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Drifter tome 3 sur 4
EAN : 9782344017647
128 pages
Glénat Comics (19/10/2016)
4/5   3 notes
Résumé :
Abram Pollux est de retour à Ghost Town, bien déterminé à rendre des comptes. Mais cette fois-ci, les règles ont changé. De nouvelles alliances ont été conclues et les vieux amis deviennent les nouveaux adversaires. Chaque pas de Pollux vers la vérité le rapproche un peu plus de l'enfer...Entre space opera introspectif et western initiatique, Drifter nous transporte dans un voyage aussi vertigineux pour les yeux que pour le cerveau.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à Veillée (épisodes 6 à 9) qu'il faut impérativement avoir lu avant. Il comprend les épisodes 10 à 14, initialement parus en 2016, sur la base d'une histoire conçue par Ivan Brandon & Nic Klein, avec des dialogues d'Ivan Brandon, des dessins, encrages et couleurs de Nic Klein, et un lettrage d'Aditya Bidikar. En fin d'ouvrage se trouvent les couvertures variantes réalisées par Goran Parlov, Mike Huddleston, Devmalya Pramanik, Aurélie Neyret, Tony Sandoval.

Abram Pollux est en train de faire un cauchemar dans lequel un individu retire sa cagoule pour révéler un crâne en feu. Il se réveille brusquement pour se retrouver dans un vaisseau naufragé sur une étendue rocheuse, avec ses compagnons de voyage en train de s'extraire de l'épave. Ils émergent dans un lieu désolé au milieu de formations rocheuses, sous un ciel gris masquant le soleil et occasionnant une faible luminosité grisâtre, avec une atmosphère ou volètent des cendres. À Ghost Town, la ville minière de cette planète Ouro, la shérif Lee Carter emmène une petite dizaine de citoyens au bar pour aller trouver le plénipotentiaire des Wheelers, la race indigène de la planète Ouro.

Une dizaine de Wheelers investissent le bar et barrent l'accès à l'escalier qui mène à la pièce où se tient le plénipotentiaire de leur race. La shérif a beau menacer, ils restent muets et refusent de bouger. Abram Pollux finit par revenir à Ghost Town, ayant lui aussi acquis la certitude que le nuage de cendres a été causé par les actions d'un Wheeler. Il se rend lui aussi au bar et, devant l'immobilité des Wheelers et leur absence de réponse, et même de réaction, il tire à bout portant dans le crâne de l'un deux. le plénipotentiaire sort de son bureau et descend l'escalier. Mais le face-à-face prend une tournure imprévisible. Dans une zone sauvage éloignée de Ghost Town, Bell Emmerich et la petite fille Lima sont arrivés au pied d'un autre vaisseau spatial, avec la ferme intention de pénétrer à l'intérieur.

Ouhlala ! Qu'est-ce qui se passe ? C'est la première réaction du lecteur qui se demande s'il n'aurait pas raté un chapitre. Passé la première page, il n'est pas bien sûr d'avoir saisi ce qu'apporte ce bref cauchemar. Il n'est pas bien sûr de savoir d'où vient toute cette cendre et qui a vraiment déclenché ou causé cette catastrophe. Il essaye également de se remémorer de quel vaisseau il s'agit exactement. Fort heureusement, il reprend pied avec la séquence suivante qui se déroule à Ghost Town. Les personnages sont mieux ancrés dans sa mémoire à commencer par la shérif. Il déduit de ce qu'il lit que le plafond nuageux de cendres est imputé aux actions d'un Wheeler. Il se souvient également que le tome précédent exigeait un bon niveau d'investissement de sa part pour établir les liens de cause à effet entre les événements.

La narration conserve sa caractéristique cryptique dans ce troisième tome et le lecteur doit à nouveau consentir un vote de confiance aux auteurs. Comme dans le tome précédent, les actions des uns et des autres finissent par permettre de discerner le fil conducteur : les Wheelers sont peut-être responsables de la catastrophe climatique qui remet en cause le mode de vie des colons miniers, et ces derniers veulent obtenir au minimum une explication, en se frayant un chemin jusqu'à leur plénipotentiaire. Mais les scénaristes montrent petit à petit que la situation recèle des degrés de complexité. Pour commencer, l'accès au plénipotentiaire est bien gardé. Ensuite les quelques phrases qu'il prononce sont tout aussi cryptiques que la narration et n'apportent pas beaucoup d'informations. En outre tous les colons n'ont pas les mêmes objectifs. Certains veulent une explication coûte que coûte, d'autres sont prêts à attendre que la situation revienne à la normal. D'autres encore aimeraient bien que les affaires continuent, en particulier en exploitant la mine. Derrière la confrontation ente humains et Wheelers, le lecteur finit par voir apparaître l'opposition entre indigènes et colons. La coexistence déconcertante qui existait auparavant n'a pas résisté au phénomène des cendres, les Wheelers adoptant un comportement semblant constituer une adaptation à ce phénomène qu'ils connaissent peut-être déjà, qui peut être cyclique (va savoir), alors que les humains ne savent quelle attitude adopter. Il est possible d'y voir le désordre entre 2 communautés d'une société quand l'une obéit à des règles inconnues de l'autre, et qu'en plus la seconde dépend de la première. Alors le fragile équilibre de la coexistence est rompu et la supériorité des Wheelers remet en cause l'existence même de la colonie humaine sur la planète Ouro.

Le lecteur est surtout revenu pour les illustrations de Nic Klein, artiste qui donne une rare consistance à cet environnement de science-fiction. Dès la première page, il assiste à une magnifique utilisation des couleurs. Comme dans les tomes précédents, l'artiste utilise la mise en couleur directe, ou à l'infographie, pour accentuer le relief de chaque surface, en complément des traits encrés. Dans la mesure où Klein fait tout lui-même, les 2 techniques se complémentent de manière harmonieuse, sans que le lecteur n'ait l'impression que l'une écrase l'autre. La couleur rend également compte de l'ambiance lumineuse, avec des teintes principales en fonction des circonstances. Il y a donc une teinte entre gris et vert pour montrer la faible luminosité causée par les cendres omniprésentes dans l'atmosphère. Il y a une teinte entre vert et violet pour les scènes se déroulant dans le bar de Ghost Town. Il y a une teinte entre gris et bleu nuit pour l'étrange progression d'Abram Pollux dans une caverne comprenant une grande étendue d'eau. de temps à autre, un élément visuel présente une couleur qui tranche fortement avec le reste, comme celle du voile de protection porté par l'un des personnages, à l'extérieur.

Le regard du lecteur se laisse donc immédiatement séduire par l'aspect plastique de chaque page, par ces formes parées de belles couleurs. Il constate que cet environnement de science-fiction n'a rien perdu de ses spécificités qui lui donnent une plausibilité remarquable. Les tenues vestimentaires des personnages présentent un décalage suffisant avec celle du monde contemporain pour attester que la série se passe dans le futur, mais elles restent plausibles, pratiques, adaptées au climat. Elles ne sont pas tape à l'oeil, mais juste ce qu'il faut de décalé. Il en va de même pour la technologie. Nic Klein ne se contente pas de détourer de vagues contours de panneaux métalliques, en reprenant les stéréotypes initiés par Jack Kirby. Klein trouve le bon équilibre équivalent à celui pour les vêtements, entre des technologies contemporaines existantes et des visions futuristes. La technologie qu'il montre n'est pas propre et rutilante. Elle a été mise en oeuvre par des individus cherchant des solutions pratiques pour terminer le montage, avec des câbles passant par-dessus, en utilisant parfois des matériaux de récupération.

L'une des difficultés à laquelle sont confrontés tous les auteurs de science-fiction est de créer des races extraterrestres. A priori, il n'y a pas de raison pour que ces races soient similaires ou très proches de la race humaine. Mais d'un autre côté, pour pouvoir montrer une forme de cohabitation entre humains et extraterrestres, il faut que ces derniers soient finalement compatibles en termes de biologie avec la forme humanoïde. Nic Klein et Ivan Brandon ont décidé de se plier à cette contrainte, et le dessinateur donne à voir des êtres humanoïdes avec une forme humaine, mais assez éloignée d'un être humain pour qu'il ne puisse pas y avoir méprise. Il augmente la différence entre humains et Wheelers, par le biais des postures et des mouvements des Wheelers, différents de ceux d'un humain. La somme de ces composants traités avec passion aboutit à un environnement très tangible, donnant au lecteur une sensation d'immersion totale.

Même s'il se retrouve perdu dans l'intrigue, le lecteur peut jouir de cette immersion aux côtés des personnages. Il ressent cette ambiance de fin du monde avec des cendres qui volètent dans l'atmosphère. Il ressent l'appréhension à se tenir face aux Wheelers qui empêchent d'accéder à l'escalier menant au plénipotentiaire. Il sourit devant Lima se moquant du mystérieux Ben Emmerich. Il croit rêver quand Abram Pollux s'enfonce dans le lac souterrain. Il ressent la montée du désespoir chez les humains qui prennent petit à petit conscience de la dégradation de leur situation.

Ce troisième tome de la série est tout aussi envoutant qu'irritant. le lecteur est à nouveau séduit par la narration visuelle. Nic Klein réalise des planches magnifiques qui donnent corps à la science-fiction, qui lui permettent de prendre chair pour devenir concrète. Il y a à nouveau des moments hallucinants dans ce qui se passe, mais aussi dans l'image spectaculaire qui semble sortir d'un cauchemar. D'un autre côté, la narration de l'intrigue est construite pour déstabiliser le lecteur. Elle se partage entre 3 principaux personnages : la shérif Lee Carter, Abram Pollux, Bell Emmerich accompagné de Lima. Dans ce tome, le lecteur n'en apprend pas plus sur leur personnalité ou sur leur histoire personnelle. Il se débat dans pour identifier les schémas, pour identifier les causes au vu des conséquences qu'il découvre. Chaque séquence apporte son lot de divertissement et d'action. Au fur et à mesure, il se dessine des questionnements sur la nature de la relation qui unit humains et Wheelers, sur la légitimité des populations indigènes, sur la forme d'exploitation des ressources par des êtres humains, inconscients des cycles naturels de la planète Ouro. La série reste donc fascinante, mais ce tome s'avère plus irritant que les précédents.
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