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3,9

sur 1600 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai découvert il y a quelques semaines l'écriture de Franck Bouysse avec son magnifique roman "Glaise " et devant ma chronique enthousiaste, mes amis lecteurs m'ont fortement conseillé d'autres titres de ce même auteur.
Mon choix s'est donc porté sur Grossir le ciel, choix judicieux, une fois de plus.
Au travers de ce roman noir, au coeur des Cévennes, la vie de Gus, ce paysan taiseux, a remonté à ma mémoire des souvenirs d'enfance. Mon enfance bressane au milieu de ce monde paysan, moi le fils d'ouvrier sidérurgique, j'ai retrouvé ces gestes, ces odeurs, ces images qui m'ont enchanté et que je regrette aujourd'hui avec nostalgie, d'autant que ces braves gens, côtoyées à l'époque, ont pour la plupart quitté cette terre qu'ils aimaient tant.
La Bresse, ce n'est pas les Cévennes, certes, mais le monde paysan, il n'y en a qu'un, une histoire commune, une vie identique où qu'on se trouve géographiquement parlant.
Franck Bouysse trouve les mots justes, pour raconter simplement les vies simples.
Gus, Abel, destins croisés, destins partagés. Souvenirs, mensonges, non-dits dans la rigueur de l'hiver cévenol. Des hommes, des bêtes, la neige... acteurs d'un drame qui tisse sa toile au fil des pages.
Oui, Monsieur Bouysse, je me suis régalé de ce récit et j'en veux encore. Comme une bonne soupe, j'en reprendrai une louche, et un verre de bon gros vin rouge qui tache, parce que c'est aussi ce qui relie les hommes, les hommes de la terre, mais aussi les hommes de lettres avec leurs lecteurs.
A bientôt donc, à Lyon déjà où j'ai bien l'intention de vous rencontrer en avril prochain...
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«Une saison avec un soleil dans le ciel qui ne parviendrait pas à trouver sa place entre les nuages. du froid jusque dans les os. Au plus profond.»

«Grossir le ciel», c'est mon premier livre de Franck Bouysse. Je le remarque grâce à mes amis, sur ce site. C'est ainsi que je fais une rencontre magique avec l'auteur, je découvre une pépite. Je vois qu'en plus, il gagne des prix :
- Prix Polar Michel-Lebrun 2015
- Prix Polar Pourpres 2015

Poignant, Saisissant, Bouleversant



Quand je commence à lire l'histoire, je me sens dépayser par cet endroit isolé, qui est en retrait du village. On fait la connaissance de Gus, avec son chien Mars, ainsi que d'Abel, son voisin. Ils sont deux fermiers, qui s'occupent de leurs terres. Ils font chacun leurs affaires, ils se rencontrent parfois, mais on ressent un étrange malaise.
Le lieu se passe en Dodge, au coeur des montagnes. J'entends clairement le vent fouetté les arbres, je m'imagine l'étendue des champs et je revois les flocons tombés, à travers cette nature froide et hostile.



On se sent alors vulnérable et impuissante, dans cet espace limité, et on partage la vie de Gus, sur son territoire, on fait également un retour dans le passé. On s'attache à cet héros solitaire, où il ne l'a pas eu facile depuis il est né. Dans son entourage, il y a juste son chien, et son voisin. Il y a bien sûr l'abbé, qu'on voit à la télévision mais pour Gus, c'est une présence familière, dans son cercle restreint. Lorsqu'il annonce son décès, rien n'est plus pareil. Il se passe par la suite des événements inexplicables dans cet environnement tendu et malsain.



Au cours du récit, on voit de plus en plus Gus, préoccupé. Son chien Mars est également nerveux et on fait aussi la rencontre des visiteurs inattendus. Ils veulent lui parler de Dieu, de sa terre et lui il n'a rien demandé. Quand il descend au village, il reçoit aussi une proposition, qui le rend encore plus amère. C'est un peu à cause de ces incidents, que Gus et Abel auront des interactions ensemble. On ressent également que le fil est mince, que leurs rapports sont fragiles au cours de leurs échanges. On ne peut pas rester indifférent, c'est deux héros différents mais qui se ressemblent. À mes yeux, ils ont une chose en commun : Ils ont un grand coeur, sous leurs carapaces. Tu ne peux pas t'empêcher de les aimer, de ressentir ce qu'ils vivent et à travers eux, ton coeur saigne.



L'auteur Franck Bouysse sait maintenir ton attention. Tu te laisses happer par sa plume à la fois magnifique et dure. Il prend des mots rudes et ardus pour être près des personnages. On s'aperçoit que le mal de l'âme existe, que les blessures ne sont pas guéries, elles sont encore vives. Ils restent encore des secrets inavoués. Dans ce cadre sauvage, la nature ainsi que les animaux détiennent une place importante. J'avertis qu'il possède des passages qu'ils peuvent être dérangeants. On hume dans l'air, au-delà des cieux, on soupçonne que le mal est caché, en ces lieux. C'est subtil, ça ne s'explique pas.



Au niveau de son écriture, c'est fluide, c'est facile à suivre. Je ne trouve pas de temps mort, tu ne veux pas lâcher ton livre, car tu veux voir ce qui va arriver. L'auteur maîtrise bien son intrigue et il manipule bien ses personnages. Il sait mettre également une touche d'humour sarcastique, quand il le faut, il sait aussi ajouter une touche d'humanité, lorsque c'est le temps. C'est une rencontre entre voisins, lorsqu'on se fréquente, on ne sait pas, ce qui peut arriver. L'auteur joue alors habilement avec le lecteur, jusqu'à la finale. Je n'ai pas de mot pour décrire la fin, quelle claque !

«On fait parfois des choses qui sont plus fortes que nous, quand l'instinct seul dicte sa loi.»

Pour terminer, c'est un excellent moment de lecture, que je n'oublierai pas de sitôt, ses deux héros. C'est une histoire triste, intense et émouvante. Elle peut être difficile à lire. Je suis conquise par son talent de conteur, quel coup au coeur ! C'est un récit qui vient te toucher, ton coeur se déchire. Au fil de l'histoire, tu vois les confidences se dévoiler et les mystères se résoudre. L'auteur possède ce don, de te déstabiliser. C'est pour toutes ses raisons, que c'est une belle trouvaille. Il faut également bien choisir le moment pour le lire. Et vous, écoutez-vous toujours votre instinct ?

Sia
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Aux Doges, pas de fioritures : la vie de Gus est rythmée par la nature, son chien Mars, les bêtes à nourrir, les clôtures à réparer, le bois à couper et parfois, par un petit coup de rouge avec son plus proche voisin Abel.
En plein hiver cévennol, dans le silence assourdi par la neige, un coup de feu va faire basculer l'équilibre. le jour de la mort de l'Abbé Pierre.

Une plume poétique, concise, imagée, une ambiance épaisse, un souffle à couper au couteau. Franck Bouysse nous emmène, doucement mais inévitablement dans ce drame implacable. J'y étais, transportée par les mots, devant ces paysages vivants, face aux émotions brutes, écoutant les silences et les non-dits.
L'angoisse arrive crescendo, jusqu'au final, imprévisible.

J'ai beaucoup aimé le personnage de Gus, sa rusticité, la finesse de ses pensées, ses blessures.
J'ai beaucoup aimé l'histoire de ces deux hommes isolés dans ce lieu-dit, fermé au reste du monde.

Une très très belle découverte.
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Taiseux et solitaire, Gus, vit dans un lieu reculé des Cévennes.
Il est vrai que Gus ne parle jamais pour ne rien dire mais il faut avouer que c'est un bon bougre, travailleur et dur au labeur.
Les jours passent et se ressemblent pour ce paysan qui a hérité de la ferme familiale à la mort de ses parents. Il partage ses journées entre les travaux de la ferme et l'entretien de ses bêtes, accompagné par Mars, son fidèle chien et sa seule source d'affection. Il y a bien Abel, son voisin fermier plutôt taciturne avec qui il ne partage que le labeur des travaux agricoles et de temps à autre un verre de vin.

En cet hiver froid et rigoureux on s'apprête à enterrer l'abbé Pierre mais c'est un autre événement qui va bouleverser son quotidien. Des cris et des coups de feu provenant de chez Abel.
Conscient de violer l'intimité d'Abel, Gus devient suspicieux et se met en quête de la vérité.

Je découvre Franck Bouysse avec ce court roman noir que j'ai adoré !
Aucune fioriture dans l'écriture de Franck Bouysse, une simplicité toute en élégance qui décrit avec un réalisme saisissant la dureté et la solitude de la vie rurale. Et que dire de l'intrigue savamment ficelée et diablement efficace car « le Diable n'habite pas aux Enfers mais au Paradis ». On pressent qu'un terrible secret est sur le point d'être révélé, ce qui nous tient en haleine durant toute la lecture. Impatiente maintenant de partir à la découverte d'autres opus de cet auteur de talent !

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Un livre à l'ambiance froide et dure.
Il neige, il fait sombre, on est bien seul dans cette campagne reculée au fin fond des Cévennes .
On ne se parle pas trop non plus.
On ne sait pas bien se parler.
Mais on peut quand même avoir un ami, en plus de son chien...Un ami, normalement on lui dit tout, non ?
Franck Bouysse nous embarque, encore une fois, dans une histoire dingue, où son écriture si particulière nous plonge dans une ambiance terrible, glauque à souhait, pleine de non-dits et de mystères et où pourtant on s'attache aux personnages, bourrus , bruts de décoffrage, mais tellement humains.
Une belle histoire, rondement menée, perturbante, tragique, qui sent la terre, la ferme, l'authenticité.
Un livre envoutant que je recommande.
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Le bandeau sur l'exemplaire que j'ai acheté indique "un grand livre", et ce serait d'après Marianne. Eh bien, c'est vrai. Un grand livre, une histoire ciselée dont le suspense va crescendo. A un moment, je me suis demandé pourquoi c'était catalogué dans les romans policiers, mais je me doutais bien que j'allais comprendre.

Et j'ai compris. Même si, à froid, après avoir fini, on peut tout de même se poser la question, car on n'est vraiment pas dans les romans policiers classiques. Pas l'ombre d'un képi, ou d'un inspecteur de police sur le retour, d'un capitaine ou d'un commissaire au lourd passé, non rien de cela.

L'histoire, a priori banale, de deux paysans, voisins, amis (quoique ?) dans les Cévennes, climat rigoureux, et ambiance lourde, à moins que ce ne soit l'inverse.

Le décès de l'Abbé Pierre est présent, et rythme l'histoire, quand la campagne présidentielle de 2007 est à peine évoqué.

C'est donc un grand livre, pas spécialement amusant, mais une force littéraire que je ne regrette pas d'avoir parcouru.
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Gus est installé près de la ferme de son voisin, Abel, pour chasser. Il a repéré du gibier, mais au moment de tirer, il entend un coup de feu.
Franck Bouysse installe tranquillement les choses, comme s'il voulait que le lecteur vivent au rythme des saisons comme vivent ses protagoniste. Une vie plutôt tranquille, même si elle est rude.
La nature et le climat guident les hommes dans ce coin reculé des Cévennes. Les gens sont taiseux par ici. Et si la solidarité reste de mise, forcément il faut faire front commun contre les coups durs, sinon point de salut, les amitiés, elles sont quasi inexistantes.
Il y a Gus, il y a Abel, il y a aussi le chien de Gus, Mars.
Et si Gus et Abel ne sont pas proche il leur arrive de se filer un coup de main, une vache qui a du mal à mettre bas, les moissons qu'il faut finir avant l'arrivés des gros orages...Alors qu'est qui c'est passé entre ces deux là par un petit matin frileux?
Franck Bouysse va nous le raconter dans ce récit qui met en scène la nature des Cévennes, la solitude des paysans des montagnes, les secrets de famille, l'irruption de l'inconnu et de la violence.
C'est beau, c'est dur, c'est noir, ça nous secoue et nous bouleverse tout à la fois.
Un exceptionnel roman noir, Un superbe "nature writing" ou l'homme , la nature, le silence et la solitudes sont prétextes au perpétuel questionnement de la condition humain.
Lien : https://collectifpolar.com/
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Gus est agriculteur. Un brave type peu causant. Gus est un solitaire. Gus a un chien, des cals plein les mains, et un goût prononcé pour le gros rouge.
Bref, Gus est un drôle de gus.

Son voisin Abel, c'est le même en plus vieux. À croire que tous les paysans des Cévennes sont faits de ce même bois rugueux, noueux, malmené par les vents mais coriace et fermement enraciné.
Bref, deux ronces.

Un peu contraints par la force des choses, les deux hommes en viennent à partager de loin leurs quotidiens de célibataires endurcis, et c'est sur cette relation un peu rustre, amicale-mais-pas-trop, que Franck Bouysse s'attarde. Lentement, posément, par petites touches, au rythme immuable de ces campagnes reculées, hors du temps.
Bref, c'est la vie à la ferme, la rudesse du terroir.

Et l'effet est très (mais alors très !) réussi.
Au point, presque, de reléguer au second plan l'intrigue "policière", en fait assez sommaire (des coups de feu entendus, un peu de sang dans la neige et des visiteurs mystérieux dans un hameau habituellement désert).
Bref, on est plus proche du roman sociologique, de la peinture brute et superbe d'une ruralité en voie d'extinction, que du polar survitaminé ... et c'est très bien ainsi !

Une écriture sensible et épurée, des personnages forts, des rancunes et des souvenirs parfois douloureux qui remontent en surface, des silences lourds de sens, des dits et des non-dits, quelques dialogues rares et secs, qui claquent comme des bourrasques : nous voilà scotchés par un roman - noir - plein d'authenticité.
Bref, j'ai beaucoup aimé.
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C'est un roman court mais très dense, très intense. Il me laisse l'impression d'un western cévenol. J'ai également pensé à Georges Simenon en le lisant : j'y ai retrouvé la même tendresse dans le portrait de personnages "hors normes". En l'occurrence, Gus, vieux garçon qui vit seul avec son chien dans une ferme, qui se revendique fièrement "paysan" et non pas "agriculteur", et qui veille avec soin sur ses vaches et sa terre. Ses rapports sociaux se limitent à l'entraide avec son voisin paysan le plus proche. Sauf que... tout à coup, de drôles d'évangélistes apparaissent dans le paysage enneigé, et aussi d'étranges traces de pas, et puis des taches d'un rouge bouleversant. La quiétude de Gus est perturbée, d'autant que son voisin devient bizarre lui aussi, et il repense à son enfance et ses parents -et ce n'est ni gai, ni joli.
J'ai été envoûtée par ce récit réaliste, touchant et énigmatique. Et j'ai aimé la façon dont l'auteur évoque le monde paysan : avec dignité, pudeur et respect. C'est le genre de roman "pur", qui décrasse la tête par son style et son histoire implacables. Et ça fait du bien.
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Depuis que j'ai découvert l'écriture de Franck Bouysse, tous les livres de cet auteur sont dans ma PAL ou dans mes intentions de lecture.
Franck Bouysse, pour moi, c'est à la fois une langue poétique, soutenue, travaillée et des ambiances dans lesquelles je me laisse emporter. Cela se ressent et ne s'explique pas.

Grossir le ciel est présenté comme un « suspense rural surprenant »… C'est tellement plus !
Ce roman est un huis-clôt à ciel ouvert, avec une économie de personnages et de grands espaces au fin fond des Cévennes.
Les personnages principaux se réduisent à deux voisins, hommes solitaires et rustres, taiseux, dont les propriétés agricoles sont distantes de quelques centaines de mètres… Ils s'entraident, boivent parfois ensemble mais ne se mélangent pas… S'ils sont proches, c'est parce qu'ils vivent sur le même lieu-dit. D'ailleurs, un troisième homme, un colosse qui habite un peu plus loin, ne fait pas partie de leur bande… surtout qu'il s'enrichit et rachète petit à petit toutes les exploitations autour de la sienne…
D'étranges évangélistes parcourent la campagne, à bord de belles voitures, vêtus de costumes élégants… Une secte ?
Une étrange vieille dame…
L'hiver et le lieu, une topographie indissociable de l'histoire qui nous est racontée : la neige efface les trâces et engourdit, isole d'autant plus les deux fermes du monde extérieur.
Bien entendu, il y a des non-dits, des secrets et il y aura des morts, par forcément ceux que l'on pouvait imaginer ni celles auxquelles on pensait…

Et l'écriture… ah ! quand Gus allume sa cigarette, qu'il ressent le froid, qu'il s'occupe de ses bêtes… c'est visuel, photographique et sonore en même temps… Comment dire ? Demandez à mon mari : lors d'un trajet en voiture, quelque chose comme une heure à l'aller et autant au retour, je lui ai lu des passages à voix haute, tellement c'était beau.
Et ce titre, Grossir le ciel, avec en filigrane la grande ombre protectrice de l'abbé Pierre, dont la mort date le récit… Les personnages gagnent en épaisseur, les choses tues finissent par s'imposer et gagner en puissance, la mort s'écrit entre les lignes et le ciel attend.

Un superbe livre…
Franck Bouysse possède un immense talent… Sous sa plume, n'importe quel détail infime devient une histoire à part entière.
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