Ce recueil, publié par les éditions Fleuve Noir, rassemble trois romans et quatre nouvelles de
Serge Brussolo. On y découvre le versant fantastique, voire horrifique, de l'oeuvre de l'auteur, via "
Docteur Squelette", "
La nuit du Venin" et "
Catacombes"
Outre le fait que ces trois romans ont été écrits entre 1986 et 1987 et qu'ils sont tous parus chez Fleuve Noir, force est de reconnaitre que les similitudes ne s'arrêtent pas là.
- les trois oeuvres relèvent du genre fantastique et mettent toutes en avant une jeune femme fragile, dont la curiosité va l'entrainer trop loin dans l'horreur pour en ressortir indemne. Dans "
la Nuit du Venin", le passé de l'héroïne est un peu plus mis en avant et permet de mieux justifier son attitude face aux évènements auxquels elle doit faire face (notamment sa relation avec sa collègue Frane)
- dans les trois romans,
Brussolo, laisse planer le doute quant à l'origine surnaturelle de la menace (mais de façon moins subtile dans "
Docteur Squelette"), l'héroïne se raccrochant le plus possible à des explications rationnelles. Et finalement, bien plus que des blessures physiques, les séquelles qu'elles récoltent sont d'ordre psychologiques, lorsque la raison ne peut plus soutenir l'invraisemblable.
- il y a bien quelques descriptions sanguinolentes, tous au long de ces trois récits, mais c'est finalement plus par le style même, le choix des métaphores notamment, que l'auteur distille une ambiance pesante, lourde de menaces (et ce, d'autant plus que les trois intrigues prennent place dans des lieux clos, dont il est difficile de s'échapper). le début de "
la Nuit du Venin" en est le meilleur exemple, je trouve, et c'est dommage que cette écriture faiblisse un peu au fil de l'histoire (une question de format, peut-être).
Mais finalement, pour moi, c'est bien "
Catacombes" qui sort du lot. L'écriture de
Brussolo y fait des merveilles ; le rythme est nerveux, les métaphores et descriptions, parfois hallucinées, font mouches. Peu de personnages peuplent l'étrange maison van Karkersh et tous font flipper, à leur manière. L'auteur distille petit à petit une ambiance qui pousse assez vite son héroïne hypersensible dans ses retranchements et ce n'est que dans les derniers chapitres que la clef de la malédiction nous est dévoilée.
Les quatre nouvelles présentées ici sont elles plus à ranger dans le registre de la SF. Si "l'Evadé" et "le Piège à Chance" n'ont pour moi guère d'intérêt, "les Enfants de Protée" et "l'Autoroute" nous laissent entrevoir des univers (l'un cyberpunk, l'autre post-apocalyptique) qui, sans être inédits ni complétement originaux, auraient pu donner matière à de bons romans de SF.