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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Cela débute comme un récit d'aventure avec son capitaine fort en gueule et en jurons (même malais). Jon van Toch, entre deux bordées d'injures maritimes, trois éclats de rire du lecteur, va découvrir ses tapa-boys, genre de salamandres hybrides et bipèdes, capables d'apprendre à parler, de pécher des perles et de servir de nourriture aux requins du secteur. En échange de couteaux pour occire le squale vorace et ouvrir les huitres, le tapa-boy pacifique va ramasser les perles pour le compte du Hollandais. L'association est aussi improbable que fructueuse.

Comme la salamandre a du castor en elle, le capitaine peut s'associer à son tour à un riche industriel afin de maçonner les côtes sous-marines. L'exportation de l'espèce insolite et son exploitation éhontée va démarrer et s'amplifier. le ton va se modifier. Ce que ne manque pas de nous annoncer Capek par la bouche d'un des personnages: "Nous remplaçons le roman d'aventures de la pêche des perles par l'hymne au travail". Exit Jack London. Place à la satire politico-journalistique, scientifico-capitaliste. Et j'en passe.

C'est sous la forme d'une encyclopédie débridée où les notes foisonnent (autant que les salamandres le long de toutes les côtes des cinq continents) que Capek mouline notre société humaine avec une maestria qu'il convient de saluer. La bestiole pullule, Capek exulte. La salamandre s'arme, Capek fourbit sa plume. Fantasque et lucide, loufoque et crédible, la fable gonfle dans un troisième temps sous le couvert d'une science-fiction orwellienne mais creusant plus loin, plus profond (les fonds sous-marins aidant). La salamandre a besoin d'espace vital. Elle menace. Elle exécute.

Après avoir exécuté le roman conventionnel, multiplié les personnages qui vont et viennent, les points de vue, les sources, Capek, l'antitotalitaire Tchèque, finit par discuter avec lui-même. le conte philosophique, visionnaire, peut s'achever. Ecrit en 1936, il ne cesse de se régénérer comme la queue de ses salamandres.
Etonnamment perspicace quant au devenir de l'Europe quelques années plus tard, jouissif dans la peinture des nations, la guerre des salamandres anticipe également les problèmes écologiques. "Pourquoi la nature devrait-elle corriger les erreurs que les hommes ont commises?" interroge Capek.

Etait-il trop aquatique pour sombrer ainsi dans les tréfonds de l'édition? Ou trop tchèque? Pas assez grave? A présent qu'il est remonté à la surface, souhaitons-lui une insubmersibilité tout salamandrienne.
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La pire chose qui a pu se réaliser pour les salamandres, c'est de rencontrer l'homme.

Ces créatures étaient paisibles sur une île. Même leur race s'effacer petit à petit. Mais elles ont eu un seul défaut. Fabriquer des perles. Et là, ce fut la fin.

La reproduction de masse a posé une unique question, que faire de ses salamandres : les vendre par lots, ou en couple, ou seulement leurs progénitures ??? Les mangers… ??? À vous de le découvrir !

L'histoire de l'homme est ses multiples destructions, une réalité malheureusement bien trop présente.
Ce roman est exécuté sous forme d'humour. Un humour grinçant, noir… Et qui m'a laissé un goût amer…

Bonne lecture !
Lien : https://angelscath.blogspot...
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La défunte édition Marabout Fantastique semble regorger de bien des merveilles (Jean Ray, Edgar Allan Poe, Bram Stoker et j'en passe). J'ai mis la main sur le numéro 324. Il s'agit de « La guerre des salamandres » de Karel Čapek. Je vais découvrir la littérature tchèque, une grande première pour moi. Une rapide recherche sur Internet et je découvre qu'il est à l'origine du mot « Robot » car il l'a introduit dans sa pièce de théâtre « R.U.R. ». En fait, c'est son frère Josef Čapek qui en fut l'inventeur. Je tombe de haut, moi qui croyait que c'était Isaac Asimov qui l'avait inventé. Il est bon donc de rendre hommage à qui de droit.
En fin de l'ouvrage, les éditions Marabout Fantastique ont eu la bonne idée de mettre quelques pages pour présenter l'auteur et son oeuvre. On y append qu'il faisait partie de la liste des auteurs recherché par les Nazis. Comme Karel Čapek est décédé en 1938 – à l'âge de 48ans –, ils n'ont pu le déporter vers les camps de la mort. Pour assouvir la mégalomanie de ces fanatiques et déséquilibrés, ils se sont vengé sur son frère Josef Čapek. Je me suis demandé s'il n'y avait pas de lien entre la salamandre et le nazisme (au sens large).
Je me souviens que Robert Merle s'était inspiré de ce livre pour écrire « Un animal doué de raison ».

Ce fut le capitaine Jon van Toch qui rencontra pour la première fois la Salamandre ou plus exactement toute une communauté de Salamandres – en fait, il s'agissait de l'un de ses serviteurs, mais l'histoire (au sens large) veut ce soit les hommes blancs et de hauts rangs qui fassent les découvertes. le capitaine est un homme au fort caractère et de son temps. Il faut savoir que l'entre deux guerres, beaucoup de personnalités étaient racistes et antisémites (Lovercaft, Henry Ford,…). Ainsi notre cher homme lâche nombres de jurons parfois drôles, parfois blessant quand il fait allusion au racisme.
Au début, les Salamandres, n'étaient que des simples animaux. Puis, le capitaine leur à montrer comment ouvrir des huîtres avec un couteaux. Ces êtres marins ont évolué et n'ont cessé de progresser, jusqu'à ce qu'ils deviennent les égaux de l'être humain.

Je ne peux pas noter et parler de mon ressenti devant la richesse de ce livre. Au-delà d'un simple roman, Karel Čapek nous dresse une véritable encyclopédie de l'animal et si on regarde plus en profondeur, il s'agit d'une satyre sur son monde. Bien évidemment entre son époque et le notre, il s'est passé beaucoup de chose. Ce livre mériterait d'être analysé en profondeur.
Ce récit est bien plus qu'un roman. Au gré des pages, nous suivons des histoires insolites, des réflexions, mais surtout d'innombrables articles. Durant la partie que j'ai le moins apprécié, nous avons le droit d'avoir des coupures de presses, des thèses, des conférences. Tout est absolument décrypté jusqu'au mode de reproduction détaillé. J'avoue que j'ai fait l'impasse sur la majorité de ces paragraphes long et en petit caractère. Une chose étonnante, il a ajouté des articles de langues diverses, comme les kanjis japonnais et l'écriture arabe.
Le roman est découpé en trois parties dénommé Livre. le livre I (Andrias Scheuchzeri) décrit la découverte et l'évolution des Salamandres. le Livre II (Sur les traces de la civilisation) est la plus ennuyeuse. Cette partie nous nous narre l'évolution des Salamandres dans la culture et la politique aux travers les pays du monde. Et ça se termine avec La guerre des Salamandres qui est le livre III.
J'ajouterai que j'ai été agacé par la lourdeur des dialogues. À chaque fois que quelqu'un parlait, il rajoutait des « dit », « répliqua », « piaula », « glapit », « criait », « s'écria » ou bien encore « acquiesça ».

Petit plaisir personnel : Il se trouve que le livre que j'ai entre les mains est la première édition de la collection Marabout Fantastique (1969). Une réédition fut faite en 1986. Plus récent, les éditions La Baconnière ont réédité ce livre en 2012, tout comme Cambourakis et sa couverture vintage.

C'est une lecture assez difficile, voire même élitiste. J'admire le travail de l'auteur, mais d'un point de vu de lecture, je suis passé à côté. Je ne le conseille pas à tous.
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Karel Čapek tend le miroir à l'humanité. Un reflet noir mais drôle.

Karel Čapek est un illustre inconnu dont pourtant beaucoup d'auteurs, de scientifiques et de lecteurs emploient un terme qu'il a inventé, rentré dans le langage courant : il est en effet L'homme qui inventa le terme Robot dans la pièce « R.U.R. ».

Nous sommes dans une histoire assez classique, celle de l'exploitation d'une ressource, ici les salamandres, des êtres qui ont eu la mauvaise idée de croiser la route de l'homme et lui faire miroiter des bénéfices substantiels en leur amenant sur un tapis rouge des perles naturelles devenues extrêmement rares. Les salamandres vont révéler d'autres avantages qui pourraient bien causer leur perte, ou celle de l'homme... La guerre du titre est trompeuse, n'occupant en fait que quelques pages en toute fin du roman.

Un roman datant de plus de 80 ans, malheureusement toujours d'actualité. le capitalisme du début du 20ème siècle n'a pas à rougir face à celui de notre époque.
De la découverte du "sauvage" qui va bientôt passer à celui de "bon sauvage", l'histoire de ces salamandres est une satire de notre société. Tout y passe : industrie, finance, vie politique, géopolitique, nationalisme, racisme, société, médias, patron/ouvrier, syndicalisme, religion, éducation, la brocarde est salutaire, le cynisme à son paroxysme, l'humour y est noir, très souvent grinçant. Notre histoire, reconstruite dans les grandes lignes et qui n'est pas à porter à notre bénéfice.

Un défaut à mon sens, qui peut expliquer l'oubli de ce livre face à d'autres "grandes oeuvres" : l'auteur emploie différents styles pour nous livrer son conte philosophique : récit, coupures de presse, extraits de livres, médias qui donnent un aspect assez décousu, il manque clairement une intrigue un peu plus conséquente pour rester dans les mémoires du lecteur.

Ceci dit, une lecture salutaire, même si l'humanité ne s'y montre pas sous son jour le plus favorable. Les années passent et n'améliorent pas notre civilisation, les erreurs du passé n'offrant que de nouvelles idées pour asservir son prochain. Mais mème si le propos est sombre, le texte pourra plaire au plus grand nombre de part son humour quasi omniprésent.
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En 1936, Karel Čapek aborde dans « La guerre des salamandres » un sujet grave avec une inventivité caustique : l'esclavage auquel conduit la cupidité des hommes dans un capitalisme effréné.
Ce roman d'anticipation commence comme un livre de Jules Verne. le capitaine van Toch découvre au large de Sumatra des animaux marins intelligents qui vont lui apporter des perles. En contrepartie il va leur apprendre à se battre contre les requins, leurs ennemis. Les protégées du capitaine qui ressemblent à de grandes salamandres vont donc se multiplier. Il y est attaché et va vouloir les déplacer pour agrandir leurs lieux d'habitat, les grottes marines souvent proches des côtes. Pour cela il va faire appel à un ancien camarade de classe devenu un homme d'affaires qui va tirer parti de la situation en exploitant ces néo-humains inattendus, en leur donner une valeur économique. Mais après s'être alliés, les hommes et les Salamandres vont se faire la guerre. C'est assez surprenant parce qu'on ne sait pas finalement qui est le plus humain des deux.
Beau conte philosophique et écologique qui montre que l'homme va à sa perte s'il veut dominer la nature à n'importe quel prix.


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Karel Capek est un écrivain tchèque 1890/1938.
livre proposé pour la réunion de février du Club de lecture.
La guerre des salamandres est publiée 1936 . L'Europe vit la période de tension de l'entre-deux-guerres et la montée du régime nazi.

Jan VanToch, un vieux capitaine, rencontre des salamandres géantes. Ils "sympathisent" . Il leur donne des couteaux pour se défendre contre les requins, elles lui donnent des perles. Pour développer le commerce des perles il apporte l'affaire à l'entrepreneur GH Bondy. Après la disparition de van Toch, Bondy abandonne le marché des perles et développe l'exportation des salamandres comme main d'oeuvre dans de nombreux pays. Les salamandres devenues très nombreuses et puissantes se révoltent. Pour augmenter leur surface de côte elles inondent les continents. Les humains déclenchent une guerre qu'ils perdront.

le ton d'une grande partie de l'ouvrage est assez léger, avec parfois de l'humour (la starlette et le yacht). La dernière partie est beaucoup plus sombre.Dans le dernier chapitre l'auteur discute avec sa conscience.

L'ouvrage n'est pas qu'un roman de science-fiction , il est surtout une critique des années 30.
Povondra, personnage modeste, prendra conscience de la situation désastreuse engendrée par l'exploitation des salamandres. Portier de la maison de GH Bondy il est celui qui a introduit van Toch auprès de Bondy. Devant les résultats financier dus au travail des salamandres, il s'enorgueillit, à plusieurs reprises, du rôle qu'il y a joué " le commerce des salamandres...c'est grâce à moi que cela arrive.....c'est moi qui ait fait entrer le capitaine chez M. Bondy". Mais à la fin quand le monde s'effondre il se repent :" je voudrais seulement que ces enfants me pardonnent."

La science-fiction n'est pas mon genre littéraire préféré. Dans le même esprit j'avoue préféré "la ferme des animaux".
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La guerre des salamandres /Karel Čapek
Une fois l'ancre de son Kandong Bandoeng mouillée devant la petite île de Tana Masa située sur l'Équateur à quelques milles à l'ouest de Sumatra, le capitaine van Toch, après avoir râlé sur ce coin sinistre peuplé de sauvages Bataks, s'informe discrètement auprès du seul métis de l'île, un cubain-portugais, des possibilités de se procurer des perles, faisant toutefois officiellement commerce d'huile de palme. le métis lui indique une baie, Devil Bay, où personne ne va et où les huîtres perlières doivent abonder. Seulement, tous les indigènes disent que l'endroit est peuplé de petits diables marins et de requins.
Il n'en faut pas plus à van Toch pour tenter une expédition vers Devil Bay. Avec son équipage et deux plongeurs cingalais, il fait route vers la baie à la mauvaise réputation. le premier plongeur ramène rapidement quelques huîtres contenant des perles, mais revient rapidement comme terrorisé, après avoir vu des petits diables ressemblant vaguement à des phoques et se déplaçant comme des pingouins, alors que le second a été attaqué et blessé par un requin. Les faits sont corroborés par Jensen membre de l'équipage qui suit les plongeurs dans un canot, et rapportés à van Toch qui, le lendemain fait route vers Padang sur la côte de Sumatra où il fait envoi vers Amsterdam d'un petit paquet assuré pour une somme considérable. Il recrute un Dajak de Bornéo tueur de requin au couteau et retourne vivre à Tana Masa.
La suite est racontée soit par van Toch, soit par divers intervenants faisant de van Toch une légende qui aurait apprivoisé les « lézards » comme il les appelle, afin de récolter les huîtres perlières et faire sa fortune, grâce aussi à Shark le Dajak qui va faire un massacre au sein de la population de requins, facilitant le travail des « lézards ».
Et van Toch veut aller plus loin : une fois le site de Devil bay épuisé, il veut se déplacer avec ses « lézards » en aménageant un navire affrété avec l'aide de promoteurs et continuer sa récolte de perles.
Peu à peu l'espèce de salamandre va proliférer et essaimer parmi les îles de la région. Elles vont acquérir des facultés étonnantes et faire la gloire du zoo de Londres qui a réussi en s'en procurer quelques-unes. le monde va aller de surprises en surprises et les scientifiques s'en mêlent pour expliquer cette évolution ou mutation de la salamandre miocène. Selon leur théorie, c'est un lac salé d'Australie isolé qui serait le berceau de cette espèce qui mena ainsi une existence sporadique jusqu'à ce que l'on en capture deux sujets (des documents en attestent), qui finirent par s'échapper pour finir par réaliser une résurrection évolutive en d'autres lieux et notamment à Tana Masa.
Quoiqu'il en soit, lés salamandres rendent bien service et l'élevage intensif se développe un peu partout en bord de mer et un trafic et commerce illégal s'instaurent qui échappe aux autorités. À présent, il est certain que l'avenir des Travailleurs de la Mer, comme on appelle les salamandres, semble assuré pour des siècles.
Plus on avance dans cette histoire plus on songe à la traite des esclaves noirs dans les siècles passés. Et cela va même plus loin puisqu'une distinction va apparaitre entre peau noire originelle et peau plus claire de salamandre plus évoluée, une mutation apparue en Allemagne. le top de la civilisation salamandrienne, c'est la salamandre nordique, claire et droite au crâne plus allongé… !
Plus de vingt milliards de salamandres dans le monde vont finir par poser des problèmes et la révolte gronde des deux côtés, humain et salamandrien avec des expéditions punitives de chaque côté ! Les salamandres vont peu à peu grignoter l'espace vital de l'Homme, car elles ont su laisser de côté tout ce que la civilisation humaine comporte de gratuité, de jeu, de fantaisie, et n'en ont adopté que le côté pratique, technique et utilitaire, pour offrir une piteuse caricature très prospère de notre civilisation. Et le bonheur alors ?
Jusqu'où iront-elles ?
Une uchronie étonnante et originale pleine d'imagination publiée en 1935, une fable, une parabole tout à la fois pleine d'humour et de malice, une fresque parfois burlesque, une parodie des genres, une allégorie de l'homme sans aucun doute.
Il faut reconnaître que la lecture des 400 pages de ce livre est rendue délicate pour ne pas dire fatigante pour les yeux par les changements fréquents de police, souvent minuscule dans la deuxième partie, se rapportant à des encarts, des digressions souvent parodiques concernant diverses remarques sur les salamandres.
Malgré cette remarque restrictive, un très bon livre d'aventures et de réflexions.


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La Guerre des salamandres est une histoire à la fois atypique, surprenante, drôle (de cet humour cocasse, souvent pince sans rire) et, osons le dire : visionnaire !

Cette satire sociale, condamnée à sa parution (ndlr : en 1936), reste d'une incroyable actualité. Si vous lisez bien entre les lignes, chacun en prend pour son grade : du capitalisme aux régimes totalitaires, en passant par la ségrégation ou encore la mondialisation… Et tout le monde y joue son rôle : du m'as-tu vu, du blanc bec, du profiteur ou bien du tire au flanc, il y en a pour tous les goûts. Mais pourquoi diable ce titre ? Eh bien ! Pour les salamandres, pardi.

Andrias Scheuchzeri est une race de salamandres géantes aux écailles noires luisantes. Si, au premier abord, elles semblent être des démons tout droit sortis des flots, ces lézards aquatiques s'avèrent bien vite davantage que cela.
Dotées d'une intelligence prodigieuse, les salamandres apprennent (très) rapidement. Elles développent ainsi une faculté du langage, mais disposent également d'une capacité à l'apprentissage — quel qu'il soit.
La particuliraté de cet ouvrage (et ce qui en fait toute son incongruité) c'est la pluralité des voix et sa chronologie. Car nous ne suivons pas un personnage en particulier — le marin aux airs de Capitaine Haddock qui découvre ces bêtes phénoménales, par exemple — mais toute une ribambelle de personnalités, qui relatent l'arrivée puis la propagation des salamandres à travers le monde et au fil du temps.

Les chapitres sont entrecoupés non seulement de pensées, de souvenirs ou de correspondances entre plusieurs individus mais également de coupures de presse, de traités scientifiques, de discours politiques etc. etc. Chaque document "retranscrit" à ses propres codes typographiques, de manière à ce que le lecteur soit toujours agréablement surpris, mais jamais perdu dans les innombrables fils de cette histoire hors du commun (faisant écho à plus d'un épisode de notre propre Histoire).

C'est un livre multiforme sans doute aussi malin que ses salamandres savantes dont il se fait le porte-parole, et qui pose cette grande question : l'homosapiens est-il maître de la Terre ?
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La Guerre des Salamandres est une critique vindicative de notre société déguisée en livre de SF. L'auteur tape sur le capitalisme galopant, le racisme ou le nazisme.
Le roman est complètement WTF dans sa forme.
Ça commence comme un récit d'aventure, avec un capitaine cherchant des trésors dans les îles du Pacifique et découvrant une race de salamandres "évoluée" . Puis ça dérape en soap avec l'arrivée de jeunes wannabe acteurs américains complètement teubés. La presse en fait ses choux gras, la machine s'emballe. Les industriels s'y intéressent et exploitent les salamandres.
Et PAF, la deuxième partie du bouquin arrive, et c'est une collection d'articles de journaux, de rapports de réunions, de tracts politiques, sur l'amplification du phénomène mondial "salamandre".
La troisième partie embraye sur une autre forme jusqu'à un chapitre final inattendu.

La Guerre des Salamandres est très surprenant, d'autant plus que le ton est très drôle. Il y a un sarcasme grinçant qu'a surement apprécié Terry Pratchett. Karel Capek le décrit comme un "roman d'actualité", et il semble lucide voire visionnaire parfois sur l'avenir du monde et sur la guerre qui arrive (le roman est sorti en 1936). Étonnamment, son regard sur le capitalisme est encore d'actualité aujourd'hui.

Le défaut du livre, je le situerais dans cette seconde partie imbuvable, où les notes de bas de page prennent parfois 75% de la page et s'étendent sur 3 ou 4 pages (dans mon édition en tout cas). C'est clairement pas agréable à la lecture, on se retrouve obligé à faire des va et vient incessants. C'est haché, et rapidement pénible.

Malgré cela, c'est un livre que je recommande vivement car original, engagé et malheureusement méconnu.
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L'histoire commence comme un classique roman d'aventures. Un capitaine, chercheur de perles dans les îles du Pacifique, entend parler d'une baie mystérieuse où aucun indigène n'oserait se risquer - une baie peuplée de diables, où aucun homme sensé ne devrait se risquer. Jamais.
Evidemment, ledit capitaine n'attend pas le tournant de la marée pour y courir... et y découvre de bien étranges créatures. Des diables ? Des salamandres, plutôt. de grosses salamandres aquatiques, capables de marcher sur leurs pattes arrières, capables après démonstration préalable de manier le couteau et d'apprendre à se défendre contre les requins qui jusqu'alors les décimaient.
Des couteaux contre des perles : l'échange est avantageux pour tout le monde et le capitaine ne tarde pas à lancer un fructueux négoce, tout en prenant grand soin de protéger ces créatures, qu'il considère un peu comme ses enfants. Mais les vieux baroudeurs caractériels eux-mêmes ne sont pas éternels, et une fois van Toch disparu, les lois du Buisness vont donner un tout autre visage aux rapports entre les Hommes et les Salamandres. Surtout lorsqu'on découvre que celles-ci sont capables de plus, beaucoup plus, que de manier le couteau et pêcher l'huître perlière. Et les Hommes, c'est bien connu, ont un don tout particulier pour se rendre dépendants de ce qui peut le mieux leur nuire, particulièrement sous couvert de progrès.

Quels pourraient être les rapports entre l'homme et un animal adoptant peu à peu toutes les caractéristiques des humains ? A quel moment l'Autre devient-il semblable... et vice-versa ? A quel moment l'exploitation d'une ressource naturelle vivante devient-elle esclavage pur et simple ? Comment l'esclavage se fait-il dépendance, et comment le simplement utile peut-il devenir arme de destruction massive ?
Autant de questions que l'auteur aborde avec autant de malice que d'intelligence dans ce roman où la science-fiction décortique avec brio l'esprit de clan, la complexité du rapport à l'Autre, la foi aveugle dans le Progrès et les excès du système capitaliste - tous ces travers qui, inexorablement, mènent à la Seconde Guerre Mondiale.
Karel Čapek n'aura pas vécu assez longtemps pour voir le début de celle-là, mais sa Guerre des salamandres en est le présage fidèle, aussi glaçant que savoureux.

Un très grand bouquin, fort injustement méconnu et qui mériterait pourtant de figurer aux côtés des grands classiques du genre. Quoique plus original, plus stylé - et nettement mieux écrit - que beaucoup !
Un grand merci à Tara pour m'avoir fait partager cette belle découverte.
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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