Maintenant plus rien n'existe…
Maintenant plus rien n'existe
il n'y a pas de temps
dans nos doublures de veste
pour tinter avec quelques piécettes
les montagnes se sont fendues comme des œufs
et le monde s'est essoufflé
avec quels yeux étroits
ils ont regardé
les hommes et leurs femmes
avant d'éteindre
pour que tout soit de nouveau
aussi combien de tête-à-tête
autour des tables
dans les familles
à rire innocemment
pour faire croire que personne ne sait
alors que tous attendent
COULEURS INOUÏES (janvier 2019)
Le bus de minuit devait nous ramasser tous
il ne vint jamais
nous attendîmes donc un siècle
puis un autre
et un siècle encore
Nous offrait-on l’éternité ?
Jamais nous ne pourrions atteindre nos foyers
ni l’heure de notre mort
La cohabitation s’avérait difficile
nous n’osions parler
pour nous entretenir d’une possible rédemption
car seuls des inconnus se croisent aux arrêts de bus
et chacun ici avait de l’éducation
Notre culpabilité – c’était indéniable –
était à la source de notre attente
Aucun crime ne pouvait nous être attribué
nous attendions alors notre délivrance
le visage tourné au loin vers le bout de la route