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3,9

sur 1600 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Tels des Robinsons échoués au milieu de leurs quelques arpents de terre, ces deux-là vivent seuls, séparés l'un de l'autre par des haies bocagères et des clôtures. Un mauvais chemin leur permet de partager occasionnellement un verre de gnole ou de vin. Aussi taiseux l'un que l'autre, l'indifférence n'est qu'apparente, surtout lorsque la traque d'un gibier amène Gus près de la ferme d'Abel, et que des cris et détonations suspectes retentissent. L'explication viendra, laissant Gus dubitatif.

D'autres menaces viennent troubler la quiétude des lieux, la visite d'évangélistes semble cacher d'autres intérêts, dans un monde qui ne parvient que par bribes au coeur de cette campagne isolée des Cévennes, et puis survient un drame lointain dont l'écho parvient jusque là : l'abbé Pierre disparait. C'est le début d'une époque troublée pour ces hommes sauvages.


On ne peut échapper à la civilisation. Ce n'est pas en se passant de téléphone et en ignorant les sollicitations intempestives des visionnaires d'autoproclamés d'une autre gestion de l'agriculture que l'on peut se protéger. le maintien de cette autarcie ne tient qu'à un fil.
Si le monde bouge à distance, le microcosme d'Abel et Gus est aussi sur le point de se déliter, de drames en secrets révélés.

Un roman noir, âpre, dans un décor d'autant plus rude que l'hiver dénude les environs. Remarquablement dressé, le portrait de ces deux hommes nous immisce dans une vie quotidienne minimaliste et difficile. On est pris par l'ambiance et par les dissonances successives qui vont faire voler en éclat le calme apparent.

C'est captivant, à la fois pour le cadre et la narration.

240 pages La manufacture de livres 9 novembre 2014
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Je sors estomaquée de cette lecture. Quelle claque !
Dès le départ, j'ai été happée par l'observation du quotidien de Gus, un homme de terroir taiseux et solitaire qui voit sa routine chamboulée. L'auteur excelle dans la mise en place en toile de fond d'une angoisse sourde qui monte crescendo. le lecteur s'animalise, il ressent le froid, sent la neige qui craque sous ses pieds, voit tout ce que je vois Gus et comprends tout ce qu'il révèle de son passé.
Le travail sur l'écriture est superbe, de la poésie noire à la fois sèche et dense, cela permet tout comme une scène absolument incroyable, celle où Gus regarde sa mère tant haïe agoniser au bout d'une corde.
Un livre qui sort clairement du lot de la production française.
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Décidément, avec Franck Bouysse, je me régale toujours autant.
Grossir le Ciel est un roman dur, ancré dans la terre mais, à la différence
des premiers que j'ai lus, j'y ai trouvé quelques passages qui m'ont carrément fait rire et ça, c'est la surprise!

Gus et Abel habitent dans deux fermes proches et cultivent la terre "à l'ancienne". Pas de bâtiments hyperautomatisés, peu de mécanisation, ici, on vit avec les bêtes et avec la lumière du jour et on trime dur jusqu'au bout.
Gus n'a pas de téléphone et même s'il se permet le luxe de regarder parfois la télé, il y a souvent autant de neige sur l'image qu'à l'extèrieur de sa ferme.
Les deux paysans cévenoles, vivent dans l'isolement et en bons voisins, entretiennent des relations basées sur l'entraide nécessaire et une amitié minimum. Mais attention à ne pas chercher chez l'autre ce qui ne vous regarde pas sinon les rapports se tendent vite et le fusil de chasse n'est jamais loin!
Chacun vit avec ses secrets, surtout Abel, le plus âgé, mais aussi le plus taiseux, qui semble pourtant chargé sous le poids d'un passé lourd à porter.
Plus on avance dans l'histoire, plus les événements incompatibles avec leur routine, laissent apparaître des fissures dans ce mur sur l'ancien temps que le vieux tente de cacher.

Franck Bouysse nous offre une écriture toujours aussi forte dans le choix des mots, pleine de poésie avec des dialogues parfois cocasses dans la façon dont nos deux personnages s'expriment, avec économie mais pourtant le juste sens.
Terre rime avec Mystère, en tant que lecteur, on cherche à savoir, à deviner ce qui se cache derrière les murs épais de ces deux fermes et ce ne sont pas les "suceurs de bibles", visiteurs incongrus dans cette campagne rude, qui nous aident à trouver la vérité ultime!
Un sacré bon bouquin!
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Après avoir lu 'Né d'aucune femme" du même auteur, j'ai voulu tenter ce titre qui avait reçu une belle critique à l'époque mais elle n'était pas venue à moi, il faut dire que ce n'est pas mon genre de prédilection.

J'ai bien aimé la narration, moi qui suis de la campagne, on y est ! l'accent, le ton, les gestes, le décor, les taiseux, les rustres, ça sent le vécu, l'observation.

Quant à l'histoire, elle est prenante, on se demande bien que ce qui se passe dans les deux fermes, mais jamais j'aurai imaginé la fin du scénario.

Un bon roman noir du terroir avec deux personnages bien campés sur leur idées.

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Nous sommes dans la France profonde, perdu dans les Cévennes. Deux paysans, Gus et Abel vivent seuls dans la montagne, éloignés l'un de l'autre de quelques centaines de mètres.

Gus décide un jour de rendre visite à Abel et de boire un verre avec lui, en fait de lier leur deux solitude.

Abel ne refuse pas, mais pas le soir où Gus le lui demande. Il a du vague à l'âme.

Une amitié de taiseux va se mettre en place. Ils s'aideront lorsque l'un aura besoin de l'autre. Ils ne se feront jamais totalement confiance.

Un beau jour, des évangélistes débarquent. Que viennent-ils faire là ? Pourquoi ne passent-ils pas leur chemin ?

Bien des choses tracassent Gus. Abel s'en apercevra, mais quel rôle joue-t-il lui aussi ?

Franck BOUYSSE sait y faire. Il nous emmène sur des chemins emberlificotés, on ne voit pas où il veut en venir. Il faut lire jusqu'au bout pour savoir comment tout cela va se terminer. Trop bien !

Enfin, ne vous précipitez pas trop. N'allez pas « Grossir le Ciel » et surtout méfiez-vous du "Paradis, qui pourrait être l'enfer".
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Aux Doges là-bas dans les Cévennes
La solitude libère la haine
Et Gus dans cet âpre décor
Ne peut empêcher le passé
de saigner et saigner encore
Les souvenirs comme un couperet
Lacèrent ses noires pensées
Rien que son chien Mars à aimer
Une seule affection: Mémé
Il y a bien Abel le voisin
Taciturne,le corps éteint
Mais ses mystères et ses silences
Gus éperdu décontenancent

Jusqu'au sang des violences
Jusqu'au feu révélateur
Un secret dévastateur
Et une seule délivrance

Au profond de mon coeur éclaté et meurtri
Les souffrances de Gus mot à mot ont grandi
Eblouissement d'une écriture , flot d'étincelles
Grossir le ciel de chagrins fous, de vies cruelles.
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Un pur bonheur de lecture.
"Grossir le ciel" est un extraordinaire roman, huis clos étouffant au coeur d'une nature et d'un hiver omniprésents.

D'une plume épurée, Franck Bouysse tisse une intrigue crescendo où la profondeur réveille l'espoir.

Au-delà, "Grossir le ciel" est un chant, un hymne à la Nature sauvage, une célébration de l'Homme par l'homme.

En filigrane: la nostalgie, l'angoisse du temps qui s'écoule.

Que dire lorsque le talent de l'auteur nous laisse sans voix, une seule chose : LISEZ-LE.
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Franck Bouysse
Sa marque de fabrique : un univers glauque, noir et pourtant illuminé d'une poésie charnelle, humaine !
J'aime son style, la force de son écriture qui traite de l'essentiel. le témoignage de ce monde qui disparaît.
Il creuse les sillons de l'âme humaine :
"Il creuse l'obscurité pour donner du travail à la lumière"
Il creuse toujours au même endroit mais de plus en plus profond.
Grossir le ciel
L'auteur nous conte merveilleusement la rugosité des paysages Cévenols, le monde paysan traditionnel qui se meurt lentement, silencieusement.
Il fait entendre la voix de gens qui n'ont jamais la parole.
De ces hommes rustres qui foulent, travaillent cette terre austère depuis la naissance.
Dans cet univers : "la vie ne fait pas de cadeau"
Un hameau perdu, les Doges : deux fermes éloignées de quelques centaines de mètres, de grands espaces, des montagnes, des forêts ...
Gus, figure centrale de ce roman, son regard, vit ici depuis plus de cinquante hivers, pas malheureux, pas vraiment heureux non plus.
Le récit commence avec la mort de l'abbé Pierre :
La tristesse l'envahit, sans prévenir ! Il est impressionné par la vie de cet homme.
Et puis il y a Mars, son chien, son meilleur compagnon
Il n'a que lui à qui parler !
Mais Gus aussi taiseux soit-il, a de l'humour, de la répartie quand il rencontre "des grands airs", des banquiers, des institutions ...
Un moment savoureux entre Gus et "le pingouin" du crédit des agriculteurs :
" - Une banque comme la nôtre, c'est bien plus qu'un endroit où on dépose son argent, surtout pour les agriculteurs.
- ça tombe plutôt mal, parce que moi, je suis paysan...

Abel, plus âgé, rugueux et mystérieux vit dans l'autre ferme.
Aucun des deux hommes n'est causant,
Il s'entraident :
Des coups de main et des coups de rouge !
Gus et Abel, deux ours mélangeant leurs solitudes en buvant un coup, chez l'un ou chez l'autre.
Ce moment de fraternité, ils le vivent à trois, le troisième, leur fidèle ami : le rouge ! alcoolisé et sans modération !
Car ces instants sont propices aux mots, phrases, conversations ... Mais avec modération !
"Buvons puisqu'il est l'heure
Buvons rien que pour boire
Je serai bien dans une heure
Je serai sans espoir
Ami, remplis mon verre
Encore un et je vas
Encore un et je vais"
Ces êtres au passé lourd, cabossés par la vie, par leurs souvenirs crasses sont peu enclin à exprimer leurs souffrances et leurs émotions.
Les face à face entre Gus et Abel, faits de silences et de soupçons insidieux, sont superbement orchestrés.
Car ce roman est puissant, chaque mot est à sa place dans une proximité de ces deux solitudes qui s'affrontent, celle des hommes et leurs orages intérieurs !
L'écriture est impressionnante de maîtrise, sobre, juste
magnifique !
A consommer Nature Brut ! D'une traite !



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Grossir le ciel de Franck Bouysse est indéniablement un roman noir.
Dans une sorte de huis clos, où nos protagonistes sont coincés en plein dans les Cévennes, nous découvrons deux personnages atypiques en quête de tranquillité et de réponses, les deux n'étant pas compatibles….

Gus s'occupe seul de sa ferme héritée de ses parents. Seul quotidien connu, il passe son temps à s'occuper de ses bêtes et à aller boire un coup chez son voisin le plus proche, lui aussi paysan, Abel, son seul véritable contact extérieur en dehors de son chien. Ce quotidien bien rodé va être chamboulé le jour de la mort de l'Abbé Pierre qui sans aucune raison apparente, va chambouler notre Gus, pourtant protestant. Mais cette actualité va être le top départ à de nombreux autres chamboulements…

Totalement happée par ce récit, j'ai eu énormément de mal à lâcher le roman avant le grand final. le terme « roman noir » a-t-il été inventé pour ce roman ? Grossir le ciel n'est pas un roman sanguinolent ou graphique de quelque manière que cela soit, et pourtant, il est rempli de noirceur et de crasse. Ce quotidien de paysan d'un autre temps rempli de secrets et de non-dits malsains nous intrigue et ne nous lâche pas. Franck Bouysse nous propose un roman addictif porté par une ambiance singulière. Ambiance servie par une écriture particulière et qui sert parfaitement cette atmosphère. Grossir le ciel est un roman qui a su rencontrer un succès important, mérité amplement. J'ai découvert aujourd'hui un auteur qui, j'en suis sûre, me réserve encore des pépites !
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On va finir par croire que j'ai une tendresse toute particulière pour les histoires qui ont lieu dans des coins reculés, dans les trous du cul du monde où le temps semble s'être figé.

Venant d'un milieu rural j'aime y retourner via la littérature. le terreau est toujours propice pour y semer des mauvaises graines qui donneront un récit flamboyant avec des gens simples.

Fin janvier 2007. Les Doges, un lieu-dit perdu dans les Cévennes, deux fermes isolées, deux hommes seuls, des paysans qui possèdent peu mais ne demandent rien de plus qu'avoir la paix et à manger dans leur gamelle. Deux hommes séparés par vingt ans de différences, deux hommes qui parlent peu et apprécient cette solitude.

Gus, la cinquantaine, vit avec son chien, s'occupe de ses vaches et traite la terre avec respect. Abel, vingt ans de plus, s'occupe des siennes et, de temps en temps, ils se rendent des menus services avant de s'envoyer un coup de gros rouge, un ch'ti canon…

La terre est âpre, imbibée du sang des vieilles guerres qui eurent lieu dans des temps reculés et elle forme les caractères des hommes qui la travaillent car chez eux, la tendresse, ça n'existe pas… Pas de place pour ça ou bien souvent, ils l'ont perdue à force de recevoir des coups – de pieds ou du sort.

Malgré son peu d'instruction, Gus a compris bien des choses dont "L'habit ne fait pas le moine". Même si le décès de l'abbé Pierre lui retourne les sens, bien qu'il ne soit pas catholique mais protestant.

Gus, c'est le personnage principal, il a beaucoup souffert et je l'ai trouvé très attachant sous sa carapace.

La vie rurale et les petits travaux de la ferme décrits m'ont rendue nostalgique parce qu'ils m'ont fait penser à mon grand-père. Les vaches, les vêlages, réparer une clôture… J'y étais de nouveau ! Les descriptions des paysages ou des travaux de la ferme sont bien rendus, sans appesantir le récit.

Peu de personnages, un huis-clos neigeux qui m'a rendu la gorge sèche et les mains moites tant l'auteur a su distiller son suspense et ses situations angoissantes. Avec peu, l'auteur sais nous activer le palpitant.

Des non-dit, des secrets de famille, des souvenirs qui, tels des flocons de neige, pleuvent doucement sur l'histoire, nous en apprenant toujours un peu plus sans nous en dire trop, éveillant notre curiosité sur ce qui a bien pu se passer lorsque Gus allait tirer les grives et a entendu un autre coup de feu ainsi qu'un cri…

La plume de l'auteur a réussi à rendre poétique cette violence latente, cette apprêté de nos deux paysans, leur caractère bourru et leur envie de ne pas trop fréquenter leurs semblables, tout en restant humain et en cherchant tout de même le contact entre eux.

Cela a rendu la lecture simple, évidente, tout en la remplissant d'une beauté d'écriture qui m'a subjuguée. L'utilisation de quelques métaphores "fortes" a rendu le style encore plus empreint de tristesse mâtinée de poésie.

C'est riche, c'est élégant, sans jamais être lourd, sans jamais en faire trop. Bref, c'est d'une rare noblesse. Une vraie pépite, ce roman.

Les trente dernières pages se dévorent avec précipitation, tant on veut savoir ce qu'il va se passer, mais le coeur est serré.

C'est ce que j'appelle un "putain d'excellent roman" tant l'équilibre entre tout est parfait. Il est court, mais puissant et vous laissera un goût métallique dans la bouche durant un long moment.

Un roman qui marque.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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