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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce que m'évoque le premier tome de cette duologie ? Voyage et exotisme. La finesse des descriptions qui n'alourdissent pas le récit nous transporte dans un ailleurs au goût de moyen orient teinté de mythologie égyptienne. L'écriture est riche et l'univers foisonne de créatures comme les nehlîls (des esprit-totem) et prédateurs redoutables dont le plus effrayant selon moi reste le ver des sables nommé khaïb'er rum. Finir déchiquetée ou brûlée par l'acide qu'ils régurgitent ? Nan !!!

Viennent ensuite les dieux et déesses, un panthéon sur lequel repose (en partie) le cycle calendaire, le premier mois de l'année "Mirage" étant associé à Azara, déesse des illusions et de la magie. Celle qui apparaît sur la couverture vraiment sublime de l'éditeur, n'est autre qu'Azr'Khila, la déesse aux deux visages représentant la vie (en noir) et la mort (en blanc) que délimite une ligne couleur ocre.

Au départ, le récit s'avère complexe en raison du nombre important de personnages dont les noms, à la sonorité particulière, ne facilitent pas la mémorisation. de plus, lorsqu'il s'agit d'Arkhane, l'androgyne, l'auteur alterne les pronoms "il" et "elle" pour insister sur sa double nature. Ce qui a été pour moi un peu déstabilisant avant de m'y accommoder.

Petit à petit, on se familiarise avec les personnages et les lieux pour mieux apprécier le caractère de ces femmes qui luttent pour survivre malgré les dangers et transcender leurs conditions avec énormément de courage, mais aussi de sacrifices. Bref, une très belle découverte
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Je l'avoue, c'est d'abord grâce à sa couverture que je me suis intéressée à ce roman ! Je n'avais encore jamais lu Charlotte Bousquet, bien que plusieurs de ses livres figurent dans ma PAL numérique. Mais avec la sortie du second volume de ce diptyque intitulé Shâhra, je n'ai pas pu résister plus longtemps à ce visage scindé en deux à l'image de celui de la Déesse de la Vie et de la Mort, Azr'Khila. Alors, êtes-vous prêts à me suivre dans un fabuleux voyage en Orient ? C'est parti !

Les masques d'Azr'Khila retrace le destin commun de quatre jeunes femmes : Aya Sin, une augure sous influence, à la fois de l'aziram, une drogue, mais aussi d'un djinn immortel prisonnier dans un corps d'homme vieillissant ; Djiane, la fille d'un grand seigneur qui, après l'avoir formée à l'art de l'âram, un combat dansé, la promet à un homme qu'elle exècre ; Arkhâne, une apprentie chamane androgyne, à la fois fille et garçon, à qui on a volé l'essence même de son identité ; et enfin Tiyyi, une orpheline kenzi qui s'ignore. Quatre femmes douées de talents très particuliers, dans un monde désertique, dur, dominé par les hommes. Quatre femmes sur lesquelles veille la Déesse de la Vie et de la Mort, Azr'Khila.

J'ai rarement eu l'occasion de lire de la fantasy orientale et j'ai adoré. L'univers créé par l'autrice est juste extraordinaire : envoûtant, peuplé de créatures mystérieuses, sous l'influence de divinités qui ne le sont pas moins, où les personnages sont confrontés à des pouvoirs qui les dépassent. le début m'a paru un poil confus mais j'ai vite trouvé mes marques et la suite n'a été que pur plaisir. le style est très immersif et plein de poésie. On est transporté dans cet univers beau et magique mais aussi violent et terrible. Cela faisait longtemps que je n'avais pas autant voyagé avec une lecture.

Quant aux héroïnes auxquelles on s'attache, elles ont toutes subi la brutalité de ce monde et s'efforcent de s'en relever. Les chapitres alternent de l'une à l'autre mais on s'émeut de leur sort à toutes, même si j'avoue avoir été particulièrement touchée par le sort d'Arkhâne. On croise très fort les doigts pour que leur quête initiatique soit couronnée de succès, qu'elles trouvent la rédemption ou le sens qu'elles cherchent à donner à leur existence. Et quelle frustration d'arriver au bout sans avoir le dernier mot de l'histoire !

La suite, Les voiles d'Azara, vient de sortir et devrait rejoindre ma PAL très prochainement - Père Noël, m'entends-tu ? - et j'ai vraiment hâte de la découvrir. Je ne suis pas passée loin du coup de coeur ! J'ai été emportée par cet univers, si riche, si beau et dépaysant, la destinée de ces femmes et la poésie du style de l'autrice dont j'ai aussi très envie d'explorer d'autres univers. A très vite, Charlotte !
Lien : http://etemporel.blogspot.co..
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Voilà un livre qui remplace allègrement mes vacances de printemps !

Quel fantastique voyage, mes aïeux ! Quel exotisme ! J'ai rarement été autant emporté par la construction d'un monde imaginaire s'inspirant de la réalité et irrigué comme elle de beauté, de poésie, de danger, de cruauté et de mort.
Charlotte Bousquet invente un monde africain-oriental aussi beau que dangereux, aux senteurs de musc et de gingembre, où les oueds, les ergs et les villes de terre cuite invitent à la caravane, où de magnifiques chevaux et d'inquiétants lycaons côtoient des lézards géants et des vers des sables (clin d'oeil à Dune ?), et sur lequel l'âme humaine souffle parfois une poésie qui fait chanter le vent, mais fait aussi souvent gronder sa brutalité et sa colère en haïssant, en asservissant et en tuant cruellement. L'humain n'y vit cependant pas seul ; des Djinns immortels, des Éfrits et des Nehlîls foulent Shâhra. Et certains humains appartiennent aux deux univers du visible et de l'invisible. On les nomme les Kenzi.
Dans ce monde envoûtant, l'Islam n'existe pas, ou pas encore.

On suit les voyages initiatiques de trois femmes étonnantes. Chacune va devoir quitter son nid dont la sérénité est balayée par la haine et la mort.
Il y a Djiane / Déjà Morte, la danseuse-guerrière détentrice d'un art secret, fruit d'un premier mariage, détestée par sa marâtre, fuyant un mariage imposé avec le neveu de cette dernière, un des pires hommes que j'ai eu l'occasion de voir vivre sous les mots.
Il y a Arkhane / Née deux fois, privée de l'une de ses identités sexuelle, privée de son amour par une rivale sans pitié, qui développe au cours de ses voyages ses dons pour la médecine.
Il y a Tiyyi / Cent Vies, asservie, évadée, recueillie, capable de trouver son chemin même dans le plus complexe labyrinthe, et ce n'est que le moindre de ses dons.

La vie belle et cruelle se charge de leur apporter l'expérience qui leur sera nécessaire pour faire face à un être qui pourrait être sorti de la cuisse du Sauron de Tolkien. Mais un Sauron dont on partage avec amertume les états d'âme à travers les « lettres à son père ». Malik est dangereux, il souhaite vivre éternellement et a besoin pour cela de se sustenter « d'énergie humaine ». Pour lui les humains ne sont qu'une forme de viande qu'il méprise. Il a réuni – enchainé – toute une caravane d'êtres talentueux dont il puise dans la substance en attendant la réalisation de la prophétie.
Mais l'un des membres de la troupe a un plan. La sibylle Aya Sin voit les futurs possibles et essaie d'orienter les événements vers le plus souhaitable. Cela passera par la réunion des trois femmes.

Charlotte Bousquet parvient avec talent à faire exister des personnages sensibles et forts sans les écraser par un décor pourtant riche et grandiose. Il y a du Guy Gavriel Kay dans cette écriture, et venant de moi c'est un sacré compliment. Au pire ai-je pu penser de temps en temps que les trois personnages féminins principaux manquaient de différenciation de caractère nette. Mais la vie, les pages, se chargent de graver ses différences au fur et à mesure que l'on avance dans la lecture.

J'attends désormais la suite avec impatience. Et j'espère aussi qu'un jour prochain verra les nombreuses nouvelles écrites dans cet univers et éparpillées dans diverses anthologies regroupées dans un recueil. Pensez-y les éditeurs.
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Wow, wow, wow. Ce livre, c'est une preuve supplémentaire qu'en France, on peut aussi peser dans le game niveau fantastique.
Nous avons ici un univers très typé arabo-perse et dont les descriptions plongent instantanément dans l'histoire. La plume de l'auteure est vraiment très précise sans être lourde.
On y trouve des héroïnes qui souffrent énormément, car visiblement, la déesse Azr'Khila ne plaisante pas avec les gens qu'elle marque. Ce sont des femmes fortes, toutes avec leur propre personnalité et leur propre manière de faire face à leurs malheurs. J'avoue avoir été émue pour Djiane qui a une manière très intense de ressentir les choses.
Un roman à la fois poétique, initiatique et parfois difficile à lire, dont j'attends la suite avec impatience.
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A la sortie de ce roman, j'ai eu un coup de coeur pour la couverture et le synopsis. Il faisait partie d'une opération dédicace des éditions Mnemos pour les Imaginales, alors je n'ai pas balancé : je l'ai commandé. Et puis, des événements douloureux ont fait que je ne l'ai pas lu, et j'en suis contente car je n'aurais pas eu la disponibilité d'esprit pour le savourer.

Ce roman retrace trois destins de femme : Djiane, héritière d'un grand seigneur, instruite dans les arts de l'âram, à qui on impose bientôt un mariage qui révolte tout son être; Arkhâne, une apprentie chamane, à qui la jalousie et la méchanceté volera identité et dons, amputera sa vie d'une part de son être; Tiyyi, une jeune orpheline brinquebalée par un destin cruel qui lui fait perdre peu à peu tous ses soutiens. Trois femmes dotées de pouvoirs, différentes, mais puissantes, chacune à leur manière, au-delà même de ce qu'elles imaginent. Trois femmes aux prises avec un monde brutal, violent, secoué par les appétits des hommes.

Ce roman est absolument fabuleux par sa complexité. Nous avons là un livre-monde. Il contient en lui-même une mythologie, une historicité, des croyances, des destins, des lignées de rois et d'esclaves, de Djinns et d'immortels, des créatures fabuleuses qui façonnent sous nos yeux un Orient à la fois fascinant et terrifiant. le souffle chaud du désert souffle entre ces pages et nous emporte. Ici les Rûh, des esprits élémentaires, servent de sombres desseins, des kenzis, humains aux pouvoirs magiques, sont utilisés, manipulés ou mettent leurs capacités au service des autres, des ekkhelil déciment les caravanes la nuit de leurs essaims meutriers. Les déesses Azara et Azr'Khila sauvent ou perdent les hommes… le monde dépeint est donc à la fois beau et terrible, mélange subtil de poésie, de magie et de violence, celle des hommes, celles des éléments, celle des Dieux. Personne n'est épargné et chacun reçoit en partage son lot de souffrance, de maladie, de deuils. Néanmoins, certains sont plus durement touchés et attirent notre compassion tandis que d'autres renouent avec les contes et les Mille et Une nuits et attirent notre haine et nos mépris, figures de marâtres détestables comme Meriem ou Mehra, ou bien figure de sorcier tyrannique comme Malik.

Ce monde extraordinairement complexe est servi par une plume enchanteresse. A intervalle régulier, l'écriture se fait poésie et nous berce, le temps d'une dyn, le temps d'une prédiction ou du chant d'un artiste. La description des lieux et des paysages nous transporte dans un Ailleurs immémorial, au milieu du désert aride et assassin, au coeur d'une oasis rafraîchissante, au centre d'une ville à la touffeur détestable, saturée de relents de violence, de méchanceté, de cruauté et d'envie. La plume nous fait ressentir les choses au plus profond de notre être : le coeur qui se brise, la culpabilité, l'amour et la haine, l'émerveillement et la souffrance, autant de sentiments insufflés dans notre coeur de lecteur, de page en page, de ligne en ligne. Cette lecture en devient grisante et obsédante, à la manière d'une litanie qui ne sortirait plus de notre tête. Une fois happés entre les pages, nous n'en sortons jamais vraiment et l'immersion se prolonge bien après avoir fermé le livre.

le destin des personnages est absolument fascinant. Je suis incapable de dire laquelle des trois héroïnes j'ai préféré. D'autant qu'Aya Sin s'y ajoute et qu'elle éveille, elle aussi, curiosité et intérêt. Aucun de ces quatre destins ne m'a été indifférent, j'ai tremblé pour ces femmes, j'ai souffert avec elles, j'ai espéré – en vain- , et j'attends avec elles la fin de leur destinée. Aucune n'est épargnée par la cruauté, la brutalité, la soif brutale de pouvoir des Hommes. Chacune à sa manière est amputée d'une part d'elle-même, et, comme un phénix, renaît de ses cendres, une renaissance violente, douloureuse d'où elles ressortent transformées. La force du roman réside aussi dans l'alternance du récit de ces vies. Nous suivons en pointillé le drame de chacune, nous ignorons quel lien les unit, et peu à peu, les fils épars de la destinée se rassemblent. Arrivée au terme de ce premier volet, j'entrevois l'unité, le lien, l'objectif et ne peut que me projeter en avant pour essayer d'en deviner la suite.

Si toutes m'ont conquise, j'ai une tendresse toute particulière pour Arkhâne et pour Djiane : femmes bafouées, femmes humiliées, femmes brisées par la jalousie et par l'envie, elles suivent deux courbes différentes et pourtant complémentaires. L'acceptation et la vengeance, la fuite en avant et l'apprentissage ou l'oubli et une existence morose. Deux choix, deux postures qui n'en sont pas vraiment finalement car, elles n'ont pas vraiment le choix, et leur destin est aussi lié aux personnes qu'elles croisent. « Marche ou crève », voilà l'expression qui me vient en tête. Deux femmes acculées qui marchent et avancent pour ne pas mourir mais qui au passage voient s'éteindre une partie de leur être. Deux femmes ô combien émouvantes, qui ne peuvent que nous remuer jusqu'au fond de nos entrailles.

La grande complexité de l'univers déployé mérite amplement ses presque quatre cent pages. Aucune ligne n'est en trop et, avec une précision tout singulière, chaque élément trouve sa place dans une économie d'ensemble renversante. Chaque fils tiré à un moment donné acquiert tôt ou tard une importance capitale, nourricière pour le récit et la suite. Ce montage romanesque est saisissant, savoureux et stupéfiant car ici, on ne touche pas juste à la complexité des personnage, mais à un véritable brio, nous touchons à une vraie cosmogonie en plus d'une galerie de personnages impressionnante. Alors, bien entendu, nous avons aussi l'envers du décor. C'est une lecture exigeante et il faut un temps pour mémoriser chaque personnage, ses spécificités. Mais la beauté du texte le vaut largement.

L'alternance des destins et les événements narrés nous poussent en avant dans une urgence qui se fait puits sans fond. Nous tombons avec les personnages, nous sommes emportés par une tempête du désert, et nous finissons le roman, hagard, étonnés, et fascinés, frustrés presque de ne pas en avoir plus, de ne pas avoir le tome 2 dans les mains pour poursuivre le voyage, pour comprendre, pour trouver les clefs et pour savoir, enfin.

Ainsi, Shâhra de Charlotte Bousquet est un véritable coup de foudre pour moi, et le mot est faible! Tout m'a emportée, l'écriture, le monde, le thème, les personnages, la cruauté et la poésie de ce monde… Tout est parfait. Je l'ai adoré et j'ai été incapable de le poser. Il me faut absolument la suite de cette merveille.
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Dans ce roman , nous nous situons à Shâhra un monde imaginaire empli de magie peuplé de chamanes , djinns où mortels et immortels se côtoient.

Nous suivons différents personnages.

Tout d'abord Malik un sorcier très puissant prisonnier dans un corps de mortel , prêt à tout pour devenir un Dieu.
Il y a Aya Sin médium , prisonnière de ce sorcier , il l'oblige à lui trouver des personnes ayant des dons pour absorber leurs pouvoirs afin de survivre .
Et ensuite nous suivons les mésaventures de 3 héroïnes très différentes les unes des autres , ne se connaissant pas mais liées malgré tout sans qu'elles le sachent .

Et autour gravite un personnage très important de l'histoire , la déesse de la vie et de la mort Azr' Khila qui a la particularité d'avoir 2 couleurs de visages , un noir , un blanc avec un trait rouge en son milieu .

Mon avis : au départ je me suis sentie un peu perdue avec ce vocabulaire très spécifique et imaginaire ( je n'ai vu qu'à la fin le glossaire 🤷)

Mais petit à petit j'ai été transporté au coeur même de Shâhra ,avec ces paysages magnifiques , envoûtants
J'étais sous le charme , plus j'avançais , plus ma lecture devenait immersive.

J'ai aimé suivre les mésaventures de ces femmes tellement fortes , et puissantes chacune à leur manière avec ce petit quelque chose de spécial en elles.

Ce roman de dark fantasy est très sombre , violent mais aussi par certains moments doux et poétiques.

Dans cette histoire la femme est prédominante tout au long du roman et s'impose.

Charlotte Bousquet a réussi à me faire voyager et me faire adhèrer à son univers , et j'en suis ravie .

J'ai tellement hâte de lire la suite et connaître le destin de nos 4 héroïnes.
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Un roman choc et envoutant - comme souvent, avec Charlotte Bousquet !
Dans cette histoire, on découvre 3 femmes d'exceptions, très différentes les unes des autres mais qui, on peut parier, partagent forcément quelque chose.
J'ai aimé le personnage d'Arkhane, androgyne dont on parle parfois au féminin, et parfois au masculin. L'histoire de Djiane m'a brisé le coeur, et j'ai ressentie sa peine à travers le récit. J'ai eu moins d'affinité avec Tiyyi, mais elle n'en demeure pas moins un personnage intéressant, et à l'histoire terrible.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que Charlotte Bousquet n'épargne rien à ses personnages : elles traversent toutes les trois l'enfer, et on se demande comment elles tiennent encore debout. L'autrice y questionne la résilience, mais aussi, comme souvent, le statut de la femme.
Au-dessus de ces trois personnages principaux, une autre femme, elle aussi à la vie misérable, prisonnière d'un djinn vieillissant et cruel… Mais aussi prisonnière de ses addictions. On découvre au fur et à mesure ses particularités, et on se demande quel va être son rôle.
L'univers est différent de ce dont on peut avoir l'habitude en fantasy, car il prend place dans une culture orientale, aux paysages désertiques et au vocabulaire inhabituel (du moins pour moi). Je n'ai découvert le lexique qu'en toute fin d'ouvrage, dommage, car il m'aurait bien aidé en cours de lecture !!
Cette lecture m'a bouleversée (là encore, c'est assez récurrent avec Charlotte Bousquet !), et j'ai hâte de lire la suite. La lecture n'est pas aisée, tant par les sujets ou les situations abordés, qui peuvent être émotionnellement éprouvants, que par la complexité du récit, parfois : des prophéties s'enchevêtrent, et j'ai eu quelquefois besoin de retourner en arrière pour vérifier des informations. Mais qu'on soit d'accord : j'ai adoré ça !
Petit bémol cependant au sujet des multiples renvois à des nouvelles précédemment écrites par l'autrice : si ça n'a pas empêché la compréhension du texte, loin de là, il y a un petit côté frustrant, surtout en raison du nombre de fois où ça arrive.
C'est toutefois ma seule critique, car le reste m'a enchanté !
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La petite histoire

Nous suivons plusieurs personnages dans leur périple souvent semé d'épreuves au sein d'un monde désertique, âpre et rongé par le mal : Shahra. Des forces divines semblent se livrer des combats au travers d'hommes marionnettes, subissant un destin jalonné d'épreuves traumatisantes, cruelles. A travers les points de vue de plusieurs personnages nous suivons quelques années de vie d'êtres asservies et avec un doux rêve de liberté.


Mon avis (attention spoilers!!!)

L'atmosphère, le monde créé

Un univers qui nous plonge dans un Moyen-Orient de fantasy, cruel, proche des Mille et une Nuits. Mais un monde empreint d'un mal insidieux, profond qui corrompt toute chose et tout homme. La pourriture, la déchéance, l'agonie, la mort est partout présente. Les touches d'espoir, de couleur sont infimes, des étoiles brillantes, loin, trop loin ?

Nous sommes à Shahra : un royaume dont la beauté est décrit dans le poèmes, les écrits mais qui semble un mirage dans les paysages désolés et semés de morts que les protagonistes traversent : désert de dunes, de pierres, où les dangers rôdent, labyrinthe, ou grotte, fleuves dangereux. Pourtant de cette aridité naît parfois des fleurs de sable, des rencontres insolites entre homme et animaux.

Nous sommes à une époque indéfinie avec un calendrier qui marque les moments forts de quêtes multiples. Un calendrier qui parle en années de 460 à 475 avec des aller-retour des flashback : pas toujours faciles à suivre. l'autrice crée de nouveaux mois avec des noms particuliers : mois du Mirage, du Griffon, des Ossements, du Cheval, de la Pluie, du Djinn, du Lion et des fêtes comme la nuit de l'Ekkhelil : sorte de nouvel An.

Nous sommes dans un "il était une fois" dans un ailleurs loin des contes de fées et si près pourtant avec ses barbe-Bleue, ses marâtres sous le souffle d'un vent chaud, perse aux parfums d'épices qui cachent mal l'odeur âcre de la charogne.

Les thèmes abordés

Un monde d'illusions illusoire. Un monde fait de mirages dans ce désert létal que traverse des vies liées par des fils tels les homoncules de Malik, enlisés dans un destin qui les dépassent. Pourtant on perçoit une clameur sourde, vibrante de liberté, de révolte qui rend le récit hypnotique. On veut comprendre le pourquoi de ces quêtes, voir jusqu'où chacun va puiser en soi pour se renouveler, se métamorphoser et en quoi.
La quête d'identité liée ici la métamorphose physique et mentale
Un univers où l'esclavage est roi dans les corps et dans les âmes. La dépendance, l'asservissement sont les chaînes visibles et invisibles qui entravent les personnages entre eux.


Les personnages

Quatre personnages féminins : entre fragilité et force, entre dépendance et liberté

Arkhane , une shalbia (Deux fois née), androgyne qui va connaître une mutilation atroce qui va lui donner une nouvelle identité.

Djiane, une danseuse d'arâm (danse guerrière sacrée) (Déjà morte) : elle va connaître l'amour avant de le perdre et se retrouver asservie.

Tiyyi, une kenzi aux multiples pouvoirs magiques (Cent Vies) : jeune adolescente, orpheline arrachée brutalement à sa famille, à son clan.

Aya Sin : chamane (La Mangeuse d'Aziram), femme aux cheveux roux d'une beauté sensuelle, marionnette de Malik, elle oeuvre dans l'invisible pour sortir de ses chaînes.

Chacune de ces héroïnes est en marche vers son destin, sa transformation, guidée par la déesse de la vie et de la mort : Azr'Khila. Cette dernière s'exprime à travers les personnages de cette histoire. Elle agit dans l'esprit des êtres qu'elle anime.
Chacune suit un parcours initiatique où les épreuves sont multiples et cruelles, leur forgeant un caractère rebelle.
Des héroïnes malmenées, violentées, mutilées par la vie et toute à la fois messagères ou exécutrices de la mort et guérisseuses, porteuses de vie...
Ce sont des "guerrisseuses".

Il me tarde de découvrir la fin de ces histoires mêlées, liées par le fil du destin.

D'autres personnages constituent une population chamarrée en cultures et émotions
l'Amadh'r Malik : sorte de sorcier immortel enfermé dans le corps d'un mortel recherche la divinité à tout prix et surtout au mépris des hommes. Il nie, renie sa semi-identité humaine.

Kele'r Kwambe est un immortel, pendant inverse, sorte de Janus de Malik : il recherche la délivrance dans la mort qui lui est refusée.

Beaucoup de personnages esclaves ou bourreaux environnent les héroïnes de ces histoires : des tortionnaires, des amoureux, des traîtres, des personnes bienveillantes et protectrices, des proches...
Une servante espionne et jalouse, un amant lâche, un poète fougueux, un époux cruel et dominateur, des morts...

Des êtres aux pouvoirs magiques, évoqués dans les contes : Djinns, Efrits... ou encore les Kenzi : des hommes auxquels les Djinns ou les Dieux ont octroyés des pouvoirs liés aux éléments (vent, feu, terre, eau), des sortes de Chamanes tels Ferek, Yeshet : ils lisent dans le passé et l'avenir, relient visible et invisible, des sorciers et sorcières...

Un bestiaire étonnant et exotique mêlant créatures imaginaires et animaux d'Afrique étoffent cet univers riche.
Le vautour : il est le représentant de la déesse de la vie et de la mort, un Nehlîl (animal-totem) pour le chamane Yeshet
Le lycaon : il apparaît plusieurs fois dans le récit et accompagne Tiyyi à la fin de ce tome. Il est lié au passage vie-mort dans de nombreuses croyances africaines, notamment égyptiennes.
Les Chevaux et autres équidés : ils sont des animaux symbole de ténacité, de liberté et toujours lumineux. Ils représentent l'espoir et le réconfort : Zina, le petit âne rescapé de l'épidémie...

Le Griffon c'est un animal hybride majestueux et sacré : Digo est un des représentants de ces créatures que l'on rencontre dans le caravansérail de Kele. Il est à l'image des hommes, asservi, mourant, comme tout le peuple de Shahra sous l'emprise d'un mal qui le ronge, à l'agonie. Il symbolise un monde merveilleux maudit, croupissant où les monstres pullulent qu'ils soient du désert ou des fleuves, des créatures voraces, dévoreuses de vies : Ghûl, Elkhîl, Kaleth, Mokele...

L'écriture

Beaucoup d'introspection, de contes, de récits imbriqués, des points de vue qui s'alternent , les dyns (chansons), les poèmes... L'autrice crée un monde riche de personnages, d'odeurs, de paysages, de sensations avec le mirage des Mille et Une Nuits dans la forme et en fond. On a l'a même envie que le sultan près de Shéhérazade lorsque le récit s'interrompt de le voir se poursuivre pour entendre le destin tragique des héroïnes de ce conte cruel entre vie et mort, ce récit de vies où chacun avance et se transforme. J'aime ce mélange entre dialogues "sybilliens" trompeurs et l'introspection qui révèle les pensées profondes, les moments de transe.



Il me tarde de retrouver les "guerrisseuses" et de découvrir la fin de ces histoires mêlées, liées par le fil du destin.
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Charlotte Bousquet dépeint dans ce roman un univers de Fantasy Orientale aux inspirations diverses et bien construit. Les environnements, les coutumes et traditions ainsi que le bestiaire sont marqués par un profond exotisme, que les descriptions parviennent à bien retranscrire.
Mais même si cet univers est original, il n'en est pas moins dur car aride et désertique, et porteur de violences pour les personnages...
Chronique complète et détaillée sur le blog.
Lien : https://leschroniquesduchron..
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Dans un univers entre 1001 nuits et dune, on suit le destin tourmenté de 4 femmes, 4 personnages d'origines différentes qui vont se croiser. Entre une sorcière devineresse droguée, une héritière élevée comme un garçon mais qui perd tout à la naissance d'un demi-frère, une esclave survivante et un.e androgyne/hermaphrodite vénéré.e pour mieux tomber de haut, il ne fait pas bon d'être une femme dans cet univers et pourtant quelle force elles ont.
La découverte des personnages demande de la concentration, le langage est recherché, poétique, imagé et les noms propres ont une consonance peu familière qui demande un temps d'adaptation. En abordant cette lecture, il faut être conscient d'une chose, ce n'est pas une petite lecture de plage, un texte détente facile d'accès mais c'est une pépite. Tout est pensé pour former un univers cohérent : la géographie, le climat, la nature, l'Histoire, la psychologie des personnages… tout marche ensemble pour former un récit beau, passionnant et très introspectif.
En finissant ce premier tome, deux sentiments cohabitent, 1. je veux la suite et 2. comment un univers si poussé va tenir en seulement 2 tomes.
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