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3,67

sur 183 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Roman gothique, noir d'Armelle Carbonel , un peu dans la lignée de Majestic Murder.

Ici, les personnages principaux sont des enfants /jeunes ados mêlés à des adultes. Cela se passe durant la guerre où femmes et enfants sont envoyés à Val Sinestra en Suisse afin d'être sauvés des horreurs de la guerre. Malheureusement pour eux, ils vont y découvrir d'autres horreurs.

L'autrice nous fait vivre un huis clos angoissant où enfants et adultes peuvent/sont être cruels, le Val est aussi un personnage à part entière. Il prendra la parole comme d'autres narrateurs tels les enfants et le maître du lieu dans ces chapitres courts.

Un roman bien mené qui vous fera frémir à certains moments et où l'horreur est omniprésent.
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En octobre, j'ai décidé de suivre les recommandations de ma copine Virginie : après l'avoir acquis en septembre, je me suis donc lancé dans la lecture de «Sinestra» de @armellecarbonel et franchement j'ai adoré.

•| Suisse - 1942
Le Val Sinestra, refuge isolé au coeur de la vallée des Grisons accueille un convoi de réfugiés fuyant les horreurs de la guerre.
Des mères brisées au bras de leur progéniture, des orphelins meurtris et atteints de désordres psychiques.

Mais là où ils croyaient avoir trouvé la paix, les résidents vont réaliser que le mal a franchi la frontière avec eux.

Parlons déjà de ce côté anxiogène que révèle cette couverture : avec cette demeure envahie d'un brouillard épais et des couleurs sombres et frissonnantes.

La construction du récit est ingénieusement montée - différents points de vue - via les personnages - et parcours de vie, jusqu'à même faire «intéragir» ce lieu sombre qui n'a pas fini de nous révéler tous ses secrets.

Des chapitres relativement courts favorisant le rythme de lecture dédoublé aussi par l'envie irrépressible de comprendre chacun des personnages, de connaître leur vécu.

C'est un thriller psychologique époustouflant, immersif et prenant, j'ai le temps de cette lecture, moi aussi, traversé les longs couloirs lugubres du Val Sinestra, chaque descriptions détaillées nous permet de contempler facilement ce lieu macabre où la Mort règne en maîtresse, comme si l'on tenait un livre graphique.

Me tarde désormais de retrouver les codes littéraires de l'auteure dont son dernier livre «Enigma» paru chez Bayard Édition.
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Un huis clos vertigineux se passant dans une immense bâtisse servant de refuge au coeur de la vallée non moins monumentale des Grisons, cela vous tente ? Alors bienvenue au Val Sinestra. En cette période trouble de la seconde guerre mondiale, le refuge accueille femmes et enfants rescapés des horreurs de la guerre. On y croise des femmes brisées et leurs enfants ainsi que des orphelins, tous sont abîmés et portent en eux des dérèglements physiques aussi bien que psychologiques. le panel des pathologies est étendu et suffisamment original pour ne pas les oublier.
J'ai été captivé par le lieu, lugubre et sinistre caché au plus profond d'une nature sublime, qui ici semble pourtant malveillante. Tout se passe dans cette vallée, dans cette grande bâtisse qui devient un des personnages de l'histoire, les chapitres où Val Sinestra prend la parole sont les plus forts et les plus représentatifs de cette atmosphère complètement délétère. Là où on s'attendait à trouver un refuge de paix retrouvée, de calme et de repos, on va vite se rendre compte que les soins apportés et les thérapies proposées ne sont pas celles auxquelles on pouvait s'attendre. J'en frissonne encore.
Je me suis laissée entraîner dans cette spirale infernale, un style, une écriture particulière qui ne nous lâche à aucun moment, tout est fait pour que l'on soit témoin, que l'on ressente les choses qui s'y passent avec une sensibilité exacerbée par le choix des mots quasi poétiques, des descriptions et des histoires personnels de chacun des enfants. Pari osé que de prendre pour personnages des enfants, depuis « Sa majesté des mouches », je savais qu'il pouvait y avoir des anges et de véritables petits démons mais avec Sinestra, j'ai carrément eu peur. Il ne faut pas se fier aux apparences, si une seule chose compte ici, c'est bien de s'en sortir et tout sera mis en oeuvre pour tendre vers ce but mais à quel prix. La terreur que nous inspire quasiment tous les personnages masculins et pas que, est profonde et on approche d'un niveau d'inhumanité et d'horreur rarement atteint, si ce n'est justement dans des périodes de guerres, où les situations de non-droit et d'abus se multiplient. Si vous souhaitez faire connaissance avec le Mal, lisez Sinestra, c'est effrayant.

Lien : http://latelierdelitote.cana..
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Une histoire sombrement addictive.

Ana, petite fille aveugle accompagnée de sa mère, Klara, Valére, jeune orphelin, font partie du convoi de réfugiés arrivant au Val Sinestra, en ce mois d'août 1942. Un sauveur providentiel les à fait conduire dans ce refuge isolé de la montagne suisse, pour les mettre à l'abri de la guerre et de ses atrocités. À leur arrivée, le sinistre manoir semble bien hostile, abritant mères et enfants dont nombre d'entre eux sont atteints de troubles psychiques. Leurs hôtes, "il docter" et "signur Guillon" promettent de prendre soin d'eux, mais derrière le masque de bienfaiteur se cachent le vice et l'abomination. Quand vice et folie se côtoient et se confondent, il n'y a guère de place pour l'espérance. Alors, comment échapper au mal lorsqu'il nous poursuit sans répis ?

Ce fût une lecture très prenante.
L'atmosphère oppressante, voir anxiogène, m'a envahie au fur et à mesure de ma lecture, jusqu'à m'emmener au plein coeur du désespoir suintant de tous les pores du Val Sinestra, car l'autrice en a fait un personnage à part entière.
La psychologie des personnages est extrêmement bien travaillée. Armelle Carbonel à un don pour dissèquer leur âme et en extraire toute la noirceur.
J'ai navigué en apnée dans ce roman incomparable, en espérant que le mal offre un sursis à nos malheureux réfugiés, même si l'espoir était tenu.
À vous de vous plonger dans l'obscurité du Val pour découvrir si l'espérance y a une place.

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La seconde guerre mondiale fait rage en cette année 1942, et avec elle son lot de malheurs et d'atrocités. Tentant d'échapper à un destin funeste, des enfants perturbés ainsi que leurs mères, sont accueillis dans un établissement, protégé de la barbarie du monde extérieur par une chaîne montagneuse. C'est là, dans cet endroit isolé à la démesure malsaine, qu'« il docter » laisse libre court à son imagination fertile pour traiter des pensionnaires aux troubles contrariants (main hargneuse, cécité subite, entre autres).
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Dès le départ un sentiment d'angoisse s'est insinué en moi, étrangement renforcé par cette écriture presque poétique de l'autrice. Ce style magnifique m'a relativement perturbée, tant il contraste avec la situation oppressante qu'il décrit.
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Personnage contemplatif du livre, le val Sinestra renferme de nombreux secrets, aussi tragiques qu'horrifiques. Il assiste impuissant au malheur de ses hôtes, se réjouissant malgré lui de cette compagnie, qui le sauve de l'oubli et de la solitude.
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Un thriller éprouvant mais admirable, dont je conseille vivement la lecture.
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Ma chronique complète est sur le blog.
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Nous sommes en 1942, le Val Sinestra est un refuge isolé dans les montagnes Suisse.
Un refuge qui accueille un convoi de réfugiés fuyant l'horreur de la guerre.
Mères, enfants, orphelins atteints de désordres psychiques.

Sigmur Guillon et il Doctor veulent guérir ces enfants avec des expériences pas très orthodoxes.
Le Val Sinestra est loin d'apporter la paix comme ils ont pu le croire le mal est présent dans les entrailles de ce refuge.

Nous allons découvrir le quotidien de ces femmes ainsi que d'Ana, Valère, Arthur, Colette.... des enfants qui souffrent de leur pathologie qui rêve du bonheur loin de la guerre.
Malheureusement tout autre chose les attend au sein du refuge.

Le récit est extrêmement bien construit en donnant la parole à chacun des protagonistes. Même le Val Sinestra a la parole.
Une histoire noire avec beaucoup d'enfants qui soufre chacun d'une pathologie différente.
Malgré ça je n'ai ressenti aucune émotion pour aucun des personnages.
Le rythme est lent beaucoup trop pour moi.
La plume de l'autrice est magnifique, poétique et percutante.
Malheureusement je me suis ennuyé.
Aucun rebondissement, j'ai trouvé les événements plats et un épilogue simpliste.

Ayant eu un coup de coeur pour L'Empereur Blanc de l'autrice je suis déçu de celui-ci. Cela n'a pas fonctionné.
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Une très bonne lecture !

Un thriller ou plutôt roman noir sur fond de Deuxième Guerre mondiale, angoissant et terrifiant. Si Hitler était quelqu'un de monstrueux avec des idées glaçantes, il a également aidé d'autres êtres humains monstrueux à sortir de l'ombre et à tuer en toute impunité. Ce livre nous le raconte, l'angoisse et l'horreur ne m'ont pas lâché jusqu'à la fin ! On n'est malheureusement pas à l'abri d'un nouveau Hitler comme nous le démontrait le film The wave, que je vous recommande par la même occasion.


Une histoire glaçante !

Dans une Europe déchirée par la Seconde Guerre mondiale et ses affres, des enfants atteints de désordres psychiques de la cécité émotionnelle à des troubles plus importants sont emmenés par leurs mères au Val Sinestra. Il a la réputation d'aider les enfants en difficulté. de plus, il est en zone neutre, et en temps de guerre, c'est important. Signur Guillon et Il doctor promettent des miracles, une guérison, mais comment est-elle possible dans un endroit plein d'ombres ? le Val Sinestra est un lieu hanté par ses habitants, son passé et son absence de futur ou la sensation de perte profonde (je n'ai pas encore tranché).

Les enfants sont au coeur du roman, ils sont importants pour le Val Sinestra et pour Signur Guillon et Il doctor. Quand la. e lectrice.eur pense avoir vu toutes leurs méchancetés et dévoilé tous leurs mensonges, il y a une autre couche de crasse qui se révèle. Cela fait froid dans le dos ! Durant ma lecture, j'ai plusieurs fois frissonné d'autant plus que cela touche les enfants et encore plus les expérimentations sur les enfants. Les enfants vous en conviendrez sont un sujet sensible.

Ana, Arthur, Valère et Colette sont des enfants torturés par les horreurs de la guerre, par des horreurs liées à la vie, à la peur, etc. Ils ont des failles, ils ont perdu l'innocence trop tôt. Leur considération pour d'autres êtres humains est mise à rude épreuve. Vont-ils survivre au Val Sinestra ?

La plume de l'auteure est un mélange addictif et angoissant !

C'est la première fois que je lis un livre de cette auteure. Elle est superbe, elle nous offre un huis clos saisissant et original. Elle donne la parole aux enfants, mais aussi au Val Sinestra, Il doctor et Signur Guillon. le Val Sinestra est un personnage à part entière, comme dit plus haut, il est hanté par son histoire, ses habitants, par l'envie de protéger, mais aussi la trouille d'être seul…

Pas loin du coup de coeur !

J'ai eu l'impression d'avoir manqué des explications, car si le mystère plane comme une nappe de brouillard, il n'est pas totalement dissipé. Cela peut plaire, mais quand à moi, j'aurais aimé qu'il se dissipe un peu plus ?

En résumé : C'est une très bonne lecture addictive, prenante et glaçante. Je compte bien lire d'autres livres de l'auteure, j'ai d'ailleurs Criminal Loft dans ma PAL.
Lien : https://lesparaversdemillina..
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J'ai offert Sinestra à mon père pour Noël, à force de le voir sur bookstagram, ce roman m'avait intriguée. Comme à notre habitude, nous nous prêtons les livres, et ce roman a donc fini entre mes mains, il y a quelques jours.

L'intrigue se déroule en Suisse, en 1942, alors que la guerre fait rage. Partout, les gens fuient les conflits, et le Val Sinestra devient un refuge pour des mères épuisées et leurs enfants, pour des orphelins malades… Mais bientôt, les griffes de l'enfer se referment, et le Mal n'est finalement peut être pas si loin.

Je commencerai par évoquer la plume et la narration de ce roman qui sont deux éléments caractéristiques et originaux. Tout d'abord, de page en page, la narration est laissée aux différents protagonistes qui nous racontent ce qui arrive. Étonnamment, le récit reste très fluide et n'est à aucun moment entrecoupé par ce changement de fil directeur. Il est donc très savoureux pour le lecteur de passer d'un chapitre à l'autre et de découvrir peu à peu les facettes de chacun des personnages. A cela s'ajoute une plume fine et poétique. J'ai été enchantée au début de ma lecture par la douceur et la poésie du texte, j'y ai trouvé de belles images, qui formaient un contraste d'autant plus saisissant avec le fond évoqué. Mais, bientôt, cette beauté du texte s'est effacé au profit d'autre chose. La brutalité, la violence des appétits voraces, les bas instincts ont pris le dessus à l'apparition de certains personnages et lorsque d'autres ont acquis leur pleine mesure. La langue s'est faite plus crue, plus rude, plus agressive et je reconnais qu'à partir de là, j'ai commencé à me distancier. Effectivement, lorsqu'un personnage parlant d'une femme enceinte dit qu'elle « va mettre bas« , cela permet de recréer tout son mépris pour la femme et cela montre la dégradation du féminin, réduit à l'animalité… Mais ça m'a déplu même si j'en comprends les effets littéraires. « Des ventres à remplir de foutre » est une expression qui me fait le même effet. La femme que je suis reste persuadée qu'au delà de l'effet stylistique indéniable, et que je reconnais volontiers, d'autres manières de le dire seraient tout aussi efficaces, et souvent, je préfère la force de la suggestion à cette violence crue. J'ai malgré tout conscience que nous parlons ici d'un goût très personnel, et que cela n'engage que moi.

du reste, les personnages campés par Armelle Carbonel sont d'une grande complexité. J'ai aimé que chacun ait sa part d'ombre, même les personnages en apparence lumineux et doux. le personnage d'Ana, petite aveugle qui ne voit que le bien chez autrui est particulièrement intéressant. Elle est l'un des êtres les plus humains de ce livre. Quant à sa mère, Klara, ne prend sa pleine mesure que peu à peu et l'on comprend progressivement l'ampleur de l'amour qu'elle porte à sa fille. Valère est touchant également : doux et gentil, il se débat lui aussi avec ses ténèbres intérieures mais reste un ami extraordinaire pour Ana. Enfin, je terminerai sur Colette. Nous avons là un extraordinaire personnage : à la fois ange et démon, cette enfant nous désarme par sa méchanceté, par ses deux facettes antithétiques et cruelles, enfant manipulée, torturée moralement par une histoire qui la dépasse, elle est ici autant un bourreau qu'une victime. Seulement, le lecteur ne comprend pleinement le drame de sa petite vie que tardivement, et déjà, elle ne nous est plus sympathique depuis longtemps, mais elle exerce sur nous une espèce de fascination détestable. Nous nous demandons sans cesse quelles seront ses limites, et pour autant, nous ne les entrevoyons pas!

Enfin, l'autrice parvient ici à faire cristalliser des figures de méchants particulièrement efficaces. Nous avons en plein le bourreau ordinaire. L'homme de tous les jours, le voisin, le docteur, l'être que nous côtoyons sans soupçonner l'étendue de sa folie et de sa cruauté. Il docter et Guillon deviennent l'emblème de ces êtres et nous révulsent bientôt, sans parler des hommes de Vulpera bien entendu. Ces figures cadrent tout à fait avec la période évoquée : la seconde guerre mondiale, les essais sur des cobayes humains, la banalité du mal… Alors, oui, c'est efficace. Maintenant, tout ce volet plus historique – pour ainsi dire- m'a moins emporté. Peut-être est-ce à cause de mes études, au cours desquelles j'ai déjà beaucoup étudié cette période sombre de l'histoire? Ou parce que cela m'a semblé presque classique et déjà vu…? Je ne saurais le dire, toujours est-il que j'ai vite compris ce que faisait il docter et que dès lors, cette partie là de l'histoire ne m'a pas poussée en avant, alors même que j'avais envie de connaître la fin.

Par contre, une des trouvailles de ce roman est de donner la parole au Val Sinestra. J'ai beaucoup aimé les chapitres qui personnifiaient ce lieu de désastre, et qui, à la manière d'un choeur antique, venait annoncer l'inéluctable tragédie, minant de l'intérieur toute tentative heureuse d'évasion. Ce procédé littéraire est à la fois poétique et d'une redoutable efficacité dramatique.

Enfin, et sans gâcher à quiconque le plaisir de la découverte, j'ai aimé la fin. Inattendue, cruelle, violente, elle est à l'image du roman et termine le récit en nous laissant un goût amer dans la bouche. N'attendez pas de happy end, ici la souffrance humaine est portée à son paroxysme, transformant les êtres et déployant Cruauté et Revanche jusqu'à leur point d'orgue.

Ainsi, Sinestra est une belle découverte. Ce thriller reste complexe. Mené de main de maître, il nous emporte au coeur de l'horreur. Néanmoins, tout ne m'a pas pleinement convaincue et j'ai encore quelques réserves malgré une narration des plus singulières et efficaces.
Lien : https://lesreveriesdisis.com..
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Je découvre la plume de @armellecarbonel avec ce livre et quelle découverte !

Le roman se déroule pendant la seconde guerre mondiale.
Pour fuir la guerre, femmes et enfants arrivent à Sinestra après un périple épuisant.
Les nouveaux arrivants voient dans cette énorme bâtisse nichée en pleine nature un endroit à l'écart des combats et de tous dangers. Un endroit reculé où les enfants seront libres et en sécurité.

Du moins, c'est ce qu'ils espèrent. Mais rien ne se passe jamais comme prévu.

Si tu es une âme sensible, il y a certaines choses que tu dois savoir avant de te lancer dans Sinestra. Ce roman a plusieurs triggers warnings dont tu dois tenir compte avant de te plonger dans l'histoire (je te laisse te renseigner et voir ce que tu peux supporter).

Si tu te sens la force d'ouvrir les portes de Sinestra, tu vas découvrir cette bâtisse aux murs recouverts de tableaux sinistres, ses chambres pour enfants particuliers, ses règles intérieures, sa cuisine théâtre des murmures inquiets des mères.
Tu découvriras ses secrets, ses passages souterrains, ses dépendances. Tu ressentiras le côté malaisant des « hôtes » et bien d'autres choses plus sinistres encore.

J'ai apprécié ma lecture, l'alternance des points de vue via des chapitres courts. Cela donne un rythme, une cadence à la lecture. L'autrice arrive à installer une ambiance pesante, une certaine oppression, une envie de dire aux personnages « ne fais pas ça, ne va pas là, ne regarde pas, cours ».
On se demande comment cela va finir. Au fur et à mesure qu'on avance dans le récit, les choses deviennent de plus en plus noires, abjectes, intolérables…alors on espère et on tourne les pages.

Sinestra a été la belle découverte d'une histoire terrible et d'une plume très habile.
Lien : https://www.instagram.com/fe..
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L'histoire :

1942 - Une poignée d'exilés fuit les horreurs de la guerre et la France pour trouver refuge en Suisse, au coeur des Grisons.
A l'arrivée, il restera, du convoi initial, un vieil homme au bout de sa vie, secoué par des quintes de toux, Valère l'orphelin, Ana la jeune aveugle et sa mère Klara.
Extrait page 14 :
« Elle se figura un paradis rempli de rires, de réglisses fondantes et de pommes d'amour, jusqu'à ce que l'haleine démoniaque du Val Sinestra effleurât sa nuque délicate tel un tisonnier labourant les cendres de l'innocence perdue.
Alors, Ana sut que maman s'était trompée.
Le Mal ne connaissait pas la frontière.
Il était la frontière. »

Dix-neuf résidents occupent déjà le Val, ainsi que Guillon, leur hôte, et le docteur.
Valère, au fil du voyage, est devenu les yeux d'Ana.
De Guillon il lui dira : « C'est un drôle de bonhomme. Il a le sourire dans les yeux et la fringale sur l'menton. »
Du Val Sinestra, il indiquera : « On dirait plutôt un vieux château hanté… »
D'Arthur, l'un des résidents, il murmurera, à la question « à quoi il ressemble » : « A un bon garçon qu'a le vice au mauvais endroit. »

- Ana a perdu la vue lorsque son père a été assassiné sous ses yeux par un soldat allemand. le choc sans doute. Klara est surprotectrice avec sa fille. Ana doit garder leur lourd secret. Sinon elles finiront au bûcher. C'est maman qui l'a dit !
- Valère est le seul survivant de sa famille qu'il a retrouvé assassinée car sa mère a refusé de dénoncer des juifs. Sa survie il la doit à un soldat ennemi. Sa haine, profonde, va à tous les juifs qu'il tient pour responsables de son malheur.
- le vieil homme est mutique. Personne ne connaît son nom.

Les voilà eux aussi dans les murs du Val Sinestra. Un lieu qui a une âme, qui se nourrit de la souffrance qui imbibe ses murs depuis si longtemps.
Extrait page 36 :
« Il suffisait de substituer une seule lettre pour me révéler tel que le monde m'avait forgé.
J'étais le Mal Sinestra. »

A peine arrivés, voilà que la violence qu'ils fuyaient les rattrape. La mère de Colette, l'une des fillettes qui vit là, est retrouvée morte. Rose n'est plus. Elle semble s'être suicidée. Mais si Colette, fillette violente et bizarre avait tué sa mère ?

Le Val renferme tant de secrets.
Lui qui avant la guerre servait d'abri aux couples illégitimes dont les relations avaient des conséquences. Des enfants naissaient. Des enfants mourraient. de plus en plus. Et Guillon et ses pinceaux immortalisaient ces enfants morts. Les murs supportaient un nombre important de ces tableaux morbides. le Val Sinestra était fier de ses parures.
Aujourd'hui il y a tous ces enfants avec leurs failles qui vivent dans ses murs.
Ana et sa cécité, Valère qui préfère les garçons, Arthur qui n'arrive pas à dormir, Colette dont l'une de ses mains, en toute autonomie, ne sait délivrer que de la souffrance. Ces quatre-là vont devenir amis. Une amitié improbable. Les autres enfants ont eux aussi des pathologies diverses.
Guillon et le Docteur sont là pour les aider. A leur façon.

Mais la violence est omniprésente au Val. Les quatre ravitailleurs dont ils dépendent pour se nourrir réclament leur dû à chaque visite. Ils sont la terreur des femmes. Une d'elle sert systématiquement de paiement. Elle n'est plus qu'un morceau de viande à leur merci, dont ils usent et abusent avec violence.
L'explication au suicide de Rose ?

Guillon laisse faire. Il n'a pas d'autres choix. Ce qui importe ce sont les expériences tentées sur les enfants avec ce bon Docteur. Tant mieux si elles les soignent. Sinon… ça n'a pas grande importance. Arthur va faire les frais de leurs délires et vivre un calvaire sans nom dans ces sous-sols où les foetus flottent dans des bocaux, leurs organes prélevés au nom de la science, de la folie.
Puis il y a Ana. Si belle, si douce, Guillon ne peut s'empêcher de la toucher…
Le vieil homme, pas si mutique, pas si mourant, tente de veiller au mieux sur les enfants, telle une ombre. Mais que peut-il, seul, face au Mal qui rôde ?
Le Val Sinestra l'exprime mieux que moi.
Extrait page 119 :
« J'aurais dû les dissuader, pauvres petits !
Oui, j'aurais pu. Par quelques courants d'air plus effrayants que les précédents ou les craquements sinistres de ma charpente.
Mais j'aurais vécu dans le déni de ma nature véritable.
Car ma nature n'épargnait pas les âmes innocentes.
Elle les détruisait. »

Les mères vont tenter de fuir ces lieux où on leur a pris leur dignité en menaçant leurs enfants pour qu'elles plient. Quittent à abandonner les orphelins. Leurs priorités ce sont leurs enfants.
Hélas on n'échappe pas à son destin.
On n'abandonne pas le Val Sinestra.
Le bûcher tant redouté va flamboyer dans la nuit.
On n'abandonne pas le fantôme malveillant qui rôde.
Valère se souviendra de ce visage aperçu. Trop tard.
Le monstre les aura rattrapés et avalés…


Une fois encore Armelle nous offre un récit d'une noirceur étouffante.
Le folie humaine y galope à loisir et détruit tout.
Point d'innocence ici.
Juste les plus bas instincts qui s'expriment dans un lieu anxiogène, personnage à part entière, qui se nourrit du malheur qui suinte de chacune de ses pierres.
Du grand Armelle ! A lire sans faute.
En revanche âmes sensibles s'abstenir.



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