Ce tome fait suite à Blanche Neige (épisodes 124 à 129). Il contient les épisodes 130 à 140, initialement parus en 2013/2014, tous écrits par
Bill Willingham.
Mark Buckingham a dessiné les épisodes 131 à 137, avec un encrage (et parfois une finition) de
Steve Leialoha,
Russ Braun et
Andrew Pepoy. L'épisode 130 a été dessiné par
Barry Kitson, avec des finitions de
Gary Erskine. L'épisode 138 a été dessiné et encré par
Russ Braun. Les épisodes 139 et 140 ont été dessinés et encrés par
Steve Leialoha.
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- Épisode 130 - Les personnages des Fables s'installent à New York, dans ce qui fut le château de Mister Dark. Parmi les nouveaux arrivants se trouvent June et Rodney, 2 ex-soldats de bois de l'Adversaire. Alors qu'ils s'installent dans leur nouvel appartement, ils suggèrent à Junebug (leur fille) de partir en exploration dans les couloirs, pour ne pas l'avoir dans leurs jambes. Junebug va faire des rencontres plus ou moins amicales.
Régulièrement,
Bill Willingham écrit des épisodes secondaires, pour laisser le temps à
Mark Buckingham de dessiner les épisodes de l'intrigue principale. Ici il se sert des explorations de Junebug pour donner un aperçu rapide sur l'installation de la colonie de Fables dans le château. Il y a donc un passage sur les débris en verre d'un personnage décédé de manière spectaculaire dans le tome précédent, et l'apparition d'un ou deux personnages récurrents.
Le gros de l'histoire concerne donc Junebug et ses tribulations. Il s'agit donc d'un récit gentil sans être mièvre, avec des méchants pas très futés et une jeune demoiselle apeurée, mais pas bête. Les dessins de
Barry Kitson sont minutieux et réalistes, comme à son habitude. Mais il est visible qu'il a manqué de temps pour dessiner les décors dans la partie médiane du récit (une séquence qui se déroule dans une pièce sombre, dont l'arrière plan est mangé par les ombres).
Il est sympathique d'avoir des nouvelles de June et Rodney, mais cela ne justifiait pas un épisode entier consacré à leur fille. 3 étoiles.
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- Épisodes 131 à 137 - Cette partie donne son titre au présent recueil. En allant rendre visite à sa soeur Blanche Neige en tapis volant, Rose Red manque de percuter l'Espoir. Cette entité (voir le tome 15 Rose Red) lui indique que le temps est venu de trouver comment être source d'espoir pour les autres. Rose Rouge prend conscience qu'elle va devoir déterminer quelle sorte d'espoir elle souhaite inspirer, et quel symbole elle va choisir. Comme le titre l'indique, elle décide de bâtir un nouveau Camelot et d'inspirer l'espoir de la seconde chance. Parallèlement à cette intrigue principale, plusieurs personnages essayent de trouver comment faire revenir à la vie le personnage décédé dans le tome précédent. Ce dernier rencontre successivement l'esprit de 2 défunts dans les limbes. le docteur Swineheart pratique l'autopsie du Prince Brandish, avec l'aide de Leigh Duglas. La Dame du Lac a décidé de rendre visite aux Fables.
Comme le bref résumé le montre,
Willingham fait avancer l'intrigue principale, en reliant de nombreux fils narratifs laissés en souffrance depuis un nombre d'épisodes plus ou moins important. C'est un grand plaisir pour le lecteur de voir ainsi évoluer plusieurs intrigues regroupant de nombreux personnages : qu'il s'agisse du rôle rédempteur de Rose Red, ou du sort de Blanche Neige et de sa famille.
Comme à son habitude,
Willingham sait faire passer la personnalité de chaque protagoniste, montrant ses motivations de manière naturelle, transcrivant leurs sentiments avec nuance, faisant apparaître leur affection réciproque, et leur rancoeur ou leur retenue. Bien sûr, il ne lui est pas possible d'accorder plusieurs pages ou mêmes séquences à chacun. le lecteur apprécie donc de pouvoir faire plus ample connaissance avec Rose Red, et il goûte le plaisir de revoir même brièvement Gobe-Mouche.
Willingham ne se contente pas de dérouler son histoire, déjà bien consistante puisqu'elle entremêle plusieurs fils narratifs. Il continue également de jouer avec les fables et mythes. Ici, il s'amuse plus particulièrement avec celui de Camelot, de la Table Ronde et de ses chevaliers. Plutôt que de calquer le schéma de la geste arthurienne sur ses personnages, il introduit des permutations dans les différents rôles. Cela conduit les protagonistes à s'interroger sur le rôle qui leur échoit.
Qui se retrouve à la place de Guenièvre ? Qui remplit le rôle du roi Arthur ? Qui va trahir ? Combien de temps résistera cette nouvelle version de Camelot ? Ces questionnements servent à la fois à instaurer un suspense, et un jeu avec le lecteur (qui lui aussi essaye aussi de deviner pour anticiper), et constituent aussi une source de comique quand les prévisions s'avèrent erronées.
Willingham exploite également de manière admirable le comique vénéneux des échanges entre le docteur Swineheart et Leigh Duglas.
Mark Buckingham a conservé son même style graphique, avec des rémanences de
Jack Kirby dans la manière de dessiner les textures, et un don impressionnant pour donner à chaque personnage une apparence spécifique et inoubliable. le naturel de ses mises en scène fait qu'il est facile de ne pas y prêter attention, mais chaque scène est fluide et chaque page réussit à mettre en avant les éléments visuels nécessaires, sans que le texte ait besoin de les souligner (l'évolution de la table ronde par exemple).
Mark Buckingham arrive également à capturer avec aisance ces instants magiques et fabuleux propres à cette série. Ainsi le lecteur pourra apprécier la réunion d'oiseaux venant prendre leurs instructions auprès de Rose Red installée à une table ronde de camping dans un champ. Il accompagnera le vol de ces oiseaux vers leur destination. Il sourira de plaisir en revoyant Mister Brump, l'ogre qui avait commis une indélicatesse au royaume de Gobe-Mouche. Il sait gérer avec habilité l'impressionnante foule venue pour accéder au rang de chevalier de la Table Ronde.
Il n'y a que dans l'épisode 134 où le lecteur se dit que Buckingham aurait pu faire un effort côté décors (la moitié de l'épisode se déroule sur fond blanc, symbolisant la mort).
Willingham a concocté un épisode très spécial, essentiellement consacré aux échanges entre 2 personnages décédés. Au travers de ce dialogue,
Willingham fait exprimer aux personnages leur point de vue sur la nature de la vie, et sur la façon de partir. En sachant que la série s'achève au numéro 150, le lecteur a la sensation d'entendre
Willingham lui dire qu'il n'y aura pas de suite et que tout ce qu'il souhaitait dire se trouve dans les histoires qu'il a racontées. du coup, au lieu d'un dialogue long et fastidieux, le lecteur lit un échange chargé d'émotion.
Au final il est impossible de rendre compte de la richesse de ces épisodes, sur plusieurs plans narratifs, allant de l'intrigue, aux émotions, en passant par une philosophie de vie. Il aurait encore fallu évoquer les agissements de Winter Wolf, et sa forme unique d'ubiquité et de sagesse. 5 étoiles.
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- Épisode 138 - Gepetto met en oeuvre son plan pour essayer de récupérer un plant de bois sacré, celui dans lequel il taille ses pantins.
Bill Willingham a imaginé un conte gentil et malin, avec des dessins descriptifs et agréables de
Russ Braun. Par comparaison avec l'épisode 130, celui-ci est plus consistant et se rattache plus à l'intrigue principale. 4 étoiles.
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- Épisodes 139 & 140 - Danny Boy a enfin réussi à atteindre la Ferme. Il demande l'aide de Joe Shepherd, Peter Piper, Briar Rose et Seamus McGuire pour aller combattre un tyran dans un des royaumes des Fables.
Dans la première page, les cellules de texte précisent que cette histoire va montrer d'où est née l'idée qui a mis à bas Fabletown.
Bill Willingham propose donc une expédition libératrice dans l'un des territoires des Fables, avec aventure, affrontement contre les méchants, retournement de situation, et morale finale.
Cette histoire souffre des dessins pas très jolis de
Steve Leialoha, et un peu patauds. Ils n'ont ni la grâce, ni la consistance de ceux de Buckingham. Elle souffre aussi de la comparaison avec d'autres histoires du même type (libération d'une contrée du joug d'un tyran), en particulier la dernière en date avec Buffin dans le tome précédent.
D'un point de vue thématique, il s'agit bien de l'évolution logique et inéluctable de Fabletown, en ceci cette histoire est intéressante. Dans son exécution, elle est nettement moins divertissante, malgré des personnages sympathiques. 3 étoiles.