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Voilà un livre qui remplace allègrement mes vacances de printemps !

Quel fantastique voyage, mes aïeux ! Quel exotisme ! J'ai rarement été autant emporté par la construction d'un monde imaginaire s'inspirant de la réalité et irrigué comme elle de beauté, de poésie, de danger, de cruauté et de mort.
Charlotte Bousquet invente un monde africain-oriental aussi beau que dangereux, aux senteurs de musc et de gingembre, où les oueds, les ergs et les villes de terre cuite invitent à la caravane, où de magnifiques chevaux et d'inquiétants lycaons côtoient des lézards géants et des vers des sables (clin d'oeil à Dune ?), et sur lequel l'âme humaine souffle parfois une poésie qui fait chanter le vent, mais fait aussi souvent gronder sa brutalité et sa colère en haïssant, en asservissant et en tuant cruellement. L'humain n'y vit cependant pas seul ; des Djinns immortels, des Éfrits et des Nehlîls foulent Shâhra. Et certains humains appartiennent aux deux univers du visible et de l'invisible. On les nomme les Kenzi.
Dans ce monde envoûtant, l'Islam n'existe pas, ou pas encore.

On suit les voyages initiatiques de trois femmes étonnantes. Chacune va devoir quitter son nid dont la sérénité est balayée par la haine et la mort.
Il y a Djiane / Déjà Morte, la danseuse-guerrière détentrice d'un art secret, fruit d'un premier mariage, détestée par sa marâtre, fuyant un mariage imposé avec le neveu de cette dernière, un des pires hommes que j'ai eu l'occasion de voir vivre sous les mots.
Il y a Arkhane / Née deux fois, privée de l'une de ses identités sexuelle, privée de son amour par une rivale sans pitié, qui développe au cours de ses voyages ses dons pour la médecine.
Il y a Tiyyi / Cent Vies, asservie, évadée, recueillie, capable de trouver son chemin même dans le plus complexe labyrinthe, et ce n'est que le moindre de ses dons.

La vie belle et cruelle se charge de leur apporter l'expérience qui leur sera nécessaire pour faire face à un être qui pourrait être sorti de la cuisse du Sauron de Tolkien. Mais un Sauron dont on partage avec amertume les états d'âme à travers les « lettres à son père ». Malik est dangereux, il souhaite vivre éternellement et a besoin pour cela de se sustenter « d'énergie humaine ». Pour lui les humains ne sont qu'une forme de viande qu'il méprise. Il a réuni – enchainé – toute une caravane d'êtres talentueux dont il puise dans la substance en attendant la réalisation de la prophétie.
Mais l'un des membres de la troupe a un plan. La sibylle Aya Sin voit les futurs possibles et essaie d'orienter les événements vers le plus souhaitable. Cela passera par la réunion des trois femmes.

Charlotte Bousquet parvient avec talent à faire exister des personnages sensibles et forts sans les écraser par un décor pourtant riche et grandiose. Il y a du Guy Gavriel Kay dans cette écriture, et venant de moi c'est un sacré compliment. Au pire ai-je pu penser de temps en temps que les trois personnages féminins principaux manquaient de différenciation de caractère nette. Mais la vie, les pages, se chargent de graver ses différences au fur et à mesure que l'on avance dans la lecture.

J'attends désormais la suite avec impatience. Et j'espère aussi qu'un jour prochain verra les nombreuses nouvelles écrites dans cet univers et éparpillées dans diverses anthologies regroupées dans un recueil. Pensez-y les éditeurs.
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Merci du fond du coeur à Babelio et aux éditions Mnémos pour cette sélection à la Masse critique dédiée à l'imaginaire et au polar.
De la fantasy aux inspirations arabo-perses ce n'est pas si courant dans le genre. Servie par cette sublissime couverture signée Mélanie Delon, on ne peut qu'être intriguée par une telle entrée en matière.
Il s'agit d'un récit polyphonique où l'on suit pas moins de 5 narrateurs différents : les lettres qu'un être en quête d'immortalité adresse à son père, une aurige , une chamane, une guerrière, une jeune fille débrouillarde aux dons multiples. Tous ses récits se déroulent aux quatre coins de Shâhra (dont une carte splendide -et bien utile- est présentée en début d'ouvrage), s'imbriquent et se répondent. le récit principal de toutes ses histoires se déroulant simultanément ou quasiment est émaillé de légendes et mythes de ce monde, écrits par l'auteure sous forme de nouvelles et disséminés dans divers recueils et anthologies, j'ai pris plaisir à en lire quelques unes pour prolonger l'immersion.
C'est ainsi un univers d'une précision infinie que nous offre Charlotte BOUSQUET, précis mais aussi terrible onirique et plein d'échos à nos lectures passées tout en étant complètement originales dans les dénominations, la langue, les unités de mesures, les titres.
Aventure, trahison, amour, poésie, magie de toute sorte (métamorphose, illusionnisme, télépathie, prophétie, guérison, orientation, art du combat), créatures du désert, immortalité, les quatre femmes sont liées par la magie qui les habite chacune à leur manière.
Pourquoi ne pas avoir mis la note maximale alors ? Ben parce qu'après avoir fait monter l'histoire crescendo tout se coupe et reste en suspens et c'est trop cruel !!! Terriblement hâte que la suite et fin sorte pour connaître le sort de toutes, à qui je me suis attachée durant ce récit.
Je vous souhaite un merveilleux voyage en Shâhra et si vous vous perdez en chemin, levez les yeux, peut-être le vautour de la déesse Azr'Khila, déesse de la vie et de la mort, vous montrera t-il la voix !
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Ayant vu que Charlotte Bousquet était aux Imaginales, j'ai eu terriblement envie d'aller échanger avec elle pour lui parler de ses publications et pour lui en acheter une nouvelle. Sa plume me plaît beaucoup et, la plupart du temps, l'auteure n'hésite pas à proposer des héroïnes fortes, déterminées et avides de liberté ou d'émancipation. C'est le cas avec « Les masques d'Azr'Khila » qui propose quatre portraits féminins répondant à ces critères. Ces narratrices permettent d'aborder une pluie de thématiques comme la condition de la Femme, le féminisme, la différence, la tolérance, l'entraide, etc. Pourtant, l'ambiance de ce premier opus est loin d'être tranquille ! On est sur de la Dark Fantasy. Plusieurs passages seront donc difficiles… Attendez-vous à de l'esclavagisme, de la drogue/de la dépendance, mais surtout de la violence comme de la torture physique et psychologique, des meurtres, du chantage, des viols, … Les scènes ne sont pas détaillées comme dans « le dieu oiseau » d'Aurélie Wellenstein cependant, elles ont tout de même lieu et laissent des marques sur les protagonistes.

La superbe couverture retranscrit bien l'atmosphère de cette duologie. Comme le dit Charlotte Bousquet dans ses remerciements, on est sur un récit dépaysant reprenant un mélange de « culture scythe, animiste, arabe et perse ». On est donc sur une ambiance du désert « Mille et une nuits » avec des coutumes arabes, des divinités, des créatures folkloriques tels que les djinns ou des esprits-gardiens (animaux guides), des contes, des légendes, … L'ensemble m'a enchantée ! J'ai également apprécié les nombreux chants ou poèmes retranscrits au fil de l'histoire, même si ces derniers n'aident pas forcément à l'immersion (tout dépend des goûts du lecteur).

Les narratrices sont intéressantes et vont toutes avoir un destin cruel. Heureusement, leur détermination et leur courage les aideront à aller de l'avant. Djiane est une jeune femme que l'on va marier de force à un tyran alors qu'elle aimait un autre homme. Son époux m'a rappelé le maître du harem dans « Les illusions de Sav-Loar » de Manon Fargetton. Il est aussi exécrable, vicieux, puissant et horrible que lui… Tiyyi est la demoiselle qui m'a plu le moins. On ne la voyait pas beaucoup par rapport aux autres, tandis que sa personnalité était moins développée… En revanche, Arkhane m'a fait forte impression dès sa première apparition. Androgyne né.e avec les attributs des deux sexes, elle fait l'admiration de certains et la jalousie des autres… Mais c'est surtout sa manière dont elle va remonter la pente après un drame qui m'a émue. de plus, tout le côté chamanique et médicinal qu'elle va côtoyer m'a intéressée. Aya Sin, qui n'est pas mentionnée dans le résumé mais qui va jouer un grand rôle dans le scénario, est une narratrice intrigante. Elle côtoie Malik, le fils d'un immortel rêvant d'être un sur-homme comme son géniteur. Avec eux, l'ambiance est plus tournée vers la pression, la mort, la drogue et la manipulation… Nul doute que leur rôle sera décisif pour la suite de l'histoire…

Même si j'ai aimé le féminisme de ce premier opus, la plume de l'auteure, les thématiques engagées ainsi que le mélange de cultures exotiques, je n'ai malheureusement pas été totalement convaincue… le parcours des héroïnes est très similaire, ce qui donne l'impression de redondance. de plus, j'ai eu l'impression que les quatre femmes se ressemblaient beaucoup, au point que je confonde parfois certaines d'entre elles, notamment Tiyyi qui est bien trop effacée par rapport à ses consoeurs… le rythme est également assez linéaire et comporte peu de rebondissements, ce qui peut engendrer des longueurs. de ce fait, j'ai trouvé qu'il manquait du suspense ou quelque chose me donnant envie de tourner frénétiquement les pages… Je ne ressens pas la pulsion de me jeter sur la suite, même si je pense le faire un jour. C'est dommage… Je verrai plus tard si le second et dernier opus me laisse la même impression.
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Cela faisait un moment que Charlotte Bousquet, auteur de la trilogie « L'archipel des Numinées », ne s'était pas essayée à de la fantasy pour adulte sous forme de roman. Premier tome d'un diptyque, « Shâhra » nous entraîne dans un monde d'inspiration orientale (on y trouve des éléments de culture arabe et perse) et opte pour une fantasy intimiste qui, malheureusement, ne m'a pas vraiment convaincue. Si le texte n'est pas exempt de qualités, l'intrigue n'est cependant pas à la hauteur et comporte deux défauts majeurs : un gros manque d'originalité et un rythme bien trop lent. le roman met en scène trois jeunes femmes, toutes brisées par une épreuve qui va radicalement changer leur vie : l'une est donnée en mariage à un homme violent et qu'elle déteste ; l'autre est mutilée dans sa chair et abandonnée par les siens ; et la dernière est victime d'une attaque au plein milieu du désert, la laissant seule rescapée dans un paysage aride et désolé. Parallèlement au parcours de ces trois héroïnes, on suit celui d'une troupe itinérante bien étrange, composée de personnes dotées de pouvoirs variés et menée par un certain Malik, vieillard à la santé déclinante en quête d'immortalité. Les situations dans lesquelles se retrouvent les jeunes femmes sont assez classiques, ce qui n'aurait pas été gênant si le sujet avait été traité de manière originale. le problème c'est que toutes trois suivent un schéma qui ne sort jamais des sentiers battus, et qui n'évolue guère tout au long de ce premier tome. Non seulement, la situation qui est la leur au début du récit reste pratiquement la même à la fin, mais surtout les étapes qui jalonnent le parcours des demoiselles ont tendance à beaucoup se ressembler. Les trois cents pages que comporte ce premier tome pourrait ainsi presque se résumer à une simple succession de moments d'errance et de rencontres, chaque personnage alternant l'un et l'autre avec plus ou moins de rapidité sans que leur condition en soit grandement changée.

Et c'est de là que vient, à mon sens, le principal problème de ce roman : l'interchangeabilité de ses héroïnes. Les trois sont dépeintes comme des femmes fortes, possédant une grande capacité d'adaptation et un grand courage, seulement aucune ne paraît avoir d'identité propre. Impossible de distinguer un trait de caractère qui différencierait davantage l'une de l'autre : seul le prénom et le contexte dans lequel évolue la personne nous permet de comprendre de laquelle des trois il s'agit. le comportement de certaines est de plus trop stéréotypé, à commencer par celui de Djiane, princesse belle et rebelle dont l'indépendance d'esprit s'exprime (comme pour toutes les princesses rebelles !) par de longues chevauchées mélancoliques sur son cheval préféré. Les personnages secondaires souffrent eux aussi de ce manque de profondeur et n'apparaissent que comme de simples figurants, sitôt passés sitôt oubliés. On peine, dans ces circonstances, à s'attacher à l'un d'entre eux, si bien que des scènes supposément dramatiques mettant en scène la disparition de l'un ou la souffrance de l'autre ne parviennent à aucun moment à émouvoir le lecteur. On suit le parcours des héroïnes sans ennui, mais sans jamais se sentir vraiment impliqué par leurs deuils et leurs épreuves. le « méchant » de l'histoire, ce vieillard et en quête d'immortalité, est pour sa part très caricatural. Sadique, cruel, égoïste..., Malik agit sans aucun discernement et semble prendre un malin plaisir à pousser à bout ceux dont il a pourtant le plus besoin. Sa manière de s'exprimer par le biais de lettres écrites à son père reste pour le moment inexpliquée et j'avoue que je suis assez dubitative quant au choix de ce monde de narration (qui s'expliquera cela dit peut-être dans le tome suivant...). Les autres figures négatives du roman sont elles aussi bien trop classiques et traitées sans aucune nuance : on retrouve ainsi le stéréotype de la marâtre jalouse de sa belle-fille et manipulant son père pour l'éloigner, ou encore celui la nouvelle épouse jalouse de l'ancienne amante de son jeune mari et capable de se montrer d'une cruauté sans nom pour lui nuire.

Tout cela est d'autant plus dommage que le roman possède un indéniable atout qui rend tout de même la lecture intéressante : l'exotisme de son décor. L'auteur opte en effet pour une fantasy orientale qui fleure bon les « Mille et une nuits » ou les aventures d'Ali Baba. Les paysages seuls suffisent bien souvent à enflammer l'imagination du lecteur qui n'a pas souvent l'occasion d'arpenter de telles étendues désertiques faites de dunes et de regs arides, et peuplées de créatures étonnantes. Djinn, elkhîli (hybride du désert), dragon des roches, griffon, esprits élémentaires captifs de lampes, animal totem... : le bestiaire invoqué par Charlotte Bousquet ravît par sa diversité et donne lieu à des scènes marquantes qui réveillent l'intérêt du lecteur. le surnaturel ne se manifeste pas seulement par le biais de créatures mais aussi chez certains personnages qui sont nombreux à être dotés de pouvoirs magiques qui vont de la capacité à entrapercevoir l'avenir, à celle de donner vie à des homoncules, à accélérer les processus de guérison ou encore à accompagner les âmes dans l'au-delà. A noter que ce n'est pas la première fois que Charlotte Bousquet met en scène cet univers puisque, comme l'indique plusieurs notes de bas-de-page figurant dans le roman, certains des contes et légendes dont il est fait mention ont déjà été publiés sous forme de nouvelles dans diverses anthologies (« Azr'Khila » dans « Reines et dragons » ; « De sable et de vent » dans « Les Incontournables de la fantasy » ; « Dans ses yeux » dans « Mon cheval, mon espoir » ; « La nuit sur le plateau de K'fên » dans « Les coups de coeur des Imaginales »). Ces récits légendaires qui apparaissent ici ou là au fil du texte permettent de donner davantage de consistance à l'univers dépeint, même si celui-ci reste encore très nébuleux par bien des aspects. Autre effet de style servant à renforcer l'immersion du lecteur : la présence fréquente de petites poésies improvisées (dyn), auxquelles je n'ai malheureusement pas été sensible.

Lecture en demi-teinte pour ce premier tome marquant le retour de Charlotte Bousquet chez les éditions Mnémos. Si l'exotisme de l'univers et l'originalité du bestiaire mis en scène constituent d'indéniables atouts, l'intrigue et les personnages souffrent pour leur part d'un traitement trop léger qui empêche une véritable immersion. Je ferai donc impasse sur la suite...
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Shâhra, les masques d'Azr'Khila est un roman qui me faisait de l'oeil depuis sa sortie. Ce n'est pas le premier roman de l'auteure que je lis, c'est le second après Sang de lune qui avait été une semi déception. Mais Shâhra a été une belle surprise.

On suit plusieurs personnages dont un sorcier immortel coincé dans un corps mortel qui a peur de sa déchéance prochaine, qui souhaite devenir un dieu vivant et qui en attendant, se nourrit de l'énergie vitale de personnes ayant des dons particuliers; Aya Sin, voyante dépendante de l'aziram (la drogue la plus répandue dans Shâhra), manipulée par ce sorcier pour retrouver des gens comme elle en sachant leur triste destin; Djiane, capable de danser avec la mort, délaissée par son père au profit d'un fils et d'une nouvelle femme, encombrante que l'on veut céder à un terrible seigneur violent et meurtrier; Arkhane, apprentie chamane androgyne, que l'on jalouse pour ses pouvoirs, pour sa double nature et dont on lui vole la partie la plus importante d'elle-même qui faisait toute son identité, laissée pour morte dans un désert et guidée par un vautour; Tiyyi, adolescente qui a perdu les siens, devenue esclave puis libre qui durant ses errances se lie avec des gens, avec des créatures. Et plus que tout, il y a Azr'Khila, la déesse aux deux visages, déesse de la vie et de la mort. Elle n'est pas là mais on la devine. Ainsi que d'autres dieux et déesses comme Lâssa, déesse de la pluie et des fleuves ou bien Azara, déesse des illusions et de la magie.

Ces femmes vont en vivre des aventures, ou devrais-je dire des mésaventures. Elles sont toutes liées d'une manière ou d'une autre. C'est Aya Sin qui est la passerelle entre elles au début, qui les voit à travers ses visions et prophéties. Chacune est spéciale, a quelque chose en elle, qui grandit et se développe, qui les relie toutes malgré leurs différences et la distance qui les séparent. Je me suis attachée à ces femmes, que j'admire, qui en ont vraiment bavées et qui sont capables de grandes choses désormais. J'ai eu une certaine préférence pour Djiane et Arkhane.

C'est un monde d'hommes, dur, cruel, violent, où l'esclavage est plus que présent, où la magie imprègne toute chose, ainsi que la sorcellerie et sur lequel règnent les dieux et les esprits, où les femmes peinent à trouver leur place et à survivre.

L'univers est vraiment incroyable, très original à connotation oriental puisqu'on a une mythologie assez orientale (Djinns, dieux, créatures...), tout en la mélangeant à d'autres. J'avais l'impression d'y être, les sens en éveil grâce aux descriptions qui me vendaient du rêve ou presque. Charlotte Bousquet a vraiment une imagination débordante et nous partage ses univers tous plus oniriques et étranges les uns que les autres.

J'ai eu du mal à rentrer dans l'histoire au début, à me familiariser avec l'univers et j'avais peur de ne pas arriver à suivre, de décrocher mais une fois à l'aise, ça a été et j'ai pu apprécier pleinement ma lecture.

J'aime décidément beaucoup la plume de l'auteure. Elle me parle, si poétique, si incisive, descriptive avec des termes très imagés et qui sont expliqués dans un glossaire à la fin du roman (et qu'on retient au bout d'un moment car ces termes souvent imprononçables reviennent très souvent).

Ce roman n'est pas un oneshot, il y a bien une suite, un second et dernier tome qui n'est pas encore sorti mais que j'ai hâte de découvrir. Je veux absolument savoir ce qu'il va advenir de nos héroïnes et ce signifie la prophétie au centre de tout.

Un grand merci à Babelio et aux éditions Mnémos pour cette jolie découverte.
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Il semble que la nouvelle série de fantasy née de la plume de Charlotte Bousquet ne mette pas tout le monde d'accord.

Malgré un début assez difficile, car j'ai mis un certain temps à m'immerger dans cet univers âpre, j'ai finalement, bien aimé ma lecture, que j'ai d'ailleurs achevée très rapidement. Et j'en suis la première surprise. L'exotisme de l'univers et sa cruauté ne m'ont pas vraiment séduite de prime abord, mais j'ai fini par m'attacher aux héroïnes. Arkhane, Djiane et Tiyyi, toutes trois passées par l'enfer, et toutes trois emplies d'un courage et d'une force incroyable. Je suis curieuse de savoir ce qui les attend par la suite. Je mets volontairement Aya Sin de côté, car son statut est un peu à part. Sa condition d'augure lui donne un fort pouvoir spirituel qu'elle amplifie au contact d'une drogue dure. Il est très difficile de la cerner car l'on ne sait jamais vraiment si sa vraie personnalité reprend le dessus ou si elle est entièrement vouée à Malik.

Il est vrai que le rythme souffre parfois de quelques longueurs, notamment lors des interludes de Malik. La plupart du temps, je lisais en diagonale ces paragraphes. Les ressentis de ce personnage fort peu sympathique ne m'intéressaient pas outre mesure. J'ai également fait de même avec les petits zèles poétiques disséminés tout au long du récit. Peu sensible à la poésie en général, celle-ci ne faisait pas exception à la règle et ne collait pas vraiment à la rudesse de l'univers représenté.

Le reg, à la fois libérateur et oppresseur, synonyme de liberté, mais aussi lieu de tous les dangers, qu'ils viennent de l'homme ou des bêtes. le bestiaire convoqué ici est incroyable, alliant aussi bien créatures merveilleuses que cauchemardesques.

J'étais plutôt agréablement surprise par l'aspect spirituel très présent dans ce roman.

Je remercie Babelio et les éditions Mnemos car malgré les quelques bémols, c'était une lecture entrainante. le sort des trois héroïnes m'a tenue en haleine, et si l'occasion se présente, je lirai très certainement la suite.
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Je l'avoue, c'est d'abord grâce à sa couverture que je me suis intéressée à ce roman ! Je n'avais encore jamais lu Charlotte Bousquet, bien que plusieurs de ses livres figurent dans ma PAL numérique. Mais avec la sortie du second volume de ce diptyque intitulé Shâhra, je n'ai pas pu résister plus longtemps à ce visage scindé en deux à l'image de celui de la Déesse de la Vie et de la Mort, Azr'Khila. Alors, êtes-vous prêts à me suivre dans un fabuleux voyage en Orient ? C'est parti !

Les masques d'Azr'Khila retrace le destin commun de quatre jeunes femmes : Aya Sin, une augure sous influence, à la fois de l'aziram, une drogue, mais aussi d'un djinn immortel prisonnier dans un corps d'homme vieillissant ; Djiane, la fille d'un grand seigneur qui, après l'avoir formée à l'art de l'âram, un combat dansé, la promet à un homme qu'elle exècre ; Arkhâne, une apprentie chamane androgyne, à la fois fille et garçon, à qui on a volé l'essence même de son identité ; et enfin Tiyyi, une orpheline kenzi qui s'ignore. Quatre femmes douées de talents très particuliers, dans un monde désertique, dur, dominé par les hommes. Quatre femmes sur lesquelles veille la Déesse de la Vie et de la Mort, Azr'Khila.

J'ai rarement eu l'occasion de lire de la fantasy orientale et j'ai adoré. L'univers créé par l'autrice est juste extraordinaire : envoûtant, peuplé de créatures mystérieuses, sous l'influence de divinités qui ne le sont pas moins, où les personnages sont confrontés à des pouvoirs qui les dépassent. le début m'a paru un poil confus mais j'ai vite trouvé mes marques et la suite n'a été que pur plaisir. le style est très immersif et plein de poésie. On est transporté dans cet univers beau et magique mais aussi violent et terrible. Cela faisait longtemps que je n'avais pas autant voyagé avec une lecture.

Quant aux héroïnes auxquelles on s'attache, elles ont toutes subi la brutalité de ce monde et s'efforcent de s'en relever. Les chapitres alternent de l'une à l'autre mais on s'émeut de leur sort à toutes, même si j'avoue avoir été particulièrement touchée par le sort d'Arkhâne. On croise très fort les doigts pour que leur quête initiatique soit couronnée de succès, qu'elles trouvent la rédemption ou le sens qu'elles cherchent à donner à leur existence. Et quelle frustration d'arriver au bout sans avoir le dernier mot de l'histoire !

La suite, Les voiles d'Azara, vient de sortir et devrait rejoindre ma PAL très prochainement - Père Noël, m'entends-tu ? - et j'ai vraiment hâte de la découvrir. Je ne suis pas passée loin du coup de coeur ! J'ai été emportée par cet univers, si riche, si beau et dépaysant, la destinée de ces femmes et la poésie du style de l'autrice dont j'ai aussi très envie d'explorer d'autres univers. A très vite, Charlotte !
Lien : http://etemporel.blogspot.co..
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La lecture des Masques d'Azr'khila est une découverte puisque c'est le premier roman de Charlotte Bousquet que je lis. Cela fait déjà quelques temps que je souhaite découvrir cette autrice française dont on vente la qualité d'écriture.
Et bien cette première rencontre m'a apporté une certaine déception dans la mesure où j'ai eu sous la main un roman pas très original et presque ennuyeux tellement son rythme est lent.
L'histoire se compose de trois récits, articulés autour de trois personnages, trois femmes, qui s'alternent et dont il est difficile de suivre le déroulement. Sans doute est la "faute", d'une part au rythme très lent imposée par Mme Bousquet, d'autre part à la durée très courte des chapitres qui ne permet pas au lecteur de s'immerger au coeur des intrigues, ni même de s'attacher aux personnages pourtant emblématiques, quel que soit le récit.
Les considérations philosophiques et autres réflexions et questionnement ( nombreuses) que proposent l'autrice finissent de rendre le tout lourd, et ajoute à la lenteur. On finit par s'y perdre, par s'ennuyer, et finalement peut être par lâcher l'affaire.
L'univers est pourtant plaisant, attrayant et même séduisant, l'autrice apportant un soin particulier aux descriptions des vêtements, bijoux, d'atours et autres détails indispensables au réalisme et à la cohérence de son univers, mais elle en oublie ses personnages et surtout son récit. de ce fait trop de philosophie tue la philosophie, quand bien même les sujet abordés et traités sont intéressants, essentiels voire indispensables à soumettre à notre réflexion.
Je souhaitais me faire une idée du style de Charlotte Bousquet, je ne suis que partiellement satisfait car ce livre ne m'a pas permis de le faire. mais aussi parce que je ne suis pas convaincu par son style justement. Sa manie de reprendre des phrases sans sujet, en commençant par les verbes m'a profondément agacé et je n'y ai pas décelé un quelconque intérêt.
Mais comme je ne m'avoue pas vaincu et que j'ai confiance en la littérature de l'imaginaire française, je ne permettrais pas de juger de cette autrice sur une seule lecture, aussi décevante et peu convaincante fût elle.
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La petite histoire

Nous suivons plusieurs personnages dans leur périple souvent semé d'épreuves au sein d'un monde désertique, âpre et rongé par le mal : Shahra. Des forces divines semblent se livrer des combats au travers d'hommes marionnettes, subissant un destin jalonné d'épreuves traumatisantes, cruelles. A travers les points de vue de plusieurs personnages nous suivons quelques années de vie d'êtres asservies et avec un doux rêve de liberté.


Mon avis (attention spoilers!!!)

L'atmosphère, le monde créé

Un univers qui nous plonge dans un Moyen-Orient de fantasy, cruel, proche des Mille et une Nuits. Mais un monde empreint d'un mal insidieux, profond qui corrompt toute chose et tout homme. La pourriture, la déchéance, l'agonie, la mort est partout présente. Les touches d'espoir, de couleur sont infimes, des étoiles brillantes, loin, trop loin ?

Nous sommes à Shahra : un royaume dont la beauté est décrit dans le poèmes, les écrits mais qui semble un mirage dans les paysages désolés et semés de morts que les protagonistes traversent : désert de dunes, de pierres, où les dangers rôdent, labyrinthe, ou grotte, fleuves dangereux. Pourtant de cette aridité naît parfois des fleurs de sable, des rencontres insolites entre homme et animaux.

Nous sommes à une époque indéfinie avec un calendrier qui marque les moments forts de quêtes multiples. Un calendrier qui parle en années de 460 à 475 avec des aller-retour des flashback : pas toujours faciles à suivre. l'autrice crée de nouveaux mois avec des noms particuliers : mois du Mirage, du Griffon, des Ossements, du Cheval, de la Pluie, du Djinn, du Lion et des fêtes comme la nuit de l'Ekkhelil : sorte de nouvel An.

Nous sommes dans un "il était une fois" dans un ailleurs loin des contes de fées et si près pourtant avec ses barbe-Bleue, ses marâtres sous le souffle d'un vent chaud, perse aux parfums d'épices qui cachent mal l'odeur âcre de la charogne.

Les thèmes abordés

Un monde d'illusions illusoire. Un monde fait de mirages dans ce désert létal que traverse des vies liées par des fils tels les homoncules de Malik, enlisés dans un destin qui les dépassent. Pourtant on perçoit une clameur sourde, vibrante de liberté, de révolte qui rend le récit hypnotique. On veut comprendre le pourquoi de ces quêtes, voir jusqu'où chacun va puiser en soi pour se renouveler, se métamorphoser et en quoi.
La quête d'identité liée ici la métamorphose physique et mentale
Un univers où l'esclavage est roi dans les corps et dans les âmes. La dépendance, l'asservissement sont les chaînes visibles et invisibles qui entravent les personnages entre eux.


Les personnages

Quatre personnages féminins : entre fragilité et force, entre dépendance et liberté

Arkhane , une shalbia (Deux fois née), androgyne qui va connaître une mutilation atroce qui va lui donner une nouvelle identité.

Djiane, une danseuse d'arâm (danse guerrière sacrée) (Déjà morte) : elle va connaître l'amour avant de le perdre et se retrouver asservie.

Tiyyi, une kenzi aux multiples pouvoirs magiques (Cent Vies) : jeune adolescente, orpheline arrachée brutalement à sa famille, à son clan.

Aya Sin : chamane (La Mangeuse d'Aziram), femme aux cheveux roux d'une beauté sensuelle, marionnette de Malik, elle oeuvre dans l'invisible pour sortir de ses chaînes.

Chacune de ces héroïnes est en marche vers son destin, sa transformation, guidée par la déesse de la vie et de la mort : Azr'Khila. Cette dernière s'exprime à travers les personnages de cette histoire. Elle agit dans l'esprit des êtres qu'elle anime.
Chacune suit un parcours initiatique où les épreuves sont multiples et cruelles, leur forgeant un caractère rebelle.
Des héroïnes malmenées, violentées, mutilées par la vie et toute à la fois messagères ou exécutrices de la mort et guérisseuses, porteuses de vie...
Ce sont des "guerrisseuses".

Il me tarde de découvrir la fin de ces histoires mêlées, liées par le fil du destin.

D'autres personnages constituent une population chamarrée en cultures et émotions
l'Amadh'r Malik : sorte de sorcier immortel enfermé dans le corps d'un mortel recherche la divinité à tout prix et surtout au mépris des hommes. Il nie, renie sa semi-identité humaine.

Kele'r Kwambe est un immortel, pendant inverse, sorte de Janus de Malik : il recherche la délivrance dans la mort qui lui est refusée.

Beaucoup de personnages esclaves ou bourreaux environnent les héroïnes de ces histoires : des tortionnaires, des amoureux, des traîtres, des personnes bienveillantes et protectrices, des proches...
Une servante espionne et jalouse, un amant lâche, un poète fougueux, un époux cruel et dominateur, des morts...

Des êtres aux pouvoirs magiques, évoqués dans les contes : Djinns, Efrits... ou encore les Kenzi : des hommes auxquels les Djinns ou les Dieux ont octroyés des pouvoirs liés aux éléments (vent, feu, terre, eau), des sortes de Chamanes tels Ferek, Yeshet : ils lisent dans le passé et l'avenir, relient visible et invisible, des sorciers et sorcières...

Un bestiaire étonnant et exotique mêlant créatures imaginaires et animaux d'Afrique étoffent cet univers riche.
Le vautour : il est le représentant de la déesse de la vie et de la mort, un Nehlîl (animal-totem) pour le chamane Yeshet
Le lycaon : il apparaît plusieurs fois dans le récit et accompagne Tiyyi à la fin de ce tome. Il est lié au passage vie-mort dans de nombreuses croyances africaines, notamment égyptiennes.
Les Chevaux et autres équidés : ils sont des animaux symbole de ténacité, de liberté et toujours lumineux. Ils représentent l'espoir et le réconfort : Zina, le petit âne rescapé de l'épidémie...

Le Griffon c'est un animal hybride majestueux et sacré : Digo est un des représentants de ces créatures que l'on rencontre dans le caravansérail de Kele. Il est à l'image des hommes, asservi, mourant, comme tout le peuple de Shahra sous l'emprise d'un mal qui le ronge, à l'agonie. Il symbolise un monde merveilleux maudit, croupissant où les monstres pullulent qu'ils soient du désert ou des fleuves, des créatures voraces, dévoreuses de vies : Ghûl, Elkhîl, Kaleth, Mokele...

L'écriture

Beaucoup d'introspection, de contes, de récits imbriqués, des points de vue qui s'alternent , les dyns (chansons), les poèmes... L'autrice crée un monde riche de personnages, d'odeurs, de paysages, de sensations avec le mirage des Mille et Une Nuits dans la forme et en fond. On a l'a même envie que le sultan près de Shéhérazade lorsque le récit s'interrompt de le voir se poursuivre pour entendre le destin tragique des héroïnes de ce conte cruel entre vie et mort, ce récit de vies où chacun avance et se transforme. J'aime ce mélange entre dialogues "sybilliens" trompeurs et l'introspection qui révèle les pensées profondes, les moments de transe.



Il me tarde de retrouver les "guerrisseuses" et de découvrir la fin de ces histoires mêlées, liées par le fil du destin.
Lien : https://chrisbookine.blogspo..
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Dans un univers entre 1001 nuits et dune, on suit le destin tourmenté de 4 femmes, 4 personnages d'origines différentes qui vont se croiser. Entre une sorcière devineresse droguée, une héritière élevée comme un garçon mais qui perd tout à la naissance d'un demi-frère, une esclave survivante et un.e androgyne/hermaphrodite vénéré.e pour mieux tomber de haut, il ne fait pas bon d'être une femme dans cet univers et pourtant quelle force elles ont.
La découverte des personnages demande de la concentration, le langage est recherché, poétique, imagé et les noms propres ont une consonance peu familière qui demande un temps d'adaptation. En abordant cette lecture, il faut être conscient d'une chose, ce n'est pas une petite lecture de plage, un texte détente facile d'accès mais c'est une pépite. Tout est pensé pour former un univers cohérent : la géographie, le climat, la nature, l'Histoire, la psychologie des personnages… tout marche ensemble pour former un récit beau, passionnant et très introspectif.
En finissant ce premier tome, deux sentiments cohabitent, 1. je veux la suite et 2. comment un univers si poussé va tenir en seulement 2 tomes.
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