Je ne vais faire une énième chronique de ce roman, il y en a déjà tant, je vais simplement partager mon ressenti car je voulais le lire depuis longtemps...
En fait, je ne m'attendais pas du tout à ça : roman noir plus que polar, dans cette campagne reculée, dans les Cévennes, les Doges, où le travail de la terre est dur, où le voisin le plus proche n'est pas très commode. A défaut d'amitié, il existe l'entraide entre les deux hommes, mais les mystères d'Abel sont souvent un frein à la confiance.
Devant son poste de télévision, alors que se déroulent les funérailles de l'
Abbé Pierre qu'il aimait beaucoup, Gus se rend quand même compte que les éloges dithyrambiques sonnent parfois faux, et en descendant sa bouteille de prune pour combattre son rhume, car l'hiver est froid aux Doges, il pense à sa propre vie.
Franck Bouysse évoque ici des évènements étranges, mais on est loin du polar, on entre dans le domaine de la souffrance, de l'enfance maltraitée, des parents violents, des taloches pour un oui ou un non, de la haine, à part la tendresse de la grand-mère qui le protège comme elle peut.
Gus n'a jamais compris pourquoi ses parents le haïssaient, se demande ce qu'il a bien pu faire, et les violences et les moqueries continuent à l'école. On devine qu'il y a des secrets de famille lourds derrière tout ceci et cela aboutit un beau roman.
Une scène m'a marquée : la mort de la mère et la manière dont elle est ressentie par Gus et ce qu'il en fait.
Un regard tendre, au passage, au tracteur Massey-Fergusson, qui me rappelle tant de souvenirs : mon grand-père en avait un, c'était son premier tracteur, et il avait remisé le Percheron à l'écurie, ne lui confiant que des efforts pas trop durs pour entretenir sa forme…
J'ai découvert la plume de
Franck Bouysse avec ce roman et j'ai vraiment beaucoup aimé l'histoire, les personnages, au caractère bien trempé, comme la nature, qu'il s'agisse de Gus ou de son voisin étrange Abel, ainsi que toute la réflexion sur la dureté de la vie, la solitude, le bon sens de Gus…
Le titre est magnifique, il évoque ces lignées de paysans qui s'éteignent peu à peu et s'en vont «
grossir le ciel ».
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