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3,9

sur 1610 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ceci est une relecture de l'édition complétée de la manufacture de livres : en plus, une préface de l'auteur et quelques témoignages de gens qui ont côtoyé le héros, Gus, et donnent leur avis à son sujet.
Ce roman se déroule dans les Cévennes en hiver. L'auteur a écrit trois autres romans, indépendants les uns des autres, qui se passent aussi dans le Massif Central, chacun à une saison précise.
Le mystère plane tout au long du récit, où se côtoient des personnages solitaires et taiseux, bien campés dans la nature et la vie quotidienne à la ferme, où rien ne semble avoir évolué depuis des décennies. Malgré un rythme assez lent les découvertes ne manquent pas et on se laisse entraîner par le suspense.
L'écriture à elle seule vaut le détour.
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Grossir le ciel est un roman rural, dur, intense, violent et particulièrement noir. Il y a beau avoir marqué policier sur la jaquette du livre, ne vous attendez pas à une enquête classique habituelle. Passez votre chemin si vous n'aimez que ce genre de thriller. Par contre, préparez-vous à une drôle de surprise si vous décidez de vous lancer dans cet opus.

« La mère ne bougeait pas, du foutre ruisselait sur ses cuisses blanches. On aurait dit le Christ accroché à sa croix, dans une communion que personne n'était en droit de contrarier. Gus s'était reculé lentement dans la cour et était parti se cacher dans la maison, avec la certitude absolue d'être un fruit pourri conçu dans la violence et la haine, toujours accroché dans l'arbre. IL n'y avait qu'à regarder Gus et observer les regards fuyants des gens pour y déceler le dégoût qu'il inspirait »

Aussi sombre que mélancolique, la routine de Gus va être chamboulée par des événements successifs. Tout commence avec le décès de l'Abbé Pierre. Il y aura son face à face avec Abel, sa relation quasi charnelle avec son chien Mars, le banquier, … Je vous laisse découvrir l'intrigue.

« Une fois dehors, Gus siffla Mars par habitude, mais l'animal ne vint pas se coller aux basques de son maître, et la confrontation brutale avec la réalité accentua un peu plus son désarroi. Il lui semblait qu'il faisait moins froid qu'à l'intérieur de la maison. Il avait la sensation que sa tête butait contre les nuages, tellement ils étaient bas, et qu'ils essayaient d'expulser des petits flocons tout biscornus, des gros et des moins gros allant se poser délicatement au sol sur la couche de neige déjà formée, sans que rien de vivant ne soit responsable de ce mouvement-là. »

Relativement lent (l'auteur prend bien son temps pour poser le décor de son histoire), il s'accélère petit à petit pour finir en véritable apothéose. Je suis resté scotché en tournant la dernière page. C'est la définition même du livre marquant ! 3 jours après l'avoir refermé, il est toujours en moi tellement il m'a perturbé ! Il est pourtant court : 14 chapitres et un épilogue pour un peu plus de 250 pages.

L'écriture y est pour beaucoup. L'auteur excelle dans les descriptions des événements ou dans les dialogues « campagnards », donc « brut de fonderie » entre les deux personnages principaux. Il y a des joutes verbales vraiment délicieuses. C'est très suggestif et expressif. le choix des mots, cette poésie noire mélangée à la sècheresse voire la simplicité verbale (l'emploi de l'argot et du langage oral donnent vraiment un caractère typique et pittoresque aux personnages) des dialogues sont parfaitement adaptés à la situation.

« Abel but son verre d'un trait et se leva. Il se tenait face à Gus, tout raide, comme une espèce de bestiole qui ne voudrait pas être repérée dans un décor hostile, puis il planta ses yeux dans ceux de Gus après un silence qui ne rendait service à personne et il dit :
[…] – le diable, il habite pas les enfers, c'est au paradis, qu'il habite.
Abel sortit là-dessus, en laissant sa réflexion se balader dans la pièce, tel un chien qui aurait perdu son maître. le genre de truc qu'on balance en sachant que ça fera son chemin à coups de hache. »

D'aucun parle d'un style Bouysse, je ne peux que les rejoindre. C'est fluide, sans longueur, très agréable à découvrir. le lecteur est comme un personnage de ce huis-clos : il ressent le froid, sent les odeurs, entend les oiseaux, … il est secoué au plus profond de lui-même.

Court mais puissant, magnifiquement écrit, ce roman noir est magistral. Je ne peux que vous le recommander. Je continuerai à lire cet auteur

4,5/5


Lien : http://alombredunoyer.com/20..
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Je pensais avoir toi lu de Franck Bouysse mais à la faveur d'un rangement de mes livres j'ai retrouvé ce titre qui m'attendait.
Il m'a emportée dans les Cévennes, dans la ferme de Gus, un paysan entre deux âges vivant avec son troupeau de vaches et son chien Mars seul être à qui il manifeste de l'attachement. Parce que dans ce coin reculé, il est bien seul Gus. Il y a bien Abel, son premier voisin avec qui il partage quelques canons de rouge et qu'il aide à l'occasion mais voilà que ce dernier se comporte de façon étrange et devient secret et méfiant. de quoi perturber la morne routine de notre Gus, le plonger dans la perplexité et aiguiser sa curiosité.
.
Coup de coeur pour ce roman qui est peut être mon préféré de l'auteur. On y retrouve cette atmosphère si particulière des terres rurales. Cette vie rude, faite de labeur avec ses hommes un peu rustres. On est immergé dans ce lieu: on entend le craquement de la neige sous les pas, le bruit de la télévision en bruit de fond, on ressens la morsure du froid, on voit la poussière qui vole dans ce logis sommaire, on goûte l'amertume d'un café trop longtemps réchauffé, on sent l'odeur âcre du feu de cheminée. Et on ressent la solitude, lourde, pesante, insupportable.
Et dans ce quotidien des plus banals on sent poindre un drame, un point de non retour qui va faire basculer la vie de Gus. L'intensité est maîtrisée, l'intrigue est implacable et nous tient jusqu'aux toutes dernières lignes où l'on comprend la signification du titre.
Un roman rural où se mêle noirceur et tendresse, sur fond de secrets de famille.
Un livre que j'aurais eu tort de laisser dormir sans le lire
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Polar cévenol.

Une ruralité profonde, où vivent des êtres solitaires et taiseux. Des êtres aux vies calées sur le rythme implacable de la Nature, ses cycles saisonniers, son cadencement immuable. Des êtres au passé brouillé, écrabouillé et aux réminiscences crasseuses. Abel et Gus, fermiers mitoyens, verront ce passé ressurgir, impitoyable.
Le développement du portrait quotidien de ces êtres "à la marge" est sans appel: un véritable scalpel qui nous dévoile une réalité rude et froide.
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Un western rural. Voilà ce que Franck Bouysse nous propose avec Grossir le ciel. Une lutte épique et silencieuse entre deux vieux taiseux ancrés dans leur terre des Cévennes depuis toujours, que de vieux secrets de famille ont plus ou moins isolés dans leur deux fermes. C'est sur le terreau de ces vieilles rancunes que vont se construire deux personnalités très solitaires dont les destins se frôlent depuis des années et qui vont finir par se percuter un matin ordinaire, après la découverte de Gus.

Le style est incisif, brutal, parfois très sombre lorsqu'il déterre de vieux cadavres. Les dialogues bien dosés sont ultra réalistes, ils claquent et vous percutent, aussi secs que les châtigniers mourrants des terres de Gus. Mais ce que je retiens surtout, c'est l'atmosphère poisseuse et âpre qui se dégage de ce livre, l'ambiance lourde avec ses anti-héros bouffés par la souffrance et l'amertume d'une vie de chiens. Il y a tellement de non-dits qui plombent le récit, et Franck Bouysse prend un malin plaisir à les dégager lentement de leur fange, petit à petit, offrant par la même occasion une belle peinture de deux âmes en peine, deux êtres noirs et cabossés qui font monter, au cours de leur affrontement, une tension palpable et presque insupportable jusqu'aux révélations finales.

Un bouquin qu'on referme le coeur palpitant, et une histoire que je ne suis pas prête d'oublier, mêlant réalité de la terre - nature writing en quelque sorte -, thriller sombre, ambiance finement reconstituée et âmes torturées, le tout sublimé par le style de l'auteur. Bref, un combo gagnant à mes yeux.

Un grand livre pour un grand auteur.
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Dans ce coin perdu des Cévennes, on a l'impression que le temps s'est arrêté. Avec une écriture d'une simplicité savoureuse, l'auteur nous entraîne dans ce monde rural, rude, laborieux parmi lequel le passé n'est jamais très loin et qui peut déclencher une violence à l'image de ces hommes, ces "taiseux". Un très bon polar !
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Quelle claque! Quel roman brillant! Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas ressenti ça pour un livre, un polar noir qui vous prend aux tripes et ne vous lâche plus, instillant un climat de peur, de suspicion.

Grossir le ciel est un polar qui se déroule dans les Cévennes. Abel et Gus sont voisins. Tous les deux fermiers, ils habitent aux Doges, coin reculé avec pour seul décor les champs et la forêt. Tous les deux vieux garçons, ils se tiennent compagnie de temps en temps, buvant ensemble, sans jamais pourtant se parler comme de vrais amis.

Un jour, Gus part à la chasse aux grives. C'est l'hiver, il fait froid, il neige, il n'y a pas un bruit sauf celui, soudain, d'un coup de fusil. En s'approchant de chez Abel, Gus découvre une grande tache de sang. le sang d'un animal ou celui d'un homme? Alors le doute s'installe chez Gus peu à peu…

Franck Bouysse mène son polar d'une main de maître. En quelques pages, il fait monter la tension entre les personnages. C'est noir, c'est rude, c'est violent à l'image de ces deux personnages et de ce coin de France où ils vivent, coupés de tout. Il ne s'y passe pas grand chose, certes, mais l'auteur nous fait sentir la vie choisie par Gus et Abel: une vie âpre, faite de sacrifice et de rêves avortés.

L'auteur possède une plume incroyable faite d'images très fortes et très parlantes qui restent gravées longtemps dans la mémoire du lecteur. La scène du faon m'a fendu le coeur. Franck Bouysse est capable de faire ressortir la beauté de la noirceur la plus totale. Car de noirceur, il va en être question.

Et puis, il y a toutes ces révélations qui se font au fur et à mesure. Comme Gus, j'ai été aveuglée et surprise jusqu'à la toute fin du roman. J'ai été soufflée par la fin de ce livre, mise à terre, ébahie.

Grossir le ciel est un véritable coup de coeur, un coup de poing. Un polar dense et noir à lire absolument!
Lien : https://carolivre.wordpress...
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Encore un auteur que je ne connaissais pas, et ce roman est une véritable pépite.
L'écriture est riche, belle, imagée, les deux personnages principaux -Gus et Abel- sont des êtres durs que la vie a ainsi façonnés, mais ô combien attachants, et leur vie passée dans un coin quelque peu isolé des Cévennes n'y est pas étrangère (à une dizaine de kilomètres cependant du Pont-de-Monvert, l'une des célèbres étapes du GR Stévenson).
Deux hommes que tout semble opposer, mais "complémentaires" voire "ressemblants".
Un véritable huis clos" rural", où les jours s'écoulent dans une certaine quiétude, auxquelles les habitudes fournissent la cadence. Jusqu'au jour où Gus entend un coup de feu et découvre des tâches de sang.
Et de là, naît la "suspicion" ou du moins naissent les questions à l'encontre de son voisin le plus imédiat, Abel.
Une évolution qui va crescendo dans les rapports entre les deux protagonistes, menée par l'habile chef d'orchestre qu'est Franck Bouysse.
Un ouvrage prenant, dur et âpre comme la vie de ces hommes isolés des montagnes.
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Sur un vide grenier, mes yeux se sont posés sur une série de bouquins, une couverture m'a attirée. Plutôt austère la couverture. La quatrième de couverture m'a intriguée, je l'ai acheté. 1€. Je ne connaissais pas l'auteur, je ne risquais pas grand chose à m'en remettre au hasard et à mon instinct.
Si vous saviez le bonheur de lecture que ce petit bouquin m'a procuré !!!
Dès la première page, je me suis sentie puissamment happée et fascinée par l'écriture ... Sur la couverture, il y a marqué policier. (Il a reçu de nombreux prix dans cette catégorie d'ailleurs) Ce n'est pourtant pas un policier, mais pas du tout. C'est un vrai roman noir, très noir rendu lumineux par la magie de cette écriture poétique capable de créer un monde de petits riens, de nous rendre palpable une nature austère et presque hostile dans ce coin perdu des Cévennes où le progrès technologique est absent, où les hommes sont à la mesure du lieu où ils habitent, solitaires, taiseux , méfiants...
Gus est l'un de ces hommes. Un jour, celui de la mort de l'abbé Pierre, un grain de sable vient casser sa routine familière et plus rien ne sera jamais comme avant. D'épouvantables blessures d'enfance en secrets enfouis qui remontent à la surface des âmes, on arrive au bout de ces 240 pages un peu KO mais ébloui. Ne passez pas à côté de ce bijou de roman. C'est une pépite brute et polie à la fois, un roman rare, intense et indispensable. Un roman magnifique
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Grizac, pas loin de Pont-de -Montvert. C'est dans ce pays perdu des Cévennes, que vit Gus un quinquagénaire solitaire avec son chien. Un peu plus loin, à 200 mètres habite Abel, son voisin, également dans une ferme, seul, lui aussi. Les deux hommes ne se voient pas souvent, on est chacun chez soi. Quelques événements anodins, puis des rencontres inattendues feront apparaitre l' histoire qui s'est passée , qui existe entre les deux hommes.
Ce fulgurant roman m'a laissé abasourdi, de par le fait que j'ai des cousins lointains qui habitent une ferme à Grizac et m'ont fait découvrir cette superbe région éloignée de tout.
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