Dans ce nouvel univers de
Franck Bouysse, le mal habite toute la vallée du Gour noir, sous la coupe de Joyce le tyran dictateur qui possède la centrale, les carrières et toute la ville avec pour seule ambition : régner par la peur. Il est « la toute puissance » .
Les
buveurs de vent : une vie de soumission, de résignation, d'abus de pouvoir, de silences lourds à porter mais aussi des éclats de lumière, des promesses et la beauté du pardon.
Ce roman explore les zones d'ombre de l'âme humaine et la puissance de la nature.
J'ai été touchée par cette fratrie soudée, unie :
Marc féru de littérature, son refuge
Matthieu adorateur et protecteur de la nature
Luc le petit dernier, différent, qui vit sa vie dans le roman de
Jules Verne « l'île aux trésors »
Et puis "y a Mabel ! Qu'est belle comme un soleil ! "
De cette beauté rare, sauvage, envoutante, mais jamais provocante ,
Qui a décidé depuis toute petite de régner sur son existence, une folle ambition, un monde à créer, à peupler et à étendre. Déjà reine sans le savoir !
Elle est l'antithèse de sa mère, explorant le plaisir sous toutes ses formes, en moquant "la mauvaise réputation".
"Tu pourras te débrouiller tout seul, maintenant que tu sais comment faire.
Et si ça marche qu'avec toi ?
Ça marchera pareil avec ta main, il suffira que tu penses à une jolie fille.
Je penserai à toi, alors.
Si tu veux, en attendant de penser à une autre… Tu garderas bien le secret, d'accord ?
D'accord, j'en parlerai à personne.
Luc tâtonna un instant avant de trouver la main de sa soeur, celle qui avait tenu le mouchoir.
Je penserai jamais à une autre que toi, dit-il en étranglant les derniers mots.
Des larmes se mirent à couler sur ses joues. Il se retint de les essuyer, renifla, se pencha en avant et une larme s'écrasa sur la main de sa soeur.
Pourquoi tu pleures ?
Ça t'arrive jamais à toi, de pleurer à l'envers ?
Mabel se mit de nouveau à caresser les cheveux de son frère, concentrée sur les angles révélés par la pâle lueur.
Ça ne m'est pas arrivé souvent, dit-elle au bout d'un moment."
La mère Martha, bigote résignée, étriquée, morte sans le savoir.
Martin le père de retour de guerre, vidé, sans attentes, sans désirs : il ne sait plus ce qu'est l'amour et voit ses enfants comme des animaux à dresser.
Il va peu à peu s'ouvrir au contact de Gobbo un marin échoué là …
et souhaiter devenir "meilleur" ...
Elie le grand père, l'ange gardien de ses quatre petits enfants, attentif et aimant
Le pilier discret de cette famille.
Toute cette soumission, ces chaînes, vont engendrer la rébellion.
Le temps est venu de la révolte intime et de la mutinerie solidaire
Le temps est venu de se démuseler, de retrouver sa dignité,
Parce qu'à trop subir, à trop se taire, on perd son humanité.
Un final grandiose : hymne à toutes les libertés !