Tout commence par un rapport confidentiel adressé au bureau du procureur par le directeur de la prison de haute sécurité de XXXX. Il y est fait mention du comportement étrange du détenu RK-357/9, arrêté alors qu'il errait seul dans la nuit, nu, sur une route de campagne. Cet individu s'obstine à vouloir rester anonyme, attitude laissant présumer qu'il a commis un crime particulièrement grave. le hic, c'est qu'il va être libéré prochainement…
L'enjeu pour le lecteur consistera à faire le lien entre ce prologue et le kidnapping de six fillettes, l'identité de la sixième étant elle aussi à déterminer. Dans ce but, le criminologue Goran Gavila et son équipe font appel à Mila Vasquez, une experte en affaires d'enlèvement.
Cinq cadavres (ceux des petites filles connues) sont découverts un à un, permettant de mettre fin aux agissements d'autant de « monstres ». Albert, le tueur ainsi surnommé, « avait rendu service à la société. Paradoxalement, on pouvait dire que son mal visait au bien. Mais qui était vraiment Albert ? Un homme comme les autres – parce que c'était de cela qu'il s'agissait, pas d'un monstre ni d'une ombre – qui à cet instant précis évoluait dans le monde comme si de rien n'était. » (p.313)
Le chuchoteur est un polar particulièrement bien construit et efficace. de faux-semblants en fausses pistes, le lecteur est aussi malmené et manipulé que l'équipe policière. J'ai juste eu peur, avec la découverte du cinquième cadavre dans le QG-même des enquêteurs, que l'intrigue jusque-là menée de main de maître, ne finisse en queue de poisson. Heureusement, ce ne fut pas le cas (quoique légèrement tirée par les cheveux, je dois bien le dire), la fin suggérant une suite.
J'ai lu à ce propos qu'il y avait bien un second tome paru, mais qui ne serait pas vraiment une suite ? On y retrouverait le personnage de Mila, 7 ans plus tard, dans une nouvelle enquête ?
Parlons-en un peu, de Mila. Personnage complexe, je m'y suis attachée malgré qu'elle soit dite dénuée de toute empathie, suite aux événements traumatisants dont elle fut victime dans son enfance : « Elle ne pouvait rien y faire, son corps était entré en « protection » […] Ce psy lui avait également dit que, à un moment donné de leur existence, certaines personnes ressentent beaucoup de douleur, trop, beaucoup plus que ce qu'un être humain peut tolérer sur l'ensemble de sa vie. Alors soit ils cessent de vivre, soit ils s'habituent. […] Elle avait accepté son destin. Mais elle se posait quand même une question : serait-elle jamais capable d'aimer quelqu'un ? » (pp. 212-213) Vous la trouvez vraiment froide et dénuée de toute compassion, vous ?
En conclusion, malgré quelques petites incohérences (est-il possible, de nos jours, de conserver un parfait anonymat ?), j'ai plus qu'apprécié ce thriller particulièrement « addictif » et bien documenté sur l'univers psychopathologique des tueurs en série. N'étant pas une grande lectrice de polars « pur-jus » (mais plutôt de romans noirs), si vous en avez d'autres de cet acabit à me recommander, je suis preneuse !