Ce livre c'est avant tout l'histoire d'une famille.
Joachim, l'aîné, nous raconte l'histoire de sa vie, celle de sa soeur surtout, mais aussi celle de ses mères.
Premier né dans cette famille homoparentale, Joachim a toujours été très préparé par ses mères à affronter le regard des autres, leurs commentaires pas toujours intelligents, parfois méchants, en un mot, à affronter la bêtise et l'intolérance.
Peut-être un peu trop rassurées par le fait que tout s'est bien passé pour leur fils, et prises chacune par de profonds problèmes personnels, Julie et Maryline n'ont pas préparé leur fille, Pauline, avec autant de soin.
Le problème est que l'entrée au lycée de Pauline ne se passe pas aussi bien que celle de son frère.
Elle refuse de parler de ses problèmes à ses mères pour ne pas faire peser davantage de pression sur leurs épaules.
En effet, un événement soudain fait que Julie pense beaucoup à sa mère, laquelle refuse de la voir depuis 20 ans à cause de son homosexualité.
Maryline, elle, éducatrice dans un foyer pour ado en difficulté, vit de plus en plus mal son travail, entre violence et coupes budgétaires incessantes.
Joachim raconte un peu tout ça, se fustigeant un peu de ne pas avoir vu plus vite les problèmes de sa soeur.
Au fil de l'histoire, Joachim nous révèle certains événements marquant de son enfance vis-à-vis de sa situation familiale.
Mais il faut dire que ce n'est rien à côté de ce que subit Pauline. Ce livre parle d'homoparentalité, d'homophobie, de harcèlement scolaire, de dépression un peu, effleure le burn out, de tolérance et d'intolérance… Mais surtout, il parle d'amour. de l'amour inconditionnel que se porte les quatre membres de cette famille, des amours naissantes de Joachim puis de Pauline.
Le roman démontre que l'homophobie a lieu de plus en plus tôt. Joachim n'avait affaire quasiment qu'à des adultes qui avaient ce genre de comportement, Pauline, elle, est confrontée à des ados de 14/15 ans qui ne connaissent rien de la vie, de l'amour mais qui ont déjà ce jugement négatif de ce qu'ils perçoivent comme une différence.
Parmi les professeurs, tout sont témoins de ce qu'il se passe, mais n'interviennent pas de peur de « se mettre les parents à dos ». le seul à bouger est le prof de sport, qui va du coup s'attirer les foudres de ses collègues, l'accusant de tenir un discours pro-gay alors qu'il n'exige que le respect de l'autre de la part de ses élèves.
Marion Brunet arrive à donner un langage oral naturel à ses personnages (Il y a d'ailleurs des passages assez drôles dans les discussions entre potes). Sa plume est vraiment prenante. Je serais curieuse de la lire dans un autre registre que la jeunesse.
J'ai vraiment beaucoup aimé ce livre, un vrai coup de coeur.
Il est d'une richesse incroyable pour un livre de moins de 300 pages.
Une chose est sûre, je relirai cet auteur avec plaisir.