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Natacha APPANAH (Préfacier, etc.)
EAN : 9782362292743
240 pages
Editions Bruno Doucey (01/02/2020)
4.45/5   10 notes
Résumé :
Des jeunes filles terrifiées qui perçoivent la date du mariage comme "un nœud sur la corde", des femmes considérées comme du bétail, le travail incessant dans la maison en terre battue, le sel des larmes, des corps que l'on malmène comme on malmène la terre... cette anthologie de la poésie dalit donne la parole aux laissées-pour-compte d'une société divisée en castes ; et l'on comprend, lisant ces pages boulversantes, qu'être femme et intouchable c'est subir une dou... >Voir plus
Que lire après Pour une poignée de ciel : Poèmes au nom des femmes dalit Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Gros coup de coeur pour ce livre qui, contrairement à ce qui est indiqué au niveau de la référence Babelio, n'est pas de Nathacha Appanah.
Elle l'a préfacé, mais il s'agit d'une recueil de poésie d'hommes et de femmes dalit' (intouchables ou au sens plus large les laissés pour compte, les opprimés de la société casteiste), que l'on doit à Jiliane Cardey qui a réalisé un travail extraordinaire en compilant et traduisant ces poèmes. C'est aussi la première fois qu'un éditeur (éditions Bruno Doucey) publie avec ce recueil de la poésie dalit en France.
Les poèmes comportant de multiples allusions culturelles propres au système des castes, à l'hindouisme, à des événements historiques ou encore à un lexique spécifiquement dalit, la traductrice a pris soin de mettre à disposition, en fin d'ouvrage, tout un corpus de notes pour que l'immersion du lecteur soit facilitée.
Sorti en 2020, il était pressenti pour être présenté au salon du livre de la même année avec l'Inde comme pays invité d'honneur… mais le Covid est passé par là, le salon a été annulé et le livre n'a pas eu le succès mérité.
Un livre qu'il faut avoir avec soi, qu'on partage ou non une passion pour l'Inde.
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Une anthologie essentielle mettant en avant l'horreur que vivent les habitants de l'Inde faisant partis des castes les plus basses.

Les différentes parties du livre mettent en avant divers sujets tels que les parents, les frères et soeurs mais également la liberté.

Des notes nous permettent d'en apprendre plus sur cette société dans laquelle l'horreur est omniprésente.

Un livre à lire afin de faire connaître ces situations qui, malheureusement, ne sont pas connues de tous.
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Est-ce que vous savez à propos du dal...

Est-ce que vous savez à propos du dal
Et connaissez ses différentes couleurs ?
Vous devez sûrement savoir ...
Dal jaune !
Dal vert !
Dal noir !
Vous êtes joyeux n'est-ce-pas
En regardant le dal !
Souvent, vous devez certainement dire aussi
Malgré cette cherté puissions-nous continuer
A manger notre dal-quotidient
Mais vous ...
Vous ne devez sans doute pas savoir
Qu'une forte nausée vient
Une très, très forte nausée me vient
Du dal
Et, du dal mélangé au curcuma, encore plus
De dégoût me vient
De la maison de mes parents à celle de mes beaux-parents
De ma mère à ma belle-mère
A force de nettoyer les excréments
La saleté s'est incrustée en moi
Je ne suis même plus capable de faire la différence
Entre le dal et les excréments ...
C'est pourquoi j'ai arrêté de manger du dal
Depuis des années ...
et de nettoyer les excréments aussi
Ça suffit...
Je voudrais
Que mes enfants aussi puissent manger du dal
Avec bonheur comme vous !
Qu'ils puissent changer leur futur
Que leurs mains
Ne manient pas la pelle comme moi
Que comme vous elles tiennent
Un crayon !

Jay Kaushal
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Ma sœur

Nous étions quatre frères
Et deux sœurs
La cadette mourut à huit mois
Partout où Maman travaillait
Il fallait l'emmener
Trois fois par jour pour qu'elle soit allaitée
Un jour alors qu’on l'amenait, la ramenait
Elle mourut, comme ça
L'aînée ne peut étudier plus d'une journée
Le premier jour où elle alla à l'école
En rentrant elle vit qu'il y avait un petit frère à la maison
Dès ce jour-là elle aussi
Devint mère pour le petit frère
Au village, à la maison, partout où
Maman travaillait
Ma sœur nourrissait-choyait, baignait-lavait, berçait
Le petit frère
C'est une histoire du siècle dernier
Aujourd'hui ma sœur est devenue grand-mère
Toute la journée elle nourrir son petit-fils
Et se querellant avec tout le quartier
Envoie étudier fille et bru

Tekachand
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La montagnarde
Cette
montagnarde
Qui, un fagot de branches sèches sur la tête,
Descend de la montagne
Ira bientôt au marché
Et vendant tout son bois
Étouffera le feu des ventres de toute la maisonnée

En plantant des pousses de riz,
L’enfant accroché
Sur le dos dans une couverture,
La montagnarde plante son chagrin grand comme une montagne
Pour
Une récolte qui ondule de joie

En brisant la montagne, elle brise
Les contraintes et les tabous de la montagne

En fabriquant des balais, elle fabrique
Des armes pour combatte la saleté
En accrochant des fleurs dans ses tresses
Elle accroche le cœur de quelqu’un

En courant derrière la vache et les chèvres ses pieds
Créent sur la terre
Des centaines de chants solitaire

Nirmala Putul
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Désirs en combustion



Lorsque je regarde les enfants qui étudient
Me reviennent en mémoire ces rêves de lire, d’écrire
Ces désirs de devenir quelqu’un en étudiant

Tant que Père était en vie
J’allais même à l’école avec lui
Sur le sol en terre battue de la maison
J’écrivais j’effaçais les lettres
Je répétais par cœur plusieurs poèmes
Comme ça, pour jouer
Afin de comprendre un mot
Je posais des milliers de questions.
Mais… Père alors…

À présent…
À présent, j’ai vu Maman pétrir la terre des heures durant
J’ai vu des traces de terre se former sur son front
Puis dégouliner
Alors qu’elle repoussait les mèches de ses cheveux
Avec ses mains couvertes de terre
Parfois j’ai vu dans cette terre
Le sel de ses larmes
Se muer spontanément en terre
Alors les pages de mes livres
Ont commencé à allumer le feu
De branches humides dans le foyer
Ces pages où étaient écrites
Les poésies qu’en rythme
J’avais l’habitude de réciter à Père !


// Madhu

/ Traduction du Hindi par Jiliane Cardey
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La femme dalit
N'est pas celle
Dont on brise les statues
Qu’on conspue
Dans les assemblées
Qu'on prend à son service après des machinations
Sociales, économiques et politiques
La femme dalit
N'est pas une
Fille ou une épouse de Brahma
Elle n’est pas Lakshmi,
Sarasvatî, Durga ou la sombre Kali
Oh ! sous cet épithète elle en entend, des injures !
Mais elle ne fait pas des hiboux3l ses divines montures
Dans ses mains il n'y a pas
De livre de la connaissance ou de sabre
Elle n'arbore pas de mudru ou de guirlande de crânes
Pour elle le monde demeure maudit
De la naissance à la mort elle subit la souffrance
Et ne cesse d'endurer la morsure de la société

Que la femme dalit
Ait été ouvrière journalière ou cheffe de la province
Quand donc changea
L'opinion de ta société à son égard ?
Dans la très haute herbes elle a droit à
Ces violeurs-prédateurs
Si elle est éduquée, elle y a le droit en classe
Lorsque la Louve prédatrice elle aussi
Sent
L'odeur de la femme dalit, ses
Dents pointues se mettent à la démanger violemment
La salive commence à dégouliner de sa langue
Ses narines se mettent à frémir.
Incarnant la tradition séculaire de sa lignée,
Elle fond sur la femme dalit dès qu'elle l'aperçoit
Et en déchiquetant se met à dévorer son identité

Je l’ai vue
Plusieurs Fois, impuissante
Ne cessant de recevoir des remontrances
Au lieu d'une nourriture dans l'enfance,
Dans la terre et la poussière avec les paupières mouillées,
Le visage émacié et les cheveux ébouriffés
À l’école assise sur un sac de jute
À côté du banc des filles de bonne famille.

Je l'ai vue
Passer sur le chemin, silencieuse
Allant comme si elle avait dissimulé quelque mauvais présage
au creux de ses bras
Terrorisée dès qu'on l’accoste
Telle l'antilope fuyant dans la forêt depuis des siècles
La terreur de l'alcool ou de l'acide
Commençant à flotter dans ses yeux.

Je l’ai vue
De la maison à la route
Cassant des pierres
Maniant la pelle
Veillant sur ses enfants à allaiter au sommet des gravillons et des
cailloux
Agonisant de faim
Sous le soleil brûlant
Dans chaque frimas et sous chaque pluie
Les ampoules de ses mains éclatent.
J'ai vu
L'inscription gravée sur ses yeux vitreux
Il y a comme une question sans réponse
Mais nulle requête
Auprès de la société civilisée du xxx‘ siècle
Pour de la nourriture. des habits, une maison
Comme si sa dernière volonté
Était, en tant qu‘humaine. de la compassion et du respect.

- Kavita Nandan - Je l’ai vue plusieurs fois
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Videos de Jiliane Cardey (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jiliane Cardey
Bruno Doucey présente l'anthologie "Pour une poignée de ciel – Poèmes au nom des femmes dalit", établie et traduite par Jiliane Cardey. Parue en février 2020.
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