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Je ne vais pas résumer le livre, pour une fois, la 4ème de couverture le fait très bien.

Simplement, un bon moment de dépaysement et de lecture. Bravo à Estelle-Sarah BULLE pour ce premier roman qui m'a permis de m'évader, de quitter la Lorraine pour me retrouver en Guadeloupe, de rencontrer des gens bigarrés haut en couleur, de changer de continent, de culture.

Antoine est le personnage principal de ce livre. le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle n'a pas sa langue dans sa poche, Antoine. Il y a aussi Petit-Frère, et Lucinde sa soeur. Ils n'ont pas eu une vie facile ces trois-là, mais ils sont toujours restés « unis » bien que des tensions existent entre eux. Ils ont toujours pu compter l'un sur l'autre, quoi qu'il arrive, en cas de besoin.

Ils n'ont pas du tout le même caractère et il faudra bien qu'ils fassent avec. C'est donc leur histoire qui est racontée et surtout leur façon bien à eux de s'en sortir chacun de leur côté. La nièce d'Antoine, fille de « Petit-Frère, aura trois versions différentes des faits que chacun d'entre eux auront vécu, bien qu'ils aient eu une enfance commune.

Un livre émouvant, effervescent, et une fin très touchante. Il a, par ailleurs, reçu le Prix Stanislas 2018.
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Elle a toujours vécu en métropole et c'est comme si elle n'avait pas trouvé de chez elle. Absorbée par sa propre enfance et ses débuts dans la vie, elle veut relier le passé et le présent, la Guadeloupe à Paris, comme une racine souterraine pleine de vie, renouer les fils afin de comprendre le tour de sa propre existence. Elle va donc interroger son père et ses tantes sur leur vie en Guadeloupe et la façon dont ils ont tous quitté leur île.

De 1946 à 2006, Esther Sarah Bulle nous offre donc un roman choral où la narratrice, nommée la nièce, écoute tour à tour son père petit-frère et ses tantes Antoine et Lucinde. À travers leur histoire, c'est l'histoire de la Guadeloupe qui se déroule devant nous. L'enfance dans le village de Morne-Galant, un coin de campagne sans eau courante et sans électricité. Hilaire le grand-père, le plus beau des parleurs inutiles qui vole sa femme et joue les grands seigneurs au détriment de sa propre famille. Eulalie la grand-mère, une béké, une femme magnifique à la peau blanche. Ses journées commencent avant le lever du jour et se terminent dans la nuit. Hilaire traitait ses enfants comme il traitait ses animaux : « un verre de tendresse, un seau d'autorité et un baril de “débrouyé Zôt”. »

Nous participons à la vie de tous les jours, les parties de domino, les combats de coqs, le rhum, le cochon égorgé pour les noces, les trafics

« Ton père monte sur ses grands chevaux quand je dis une chose pareille, mais la vérité, c'est qu'un peu de malhonnêteté ne nuit pas. Ton premier million tu le voles... La Guadeloupe ç'a toujours été une terre de piraterie. »

Les mauvais esprits et la sorcellerie. L'installation à Pointe-à-Pitre et nous observons les changements de la ville, les bateaux qui amènent les fruits et légumes du monde entier, les cultures locales qui disparaissent, toute la ville qui évolue, le roi béton qui s'installe, les usines qui ferment peu à peu. La venue du Général de Gaulle, la guerre d'Algérie,

« De jeunes Antillais avaient péri sous un autre soleil, à des milliers de kilomètres de l'île, pour une France coloniale où les indigènes étaient traités comme des esclaves. »

Les indépendantistes, les manifestations, les balles qui sifflent. La métropole apparaît comme planche de salut. Une envie de voir comment était fait le monde, une soif de connaissances, de livres, de rencontres, de sorties, de découvertes. S'installer à Paris, des salles de cinéma à profusion, des théâtres, des librairies, des concerts à tous les coins de rue. Nous suivons le destin de milliers de jeunes Guadeloupéens, exiles, employés dans les usines ou les administrations.

J'ai apprécié l'écriture colorée, luxuriante, joyeuse et poétique et cette fresque familiale faite de violences, de destins liés entre eux, de soumissions et de révoltes, avec en toile de fond le créole, une langue musicale composée de mots vifs et sonores. le roman est rempli de personnages atypiques qui ont pour nom Papa malice et Gros-Vaisseau, mais j'ai été surtout marque par Antoine une femme libre, belle et truculente qui a le sens du commerce dans le sang.. Un roman dépaysant et rafraîchissant.

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De la fin des années 40 à nos jours, c'est l'histoire de la Guadeloupe que nous livre ici Estelle- Sarah Bulle, et les souvenirs sont dits à quatre voix:
Celle d'Antoine, l'aînée de la famille Ezechiel, une femme indomptable, à la mémoire précieuse, restée célibataire et maîtresse de sa vie, régnant avec autorité sur le reste de la famille.
Celle de Lucinde, sa soeur, envieuse de la beauté d'Antoine, mère de deux filles, friande de toilettes et de luxe.
Celle du "Petit-frère" attaché à Hilaire son père, et qui épousera une femme du nord de la France.
Celle de la Nièce, qui recueille les propos des uns et des autres, une jeune métisse avide de connaître l'histoire de ce drôle de coin "où les chiens aboient par la queue".
C'est une histoire passionnante, racontée avec soin et dans laquelle apparaissent au coin des phrases, les délicieuses, expressions créoles, drôles, crues, poétiques la plupart du temps.
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J'ai tout aimé dans ce livre. Que ce soit la qualité de l'écriture, les personnages, le choix narratif, l'ambition de mêler subtilement l'histoire familiale à celle plus large de la Guadeloupe et de ses liens avec la métropole, l'ensemble me semble parfaitement maîtrisé, ce qui est assez remarquable pour un premier roman.

Depuis la lecture de ce livre, j'en ai commencé 3, 4 autres sans ressentir cette harmonie et je crois qu'il me faut les mettre en attente, le temps que s'estompe cette sensation.

Ceci posé, détaillons quelque peu...

L'écriture est belle et fluide. Je fais toujours attention pour qualifier de "fluide" une écriture car on pourrait penser qu'elle est facile à lire parce que sans relief. Ce n'est pas du tout le cas ici, sa fluidité n'empêche pas un travail certain sur le choix du vocabulaire et la syntaxe. J'aime les romans bien écrits tout comme j'aime les personnages et là, autant dire que ce premier roman d'Estelle-Sarah Bulle donne matière ! L'auteure a puisé son inspiration dans sa propre famille. Elle-même fait partie des personnages convoqués dans cette galerie de portraits. Elle est "la nièce" qui a recueilli les confidences de ses deux tantes, la tante Antoine (oui, c'est bien ce prénom dont l'usage épicène est plutôt rare), l'aînée de la fratrie au physique et au caractère impressionnants puis la tante Lucinde, sa cadette de deux ans et son opposé ou presque sur bien des points. le roman est construit sur une structure narrative chorale où tour à tour s'expriment Antoine, Lucinde et Petit-Frère (ainsi nommé toute sa vie par ses deux soeurs... c'est le père de l'auteure). Chacun apporte son éclairage sur les événements familiaux et le décalage entre ces différentes voix s'avère particulièrement savoureux.

L'histoire familiale est propice au romanesque (ou bien romancée mais peu importe...) Je vous laisse découvrir la rencontre entre le bouillonnant Hilaire Ezechiel et la jeune Eulalie Lebecq, originaire d'une famille de Blancs-Matignon des Grands Fonds, ce sont les parents de la fratrie. Une histoire si romanesque donc que l'auteure aurait pu choisir de circonscrire le roman à ce matériau mais elle décide de le porter à une échelle plus large, ambitieuse même. En effet, Estelle-Sarah Bulle nous propose d'analyser les évolutions de la Guadeloupe depuis les années 40 et de comprendre, par là-même, les raisons du départ de nombreux Antillais pour la métropole, décision que vont prendre Lucinde, Petit-Frère et même Antoine.

Le roman imbrique l'intimité de l'histoire familiale qui se ramifie en parcours individuels caractérisés par des tempéraments forts, par moment tiraillés par des questions identitaires car la fratrie est métisse et l'histoire, plus universelle, des poussés au départ, à l'exil avec son corollaire d'adaptation et de confrontation au racisme. Si Antoine choisit de recréer son univers autour de sa boutique en plein Paris ("Je sais qu'Antoine appartient aux centres-villes houleux et constamment éveillés"), Petit-Frère, quant à lui, trouve sa place en banlieue ("Cette banlieue que tu hésites à aimer ou détester a été notre place, l'endroit de l'oubli et de l'indifférence. Une indifférence libératrice."). A chacun son substrat et c'est donc à Créteil que l'auteure voit le jour.

"Notre ville, à l'orée de Paris, était le grand maelström de la classe moyenne, où la diversité des vies était happée par le courant uniformisateur du "vivre-ensemble". Dans ce grand fourre-tout, les Antillais étaient une minorité parmi d'autres et les enfants métis une rareté. "Métis" était d'ailleurs un mot à peine utilisé. J'avais le sentiment d'une transgression les rares fois où je me déclarais comme telle, à l'école, auprès de mes amis, dans la rue."

Pour reprendre ce terme si littéraire de maelström, j'ai envie de conclure en ajoutant que, selon moi, Estelle-Sarah Bulle a su parfaitement maîtriser ce maelström d'histoires dont elle est dépositaire, les déployer à différentes échelles, personnelles, familiales et guadeloupéenne ; elle a su questionner les ancrages successifs, choisis ou contraints, de l'île papillon jusqu'à la métropole, pour nous livrer un roman sincère et émouvant, une quête identitaire certes mais qui laisse de la place au lecteur et nous invite même à cheminer avec elle et aux côtés de toute sa famille.




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Ce roman ne m'a pas convaincue. Je ne lui ai trouvé aucun souffle, aucune épaisseur. Les personnages se télescopent, jamais approfondis. En passant de l'un à l'autre, l'auteur semble faire l'économie de leur véritable psychologie. J'aurais préféré que l'auteur se concentre sur Antoine et qu'elle nous guide dans cette histoire de famille qui ne manque pas d'intérêt entre Guadeloupe et Métropole. Au lieu de cela, on s'ennuie comme si on lisait le journal intime mal dégrossi d'une jeune adulte, pressée de conter ses souvenirs d'enfance. Peut-être en attendais-je trop ? J'avais en tête André Schwartz-Bart ou Patrick Chamoiseau dont les romans m'avaient transporté.
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A la fois pétillant et enlevé, ce roman ouvre la mémoire de la Guadeloupe, des années 50 à nos jours, de la campagne oubliée de Morne-Galant à Point-à-Pitre à travers la narration de quatre personnages sincères et attachants. Antoine, l'aînée au caractère bien trempé, nous entraîne dans la culture de l'Ile, ses travers et ses forces, égrenant les expressions créoles et détaillant l'évolution de tout un peuple étroitement lié à la Métropole. Les évènements se succèdent et l'on découvre toute la richesse de l'Ile et son histoire qu'aucun manuel ne nous enseigne alors qu'elle fait partie intégrante de la France. Lucinde, sa soeur, livre un autre point de vue tout comme petit-frère ou l'auteure du roman en quête d'une identité culturelle. Les ressentis se choquent, vivent et nous instruisent comme un précieux témoignage indispensable.

Le livre se teinte de couleurs, de saveurs, d'un commerce à l'autre, d'un port où l'on embarque à Caracas aux usines minées de tensions. On suit les périples, on s'imprègne des espoirs, de l'amour, de la débrouillardise, de la hargne et du courage. On côtoie les rêves de Métropole - issue et/ou déception. On écoute attentif. L'histoire est passionnante, l'écriture vive et de qualité.

Un lecture « Coup de coeur ».


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La Guadeloupe d'aujourd'hui, une destination de vacances exotiques vulgarisée par le boom des vols charters.
Mais hier ?

La nièce d'Antoine est le réceptacle des souvenirs de cette fratrie guadeloupéenne : Antoine, Lucinde et Petit-Frère sont nés dans un bled perdu au fin fond de la Guadeloupe, un « nulle part » comme le dit expressivement Antoine. Alors comment envisager un avenir radieux à Morne-Galant ?
Les images gardées de la vie sur l'île sont bien différentes au sein de cette fratrie. de par leurs caractères disparates, leurs relations fraternelles sont plutôt tendues et lointaines mais tous trois ont eu le désir de s'extirper de cette vie fermée et ont fui ce trou perdu, d'abord vers Pointe-à-Pitre puis vers la métropole.

Ce premier roman nous livre une très belle réflexion sur la place de ce département français d'outre-mer, que ce soit au niveau du territoire ou de ses habitants.
Il nous sensibilise sur les difficultés d'être îlien, de devoir quitter son île par nécessité et de ne plus se sentir chez soi quelque soit le lieu où l'on choisit de vivre.

Pour une vie somme toute pas très rose, l'exposition des souvenirs d'Antoine est gaie, tonique et vivante avec son franc-parler, son mysticisme et ses expressions créoles. Elle reste droite, fière et indépendante, toujours attachée à ses racines et pourquoi l'en blâmer ? J'ai adoré tous les passages qu'elle nous offre !
Sa soeur Lucinde est plus aigrie dans ses propos. Petit-Frère, plus intellectuel et sensible, a réussi à construire une vie en adéquation avec ses considérations humaines.

L'écriture très agréable nous enchante, le livre se dévore jusqu'à la fin avec un crescendo d'intérêt pour tous les membres de cette famille partagée entre identité guadeloupéenne et identité française.
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Un livre captivant et instructif sur l'histoire de la Guadeloupe, mais aussi sur le rapport de la France et de ses colonies, devenues DOM-TOM. La narration a plusieurs voix est vraiment bien construite et intelligente. le question raciale est abordée avec tact. Un livre à offrir !
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Offert par le Père Noël, ce premier roman très prometteur d'Estelle-Sarah Bulle, m'a procuré un très bon moment de lecture et de dépaysement.

L'autrice, dans ce roman choral, raconte le destin d'une famille originaire de la Guadeloupe, depuis les années 40 jusqu'à maintenant. Une fratrie, deux soeurs Antoine et Lucinde, et un "petit-frère", racontent leur enfance et adolescence à Morne-Galant (lieu inventé) un endroit très reculé de l'ile.
Souvenirs croisés, ressentis, rivalités, jalousies familiales, poids des traditions, conditions de vie précaires mais aussi beauté d'une nature sauvage menacée par le progrès et les spéculations.

J'ai eu un tout petit peu de mal à entrer dans ce roman, je l'avoue, peut-être à cause de l'alternance des différents narrateurs ainsi que le mélange des lieux et des époques. Mais une fois, que ceci a été assimilé, tout va ensuite crescendo et je me suis laissée happer par le récit.

Fiction ou autobiographie, Estelle-Sarah Bulle dans un style limpide, alerte et imagé, parfois pittoresque avec une pointe de créole, raconte une saga familiale passionnante sur fond d'histoire de la Guadeloupe, cette ile antillaise qui n'a cessé d'évoluer. D'ailleurs le lecteur, ici, en apprend beaucoup. Depuis le commerce triangulaire, l'esclavage et la colonisation, les Guadeloupéens ont une longue histoire souvent difficile, violente et injuste. Les soulèvements des jeunes en 1967 et les répressions sanglantes qui ont suivi en sont une preuve supplémentaires. D'ailleurs certains ressentiments perdurent encore aujourd'hui.

Nombreux sont ceux qui, depuis les années 60, se sont résolus à l'exil en métropole, dans l'espoir d'un avenir meilleur, rêvant d'un salaire stable de fonctionnaire et de logements confortables. Même dans les HLM de banlieue ils se sont adaptés et savent aller de l'avant, certains en oubliant parfois leurs racines.



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Estelle-Sarah Bulle signe un très bel ouvrage sur la Guadeloupe. Elle apporte une construction originale autour d'une famille antillaise, leur enfance, adolescence et entrée dans l'âge adulte sans oublier les grands évènements qui secouèrent l'ile. Avec une très belle écriture, elle décrit les croyances, les caractères sans abuser des termes créoles. J'ai aimé la description qu'elle fait de la région des grands fonds et de Morne-Galant. Ayant eu la chance d'avoir vécu quatre années dans la ville du Moule, j'ai pu silloner cette partie de l'île, tropicale, les mornes sont les collines, les fonds, les creux ou vallées souvent rempli par une marre ou un cours d'eau. J'ai adoré la description des Blancs-Matignon qui vivent toujours plus ou moins reclus dans leur coin de terre, à l'écart. Une spécificité qui mérite un passage dans un roman ou un guide. Pointe à pitre, ville fatiguée portant les stigmates de son histoire revit à travers les personnages de ce livre qui a largement mérité tous ses prix.
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