Désirant découvrir
Michel Bussi, auteur à succès que l'on ne présente plus et dont j'ignorais pourtant tout, je ne savais par quel ouvrage commencer. J'ai donc choisi ce roman en me fiant uniquement à son titre accrocheur : Code Lupin, le
Da Vinci Code normand. Grave erreur. Car j'ai beau chercher le lien, j'en arrive aujourd'hui toujours à la même conclusion : comparer Code Lupin au
Da Vinci Code revient à chercher des points communs entre Louis la brocante et Jason Bourne...
Tous les ingrédients qui ont marqué le succès de
Dan Brown (rebondissements, complots, énigmes, dynamisme, suspense) brillent par leur quasi absence. Heureusement la désillusion est très rapide, même pas le temps de porter un intérêt quelconque aux personnages. En effet, dès le premier chapitre, Paloma, brillante étudiante espagnole, a le don d'agacer avec ses minauderies insupportables. Quant à son professeur d'histoire, Roland Bergton (le Robert Langdon normand), il lasse tout aussi vite avec ses tendresses mielleuses ("belle enfant" par ci, "jolie Paloma" par là, "ma colombine" en veux-tu en voilà..). Autant dire que la relation élève-prof se transforme en moins de 24 heures passées ensemble en un invraisemblable et grotesque jeu de séduction. Et à mon grand regret, l'intrigue ne vaut guère mieux. Non pas qu'elle soit inintéressante, l'idée d'un code caché dans les aventures d'Arsène Lupin est même plutôt originale et séduisante, mais mon dieu... que le rythme est lent! Digne d'une aventure de Derrick... La crédibilité des personnages et mes attentes sur l'écriture brownesque de Bussi en ont, dès lors, pris un sérieux coup. Et j'avoue qu'à partir de cet instant, j'ai réalisé que je devrais revoir mes exigences à la baisse si je voulais garder une chance de terminer ce livre.
Ainsi, résignée et mettant
Dan Brown définitivement aux oubliettes, je me suis davantage concentrée sur les deux thèmes principaux du roman, à savoir la Normandie et l'univers de
Maurice Leblanc. Et en effet, concernant la Normandie, on découvre que celle-ci ne se résume pas qu'au vol du Mont-Saint-Michel aux bretons ou aux plages du débarquement (c'est moche les clichés) mais regorge de sites majestueux et méconnus. Toutefois pour les ignorants comme moi qui ne connaissent pas ou peu cette région, il me semble que nous noyer sous une avalanche de noms de villages, châteaux, cours d'eau ou lieux-dits, est plus approprié à un guide touristique qu'à un roman. Car, à moins d'être courageux et de suivre pas à pas le périple de Paloma et Bergton sur la carte géographique en annexe, on se perd ici lamentablement dans les coins et recoins normands pour ne finalement en retenir que ce que l'on connaissait déjà : Etretat et ses falaises.
En revanche, et ce sera ma note positive du roman, si l'on exclut le style simpliste de l'écriture (je sais, c'était un des premiers romans de Bussi, et promis j'en lirai des plus récents pour avoir un regard plus juste), donc si l'on exclut le style, l'intrigue éprouvante à suivre et les deux héros sans consistance, j'ai grandement apprécié le remarquable hommage à l'oeuvre de
Maurice Leblanc. Code Lupin a au moins le mérite de redonner une deuxième vie à son talent d'auteur. le pari est donc réussi à ce niveau: Bussi nous donne envie de nous replonger dans quelques Arsène Lupin et de relire Leblanc différemment.
Donc peu emballée par ce roman (pour tous ceux qui en douteraient encore), j'admire néanmoins le travail de recherche de l auteur, qui, de bout en bout, met magistralement en relation la géographie et l'histoire de sa terre natale avec l'oeuvre de Leblanc. Respect donc pour son érudition et le prodigieux travail dont il a immanquablement fait preuve.
Et note optimiste: l'oeuvre de Bussi étant riche, je ne désespère pas d'apprécier un de ses autres romans, donc Michel et moi, affaire à suivre!