neuf et en tire de sombres présages, et nous savons désormais qu'il voyait juste.
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Dans les premières années de l'Union soviétique, les bureaux de l'Etat n'ont pas encore d'édifice attitré. Une ancienne école militaire héberge divers services. Il peut arriver qu'une section entière déménage, le personnel transportant chaises et machines à écrire... le jeune Korotkov, lui, travaille dans un service qui coordonne la répartition des matériaux constitutifs des allumettes. La verve satirique de Mikhaïl A. Boulgakov s'exprime à plein dans ce court récit.
A un moment, Korotkov et ses collègues ont un nouveau chef. Ce dernier affiche une note interne. Korotkov, pas des plus futés à Moscou, commet une erreur de lecture qui fait rire ses collègues, d'abord. Mais la suite se révélera bien moins drôle pour Korotkov: le nouveau chef n'aime pas se sentir ridiculisé... Korotkov réalise trop tard son erreur d'interprétation.
Déboussolé, Korotkov court après son supérieur. Il le perd de vue puis croit le rattraper. Mais quelque chose ne colle plus: c'est lui... et ce n'est pas lui. Déjà ahuri de ce qui lui arrive, Korotkov perd pied.
Bien aimé ce récit pourtant assez kafkaïen. L'histoire d'une chute.
Lien : https://www.bookcrossing.com..
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Korotkov est chef de bureau titulaire au premier Dépôt central d'allumettes. L'homme est persuadé d'être indéboulonnable, mais bientôt son assurance subit un démenti cinglant. Après avoir reçu en guise de salaire des paquets d'allumettes, invendables de surcroît (ce qu'il découvre en manquant de perdre un oeil pour en avoir imprudemment gratté une) il est licencié sous un prétexte futile.

À partir de là K. qui poursuit son chef pour avoir une explication va se heurter à un monde fou. Sur sa route des secrétaires blondes qui courent de cage en cage, un type couché sur une table qui téléphone, une vieille femme qui pèse un poisson séché et malodorant. Jusqu'à son chef qui s'est dédoublé...

K. veut comprendre, mais il est en but avec un système — peuplé de gens bizarres — qui le dépasse et le rend fou. Alors, assuré de son bon droit mais aspirant à la tranquillité, il décide d'abandonner : « Je me trouverai une autre place, une bonne place où j'aurai un travail paisible et sans histoire. Moi, je n'embête personne, et personne ne m'embête. Et je ne porterai pas plainte ...». Seulement ce n'est pas si simple...

Parue à Moscou en juillet 1925, cette nouvelle fantastique pleine d'humour est vite confisquée et retirée des librairies. À l'évidence les censeurs ont vu là une satire de la bureaucratie soviétique, dont l'absurdité et la diablerie poussent l'homo sovieticus, au mieux, à renoncer à ses droits. Comme Boulgakov qui accepte un poste subalterne dans un théâtre, après que Staline lui a refusé l'exil, alors même qu'il lui est interdit de vivre de son métier d'écrivain.

Challenge MULTI-DÉFIS 2021
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Après lu le formidable Maître et Marguerite, j'avais envie de retrouver la plume de Boulgakov et j'ai été gâtée ! Il excelle toujours autant à nous transporter dans son monde. Un véritable petit bijou et surtout je le conseille pour ceux qui n'oseraient pas se lancer dans son grand roman.
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Une autre nouvelle de Boulgakov qui se veut satirique de l'administration soviétique.

Korotkov, un modeste employé d'une usine d'allumettes, est renvoyé du jour au lendemain par un nouveau chef tyrannique. En essayant de récupérer son poste, il se perd dans les méandres d'un système tentaculaire avant d'en perdre tout à fait la raison.

Il s'agit comme à l'accoutumée d'une nouvelle efficace de Boulgakov avec un style fin, sec, rythmé sans temps mort. Parfois malheureusement un peu confus comme on lui reproche dans ses oeuvres plus secondaires. La sensation d'oppression ressentie par le personnage principal est très bien communiquée au lecteur. La qualité la plus grande de ce livre selon moi est l'humour omniprésent de Boulgakov. Ainsi, le patron "avec une tête d'oeuf dont la partie pointue regarde vers l'avant", les allumettes, les culottes etc ne manqueront pas de vous faire sourire.
La satire quant à elle est, comme d'habitude chez cet auteur qu'on ne présente plus, cinglante. Il y dénonce l'absurdité d'une administration violente, corrompue et inefficace à la manière de Coeur de Chien ou J'ai tué.

Il s'agit donc là d'une courte nouvelle, plaisante, intéressante historiquement et pour connaître l'ensemble de l'oeuvre de Boulgakov. Elle est toutefois assez difficile à suivre, confuse, et trop courte pour montrer l'ensemble du génie de l'auteur russe. Ainsi, les non-habitués au style de Boulgakov qui mêle tragique et comique, réel et fantaisiste, commissaires communistes et cochons volants pourront être déroutés.

C'est une oeuvre qu'il faut lire après avoir lu les autres inventions de Boulgakov.
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