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3,9

sur 1600 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il y a quelques semaines, j'ai lu Grossir le ciel de Franck Bouysse.
Tu sais, c'est le livre qui te fait marcher dans les Cévennes, avec un type qui te parle pas.
Il te parle pas parce que le type c'est un taiseux.
Les taiseux, c'est rare.
De plus en plus rare.
C'est surtout rare de les croiser dans un bouquin.
Rare de les suivre, en te disant que tu voudrais bien qu'ils te racontent un peu.
Lui, il te raconte rien. Alors tu marches avec lui.
Quand tu marches, t'as les pieds qui s'enfoncent dans la neige, et si tu tends un peu l'oreille, tu l'entends crisser, la neige.
Alors tu vis un hiver avec lui.
C'est long, l'hiver dans les Cévennes.
Il fait froid.
Et y a pas grand-chose pour réchauffer l'atmosphère.
Même la télé, quand elle annonce la mort de l'abbé Pierre, elle réchauffe rien.
Au contraire.
Tu sens juste que Gus, il est loin du monde.
De notre monde.
Même pas sûr qu'il l'intéresse d'ailleurs, notre monde. Celui où on consomme, où on communique à coups de réseaux plus ou moins sociaux…
Parce qu'il s'appelle Gus.
Son chien, c'est Mars. C'est joli comme nom de chien.
Il a un pote. Abel.
Pas vraiment un pote.
Un voisin.
Mais comme c'est le seul qui habite pas trop loin de chez lui, il le considère sans doute comme un ami.
Sans doute.
D'habitude, les enquêtes, j'accroche pas. Je te l'ai dit déjà.
Pas mon truc.
Ce qui m'accroche, c'est ce que tu prends dans la tête quand tu lis.
Ben là, tu prends grave.
Toutes les deux pages, tu reçois une grande baffe à coups de mots.
Toutes les deux pages, t'as une phrase qui te crucifie.
Alors tu tournes les feuilles de papier, pour être sûr de ne rien rater.
Et surtout, pour te prendre la suivante dans la gueule.
Suis même pas sûr que ce soit judicieux de te raconter l'histoire.
Alors je vais rien te dire.
Va l'acheter.
Commande-le chez ton libraire.
Ah si.
Un truc.
J'ai senti l'amour de Mars, à travers ses yeux de chien.
Et j'ai senti l'amour de Gus pour son chien.
T'as déjà essayé de transcrire ça avec des mots écrits ?
C'est juste pas possible.
Franck Bouysse, lui, il y arrive.
Et finalement, tu te rends compte toi aussi, que :
« Le Diable, il habite pas les Enfers. C'est au Paradis qu'il habite. »

Lien : http://leslivresdelie.org
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Bien que sélectionné par le prestigieux jury SNCF du Polar, ce livre n'est pas un roman policier. Roman noir ? drame psychologique ? roman rural ? En tout cas, un vrai coup de coeur. En pays cévenol, austère, protestant, pauvre, dans un paysage sublime réduit à l'épure, un paysage de neige, de neige et de neige, deux personnages taciturnes, Gus et Abel, obligés de se fréquenter, car ils ne sont que les deux seuls humains à la ronde, dans deux fermes isolées (deux personnage et un chien, Mars, pour être exact), en hiver 2007, quand meurt l'abbé Pierre. Il ne se passe presque rien, quelques meurtres à peine suggérés, une conclusion à peine suggérée, un mystère à peine esquissé. L'actualité ne parvient que les jours où l'on reçoit la télé et elle semble tellement surréaliste, au milieu de toute cette neige, pour des éleveurs de vaches absorbés par la succession des tâches quotidiennes. Roman du silence, de la patience, de l'essentiel, de l'acceptation, de la sagesse des hommes lents et solitaires, de la vanité de nos agitations.
Très court (presque une grosse nouvelle), dans une écriture ciselée : on aime les paysages, mais les dialogues aussi sont magnifiques. Une superbe lecture.
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Franck Bouysse a cette particularité de savoir mettre en scène des personnages ordinaires, plutôt banals, de manière à captiver immédiatement l'intérêt du lecteur.
Une plume toujours réaliste avec cette touche de poésie qui colle si bien aux situations et à cette nature brute. Cette dernière incarne presque un personnage à part entière tant sa présence est ancrée tout au long de cette histoire.
Nostalgie, solitude, souvenirs, secrets et vies bancales sont superbement racontés par l'auteur, le tout dans une ambiance sombre.

Poignant, sublime, empreint d'une grande noirceur... avec une lueur d'espoir. Bouleversant au point de finir la lecture en larmes. Un coup de coeur !
Lien : http://www.faimdelire.com/20..
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Un roman noir à la langue âpre, rude, comme la vie de Gus, paysan des Cévennes.
Le récit est sombre, puissant, rendant parfaitement compte de la vie de cet agriculteur si solitaire.
Et l'histoire est prenante, et finalement sans issue...
Une belle découverte pour moi qui ne connaissais pas Franck Bouysse.
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Mais que vient faire l'abbé Pierre dans une ferme paumée des Cévennes ?

Pour Gus qui vit seul , l'annonce de la mort de l'abbé, c'est un peu le monde des vivants , si on peut le dire ainsi ...qui fait irruption chez lui même si il n'est pas trop porté sur la religion d'une part et sur les manifestations populaires d'autre part.

Il faut dire qu'il ne voit pas grand monde, Gus et cela lui va bien , la compagnie de son chien Mars lui suffit amplement et de temps en temps les coups de main et les petits verres avec Abel son voisin plus âgé que lui .

Une vie de paysans, rythmée par les saisons ; l'arrivée d'évangélistes faisant le tour des fermes va être le déclencheur de bien des événements perturbateurs et troublants .

C'est jubilatoire , même si finalement rien n'est vraiment gai, ni la vie de ces hommes, ni leurs souvenirs et leurs secrets souvent lourds à porter ,ni l'avenir de ces petites fermes isolées mais quel bonheur de lecture , Franck Bouysse réussit l'exploit de rendre les dialogues entre ces hommes peu cultivés et simples, plaisants voire parfois drôles à lire ; les drames , les secrets et beaucoup de non dits sont également exprimés sans emphase dans son récit .

Je n'ai pas par contre aimé la toute dernière partie, qui embrouille la clarté du roman et n'apporte rien à l'histoire: un dénouement que j'ai trouvé étranger au reste de l'esprit du roman .
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Gustave est paysan au Pont-de-Monvert, dans les Cévennes - village situé sur le circuit qu'empruntèrent l'écrivain Robert Louis Stevenson et son âne Modestine (actuellement GR70).
Gus vit seul avec ses animaux : quelques vaches, génisses et veaux, ainsi que son fidèle chien. Abel, un vieux paysan de la ferme voisine est seul, lui aussi. Ces deux grands solitaires échangent parfois quelques mots autour d'un verre ou d'une bouteille, et s'aident occasionnellement pour certains travaux agricoles. Quelques étrangers s'aventurent parfois jusqu'à leurs fermes, non pour leur compagnie - les deux hommes ne sont guère bavards - mais plutôt pour affaires. Mais hormis le maquignon, ils sont rarement les bienvenus !
L'isolement relatif de Gus et Abel donne toujours l'impression au lecteur que leurs fermes pourraient être le cadre d'un drame passé ou à venir…

Coup de coeur ! Franck Bouysse fait preuve d'un grand sens de l'observation et décrit à la perfection un univers (rural en l'occurrence). Certains détails de la vie quotidienne de ses personnages donnent une tonalité très juste à ce roman (le paysan qui essuie son couteau sur son pantalon, l'accumulation de cendres au bout de la cigarette qui se consume, la manière dont les flocons de neige se posent…).
Cet ouvrage, à la fois roman du terroir (en mieux) et bon thriller psychologique, mélange en outre habilement les genres.
Ce sont les dialogues qui m'ont le plus plu : ils sont vifs et percutants, avec de courtes répliques. Les deux personnages principaux sont du genre taiseux, mais quand ils l'ouvrent, ça balance : ils vont à l'essentiel et parlent juste. Leur franchise et la concision de leurs propos ne les empêchent d'ailleurs pas de recourir aux sous-entendus pour éviter d'être trop brutaux.

L'histoire et la qualité de l'écriture m'ont fait penser aux excellents 'Darling' de Jean Teulé (par sa violence), 'La neige en deuil' d'Henri Troyat et 'Des souris et des hommes' de John Steinbeck (par son intensité dramatique croissante et par la justesse des dialogues pour ce dernier).
Je ne prends pas ces références au hasard : 'Grossir le ciel' est pour moi à la hauteur de ces chefs-d'oeuvre. ♥
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Dans un lieu paumé des Cévennes, Gus, la cinquantaine, élève ses bêtes avec seule compagnie son chien Mars et son vieux voisin Abel. Deux célibataires endurcis et peut-être même un peu fatigués de cette vie passée à trimer dur, deux hommes réservés que même quelques verres de bon rouge dans le pif n'arrivent pas à délier leur langue. Mais Gus aime sa terre, cette terre arable qui peine à lui offrir quelques misérables fruits, il ne voudrait changer de vie pour rien au monde.

Pendant un hiver qui ressemble pourtant à tous les autres déjà passés, un série d'événements plus ou moins étranges et inquiétants viennent troubler la quiétude du lieu-dit Les Doges. Entre mauvais souvenirs et non-dits, Gus soupçonne qu'un drame se pointe à l'horizon ...

Dès les premières lignes, les premières pages, j'ai été happée par la qualité littéraire magistrale de Franck Bouysse ; une plume poétique, magnétique. Une matière brute que l'auteur a façonné en véritable petite pépite, un joyau littéraire comme j'aime. Un huis-clos empli de réalisme et de noirceur qui nous prend aux tripes, nous serre la gorge. J'en suis encore bouleversée, je ne pense pas oublier ce roman de ci-tôt et à un tel point qu'il se hisse facilement dans mon top perso. Chapeau l'artiste, du grand art !
Lien : https://www.facebook.com/wan..
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La Feuille Volante n° 1104
GROSSIR LE CIELFranck BOUYSSE – La manufacture de livres.

Un coin perdu des Cévennes protestantes le jour de la mort de l'Abbé Pierre. Deux paysans vieux, solitaires et taiseux qui habitent presque côte à côte dans ce paysage désert, c'est Abel et Gus. Gus c'est un pauvre gars que ses parents n'ont jamais aimé, autant dire qu'il a eu une enfance difficile qui l'a dissuadé de se marier d'autant que la seule femme qu'il a jamais aimée l'a oublié ; il vit de peu et ses seuls plaisirs sont de boire un coup et de s'occuper de ses bêtes. Abel est plus vieux que lui mais les deux hommes s'entendent bien, s'entraident et leurs relations ne sont pas vraiment cordiales. Il y a des dialogues savoureux et pleins de bon sens, représentatifs des relations entre eux mais les conversations ne sont jamais vraiment franches, pleines de sous-entendus, de retenues, comme s'ils se méfiaient l'un de l'autre. le suspense est savamment entretenu à travers ces rapports quelque peu tendus.
Ce matin d'hiver, la neige est tachée de sang chez son voisin et cela bouleverse Gus d'autant qu'il a entendu des cris inhabituels. Puis vient le partage d'un secret bien encombrant, une révélation inattendue, une erreur constatée trop tard, la cupidité des hommes et ces choses de la vie qu'on voudrait oublier mais qui se rappellent à notre souvenir, cette existence dont nous ne sommes que les usufruitiers et qui peut à tout moment nous être enlevée...
Voila un roman comme je les aime, avec une intrigue qui tient de l'énigme, certes un peu gore et noire, mais après tout c'est aussi ainsi que j'apprécie la littérature à tendance policière même si la police ne s'en mêle pas. J'ai cependant goûté la justesse des expressions, le subtil humour des mots, le respect de la syntaxe, les descriptions réalistes et parfois même poétiques, le style loin du langage parlé parfois vulgaire et violent que, bien souvent les auteurs de polars se croient obligés d'adopter, bref un roman écrit dans le respect de notre belle langue française.
Je retiens les grands espaces, la solitude, le travail rude dans une terre ingrate, la volonté de rester en marge du monde parce qu'on sait ne pas y avoir sa place, la mort qui guette chacun d'entre nous, la vie pas forcément belle que vous imposent les autres et singulièrement ceux qu'on appellent « les siens » et dont on ne se méfie pas. Eux sont capables de vous montrer, et à vos dépends, ce qu'est l'injustice, de vous la faire vivre au quotidien au point d'hypothéquer votre futur et d'empoisonner votre présent, et ce sans le moindre état d'âme.
Ce roman qui se lit agréablement fut pour moi une découvertes et un bon moment de lecture.

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Coup de coeur , vraiment .Mon premier Franck Bouysse et quelle découverte
Des souvenirs sont revenus à la pelle
Ma Dordogne natale , mes grands parents , un de mes oncles et sa ferme ,ses étables , les animaux
Les odeurs , la façon de vivre paysanne
Quand on a côtoyé ces gens on n'oublie jamais , leurs vies rudes et simples
Cette histoire m'a fortement accrochée en me renvoyant à ma grand mère , mon grand père que j'adorais
Un retour dans le passé , la nostalgie de ces moments de bonheur simple , l'absence de mes ancêtres qui me manquent terriblement
L'histoire de Gus et Abel est terrible
Je sentais tout , le bois qui brûle dans la cuisinière , l'odeur des vaches dans l'étable , les champs enneigés .....tout
Je suis bouleversée par ce livre qui m'a atteint en plein coeur
Merci Franck Bouysse
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Mon premier Franck Bouysse et une belle surprise.
On est effectivement dans le rural profond, entre les fermes de Gus et d'Abel. Fermes qui vivotent tant bien que mal. on s'entraide entre voisins quand il le faut, c'est bien normal.
Mais cette aide est-elle vraiment dénuée de tout intérêt ? ne cache t-elle rien d'autre ?
Qualifié de roman policier, j'ai trouvé ce roman plus d'atmosphère noire qu'autre chose. On ressent le poids de la tension qui s'installe au fil des pages, on est envahit du malaise et des non-dits. le tout porté par un style franc et impitoyable.
Une première grande découverte et certainement pas la dernière.
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