Bilan de la série : pas trop mal mais quelques défauts. Les intrigues sont bonnes, les personnages sont sympathiques, les répliques sont parfois drôles et mordantes, mais il y a quelques longueurs qui trainent et (parfois) des clichés agaçants. J'ai tout de même préféré cette saga à celle de Mercy Thompson, qui est pourtant l'originale.
Oui, car au fil de ses publications, j'ai trouvé que l'écriture de
Patricia Briggs ne cessait de s'améliorer (exception faite de quelques ratages). Dans son tout premier volume, on sent qu'elle avait encore du mal à peaufiner son texte (que de fois j'ai voulu changer les phrases ! Beaucoup étaient lourdes et répétitives…). Et comme cette série a été écrite en dernier, c'est le summum de son talent, pourrait-on dire. Elle va direct à l'essentiel, son style se précise et devient de plus en plus agréable à lire.
Et même si l'écriture laisse encore parfois à désirer, l'intérêt principal de ce livre est le suspense. L'auteure sait distiller les réponses au compte-goutte, juste ce qu'il faut pour nous donner envie de lire la suite. Et j'adore ça. Beaucoup d'écrivains en disent trop tout de suite (La Dernière Lame, par exemple) et ça gâche tout le mystère. Or, pour moi le mystère est souvent un élément moteur de la lecture (avec la qualité de la narration, l'univers et les personnages).
Dans ce troisième tome d'Alpha & Oméga, l'enquête policière est extrêmement présente (plus que dans tous les autres), d'autant plus que Charles et Anna vont devoir travailler en équipe avec rien de moins que le FBI. Car un tueur en série se balade dans la nature et s'en prend aux faes et aux loups-garous. La dernière disparue en date est une jeune danseuse dont le père, un très vieux et très puissant fae, n'est pas DU TOUT content. Tact, doigté et déduction seront donc de mise… Ou presque.
J'aime beaucoup les personnages d'Alpha & Oméga. Anna a un passé très lourd qui fait qu'elle manque énormément de confiance en elle et qu'elle a peur de son ombre. Elle en a honte et essaye de se corriger, mais elle doit apprendre à faire preuve de patience pour guérir. C'est un protagoniste que j'ai particulièrement apprécié car je m'en sens proche – moi aussi je suis peureuse et je tente de me corriger^^. J'ai éprouvé beaucoup d'empathie pour elle. En revanche, le tome 3 a complètement secoué mes fondations : dans la toute première scène, on la voit tenir tête au Marrok et le pousser à bout… Pardon ? Anna ! Où est passée mon Anna ?! Eh bien, en réalité, mesdames et messieurs, on a fait un bond dans le temps : deux ans se sont écoulés entre la fin du tome 2 et le début du 3 (ils nous le disent aux deux tiers du livre, seulement…). Anna a eu le temps de se refaire une santé mentale, si je puis dire. C'est choquant au début et puis on s'y fait. On la voit même tenir une conférence avec des représentants du FBI, de la Sécurité nationale et du Cantrip (Centre National de je-sais-plus-quoi, relations aux créatures magiques).
Charles aussi a beaucoup évolué. D'imperturbable et sûr de lui, il est devenu un homme hanté par son travail d'exécuteur. Depuis que les loups-garous ont révélé leur existence au monde, aucune incartade n'est tolérée par le Marrok, et son fils a de plus en plus de boulot. Nombreuses sont ses victimes qui mériteraient une seconde chance et il le sait, c'est pourquoi il est envahi par les remords et les fantômes.
En revanche, ça m'énerve que l'auteure lui fasse appeler sa moitié lupine « Frère Loup » juste parce qu'il est à demi Indien (un des clichés les plus marquants de cette série). C'est encore moins crédible quand on sait que sa mère est morte en accouchant de lui et que c'est donc Bran qui l'a élevé. C'est la seule chose qui m'agace chez ce personnage, cependant.
Ce tome 3 voit apparaître de nouveaux seconds rôles charismatiques : Leslie (le contact du FBI), est une femme forte, décidée et qui a le sens de la réplique. L'imperturbable Beauclaire est quelqu'un de très mystérieux dont il m'a tardé pendant toute la lecture de connaître l'identité.
Et la fin n'est pas décevante ! Il apparaît sous son vrai visage et donne son véritable nom : Gwyn ap Lugh, le Seigneur des Elfes et le Prince des Seigneurs Gris. Donc sûrement le roi des faes. Rien que ça. Je ne savais pas qu'il y en avait un – pour moi les dirigeants étaient les Seigneurs Gris. C'est une sacrée révélation ! En revanche, je suis déçue qu'on n'en sache pas plus sur Bran. J'avais espéré que l'auteure nous en dirait plus sur son passé pendant la série, mais mon espoir fut vain.
Les opposants, eux, sont purement haïssables. Tueurs et violeurs multirécidivistes, ils prennent leur pied face à la souffrance d'autrui – qu'ils se l'avouent ou non. Et leur seul argument de défense : oui, on tue, on torture et on viole, mais c'est pour le bien de la société. Mon oeil.
Contrairement à ce que je m'attendais, la fin de cette trilogie est très ouverte et laisse présager une suite… Mais une suite comment ? Au travers de Mercy Thompson ou en continuant cette saga-là ? Si un autre livre sort, je ne suis pas sûre de vouloir l'acheter – et de toute façon, j'ai bien d'autres choses à lire. C'était intéressant de changer de personnages, pour une fois. Mais les bouquins de
Patricia Briggs sont souvent très répétitifs (les mêmes schémas narratifs, les mêmes occurrences, les mêmes styles de fautes…) et je commence à me lasser.
En bref, ce n'est pas de la grande littérature. Mais c'est de la bonne bit-lit et je conseille à tous les amateurs du genre de découvrir cette auteure. Même si moi je m'arrête là, j'ai passé de bons moments à suivre les aventures de Mercy et d'Anna.
PS : il y a une sacrée erreur dans la couverture : la louve d'Anna n'a pas les yeux jaunes, mais bleus ! Et de base, les iris de la jeune femme sont marron. Donc, pourquoi lui ont-ils fait les yeux jaunes ?