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EAN : 9782369427537
296 pages
Nouveau Monde (01/11/2018)
3.67/5   3 notes
Résumé :
Le retour des jihadistes français de Syrie fait aujourd'hui débat. Ils semblent pourtant s'inscrire dans une tradition qui remonte à la fin du XVIIIe siècle. Après 1945, alors que l'Europe connaît une longue période de paix et une hausse du niveau de vie, des volontaires continuent de quitter la France pour défendre des causes étrangères les armes à la main. Ce goût de l'aventure militaire ne disparaît pas et s'incarne dans des figures intellectuelles (Gérard Chalia... >Voir plus
Que lire après Les volontaires armés, ces Français qui ont combattu pour une cause étrangèreVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Reçu dans le cadre de l'opération Masse critique, je ne savais pas à quoi m'attendre en ouvrant cet ouvrage se proposant de revenir sur le volontariat armé, et plus particulièrement des volontaires français partis combattre pour une cause qui ne les concernait guère au premier abord.

L'auteur débute son ouvrage par une petite introduction nous rappelant que le volontariat armé, souvent relié dans notre esprit aux volontaires jihadistes dans le contexte actuel, a des origines bien plus anciennes : il revient entre autres sur Lafayette et son épopée américaine, ainsi que sur Garibaldi, dont les engagements furent pris comme modèle pour bon nombre de volontaires par la suite.

L'ouvrage égrène ensuite avec précision ses différentes prises de position, rappelant la différence fondamentale entre volontariat et mercenariat, bien qu'étroitement mêlés comme on peut le voir à la lecture des différentes expériences relatées. On en apprend également plus sur les différentes motivations qui poussent les volontaires à prendre les armes, que ce soit par goût d'aventure, croyance envers une religion, ou encore par désillusion face à un quotidien vide de sens ou d'adrénaline…Le prisme politique est également évoqué, avec une comparaison partiale entre les engagements de la gauche (notamment sur l'expérience de Régis Debray auprès du Che) et ceux de la droite, aux ambitions plus identitaires.

Cet historique fourni et agréable à lire permet donc de remettre en perspective le phénomène jihadiste, et d'en minimiser le caractère exceptionnel, malgré son idéologie violente assumée. Les conflits ayant accueilli des volontaires étrangers armés s'ensuivent effectivement tout au long du XXe siècle : Israël, Afghanistan, Khmers, Karens en Birmanie, Kurdes, ou encore les conflits ukrainiens et yougoslaves qui ont eux aussi vu arriver leur flot d'hommes armés.

Une fois ce panorama dressé et fouillé, l'auteur revient finalement sur les possibilités, mais surtout les difficultés de réinsertion de ces combattants une fois les conflits finis ; plusieurs profils se distinguent, de ceux qui parviennent finalement à faire abstraction de la violence vécue et à reprendre une vie "normale", à ceux qui se relancent corps et âmes dans de nouvelles batailles ou se tournent vers le mercenariat. On retient finalement surtout à quel point ces hommes, quelles que soient leurs motivations, font souvent le jeu de certaines parties prenantes du conflit, et en deviennent des instruments qui permettent parfois de faire ployer l'ennemi.

Une fois refermé, difficile donc de trancher entre les bienfaits d'une "solidarité internationale" qui commanderait de se battre pour des idéaux universels, et les limites du droit d'ingérence, ou du droit à faire l'histoire de son propre pays sans avoir à subir les circonvolutions intellectuelles d'étrangers pleins - ou non - de bonne volonté…Les multiples exemples de ce dernier siècle nous font soutenir tour à tour l'engagement et l'effroi devant cette violence commise sans impunité sur le territoire de certains pays en proie à des divergences d'opinions violentes au sein de leurs population, majorités et minorités.

Un ouvrage que j'ai donc pris plaisir à lire, qui se focalise parfois trop à mon goût sur certains conflits sans donner suffisamment de détails, mais qui a l'avantage de fournir un panorama très complet des problématiques qui entourent le volontariat armé, auquel on ne songe que peu lorsque l'on pense "mondialisation".
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Première publication le 1er novembre 2018 par Nouveau Monde éditions que je remercie pour l'envoi de ce livre. Walter Bruyère-Ostells est professeur d'Histoire contemporaine, spécialiste des conflits récents et des volontaires et mercenaires qui y combattent. Cet ouvrage apporte un éclairage sur une actualité tragique et inquiétante : le retour en métropole de français qui s'étaient engagés en Irak et en Syrie aux côtés de Daech. L'Histoire peut aider à expliquer leurs motivations de départ et aider notre société à aborder leur retour.

Prendre les armes pour une cause étrangère est un phénomène très ancien, La Fayette combattant de la Liberté, est un exemple. Plus récemment la bipolarisation du monde ( bloc de l'est - bloc de l'ouest ) ou la décolonisation ont vu naître de nouvelles idéologies motivant des engagements armés. L'auteur étudie l'Histoire de conflits récents, post seconde Guerre mondiale, pour tenter de déceler des cas précurseurs à l'engagement pour l'Etat islamiste.

La démarche de l'auteur est rigoureuse et une chronologie construit un plan simple et logique. Des sujets comme la naissance de l'Etat d'Israël ( 1947 à 1949 ), la guerre civile libanaise ( 1975 à 1989 ) sont abordés et parmi les motivations des combattants français apparaît la cause "identitaire". Les guerres en ex-Yougoslavie ( 1991 - 1995 ) voient la mise en place des premières filières de recrutements de volontaires étrangers dans le bassin méditerranéen pour venir en aide aux musulmans de Bosnie. Une quarantaine de français servent dans les rangs bosniaques. L'engagement des volontaires étrangers ( avec les bosniaques mais aussi avec les croates et les serbes ) reste strictement lié à la conduite de la guerre en es-Yougoslavie.

Immédiatement après le conflit en Bosnie, un nouveau front s'ouvre en Afghanistan, il marque un tournant dans la posture des volontaires musulmans avec l'acceptation du terrorisme prôné par Al-Qaeda. Les implications des volontaires musulmans se globalisent dés que l'occasion se présente. A partir de 2011, la guerre civile syrienne voit l'Etat islamique ou Daech imposer le jihad. Une propagande efficace, notamment sur les réseaux sociaux, permet à Daech d'attirer de nombreux volontaires y compris venant de France. A noter que des volontaires étrangers, y compris français, combattent aux côtés des Kurdes, cet engagement répond à des motivations politiques de gauche. A partir de 2014, on retrouve des volontaires armés, y compris français, engagés dans les deux camps qui s'affrontent en Ukraine.

Ce rapide historique des engagements récents de volontaires armés intéresse 4 chapitres structurés selon un plan clair qui facilite l'assimilation et la compréhension des contextes géopolitiques concernés. Les chapitres suivants s'efforcent de comprendre les mécanismes qui ont conduit une petite minorité de français à prendre les armes. le paramètre idéologique n'est pas le seul. Les filières de recrutement s'activent et s'organisent autour des diasporas. Les milieux extrémistes français motivent également des engagements. Dés lors que des filières de recrutement existent, elles peuvent être empruntées par des individus désireux de renoncer à une vie occidentale totalement morne et attirés par l'aventure et l'exotisme. Une fois sur le théâtre des opérations, les volontaires armés connaissent de profondes désillusions : une vie plus que rudimentaire, la peur, la souffrance et souvent l'absence de soins en cas de blessure. le recours au terrorisme pour une minorité peut s'expliquer par le manque cruel de moyens face aux armées occidentales dés qu'elles se trouvent engagées.

Sans partie-pris, en faisant largement appel à des témoignages, cet essai apporte un éclairage complet indispensable pour mieux comprendre un phénomène que le spectateur aborde souvent de manière passionné.

Lien : http://mille-et-une-feuilles..
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C'est intéressant et l'introduction m'a laissé penser que ce serait accessible à tous publics. le sujet m'interpelle pour son côté psychologique et sociétal. Malheureusement, ma culture politique et historique est bien trop limitée pour savoir suivre le récit. Je lis quelques chapitres en me disant que je vais y voir plus clair mais non. Je ne connais pas suffisamment les événements internationaux cités, ni les mouvements politiques... Bref, je suis laissée sur le carreau et décide de stopper là ma lecture. Ce livre s'adresse dinc, selon moi, à un public formé en Histoire géopolitique.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Même sans intervention directe, les acteurs connaissent sur le terrain la position des grandes puissances et en tiennent compte. Dans l'affaire ukrainienne, après que les autorités ont rendu impossible tout passage vers le camp sécessionniste depuis Kiev, la Russie prend soin de cantonner les combats dans le Donbass. Alors qu'ils savent que Moscou appuie leur camp, les Français ne peuvent que constater les contraintes qui pèsent sur eux, en termes de circulation, du fait de la Russie. Pour éviter de voir le conflit déborder sur son territoire, Moscou a fait miner une partie de la frontière pour s'assurer du parfait contrôle des flux avec le Donbass. Arrêtés à la frontière russe sans papiers, les Français sont conduits vers Rostov en bus, mais on les laisse officiellement s'évader dès qu'on a la certitude qu'ils servent bien aux côtés des séparatistes.
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La guerre froide a finalement produit des groupes limités de volontaires armés, souvent dotés d'une conscience politique bien affirmée et issus du monde étudiant ou de catégories socioculturelles plutôt favorisées. [...] La défense d'Israël constitue un contre-modèle ou plus exactement un cas qui anticipe les évolutions liées au développement de logiques identitaires transnationales qui s'observent surtout dans la 4e mondialisation. Les motivations relèvent davantage de l'émotion, la justification intellectuelle de l'engagement est moins aboutie et les profils des volontaires sont plus disparates.
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Ainsi, selon Olivier Roy, la radicalisation jihadiste a moins trait à la religion qu'à une volonté de rupture générationnelle d'inspiration nihiliste qui, à d'autres époques, aurait été incarnée par un discours politique révolutionnaire et non pas religieux.
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Videos de Walter Bruyère-Ostells (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Walter Bruyère-Ostells
Carte blanche à la CASDEN Avec Nicolas BADALASSI, Walter BRUYÈRE-OSTELLS, Dominique GUILLEMIN, Jenny RAFLIK-GRENOUILLEAU De 1948 jusqu'à la chute du mur (1989) au lendemain des Jeux de Séoul, la Guerre froide fut le territoire prioritaire (avec l'espace) de la lutte des deux blocs. Boycotts, mobilisation des athlètes, guerre des imaginaires, relations internationales… c'est là que le choc des blocs fut le plus visible. Retour sur quanrante ans de luttes sur les pistes et dans les stades.
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